Chapitre 3 : Les Histoires Des Pirates
Eadith, d'un geste nerveux, lissa le devant de sa robe mauve. Sa bouche était sèche et sa gorge scellée par l'angoisse. La conversation entre Gibbs et Sparrow qu'elle avait entendu, il y avait de cela quelques minutes, était la cause de son état. La jeune femme avait imaginé le Capitaine autrement, mais si son but unique était de donner son âme, alors ce n'était pas l'homme d'honneur qu'on lui avait décrit. Bien qu'elle ignorait comment il était possible de donner une âme. Allait t-il la tuer? Tout n'était que questionnement et confusion dans son esprit.
"Qu'attendez-vous?"
La rousse eut un grand sursaut, avant de se retourner pour faire face à la voix qui l'avait interrompu dans ses songes et ses craintes. Jack Sparrow les mains dans le dos, se tenait là.
"Capitaine? J-je, on m'a dit que vous vouliez me voir, alors.."
Le pirate ne dit mot et se contenta de remettre quelques unes de ses mèches de cheveux derrière ses épaules, avant d'ouvrir la porte et d'inviter la jeune sœur d'Adalynn à entrer. Eadith ne se sentait pas le moins du monde à l'aise dans cette situation. L'homme la suivait de près et la distança pour aller s'appuyer, d'une allure tout à fait exagéré, sur la table ronde qui figurait au centre.
"Savez ce qu'est ceci? demanda t-il en pointant son doigt sur un petit objet qui dormait sagement devant lui.
- C'est le compas auquel vous parliez lorsque je vous ai vu pour la première fois, répondit t-elle d'un ton méfiant."
Sparrow haussa les sourcils, perdit un instant son regard dans le vide avant de le reporter sur la rousse qui attendait patiemment.
"Sachez, trésors, que je ne lui parlais pas, mais lui murmurais ce que je voulais le plus au monde."
Eadith était tentée de répondre que cela ne changeait pas grand chose mais elle préféra se raviser.
"Dites-moi, mademoiselle Marsh, est-ce que retrouver votre sœur fait partie des choses que vous désirez le plus au monde?
- C'est même l'unique."
Jack attrapa le compas, le fit sauter une fois dans sa paume avant de le tendre à la jeune femme. Elle s'en saisit comme si c'était là, la chose la plus fragile du monde. Le Capitaine ne la quittait pas du regard alors qu'elle l'ouvrait pour contempler la petite flèche tourner. Celle-ci fit maints tours avant de s'arrêter lentement, pointant le bas à gauche.
"Elle s'est arrêté mais..bafouilla la jeune femme."
Sparrow se précipita à son coté et passa sa tête par dessus son épaule pour en contempler la chose. Eadith se retint de grimacer face à l'odeur de l'homme. Lui, souriait et semblait grandement satisfait.
"Pourquoi indique t-il le Sud-Ouest? interrogea t-elle confuse.
- Parce que Adalynn Marsh est au Sud-Ouest.
- Alors, elle est en vie!
- Ne vous réjouissez pas trop, Eadith, votre sœur est certes au Sud-Ouest mais à quelle distance?
- Vous voulez dire qu'elle peut être à deux pas d'ici, comme à des terres lointaines et reculées.
- Vous avez tout comprit, se réjouit Jack avant de se rendre compte que ce n'était sans doute pas la véritable attitude à avoir. Mais désormais vous savez une chose, que Adalynn est vivante.
- Vous ne m'aiderez pas à la retrouver, n'est-ce pas? "
Sparrow se décala de la jeune femme, et prit un air faussement distrait par un objet quelconque. Eadith, elle, ignorait si elle devait se réjouir ou au contraire perdre davantage d'espoir.
"Vous aviez dit que..
- Que je vous engageais dans mon équipage, pas que j'irais au bout du monde pour retrouver Adalynn Marsh. Mais sachez, trésors, que l'océan est fait de hasard, qui sait si Mademoiselle Marsh ne croisera pas notre chemin un jour."
Le pirate s'empara d'une bouteille dont le contenu était flouté par la poussière qui était collé au verre. La jeune femme ne mit guère de temps à comprendre que c'était là du rhum. Elle avait l'impression qu'il n'y avait que cela sur ce rafiot. Il la tendit à la rousse comme si il remettait la couronne à un Roi.
"Boire peut faire passer beaucoup de mauvaises nouvelles, dit t-il."
Eadith mit ses mains devant elle en signe de refus. Elle sentait que Jack avait inventé toute cette histoire de compas qui indique notre plus cher désire afin de l'embrouiller davantage et de la garder bien proche de lui pour la livrer à ce Davy Jones.
"Puis-je formuler une demande?
- Mais tout ce que vous voulez mademoiselle Marsh.
- Au prochain port dans lequel nous accosterons, je veux y descendre et quitter ce navire.
- Si tel est votre souhait, accepta Jack en se courbant."
La jeune femme ne perdit guère plus de temps dans les quartiers du Capitaine. Les poings serrés, elle marchait d'un pas décidé afin de s'éloigner à l'autre bout du Black Pearl. Plus elle se tiendrait loin de Sparrow et mieux elle se porterait. Mais qu'avait t-elle imaginé? Qu'un pirate allait lui apporter de l'aide? Comment pouvait t-elle être sotte à ce point? Un pirate restait un pirate. La rousse l'avait pourtant songé ami avec sa sœur, elle pensait qu'il voudrait lui aussi la retrouver. Or, cela ne semblait pas être le cas. De plus, il voulait la livrer à ce Davy Jones, si il ne retrouvait pas un fameux coffre. Eadith comprit que pour le Capitaine, elle n'était qu'un objet de marchandise, rien de plus. Cette pensée fut tel un poignard en plein cœur, elle avait forgé tant d'espoir sur cet homme qu'on lui avait décrit comme étrange certes mais honorable..Pour un pirate tout du moins.
Elle ne put retenir les larmes qui lui montaient aux yeux et lui floutaient le paysage. Cette soirée avait été un échec pour elle. Ainsi, la jeune femme ne fit pas attention à sa direction et bouscula lourdement l'un des matelots qui grogna. Elle s'arrêta un instant pour s'excuser et aperçu James Norrington. Eadith ne su pourquoi cette nuit là, mais elle se laissa tomber dans les bras du commodore en pleurant telle une enfant. L'homme avait été grandement surpris mais il ne l'avait pas repoussé. Il gardait sans doute quelques bonnes valeurs qu'on lui avait enseigné. La rousse avait beaucoup sangloté sans pour autant donner de raisons. James l'avait ensuite invité à le suivre sur les marches menant au gouvernail. Ils s'y étaient assis alors que le pont était vide de matelots.
"Pourquoi haïssez-vous Adalynn? demanda Eadith en essuyant ses yeux d'un revers de la main."
Norrington laissa échapper un long soupire avant de répondre.
"Je ne la hais pas.
- Mais, vous avez dit que..
- Je me suis trouvé en colère en entendant le nom de Marsh, mais cette colère n'était pas justifier. Vous voyez, j'étais commodore, j'avais titre, honneur et bonnes grâces. Et puis j'ai tout perdu à cause de la piraterie, je me suis retrouvé ivrogne à Tortuga et puis matelot de ce maudit Sparrow alors que j'ai passé des années à le pourchasser.
- Je comprend votre colère.
- Et vous? Comment avez vous pu atterrir dans cette piraterie? Vous êtes une jeune femme avec une bonne éducation, alors pourquoi? Pourquoi les pirates?
- J'ai voulu chercher ma sœur lors de ma sortie du couvent. Et je me suis vite rendu compte qu'à chaque fois que je prononçais son nom on me parlait de sa marchandise. J'ai su qu'elle faisait des affaires à Port Royal avec un homme qui s'appelle Rutledge. Au départ, j'ai pensé partir pour Port Royal, c'était là ma meilleure chance. Mais une femme qui se faisait appeler Anna-Maria, m'a conseillé de partir pour Tortuga, car la dernière personne à avoir vu Adalynn était un pirate du nom de Jack Sparrow. Alors je m'y suis rendu et la suite vous la connaissez.
- La piraterie ne vous était pas destiné alors.
- Non, on m'a élevé pour que je devienne une nonne ou une bonne épouse mais rien d'autre."
Norrington eut un soudain rictus qui ne passa pas inaperçu au regard d'Eadith.
"Je me rappelle la dernière fois que j'ai vu Adalynn à Port Royal. C'était le même jour où j'ai arrêté Sparrow pour la première fois. Elle était au marché et je l'ai surprise à voler une pomme, bien qu'elle me certifiait que c'était faux, je ne l'ai pas cru et l'ai enfermé dans les cachots pour un temps. Et en réalité ce n'était pas cette histoire de pomme qui m'avait fait faire cela mais j'avais le désir qu'elle redevienne la jeune fille que j'avais connu.
- Vous avez vraiment grandis ensemble?
- Lorsque votre père était encore en vie, oui. Mais lorsqu'elle dû partir avec son oncle, nous nous sommes éloignés. Vous avez dit avoir grandit dans un couvent?
- Oui, j'y ai été placé dès ma naissance à dire vrai. Mon père a rencontré ma mère, qui n'était pas son épouse. Elle est tombée enceinte mais jamais elle n'a put lui dire qu'il avait une fille car Jonathan Marsh est mort quelques mois après leur rencontre. Ma mère n'avait pas de quoi m'élever, alors elle m'a confié au couvent avec le reste de ses économies et une lettre m'expliquant sa rencontre avec mon père ainsi que le fais que j'avais une sœur aîné, Adalynn. J'ignore comment ma mère a pu connaitre son existence. Sans doute Jonathan lui en avait t-il parlé. Mon passé est fait de beaucoup de questions. Comment a été votre dernière rencontre avec ma sœur?
- Pas bien joyeuse. C'était après avoir suivit le pirate Barbossa à une île que l'on nommait l'île de Muerta. Lorsque nous avons gagnés contre ces bandits, nous nous sommes retrouvé et je l'ai accusé de piraterie. Elle n'en fut pas bien heureuse et m'accusa en retour du naufrage de son navire et de la perte de deux de ses amis. J'eus des remords et j'ai accepté sa demande d'être libre au plus proche port que nous gagnerions.
- Adalynn semble avoir un fort caractère.
- C'est le cas, et je doute qu'elle soit bien heureuse de rencontrer la bâtarde de son père. Peut être devriez-vous cesser de la chercher et vous en retourner à votre vie.
- Je n'ai jamais réellement eut de vie avant tout cela. Etre nonne n'est pas ma plus chère volonté.
- Vous êtes en quête de liberté, vous désirez voir le monde avant de vous enchaîner à un mari pour le reste de vos jours.
- Je pense que c'est cela, même si je n'aime pas l'Océan.
- Voilà qui est fort curieux pour une Marsh.
- J'ai grandis sur la terre ferme et non en mer."
Peu après, Eadith prit congé du commodore, en le remerciant, et préféra s'en aller au sommeil. Sa peine avait été sécher grâce à Norrington mais elle restait bien décidé à gagner le prochain port dans lequel ils accosteraient et ne plus jamais avoir affaire avec des maudits pirates.
Dans la mâtiné du lendemain, alors qu'elle frottait le sol avec grand soin, la rousse aperçu du coin de l'œil, Jack et la seconde femme du navire qui semblaient dans une discussion des plus rapprochée. La rousse se posa maintes questions sur leur relation, mais les garda pour elle et se contenta de leur jeter un coup d'œil de temps à autre.
"Terre! hurla l'homme au nid-de-pie."
L'équipage se moqua du sol et marcha dans l'ouvrage des travailleurs. La jeune femme s'en trouva fort mécontente que son ménage soit ainsi souillé en quelques secondes. Cependant, elle se jeta elle aussi au bord du pont pour admirer le petit bout de terre qui dépassait de l'horizon bleuté. Qu'il était agréable de ne plus voir qu'une vaste toile de mer et de ciel. Au commencement, la rousse pensa que c'était sa chance pour quitter cet équipage, or elle se rendit bien vite que cela n'allait pas être le cas. Cette île, sur laquelle le Capitaine demanda à accoster, semblait être déserte. Aucun port, aucune ville, aucun habitant, rien. Eadith se renfrogna donc et repartit à son ouvrage. La chaloupe fut sortie, et Sparrow demanda à ce que le commodore, la femme qui répondait finalement au nom d'Elizabeth, ainsi que Ragetti et son fidèle ami Pintel, l'accompagnent. Ils disparurent du Black Pearl, et alors que la rousse allait vider son seau d'eau croupie, elle les vit s'éloigner dans les vagues. La jeune sœur d'Adalynn délaissa ses outils de travail et jeta un regard au gouvernail. Gibbs s'y trouvait lâchement appuyé. C'était l'occasion ou jamais de lui demander quelques explications sur le fameux Davy Jones. Un homme qu'elle espérait ne pas croiser, car cela voudrait dire que le Capitaine ne la laisserait sans doute pas regagner le prochain port. C'était ce qu'elle en avait déduit.
Soulevant les pans de sa robe mauve pour monter les marches, Eadith, arriva sans peine au coté de Monsieur Gibbs.
"Qui est Davy Jones? demanda t-elle sur le champ."
Le barbu, qui buvait au goulot d'une bouteille de rhum, manqua d'en recracher le tout, et toussa de longues minutes avant de questionner.
"Comment êtes-vous au courant de son existence?
- Je vous ai entendu parler avec le Capitaine Sparrow. Il disait qu'il voulait m'offrir à lui si il ne trouvait pas un certain coffre.
- C'est mal d'écouter au porte, tenta de gronder Gibbs.
- Et mentir? Ce n'est pas mal peut être?"
L'homme jura dans sa barbe avant de se gratter la moustache.
"Ne dites pas au Capitaine que je vous ai raconté ça, comprit?
- Vous avez ma parole.
- Bon, le coffre dont nous parlions est celui qu'ils sont aller chercher sur cette île. Une boite scellée qui enfermerait le cœur encore battant de Davy Jones. Le Capitaine espère l'avoir pour négocier et que le Kraken ne nous réduise pas en miette..Et évidement pour sauver votre vie.
- Une vie qu'il a lui même condamné..Mais qu'avez-vous dit? Un cœur encore battant? Comment est-ce possible?
- Vous n'êtes là qu'en dernier recours, je vous l'assure. Quant au cœur..
- Racontez moi, Gibbs, s'il vous plait."
Le barbu hésita un instant, pesta à voix basse et reprit.
"Davy Jones était un grand marin, il est tombé amoureux des océans en la personne de Calypso, déesse des mers. Celle-ci le chargea de conduire les âmes péries de l'océan vers l'au-delà, en échange de quoi il était autorisé à poser le pied sur terre une fois tous les dix ans pour la retrouver."
Eadith, fort concentré par les dires, s'appuya à son tour sur le gouvernail.
"Or un jour, alors que Jones effectuait parfaitement sa tâche, elle manqua de le retrouver. Furieux, il cessa sa mission et s'arracha le cœur afin de ne plus jamais éprouver de sentiments, avant de l'enfermer dans un coffre, dont Jones en garde toujours la clé . Néanmoins, la colère de Calypso se déchaîna et Davy Jones, comme son navire et son équipage, furent frappés d'une malédiction. Pour calmer les eaux, le premier tribunal de la confrérie décida d'emprisonner la déesse sous une forme humaine.
- Cette histoire sort tout droit d'un livre, Gibbs, vous me mentez.
- Je vous assure que non. Le Capitaine subit la colère de Davy Jones en ce moment même.
- Que voulez-vous dire?
- Il y a treize ans, alors que la compagnie des Indes avait coulé le Black Pearl, Sparrow fit appel à Jones pour qu'il le lui remonte. Il lui permit de rester Capitaine du navire pendant treize ans, après cela, il devrait honoré sa dette en étant esclave du navire de Davy Jones, le Hollandais volant, durant un siècle. Et ces treize ans sont arrivés à terme il y a peu. Jones est à nos trousses et son terrible léviathan également. C'est pour cela que Jack voulait vous offrir à Davy Jones. Il s'est dit qu'il serait sensible à vous, et que cela lui ferait gagner du temps pour retrouver le cœur et l'embrocher afin de se libérer."
Eadith ne semblait pas bien heureuse et cela se lisait sur son visage. Elle croisa les bras et scruta le visage de Gibbs.
"Les pirates ne sont que des lâches! Pourquoi ne pouvez-vous pas me dire la vérité? Ce ne sont des vieilles histoires que l'on raconte aux enfants pour les effrayer. Mais je ne suis plus une enfant depuis longtemps."
La jeune femme, vexé de ne pas pouvoir tirer la vérité sur ce Davy Jones, décida de s'en aller de la compagnie du barbu. En descendant les marches, elle aperçu au loin, la chaloupe qui revenait à eux. La preuve du mensonge de Gibbs, et du cœur encore battant, arrivait par les flots. Eadith eu tout de même un recul, et si cette histoire était réelle?
The next is coming...
Salutation
J'espère que ce chapitre vous a plût.
Bon, on va pas se mentir, il est pas foufou, mais je voulais pas qu'Eadith soit direct confronter à l'équipage maudit de Davy Jones donc je l'ai gardé sur le Black Pearl...Et fallait bien l'occuper ptdrrjkzl
Dans le prochain, je vous propose un petit thé avec le Kraken. Ça va être vraiment sympatoche !
Je vous salue de la main droite!
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