L'Œuvre Du Diable


Friedrich


Je sentais la chaleur sur mon visage et la lumière était vive, malgré mes paupières clauses. Mon ventre grondait et ma bouche pâteuse me suppliait pour boire, mais mon corps refusait de bouger. Je flottais et ne ressentais presque plus rien. Mon cœur se déchainait en moi, comme s'il devait brusquement lutter pour survivre. Mon côté gauche irradiait à la moindre de mes respirations. J'avais la tête en feu et tout n'était que souffrance.

Je me calais dans le fauteuil et me protégeait de la lumière avec mon bras droit. Une partie de moi voulait dormir et ne plus jamais me réveiller et l'autre voulait se relever et se battre.

J'ouvrit brusquement les yeux et balayais la pièce du regard. Il faisait à nouveau nuit et prit de panique, je regardais mon téléphone. Cela faisait maintenant plus de 30 heures, que j'avais survécu aux balles d'Angélique. Mon souffle se coupait et je dus fournir un effort surhumain pour le reprendre.

Lentement, je me levais, en me tenant au meuble TV. Je me sentais faible. Au bord de l'évanouissement. Après de longues minutes, j'arrivais dans la salle de bain, qui ressemblait à une zone de guerre et me passait de l'eau fraiche sur le visage, avant de boire plusieurs gorgées d'eau. Je pris plusieurs anti-douleurs et me dirigeais vers la cuisine en titubant. Cette pièce aussi, ressemblait à une zone de guerre et je me tournais machinalement vers le coin, là où se planquait ma grand-mère, en attendant de pouvoir me frapper. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et je soupirais avec douleur. J'avais moi-même tuer cette folle, pourquoi frissonnais-je à l'idée de me retrouver en face d'elle ? Un sourire de dégout se dessinait sur mes lèvres.

- Le choc post-traumatique. Murmurais-je.

Mes pensées étaient éparpillées entre le passé et le présent. À chaque fois que je clignais des yeux, je croyais vois Amalia ou ma mère ou encore ma rose sauvage. Tout s'emmêlait et se superposait au point, qu'à cause du tournis, je dus vomir dans l'évier. La douleur me déchirait les entrailles et j'eu les larmes aux yeux.

Une fois mon estomac vide, je pris une canette de soda que je vidais d'une seule traite, avant de prendre une boite de goulache et de la manger froide, avec une cuillère. Si je devais revomir ou crever, autant que ce soit avec le ventre plein. Une fois un peu mieux, je retournais dans la salle de bain et désinfectais mes blessures, avant de le soigner.

Je devais bouger rapidement d'ici, car il y avait un risque pour qu'Angélique revienne ou m'envoie les flics, si elle avait le moindre toute sur ma mort et je savais que d'une façon ou d'une autre, c'était le seul moyen qu'elle aurait de découvrir qui j'étais, pour elle. Je lui avais donner assez d'indices pour qu'elle comprenne, que j'étais l'un de ses proches ou du moins que je l'avais connu, intimant, mais pas assez pour que ce soit limpide dans son esprit et encore moins dans son cœur.

Heureusement, que j'avais toujours un double des clés de la maison sur moi, car elle avait pris soin de me voler certaines de mes affaires, avant de fermer la porte à clé. Ma moto n'avait rien, ce qui était rassurant. Personne n'était venu roder dans les parages. Je ne me souvenais pas de grand-chose, mais j'étais sûr, juste avant qu'Angélique ne me tire dessus, d'avoir senti l'aura maléfique, de celui qui suivait Davis et je devais changer de planque, avant qu'on ne me tombe dessus. Ils me croyaient morts et le temps que mes blessures guérissent, je devais me cacher.

Les 40 minutes de moto, qui séparaient la maison de mes grands-parents, de celle de mon antre, avaient été les pires de toute mon existence. J'étais passé par plusieurs petites routes et chemins, qui en ce début novembre, étaient réouverte de feuilles glissantes et même d'une fine couche de givre par endroit. Mon thorax était un brasier ardent, qui me faisait souffrir le martyr et comme j'avais vomi les anti-douleurs, je devais attendre avant de pouvoir en reprendre.

J'étais au bout de mes forces, lorsque j'arrivais enfin à mon chalet. Je planquais ma moto derrière mon vieux tas de bois et décidais de me reposer un peu, avant de prendre la moindre décision.

J'allumais du feu dans le fourneau, mis de l'eau à chauffer, afin de me faire un café et en attendant, j'inspectais les alentours, de peur qu'on retrouve ma trace. Mais tout semblait calme alors je rentrais, soignais mes blessures et décidais de fouiller dans ma pharmacie, afin de prendre un puissant antalgique, avant de me reposer, dans la petite chambre, après avoir bu mon café.

Je m'allongeais sur le lit et perdit mon regard dans le plafond. Elle était venue. J'avais enfin pu lui parler et la toucher. Elle avait même hésité avant de me tuer. Je soupirais longuement, suppliant mes ténèbres de la faire mienne, à jamais.

Je rêvais. Une fois de plus mon esprit me conduisait dans mes souvenirs. J'entendais des gémissements, des petits cris de détresse. À l'époque, je n'avais eu que 6 ans, lorsque j'étais tombé sur ce renard agonissant dans la forêt. Mon père venait de m'abandonner, sans se retourner et pour se venger de ne plus recevoir de pension, ma grand-mère m'avait presque battue à mort. C'était cette nuit-là également, que j'avais découvert le passage, qui menait de la cave qui était ma chambre, au puit.

Jack, s'est ainsi que j'avais nommé ce petit renard roux. Je m'étais assis à côté de lui, fasciner de voir la vie s'échapper de son corps. L'animal avait agoniser pendant plusieurs minutes, avant de pousser son dernier soupire, son regard dans le mien. J'avais alors été touché par les ténèbres et elles ne m'avaient plus quitté depuis.

Je l'avais pris dans mes bras et l'avait bercé, comme j'avais vu une dame le faire pour son bébé. Chose qui ne m'était jamais arrivée. J'avais posé Jack au creux d'un arbre et lui avait amener Arthur, un écureuil que j'avais capturer et tué moi-même. Puis pour qu'ils ne s'ennuient pas, je leur avais amené pleins de copains et ensemble nous avions beaucoup jouer. Plus mes grands-parents me battaient et plus je fuyais la nuit, errant seul dans la Forêt Noire. C'était malgré toute cette souffrance, mes meilleurs souvenirs, jusqu'à ce que des gens les découvrent. Ce qui avait réduit à néant mon espoir de faire revenir Jack, qui était mon seul ami.

Mon rêve me plongeait brutalement dans un autre souvenir, qui datait de la même époque. Alors que je n'étais qu'un petit garçon, je m'étais figé sur place, en entendant des bruits immondes, qui venait de la grange de mes grands-parents. En m'approchant, j'entendis la voix de ma mère et des bruits dégoutants. En regardant, par l'une des fentes, j'avais vu ma mère avec cet homme, qui lui faisait ces choses. Je m'étais retourné et avait dû vomir le peu de soupe, que ma grand-mère m'avait permis de manger. J'avais fermé les yeux et avait supplié mon père ou quelqu'un de venir me sauver. De m'emmener loin. Mais personne n'était jamais venu et personne n'avait rien fait pour moi !

Personne sauf Amalia.

J'ouvris brusquement les yeux et fut surprit de trouver le chalet inondé de lumière. Je me sentais un peu dans les vapes, mais physiquement, je me sentais enfin un peu mieux. Je rallumais le feu, afin de pouvoir me préparer un café et deux boites de soupe.

Je sortais sur le balcon et respirais du mieux que je le pouvais, en repensant à mon rêve. Tout avait basculer le jour de ma rencontre avec Amalia et dès cette instant-là, j'avais embrassé ma noirceur et l'être que j'étais. J'avais tué ma propre mère, ainsi que mes grands-parents. J'avais tué Dugrand et même cet abrutit de détective. Et c'était sans compter mes trois crimes officiels de Thonon.

Mais dans une grotte à moins de 10 kilomètres d'ici, gisaient 37 corps de femmes, à diffèrent stade de décomposition, la première datant de l'année de la trouvaille de mon œuvre pour Amalia. Ils me l'avaient volée et enlevé tout espoir, de la revoir un jour, alors pendant des années, je m'étais vengé en enlevant les filles et les femmes de la région ou même de plus loin. Mon œuvre ultime ne serait sans doute jamais trouvée et cette idée me rassurais. Un sourire diabolique se dessinait sur mes lèvres, car j'avais finalement créé l'œuvre du Diable.

Dans l'après-midi, je sentis l'un de mes téléphones vibrer et je regardais les messages, que je venais de recevoir en souriant.

- Alors on en est là ? Après tout... c'est de bonne guerre. Soupirais-je longuement.

Je voulais me reposer et attendre que mes blessures guérissent, mais je devais envoyer un message clair, à ma rose sauvage.

Je sortis du chalet et me rendais à la cave, d'où une odeur pestilentielle s'échappait, mais j'y étais tellement habitué, que j'y prêtais à peine attention. Le cadavre de ce détective, n'avait pas la moindre importance pour moi. Ce connard gisait là depuis trois semaines et personne ne s'était inquiété pour lui. Les seuls messages qu'il avait reçus venait de Dugrand, Louis, le père d'Angélique et un certain Jacques.

Je prenais une boite en fer, qui était posée sur l'une des étagères et sortit un pistolet. Je vérifiais qu'il était chargé et inspirais profondément, avant de m'approcher de la masse difforme.

- Je vais t'envoyer un autre pote en enfer ! Souriais-je, en me penchant. Et dès que je serais en état, j'irais consoler sa veuve, qui va surement en redemander. Putain... ça va être trop bon. Me léchais-je les lèvres.

Je reculais de plusieurs pas et me plongeais dans les souvenirs de cette nuit-là. Celle où j'étais entré chez ma rose sauvage et que je lui avais laisser mon petit message, sur le faux dossier d'autopsie de mon père.

J'avais croisé ce joggeur étrange et plongé dans mes pensées, je n'avais pas tout de suite fait attention au détective. Mais j'avais fini par le repérer à la sortie de Paris et j'avais eu tout le temps de l'attirer ici, afin de m'en débarrasser. Et malgré sa résistance, j'avais pris le dessus et avais mis un terme à sa vie insignifiante.

Je sortis mon téléphone et écrivait un message à l'être le plus immonde de ma liste. L'ancien légiste, Jean-Pierre Bovet.

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