Si je pouvais étriper Casey sur place je le ferai ! Il jouait avec moi trop facilement. Il fallait que je reprenne du poil de la bête. Et Max qui ne rappelait pas ! Je commençai déjà à avoir une montée de stresse par rapport à la connerie monumentale que mon frère était en train de faire. Il était carrément en train de faire couler la boite de papa et ce dernier ne s'inquiétait pas plus que ça ! Ça me rendait dingue.
Je jetai un œil indigné sur Casey qui affichai un sourire de vainqueur sur la figure. Y avait pas à dire même quand il avait un sourire de con sur le visage, il était toujours aussi mignon ! Oh je me faisais pitié ! Enfin il avait réussi à me faire sortir de la tête quelques minutes le couperet qui m'était tombé dessus la veille. Je me secouai intérieurement et revins au café que je devais lui offrir. C'était la merde, je n'aurais jamais du lui proposer de boire quelque chose. Sinon il serait déjà parti de chez moi.
— Ton Café tu le veux comment ?
Il posa sur moi un regard trop étrange et pervers pour que je le pris au sérieux.
— Toujours serré Von Teese. Très serré.
— Pourquoi je ne suis pas étonnée par ta réponse ! je grommelai en l'abandonnant pour rejoindre la cuisine.
— Parce que tu me connais suffisamment pour deviner ce que je pense. Ce qui revient à dire que tu en pinces pour moi.
Quoi ? Même pas en rêve... enfin si, ça m'était déjà arrivé, mais un rêve restait un rêve. Point barre.
— C'est tellement présomptueux de ta part. Du Haymes dans toute sa splendeur ! m'exclamai-je en installant la dosette dans la machine.
Je l'entendis ricaner puis chuchoter dans mon dos.
— Tu n'as jamais vu toute ma splendeur Annabelle. Alors comment peux-tu savoir que je suis présomptueux ?
Je me retournai et me retrouvai coincée entre le plan de travail et Casey. Je me figeai incapable de sortir le moindre mots. Il plaça ses deux mains de part et d'autre de mon corps pour m'empêcher de m'échapper.
— Par contre, je peux certifier que ta splendeur a fait changer d'avis un idiot en moins de deux secondes.
Qu'est-ce qu'il me racontait ? Il s'approcha de moi et plaqua son corps contre le mien.
— Dis-moi Annabelle... c'était quand la dernière fois que tu t'es amusée ?
Pourquoi il me demandait ça ?
— Il y a longtemps que j'ai quitté le jardin d'enfant Haymes. Ce qui n'a pas l'air d'être ton cas. Je comprends pourquoi tu aimes tant t'amuser cela dit, je lui répondis en le repoussant au prix d'un effort que je ne pensais pas avoir autant de mal à trouver. Sa présence contre la mienne était plaisante quoi que ma tête essayait de me contredire.
Il se marra comme d'une bonne blague mais ses yeux ne riaient pas. Non, un sérieux s'installa sur son visage et il dit d'une voix sourde.
— C'est là problème avec toi Von Teese. Tu ne sais pas t'amuser. Et c'est dommage parce qu'avec moi, tu repars toujours gagnante.
— Tiens revoilà le Haymes présomptueux. Il n'est jamais bien loin finalement, je ne me pus m'empêcher de le titiller.
— C'est pour ça que tu es si seule Annabelle. Tu te caches derrière quelqu'un que tu n'es pas et après tu te plains qu'on te rejette. Pourquoi tu fais ça ? De quoi tu as peur ?
De quoi il parlait ? Je ne me cachais pas ! Je ne faisais que me protéger. Et puis merde qu'est-ce que cela pouvait lui faire ?
— Je ne savais pas que tu avais plusieurs casquettes Haymes. Éditeur, séducteur, organisateur et psychologue ! Tu m'épates !
Il retint son sourire mais j'avais vu l'affaissement du coin de ses lèvres. Monsieur pensait être le seul à avoir toujours réponses à tout et bien moi aussi. Et il savait que j'aimais avoir aussi le dernier mot.
— Si tu veux te lancer dans cette direction je peux aussi faire une petite liste de tes facultés hors normes.
— Ne te donnes pas cette peine Casey. Rien qu'au ton que tu emploies, tu as déjà tout dis à mon sujet.
La machine à café s'arrêta et je me retournai pour me saisir de la tasse.
— Tu devrais boire ton café, il va refroidir, lui lançai-je ne lui mettant la tasse chaude entre les mains sans ménagement.
Contre tout attente, il n'ajouta rien et se contenta de porter à ses lèvres son breuvage.
Je le contournai pour rejoindre mon poste de travail. Ce sale con venait de m'offrir une opportunité en or ! Si j'arrivais à faire ce qu'il me demandait avant dimanche, je m'assurais un putain de chèque et un pied dans les Éditions Haymes. Non pas que je rêvais d'y entrer mais de pouvoir travailler pour l'un de leurs meilleurs auteurs c'était une aubaine incroyable. Ce qu'il fallait surtout c'était de ne pas donner l'impression a Casey qu'il venait de gagner la manche. Du moins pas dans l'immédiat.
— Alors Von Teese ? Tu acceptes l'offre ?
Je levai les yeux sur lui. Il me dévisageait par dessus sa tasse et attendait que je lui réponde.
— Je vais y réfléchir.
Il ricana dans sa barbe et secoua la tête dépité par mon effort à le faire lambiner.
— Très bien. Je compte sur toi dimanche.
Il reposa la tasse sur le plan de travail et se dirigea directement vers la porte d'entrée.
— Donne le meilleur de toi-même Annabelle. Et tu auras toute ma reconnaissance.
Je n'avais rien à lui rétorquer et il partit sans un au revoir. J'étais presque déçue qu'il n'ait pas tenté un rapprochement. Oh bon sang, voila que je réagissais comme toutes les nénettes qui lui courraient après.
Je soupirai bruyamment puis reportais mon attention sur la pochette qu'il m'avait laissé. Juste par curiosité, je regardai la somme sur le chèque. J'écarquillai les yeux et refermait la pochette en reculant d'un pas. Mon cœur se mit à cogner fort. Putain de bordel de merde ! Deux milles balles pour commencer ! Il est complètement fou !
Je me ruai sur mon téléphone et ouvris un sms pour lui envoyer un message salé. Mais en cours d'écriture, je me ravisai. Cet idiot aimait me rabaisser, me rabrouer sur tout ce que je faisais. C'était l'occasion de lui prouver que j'étais bonne. Vraiment très bonne et que pour dimanche tout sera fait.
Je sortis de la pochette tous les documents qu'il m'avait laissé et me lançai dans la lecture du synopsis. Une histoire intéressante, un monde particulier que l'auteure a même décrit dans un petit livret compagnon afin d'aider la graphiste prévue à l'origine. Et déjà mon cerveau se mit en marche. Je dégainai mon carnet à dessin et esquissai une première idée. Et j'y passai le reste de la journée.
Je n'eus aucune nouvelle de Haymes durant ces quelques jours. Et dans ma tranquillité, j'ai amassé suffisamment d'idées que je concrétisai sur papier. Trois couvertures possibles que je présentai le dimanche même à Casey Haymes tout puissant. Enfin que je comptais lui présenter chez moi et non ailleurs. Être sur un terrain conquis était bien plus facile. Surtout quand c'était le votre.
Je lui avais envoyé un message pour lui faire savoir que le job était fait et qu'il avait juste à ramener sa fraise pour venir constater et déposer son chèque. Oui, bon dit comme ça, ça fait très peu professionnel et plutôt arriviste, mais je savais que de toute manière cette façon de faire ne le choquerait pas outre mesure. A ça j'aurais dû me méfier. Il me répondit le dimanche matin à onze heures.
— Von Teese ! Bonjour !
— Haymes.
— J'ai bien eu ton message. C'est parfait, tu es efficace et rapide. Que demander de mieux pour une pro comme toi.
J'avais très envie de lui cracher à la figure d'aller de faire voir mais je me retins de justesse. Il ne m'avait pas encore délivré le second chèque. Faudrait pas qu'il fasse machine arrière.
— Parfait. Je suis libre toute la journée, donc tu peux passer quand tu veux.
— Libre toute la journée ? Super, tu es attendue chez mes parents dans une heure. Fais un effort sur ta tenue, tu veux. N'oublie pas ton travail, mon père a hâte de voir ce dont tu es capable.
Et il raccrocha.
Incrédule face à ce qu'il venait de se passer, je restai bêtement, debout le téléphone collé à mon oreille à papillonner dans le vide. Est-ce que je venais de me faire entourlouper par cet abruti ? Je laissai tomber mon bras tenant mon téléphone et fermais les yeux en soupirant. Ce que je pouvais être pathétique parfois !
Je me frottai le visage me fustigeant d'être si prévisible et de ne pas avoir su l'empêcher d'en placer une. Ce petit con avait tout manigancé d'une main de maître. Si je voulais être payé pour mon travail, je devais venir au rendez-vous. Et si je voulais faire avancer ma carrière même dans les éditions concurrentes, je devais venir à ce rendez-vous. Si je refusai tout bonnement, ce serait comme me tirer une balle dans le pied !
Je poussais un cri de colère et d'un pas rageur, je filai à la salle de bain pour ce fichu rendez-vous !
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