29. Casey.
Le coup qu'Annabelle m'assena me fit redescendre sur terre. Non pas dans le sens où je la voyais comme un dessert de plus en plus appétissant au fur et à mesure que la soirée avançait. Mais du fait qu'elle et Wade avaient déjà couché ensemble.
— Pardon ! Pardon je suis désolée... Je ne voulais pas... s'exclama-t-elle en se redressant le visage si ennuyé et rouge de honte.
Je clignai des yeux en la voyant se confondre en excuse, toute nerveuse à se frotter les mains l'une contre l'autre.
— Je peux t'assurer que je suis bien plus endurant que trois minutes.
Elle mordit sa lèvre inférieure et ce fut suffisant à mon colocataire du slip pour me signifier qu'il était trop à l'étroit.
— C'est un point que seule une femme qui t'a pratiqué peut certifier.
Elle n'avait pas tort.
— Enfin de toute façon nous nous détestons cordialement, alors on va dire que je te crois sur parole, fit-elle en soupirant exagérément.
— C'est une bonne résolution.
Mais à l'intérieur de moi, la déception venait de faire sa place. Je n'avais pas envie de coucher avec elle pour de mauvaises raisons et depuis qu'elle a statué sur notre relation, je regrettai de ne pas avoir sauté sur l'occasion.
Quoi que je me demandai à cet instant pourquoi nous nous détestions autant. Et pourquoi je ressentais autant de jalousie face à Wade.
— Comment as-tu fait pour céder aux avances de mon frère ?
Elle posa ses yeux bruns sur moi et fronça les sourcils. Puis elle les baissa et passa une main dans ses cheveux pour ramener une mèche derrière son oreille. Elle était gênée.
— J'avais bu, bien moins que lors du gala d'Eva et il avait été gentil avec moi. Nous avons passé une partie de la soirée à discuter. De fil en aiguille, je l'ai embrassé et nous avons filé dans sa chambre. Cela dit, il a été moins regardant que toi sur mon état.
Mon frère aurait-il profité de l'occasion ? Etait-il amoureux d'elle à cette époque ? Merde, on n'arrêtait pas de se moquer d'elle, de la descendre à la moindre occasion, en faire nos choux gras et pendant ce temps Wade la désirait.
Enfin je crois bien qu'il n'était pas le seul, sinon pourquoi nous acharner sur elle, alors que jamais nous lui avions adressé la parole. En fait, je crois que nous ressentions une jalousie envers elle pour des raisons que nous avions oubliées et qui, aujourd'hui n'avaient plus aucune valeur.
— Mon frère n'aime pas quand on lui résiste. S'il désire, il obtient.
— Et c'est pas pareil pour toi ?
Elle s'inquiétait de ma conduite et quelque part j'avais envie de la rassurer. C'est pas comme si je lui avais juré abstinence.
— Wade est différent d'Hayden et moi. Je ne me l'explique pas et je n'irais pas fouiller dans ses petites affaires pour connaître ce qui le rend si amer. Mais même si je suis toujours passé pour un gros con, doublé d'un branleur, c'était il y a des années.
— Alors pourquoi vous avez joué à ça avec moi ? Pourquoi ne pas aller directement trouver Maxime et le faire chier, lui ?
Très bonne question. Parce que la cible était plus facile ? Parce qu'on avait une dent contre elle et qu'on avait oublié les raisons de cette animosité ? Putain, j'en savais rien !
— J'imagine que tu étais plus facile à approcher et à emmerder, je tranchai pour lui donner une excuse plus ou moins valable.
— J'imagine, confirma-t-elle en se laissant aller dans le canapé.
Je l'observai fermer les yeux et se perdre dans ses pensées. Je n'avais pas fait attention à sa tenue. Une robe à petite fleurs sur un collant noir et des bottes cirées à talon moyen. Elle était féminine mais pas sexy. Ses cheveux ne tenaient pas en place dans son chignon et encadraient son visage de poupée. Seulement les émotions qui la traversaient ne lui rendaient pas justice. Ses traits étaient déformés par une succession de grimaces qu'elle cessa aussitôt de faire quand elle se rendit compte que je la dévisageai.
Une question me taraudait à mon tour.
— Et toi pourquoi nous détestes-tu autant ? Pourquoi me détestes-tu ?
Elle accrocha mon regard et rougit. Elle connaissait la réponse à cette question. Et tout à coup je rêvais de la connaître. Elle se leva et commença à faire les cent pas. Je me levai à mon tour le cœur qui se mit à battre rapidement. Je ne comprenais pas pourquoi d'ailleurs.
Elle s'éloigna de moi et une fois protégée d'un meuble, elle planta son regard dans le mien.
— Je... Je ne suis pas assez bien pour Casey Haymes, dit-elle d'une voix éraillée.
Quoi ?
Je restai sur le cul face à cette révélation. Je n'étais même pas sûr d'avoir bien entendu.
— Qu'est-ce que tu as dit ?
Elle détourna la tête, les joues en feu et m'ignora du regard avant de répéter ses mots d'une voix plus forte.
— Je ne suis pas assez bien pour Casey Haymes.
Mon cœur s'emballa et je commençais à sentir mes mains moites. Comment était-ce possible ?
— Qui t'a dit ça ?
Elle ne s'autorisa toujours pas à me regarder et répondit :
— Personne. Tes actes parlent pour toi.
— Mes actes ?
Elle se décida enfin à me faire face.
— Tu as couché avec l'ensemble de mes amies et connaissances. Et moi... pas un seul signe montrant que j'avais un quelconque intérêt pour toi. Pas assez belle, pas assez bien foutue, pas assez canon et j'en passe et des meilleures. Je sais que je suis l'instrument de ta vengeance, comme tu l'es pour moi et...
Elle pensait qu'elle n'était pas assez bien pour moi alors que je pensais exactement la même chose de mon côté ! Je ne pouvais pas laisser croire cette idée débile. Cette révélation eut raison de moi et je contournai la table basse pour me jeter sur elle. Je posai ma bouche sur la sienne brutalement et la serrais contre moi. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion. J'avais enfin la possibilité d'échanger ce baiser que j'avais rêvé mille fois d'échanger avec elle et que je n'avais pas envie d'arrêter. Oh non, j'avais envie de la dévorer avec une telle avidité que je me fis peur. J'ouvris les yeux et me rendis compte qu'elle était immobile, les mains en l'air ne sachant que faire d'elles.
Je m'écartai d'Annabelle sans pour autant quitter ses hanches où mes mains étaient posées. Non accrochées. Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle représentait aux yeux de centaine d'hommes.
— Toi. Tu es trop bien pour moi, murmurai-je en la rapprochant contre mon bassin.
— Trop bien ? s'étonna-t-elle incrédule.
Elle frémit quand je la pressais un peu plus contre mon érection que je n'arrivais plus à contrôler.
Elle me regardait d'un air paniqué comme si ma propre révélation la perturbait. Ou était-ce mon sexe contre elle.
— Je crois que nous nous sommes simplement persuadés de choses qui ne l'étaient pas au sujet de chacun de nous.
— Trop bien pour toi ? Je ne peux pas être trop bien pour toi ! Je ne ressemble pas à Lise, ni à Mathilde et encore moins Sophie.
— C'est vrai. Mais elles ne sont pas toi.
— Je ne comprends pas...
— Je... écoute Annabelle, tu ne te rends pas compte de l'aura que tu as autour de toi. Tous les mecs pensent que tu es inaccessible. Pour tout un tas de raisons. Même moi. Sauf que maintenant je sais ce qui me plaît chez toi.
— Il n'y a rien qui te plaît chez moi, Casey. Ou peut être ma paire de seins...
Je ris à son auto apitoiement et la pressai encore plus contre moi, pour frôler ses lèvres des miennes.
— En fait, je crois que t'ai longtemps détesté parce que tu ne me regardais pas comme les autres filles. Comme si tu te croyais au-dessus de toutes. Même de tes amies. Tu avais toujours cet air dédaigneux et condescendant.
— Ah oui... Peut être que tu me regardais aussi pareil, souffla-t-elle contre ma bouche.
Elle n'avait pas tort. Elle restait en retrait, n'avait toujours pas posé une seule de ses mains sur moi. Avait-elle peur ?
— Est-ce que je te fais peur Annabelle ?
Elle m'évita du regard et je compris son malaise. Elle avait réellement peur et je pensai même qu'elle manquait d'assurance. Entre jouer un rôle et être soi-même il y avait une différence.
Je m'éloignai d'elle et attrapai ses mains. Je n'avais pas l'ombre d'un doute sur ce qui la travaillait. Elle avait peur et je n'avais pas du tout envie qu'elle mette les voiles. Parce que j'étais quasiment certain qu'elle était toute aussi excitée que moi. Je le voyais à sa respiration trop rapide et à son tic de se mordre la lèvre.
— Je n'ai aucune intention de prendre quoi que ce soit que tu ne m'autorises, Annabelle.
— Tu m'as volé un baiser.
C'était vrai.
— Je vais être obligé de te le rendre alors, je souris en faisant une simple pression sur ses mains pour la rassurer.
Elle sourit gauchement et laissa retomber la tête en arrière.
— Je ne sais pas quoi penser et ni quoi faire... dit-elle avant de me faire face à nouveau.
— On est obligés de rien tu sais, fis-je, même si je mourrais d'envie de me fondre en elle.
Elle pencha la tête sur le côté et baissa les yeux. Une mèche de cheveux glissa et lui cacha le visage.
— Tu as raison Casey.
Mon nom dans sa bouche me rendit tout chose.
— A quel sujet, Anna ?
Elle darda un œil sur moi qui n'avait rien à voir avec la quiétude apparente qu'elle pouvait avoir parfois.
— Je suis perdue et je ne sais plus qui je suis et ce que je veux. Est-ce que je l'ai déjà su, d'ailleurs ? En fait, j'ai terriblement peur.
Je lâchai ses mains et l'attirai dans mes bras. Je la serrai contre moi, non pas dans l'intention d'aller plus loin, mais uniquement de la réconforter. C'était tout ce dont elle avait besoin.
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