L'Obscure bien-aimé
Après sa nuit agitée et remplie de larmes, Angélique s'était douchée et avait fini par descendre à la cuisine pour boire un café. Alors qu'elle se servait une tasse, Éric arrivait pour lui dire bonjour.
- Avez-vous bien dormit ? Demandait-il en reprenant lui aussi une tasse de café.
- Pas vraiment. Avouait-elle.
- Oh. Désolé et vos blessures ?
- Ça va merci et vous ?... Euh... ou... ou est Ryan ? Demandait-elle en le cherchant du regard.
- Bien merci. L'air est pur ici. Il est retourné sur les scènes de crimes. Expliquait-il. Tenez, on vous a laisser des croissants. Lui tendait-il un sachet.
- Oh... merci mais je n'ai pas très faim. Disait-elle, même si elle n'avait presque rien mangé depuis 36 heures. Je vais aller dans le cabanon faire un peu de ménage. Expliqua-t-elle en emportant sa tasse.
Éric soupirait longuement en la regardant sortir par la cuisine. Elle semblait avoir passer une nuit affreuse. Plus le temps passait et plus il comprenait la détresse de Ryan lorsqu'il s'agissait de leur histoire, une fois de plus, il espérait que qu'ils se trouvent, pour le meilleur.
Sans attendre, Angélique sortait de la cuisine par la porte fenêtre et entrait dans le cabanon de jardin, afin de continuer ses recherches. Elle prenait le sac à dos noir et sortit tout ce qu'elle avait pris, chez Friedrich Auer.
Elle sortait également son arme à feu et ses gants, qu'elle rangeait dans une vieille caisse en fer, qui se trouvait sur l'une des étagères. Ce n'était pas la meilleure cachette, mais au moins, Éric et Ryan ne pourraient pas tomber dessus.
La jeune femme commençait par lire le rapport d'autopsie, signé par Jean-Pierre Bovet, qui faisait partie de la liste qu'avait fait le tueur. Donc ce type était sous doute l'un des hommes, qu'elle n'avait pas reconnu sur certaines photos. Ce rapport parlait clairement d'un meurtre. Mais elle ne comprenait pas pourquoi Maurice lui avait donner un autre rapport. Cela n'avait pas le moindre sens. Et ce qui avait encore moins de sens, c'était comment Friedrich avait fait pour obtenir le vrai rapport, sans tuer le légiste. Angélique se demandait soudain, pourquoi il avait autant attendu pour mettre son plan à exécution.
Elle poursuivait en forçant la boite en fer avec une pince. La serrure rouillée ne cédait pas facilement, mais elle arrivait tout de même à l'arracher. La main tremblante, elle sortait un journal intime, qui était énorme et attaché avec des lanières en cuir. Elle trouvait une vieille photo jaunie de sa tante. Heureuse et souriante. Le regard pétillant de douceur et de malice.
Il y avait aussi la photo d'un enfant. Il avait les traits d'un garçon, mais avait les cheveux longs et le visage triste. Une vague de peine la submergeait alors. Il semblait si malheureux. Si seul. Elle reconnut le regard perçant et sans âme de Friedrich, mais son visage ne lui disait rien. L'enfant devait avoir environ 10 ans. Plutôt rond. Ça ne lui disait vraiment rien, surtout que la photo était en noir et blanc.
La jeune femme soupirait et regardait le reste du contenu du coffret et découvrait un cahier d'écolier. Fébrilement, elle l'ouvrait et se figeait sur place.
Il y avait encore plusieurs passages dans ce sens et Angéliques continuait de lire, en retenant ces hauts le cœur.
Angéliques refermait le cahier et frissonnait de tout son être en réalisant que non seulement il avait tué Amalia, ces trois jeunes femmes et Maurice, mais qu'en plus, il avait tué sa mère et ses grands-parents. Friedrich avait écrit jusqu'en janvier 2006, avant de changer complètement de style.
Un article écrit en anglais était collé sur la page. Il expliquait que le 20 juillet 2007, Tyra Santos, une jeune femme de 21 ans, avait été retrouvée poignardée d'un seul coup de couteau dans le cœur, sur une ancienne aire de repos à la hauteur de South Deerfield, dans le Massachussetts et Friedrich avait commenté, avec une phrase: Pourquoi elle. Tu veux quoi?
Un autre article datant du 08 octobre de la même année, parlait lui aussi d'un meurtre avec le même mode opératoire. Mais le crime s'était déroulé à Greenwich, à plus de 200 kilomètres du précédant. La femme, une certaine Vanessa Parker, était connue des services de police et était sous le coup d'une enquête, pour trafique d'êtres humains. Une fois de plus, Friedrich avait laissé un commentaire : Moi celle-là, je l'aurais baisée.
Il avait commenté des dizaines et des dizaines d'articles de ce genre. Amérique, Canada, Europe. Ce type était encore plus malade qu'elle ne l'aurait cru et ce cahier était la preuve, qu'il avait fait d'autres victimes. Mais alors, pourquoi ne l'avait-il pas tuée ? Elle ne pouvait s'empêcher de chercher. De trouver un indice, mais il n'y avait rien. Angéliques soupirait et décidait de lire l'autre journal intime, en frissonnant.
Avait écrit une main enfantine. Le cahier était noirci par des milliers de mots, de phrases et de poèmes. L'enfant qui avait écrit ces textes semblait sincèrement amoureux de Juliette, qui devait être sa tante. Il lui vouait presque un culte, car chaque phrase avait été écrit en son nom. C'était assez troublant et presque dérangeant, car plus les années passaient et plus il restait enfant, ce qui était vraiment très étrange. Son style d'écriture n'avait pas évolué, ni l'apprentissage des mots, comme s'il était resté figer dans le temps.
Angélique refermait le journal et dut se cramponner à l'établi. Elle avait brusquement la tête qui bourdonnait et elle commençait à voir flou. C'était tout simplement monstrueux. Sa tante avait vraiment été violée par cet homme et le pire, c'est qu'elle était enceinte ? Mais personne ne lui avait jamais parler de cela. Elle se laissait glisser le long du meuble et pleurait à chaudes larmes.
Son esprit tournait en boucle. La jeune femme avait l'impression de suffoquer, lorsqu'elle pensait à toute cette souffrance, mais ce n'était rien comparer à cette douleur atroce, qui lui lacerait la poitrine. Elle avait froid, tellement froid. Elle n'en pouvait plus et pensait soudain, qu'elle aussi ferait peut-être mieux de mourir. Les ténèbres qui l'envahissaient soudain semblait aussi impardonnable, qu'inhumain.
Angélique voulait être à nouveau libre. Elle voulait vider son esprit, de toutes ces horreurs. Elle n'arrivait même plus à se souvenir d'avoir été heureuse un jour. Une fois de plus, elle sombrait dans un abysse de tristesse. Qu'avait-elle ignoré jusqu'alors ? Quel mensonge rodait autour d'elle ?
Alors que la jeune femme était assise sur le sol glacé du cabanon de jardin, elle entendit soudain une voix.
- Angélique ? L'appelait un homme. Angie...
Elle se relevait, rangeait les affaires dans le sac à dos et le planquait dans une armoire en fer. Elle séchait ses larmes et au moment où elle allait sortir, elle se retrouvait nez à nez avec Jacques Dugrand.
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