【Triple-Attaque】


La vie de Norbert avait toujours été d'une tranquillité relative.

Il n'était pas le genre de personne à vouloir défier les lois ou provoquer le destin, les problèmes à lui venaient d'eux même, attirés par son essence comme du fer sous un aimant, sans qu'il n'ait jamais eu à lever le petit doigt. Pourtant, il était simplet. C'était un garçon (un homme depuis peu) dans le genre grand solitaire qui, à défaut de sa grande simplicité de vie, éprouvait, malgré tout, une certaine forme satisfaction et une sensibilité claire à se jouer des autres.

On était un soir d'automne. Une violente averse, installée depuis de longues heures déjà, tombait sur les faubourgs de Chromapolis et, tandis que la frappe brutale des gouttes d'eau qui s'abattaient le bitume avait vidé les rues, Norbert restait pendu à son balcon sans jamais détourner le regard du large horizon brumeux qui s'étendait derrière les grattes-ciels de la ville.

Qu'ils étaient longs ces soirs d'automne... ces soirs d'automne où, lorsque l'envie était son seul manque, le temps semblait se suspendre dans l'air, comme figée, ne laissant que les larmes du ciel se diluer dans celles qu'il ne versait pas.
Dans sa comtemplation, il crut voir une une silhouette courrir à travers l'averse, mais elle disparue si vite, qu'il eut à peine le temps de la balayer du regard. Il entra chez lui, se glissa dans ses draps et s'endormit mais ne ferma aucune baie-vitrée. À son réveil, l'odeur de la rosée et du bitume humide envollopait son foyer.

Soudain, on sonna à la porte. Il en fortement surprit, la plupart des gens ignoraient (dans le sens du non-savoir) son existence et il était persuadé, d'ailleurs, que propriétaire de son immeuble ne devait même pas savoir qu'il vivait sous son toit. Alors, intrigué il s'habilla bien vite et courut ouvrit.

C'était là, une jeune fille qui se tenait derrière la porte, une inkling pour précisions. Vêtue d'un long et large T-shirt rentré dans un short en texture jean, aux tendances d'octobre, le blanc éclatant de son haut mettait en valeur son teint de bronze et ses tentacules fushias attachés en un haut chignon. Elle couvertes d'accessoires divers : une petite paire de lunettes, ajustée au sommet de son front, dont les verres oranges faisaient écho à la couleur de ses yeux, quelques bracelets d'algues et de coquillages multicolores ornant ses poingnets et une énième paire de boucles d'oreilles rondes et dorée. Elle tenait dans ses mains une dizaine de petits sacs.

- Je peux vous aider ? lui demanda Norbert d'une voix très rauque et bien froide.

- Oui, bonjour ! Je m'appelle Jinx et je viens de démanger au deuxième étage, en dessous, se présenta-t-elle.

Un peu nerveuse, elle lui tendit une de ses petites mains qu'il serra poliment, puis il se présenta à son tour, bien plus brièvement.

- Norbert.

- Enchantée ! Comme je viens d'arriver, j'ai décidé de cuisiner, pour faire connaissance avec mes nouveaux voisins, vous voyez ? Mais j'en ai trop fait. Et après avoir fait le tour de mes voisins d'à côté et d'en face, je n'avais plus qu'à voir ceux du haut ! Haha ! Tenez.

Puis elle lui tendit un de ses petits sacs que prit Norbert. Étant lui même un grand amateur de gastronomie, il était intrigué. Dedans, se trouvait un petit bocal en verre recouvert d'un fin film plastique contenant à l'intérieur une sorte de purée orange pâle, bien peu ragoûtante dont l'odeur qui s'en échappait n'était pas loin de celle de l'encre séchée d'un salmonoide.

- Qu'est ce que c'est que ce truc..., souffla Norbert.

- De la mousse de corail ! Je l'ai fait moi même. J'espère que vous aimerez !

Puis elle s'en alla se présenter aux autres résidents.

Norbert ne rentra pas tout de suite. Il resta devant la porte un instant immobile et muet la fixant interdit tandis qu'elle se tenait devant la porte d' à côté. Il la regardait dans l'attente, la voyait tapoter du pied, gonfler les joues, souffler, ajuster sa coiffure, triporter ses boucles d'oreille, examiner sa manicure, puis lorsqu'elle tourna la tête, leurs croisèrent. Rien ne se produisit. Elle esquissa un sourire qui se voulait poli et Norbert lui fit un léger de la main avant de rentrer chez lui. Il sortit cette fameuse mousse de corail de son sac, et à peine avait-il pu sentir l'odeur de ce plat qu'il le jeta aussitôt.

Suite à ce jour, ils s'étaient vus de plus en plus souvent. Norbert sortait de chez lui vers vingt-deux heures, rencontrait la jeune fille à sa porte et ils descendaient les escaliers tout les deux avant de se séparer. Au début, ils ne s'échangeaient pas un mot. Lorsque Norbert arrivait à sa porte, elle lui souriait poliment en guise de « Bonjour ! Comment ça va ? », et il la regardait froidement en gage de « C'est bon je t'ai remarqué, tu es contente ? » .

Puis, plus le temps passait et plus cet échange, aussi court qu'il soit, devenait routinier, quotidien, comme une sorte de rendez-vous. Bientôt, lorsqu'un manquait à l'appel, l'autre se disait « C'est bizzare, où est-il ? ». Il était même déjà arrivé à Norbert que, lorsque Jinx était en retard, il l'attende un peu dans d'escalier.

Mais Jinx n'était pas comme lui. Si Norbert se refusait à accepter qu'il s'était attaché, au moins, à cette routine, à elle, ce garçon lui plaisait.

Très loin d'affirmer que de véritables sentiments naissaient, mais elle attendait de sa part bien plus qu'un simple regard ou elle voulait de son regard, ça c'était pas celui là. Jinx était de celles qui avaient déjà moultes conquêtes par le passé. Pour elle, aucun homme n'avait de mystère à ses yeux. Elle avait su dès le départ que ce que dont Norbert avait besoin, c'était du temps. Du temps pour la comprendre, du temps pour l'analyser, du temps pour que chaque trait de son visage ne s'imprime dans son esprit.

Alors elle lui en avait laissé du temps, beaucoup de temps, bien plus qu'elle n'en avait jamais laissé à personne. Puis un jour, on ne sait comment, alors qu'ils se rencontraient à nouveau, quelques mots sortirent d'entre ses lèvres.

- Bonjour, comment ça va ? lui avait-elle demandé.

- Bien, lui avait-il répondu.

Elle était satisfaite. Ils avaient juste besoin de temps.

Mais temps ne se comptait dans la vie de Norbert. Ayant souvent été placé à la frontière de Dieu et la faucheuse, là où Jinx jouait avec le sablier, pour Norbert, il était un ennemi. Le jeu auquel s'adonnait la jeune fille, était une source de frustration qui, à mesure que le temps (ce traître) avançait, grandissait de plus en plus. Non pas qu'il n'arrivait pas à la déchiffrer, il avait ressenti l'intensité de ces regards plein d'envie dont il tant était accoutumé, mais il n'arrivait pas à se déchiffrer lui-même. Il était si confus, à un tel point qu'il ne réalisait pas que sa confusion était l'élément phare du plateau de jeu.

Ainsi, dès lors où la rosette avait osé lui parler, il parlait à son tour. D'abord, il n'y avait que des salutations.
« Bonjour ! Comment ça va ? » répétait Jinx.
« Bien, merci. » ré-disait Norbert.
Puis Norbert avait commencer à lui retourner la question, comme si il avait compris que pour faire un dialogue , il fallait être deux. Puis un jour, ils finirent par avoir une vraie conversation, à propos d'un voisin pénible qui faisaient des travaux depuis des semaines, aucun des deux ne s'en souvenait précisément. Tout ce qu'ils savaient, c'était qu'après ça, les choses ont radicalement accélérés.

Si Norbert en fut un peu perturbé au début, il avait enfin l'impression de voir la lumière au bout du tunnel, de sortir de cette boucle infernale faite de salutations muettes et de longues descentes aux silences tortueux. Peu à peu, même si Jinx monopolisait la conversation (non sans plaire à Norbert qui, loin d'être un grand orateur, préférerait de loin l'écouter que d'avoir à parler), ils apprenaient à se connaître.

Jinx était d'un an son aînée et la première chose que Norbert vit chez elle, ce fut cette maniaquerie esthétique qu'il n'arrivait pas à cerner. Elle était tellement coquette... Lorsqu'il la croisait, elle était toujours apprêtée, parfumée, maquillée et coiffée comme si elle allait au gala du roi stylé de Stylish-Land. Elle était le genre de fille que les autres filles ne supportait pas, elle pouvait paniquer pour un bracelet oublié, hurler pour un rouge-à-lèvre mal appliqué ou même pleurer pour un talon cassé. Elle avait mit, à plus reprises, sa patience à l'épreuve.

Il lui fallut du temps à elle aussi pour se dévoiler, heureusement que Norbert ne faisait pas dans le jugement. Ainsi, il apprit à connaître la partie immergée de l'iceberg. Jinx était n'était pas qu'une poupée de chiffon qui ne s'intéressait qu'à son maquillage (même si celui-ci représentait trois quart de ses préoccupations majeures), elle était surtout une étudiante brillante.

Avant d'arriver à Chromapolis elle eut été étudiante pendant cinq ans dans université du nom de "Ink-Orail" située dans une des préfectures agricole de la periferie de Chromapolis, elle y avait apprise, là-bas, l'histoire des civilisations marines. De l'extinction de l'humanité à l'anthrophisation des espaces par les premiers céphalopodes (qui étant géré par eux prenait un autre sens), passant par l'évolution des modèles économiques des populations aqua-natives dans le monde, jusqu'aux conflits inter-raciaux qui ont façonnés le monde, elle connaissait tout.

De temps en temps, ils leurs arrivaient d'écrire des dizaines de lignes pour débattre de l'impacte environnemental de l'extinction humaine sur la planète ou des instabilités politiques et économiques qui ont menés à la divisions des nations jusqu'à la Grande Guerre de Territoire.

Ces discussions qu'ils partageaient occasionnellement depuis quelques mois les avaient autant reparochés que divisés, dans une certaine mesure où, ces conversations, qui pouvaient parfois s'éterniser des heures durant, les menaient à entretenir une relation bien plus intime et personnelle qu'ils pouvaient en avoir lorsqu'ils se croisaient dans immeuble; et dans une autre, elles les poussaient à exprimer leurs convictions personnelles, parfois si divergentes, qu'il menaient inéluctablement à des conflits.

Norbert n'accordait pas une importance particulière à ces moments. Bien qu'il attendait ces soirées là avec impatience, pour lui, ils étaient surtout l'occasion de se détendre car Jinx était la seule chose reposante et distrayante qui ne relevait ni de la macabrité de ses journées passées à patoger dans le rouge, ni de la pression constante d'être entouré d'ennemis.

Sans jamais le reconnaître, le jeune homme s'était réellement attaché à cette femme et pour la première fois de sa vie, il se sentait être face d'un prédateur qui, à son image, ne pouvait ni cerner, ni si saisir. Quand est-ce que le piège s'était-il refermé sur lui ?

Les gens du communs, eux, savent reconnaître les murs du couloir qui mène aux vices du sentiment d'amour, mais voici ceux des autres: ils en ignorent tout. Ainsi Norbert avait l'impression que tout était si simple pour elle ! Il lui suffisait de battre des cils pour l'hypnotisé, de fou-rire pour l'envoûté ou de claquer la langue pour faire surgir en lui ses pensées les plus fievreuses et ses désirs les plus enfouis.

Nous étions en plein mois de janvier, dehors la bise glaciale soufflait sur la capitale. La brume, accompagnée du froid, tassait les lumière des lampadaires dans ce coin de la ville où les ténèbres étaient déjà maîtres des environs. En ce soir d'hiver, Norbert avait l'isolation complet. Il était assit à la table d'un bar vide doté d'une petite radio défectueuse qui diffusait les notes de Fresh Start, il fixait son ink-phone absenté de message du seul destinataire qu'il avait. Inlassablement, il pensait à Jinx... L'impossibilité de faire face à sentiment d'amour sur lequel il ne pouvait mettre de mots le rendait peu à peu ivre, faisanr tout pour effacer de son esprit ses lèvres carmines.

Soudain, une petite main vint effleurer son épaule.

- Qu'est-ce que tu fait ici ? lui demanda sa petite voix calme.

- Je te retourne la question, lui répondit-elle simplement.

- Moi ?

Jinx enleva son manteau pour l'accrocher, lui et son sac à mains sur le dossier de sa chaise, commanda un verre d'alcool au barman, caché dans l'arrière boutique, celui-ci la servit, partit puis ils se retrouvèrent seuls accompagné par cet air des calamazones. Jinx reprit alors :

- J'ai l'habitude de vinir ici après le travail. Cet endroit n'est pas très populaire, alors c'est plutôt agréable pour se détendre après avoir passé la soirée avec des clients difficiles...

Un silence indescriptible emplit la pièce. Un silence qui, paradoxalement, était capable de décrire l'état de Norbert. Tout deux fixaient leurs boissons comme partagé entre l'envie de rester silencieux et celle de s'enfuir très loin.

- J'adore cette chanson, lui avoua Jinx, pas toi ?

- Si, elle est cool... Dit-moi, Jinx, interpella Norbert osant finalement la regarder, est-ce que ça t'es déjà arriver de te sentir totalement impuissante ?

Elle releva la tête et se mit à le fixer droit dans les yeux. L'intensité électrique que gênera cet échange de regard les paralysa sur le coup. Aucun d'eux ne bougeait complètement absorber par les iris de l'autre. Sans jamais détourner le regard Jinx lui confie:

- Oui bien sûr. Je connais une personne pour qui, lorsque je la regarde, j'ai l'impression de brûler. C'est de ce genre d'impuissance là dont tu parles ?

- Oui.

- C'est normal...

Norbert se leva de sa chaise avança et arrivé à la hauteur de Jinx, le temps se suspendit un instant. Ils se regardèrent, se toisèrent du regard essayant d'intercepter un signe signal dans le regard de l'autre.

Et Jinx implosa, elle se jeta au son coup pour lui donner le baiser plein de fougue et de passion dont elle revait. Il fut intense, comme porteur de toutes les envies nouvellements et quand enfin ils se séparèrent, Norbert vit dans les yeux se sa compagne la flamme d'un désir ardent qui la consumait depuis bien trop longtemps. Elle murmura entre deux rêveries :

- On rentre ?

Et ce soir là, Norbert ne dormit pas dans sa chambre.

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Et voila ! J'espère que l'os t'aura plu Norbert_assassin ! Je suis vraiment désolé d'avoir mit autant de temps. Je n'ai vraiment pas l'habitude d'écrire des OS pour moi, c'est vraiment une épreuve épuisante. Je voulais raconter trop de choses et j'ai finit par sacrifier les 3/4 (ce qui prouve que j'ai vraiment besoin d'entraînement en ce qui concerne le "racontage" d'histoires simples). Malgré tout c'était très amusant ! Merci de m'avoir laisser ma chance.

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