LE JOUR DES ROSES


Jeudi 11 novembre 2010

Friedrich


- Friedrich. Murmurait-elle, avec tendresse.

Elle était l'être que j'aimais le plus en ce monde. Doucement, je fis courir mes doigts sur sa peau nacrée, qui était d'une douceur infinie.

- Reviens. Je t'en supplie, reviens. Ne me laisse pas. Suppliais-je, alors qu'un gouffre semblait s'ouvrir sous mes pieds.

Amalia se penchait vers moi et m'embrassait avec tendresse. Lentement, presque cruellement, elle me caressait le torse, sachant ce que cela provoquait en moi. Je tremblais. L'amour, ce que je ressentais pour elle, ne me semblait même plus humain. Délicatement, j'attrapais sa nuque et l'attirais davantage contre moi. Sa chaleur. Son corps. Sa vie était mon seul monde

- Reste. Suppliais-je du bout des lèvres. Reste avec moi pour toujours. L'implorais-je.

Elle penchait la tête sur le côté et un sourire se dessinait sur mes lèvres. Son regard, malgré toutes ces années, était encore une énigme pour moi.

- Ne suis-je pas déjà avec toi ? Murmurait-elle, comme un grésillement, qui n'avait rien à voir avec sa voix de clochette.

Je me reculais légèrement avant de plonger dans son regard, qui semblait trouble ou lointain. Mes souvenirs étaient tellement confus, que quelque chose d'étrange grandissait en moi.

- Tu... où suis-je ? Où sommes-nous ? Demandais-je, brusquement.

- Ici. Me fit-elle un grand geste.

Je regardais autour de nous, l'automne battait son plein, les couleurs étaient magiques et la forêt vibrante comme jamais. J'entendais les oiseaux, ainsi que les animaux, tout semblait tellement vrai et vivant. Elle me prenait la main et je sentis la mousse fraiche sous mes pieds.

- J'ai froid. Disais-je soudain.

Mon corps était étrange et j'avais mal, comme si des vagues se fracassaient inlassablement contre mon être. Tout n'était que violence.

- Chut. Posait-elle son doigt glacé, sur mes lèvres. Bientôt, le froid sera comme nous. Tu te souviens de notre première rencontre ? Demanda-t-elle, la voix étrange, presque dérangeante.

- Oui... nous... nous étions dans le cimetière de... de ton village. Tu... tu parlais à une tombe. Tu es tellement belle. Assurais-je de toute mon âme.

Amalia faisait tourner sa longue robe noire, en souriant. Elle était à couper le souffle. Mais pas comme dans mes souvenirs et tout cela n'avait plus le moindre sens, car tout avait changé depuis. Je me retournais et cherchait quelque chose, sans même savoir de quoi il s'agissait.

Tendrement, elle s'approchait de moi et déposait un chaste baiser sur mes lèvres. C'était tellement doux, que je crus en mourir.

- Bientôt... nous serons ensemble. Me promit-elle dans un murmure sourd et lointain. Ensuite, je partirais et tu me rejoindras.

- Attend... de... de quoi tu parles ? Demandais-je de plus en plus perdu.

La douleur se fracassait contre mon être et je sentais quelque chose de terrible s'ancrer en moi.

- De la mort. Tu m'as tuée et maintenant, tu vas mourir toi aussi. Assurait-elle avec un sourire.

Confus, je reculais de plusieurs pas, sans comprendre ses paroles. Je ne l'avais pas tuée. Jamais. Je l'aimais plus que tout et l'avais gardée à mes côtés. À l'intérieur même de mon âme. Et pourquoi devrais-je mourir ? Cela n'avait pas le moindre sens.

- Je... non. Stop. Tu... tu n'es pas... morte. On n'est pas mort. Luttais-je de toutes mes forces.

- Regarde. Montra-t-elle soudain un rocher, près d'une petite clairière.

Tout était recouvert de lierre, même le gros chêne qui se tenait toujours là. J'avançais en tremblant et vis un corps sans vie, d'une blancheur immortelle. Les bras croisés, elle regardait le ciel.

Il y avait des roses. Des centaines de roses. Elle aimait tellement les roses. Je lui avais amené des compagnons, dans l'espoir qu'elle ne soit plus jamais seule. Je m'approchais de ma plus belle œuvre. Elle était, ce que j'avais de plus beau sur cette terre. Je m'agenouillais et touchais son corps glacé.

- Amalia. Murmurais-je. Reviens. Reviens vers moi, je... je t'en supplie, ne me laisse pas.

Je me couchais sur elle et la prenais dans mes bras. Doucement, je caressais sa peau froide et sans la moindre vie. J'étais perdu. Tellement perdu sans elle.

- Je t'aime. Je t'en supplie, ne me laisse pas. On ne va pas... mourir.

J'avais des flashs. Des souvenirs mêlant des cris et une dispute. Elle m'avait giflée, refusant de continuer notre histoire d'amour. Hurlant qu'elle était ma demi-sœur, que c'était mal. Qu'on ne pouvait plus être ensemble. La douleur que j'avais ressentie, avait durement martelé mon être et cette noirceur, que j'avais tant combattu, m'avait littéralement submergée. J'avais fermé les yeux, serré de toutes mes forces et je l'avais supplié de toute mon âme, de ne pas me laisser.

Je luttais. Où étais-je ? J'avais froid. Putain, j'avais tellement froid. Mon corps refusait de me répondre ou même de bouger. Soudain, je sentis une chaleur incandescente, comme une main brulante se poser sur mon torse et j'ouvrais brusquement les yeux, en hurlant le prénom, du seul être que j'avais aimé.

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