Interlude
"Tu es la quintessence de mes ténèbres,
et je profanerai les corps de ceux... qui te feront du mal."
Paris
Mardi 18 avril 2006
J'étais dans une noirceur si profonde, que je trouvais ironique de me retrouver par le fruit du hasard, dans la ville lumière. Celle de l'amour et de tous ces symboles, qui n'avait pas été la première destination, de ce voyage.
- Quel putain de blague ! Pensais je, en essayant de remettre un peu d'ordre dans mes pensées.
Pourquoi les gens se sentaient l'âme romantique, dans une ville, qui avait vu naître nombres d'héroïnes et d'héros révolutionnaires ? Et c'était sans compter les artistes, les écrivains, les sportifs et bien d'autres, qui étaient venu chercher ici, l'inspiration et la force.
C'était presque cruel, de ne pas s'en rendre compte, lorsque l'on passait par la Place de Jeanne d'Arc. Par les rues, des Reines de ce pays. Les jardins et les parcs. Même la magnifique Joséphine Baker, y avait sa Place. Tous ces êtres qui avaient un jour donner leur vie et même leurs âmes, dans l'espoir de changer ce monde.
Il avait fallu deux siècles pour construire le chef d'œuvre de Notre Dame. Comment ne pas s'émerveiller du talent et de la patience de l'artiste de la Rose sud ? Et Emile Hirsch peintre des vitraux du Sacré Cœur. Non vraiment, j'avais beau réfléchir, je ne comprenais pas ce qu'il y avait de romantique dans cette ville, forgée dans le sang, la sueur et la force de ceux, qui avait tant cru en elle.
Cependant, j'étais embrumé dans ma propre douleur, qui ne cessait de grandir. J'étais fatigué de cette vie et de ce monde. Je n'avais pratiquement pas dormi depuis ce jour-là. Tout, absolument tout m'avait conduit à cet instant. Celui où mon passé avait fini par m'éclater en pleine gueule et entacher de sa laideur, tout ceux que j'aimais.
Aucunes blessures ne se refermaient jamais. On nous racontait que des conneries sur ce sujet. Tout était là, dans les moindres détails. Et plus on essayait de s'en éloigner et plus le retour était violent et brutal.
J'avais fini, par avoir une vie normale. Je m'étais marié avec une femme incroyable et j'avais adopté son fils. J'avais créé ma propre famille, ce qui était là aussi ironique vu mon passé. Quelques années plutôt, il m'aurait été inconcevable d'y penser et maintenant, je portais fièrement mon alliance et je répondais au moindre appel, de celui qui était devenu mon tout. Mon fils. Comment ? Comment en étais je arriver là, était alors la question qui tourmentait rudement mon esprit.
C'était là, ma réflexion, alors que je cherchais le poste de police du quartier, après le vol de mon téléphone. Je n'y connaissais rien à la France et j'avais hésité pendant des mois avant de venir ici et voilà qu'au bout de 3 jours seulement, je me le faisais voler. Et cette carte de Paris, qui n'avait pas le moindre sens. Ma patience était en train de me quitter.
La température était douce. Le thermomètre peinait à monter au-dessus des 12 degrés, en journée. Le ciel était couvert et le soleil n'avait pas réussi la moindre percée. Je levais les yeux au ciel, surprit par quelques gouttes de pluies.
Pourquoi étais je venu ? Pourquoi m'étais je infliger une si grande peine ? Je ravalais mes larmes et continuais à chercher mon objectif.
Il y a des moments dans notre vie, où les choses prennent une étrange tournure. Vous êtes au fond du gouffre et vous faites une rencontre soudaine, qui change l'intégralité de votre existence. C'était exactement ce qui m'était arrivé ce jour-là, en traversant cette ruelle et en évitant de justesse ce maudit cycliste.
J'avais à peine senti son corps frôler le mien et pourtant, un rayon de lumière me foudroyait de part en part. Mon cœur se mit à battre la chamade. Des milliers de frissons parcoururent mon être. Ma main se posait sur son épaule, pour l'empêcher de se cogner contre le mur. Je ne sentis même pas le crépis, entrer dans ma peau et me griffer, jusqu'au sang.
Ses cheveux volèrent autour de moi, portant le plus merveilleux de tous les parfums. Celui des roses. Je me figeais sur place, surprit que mon rêve d'enfant, aille brusquement prit vie.
Ma mère. Ma vraie mère, me racontait souvent l'histoire d'une petite fille, qui viendrait un jour au monde. Qui naitrait dans la plus belle de toutes les roses. L'Angélique sauvage.
Sa meilleure amie, Juliette lui avait fait promettre d'appeler leur fille ainsi. Mais elle, ma mère, n'avait eu que des garçons et lorsque que j'avais peur de m'endormir, enfant, ce qui m'arrivait chaque soir, elle m'expliquait que cette petite fille protégeait mon âme. Que grâce à elle, il ne m'arriverait jamais rien et que je connaitrais un jour, le grand amour. Ma maman était tellement naïve par moment, que s'en était presque attendrissant.
Pourtant, elle était là. En train de me dévisager, de ses grands yeux bleus or, scintillant de mille feux et capable de foudroyer n'importe quel être sur place.
- Bon sang. Pensais je. Je dois rêver.
- Bonjour. Merci. Désolée, de vous avoir bousculée. Assurait elle, avec un sourire à damné les morts.
Je n'avais jamais perdu l'usage de la parole, jusqu'à ce jour-là. Il m'arrivait bien de me taire, pour ne pas couvrir de honte mon interlocuteur. Mais jamais rien de tel. Mon esprit avait tout simplement quitté mon être et j'avais beau cligné des yeux, elle était toujours là.
Une étrange lueur traversait son regard et elle jetait un œil à ma main, qui était toujours posée sur son épaule. Je dus déglutir, avant de me rendre compte de ce que je faisais. Sans attendre, je retirais ma main et cherchait à retrouver l'usage de la parole, lorsqu'elle remarquait l'état de celle-ci et s'empressait de la prendre dans la sienne, en se confondant en excuse.
Le monde s'arrêtait. Brusquement. Mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine, que je cru m'évanouir. Ma peau s'embrasait, d'une chaleur incandescente. Elle plongeait à nouveau dans mon regard et il me fallut toute la volonté du monde, pour rester maître de moi-même. Jamais, je n'avais ressenti cela de toute ma vie. Jamais d'ailleurs, même dans mes rêves les plus fous, je ne me serais permis de rêver d'un tel être.
-... tout va bien ? Monsieur...
Les mots arrivaient à peine à mon cerveau. J'étais dans un tourbillon de lumière vive et la seule chose à laquelle je pensais soudain, c'était qu'elle m'appelle. Moi. Par mon vrai prénom. Je voulais l'entendre avec sa voix.
-... Monsieur, vous allez bien ? Monsieur...
- Christian. Murmurais je soudain, à ma grande surprise. Christian. Répétais je, devant son regard étonné.
Je retirais doucement ma main, de peur qu'elle ne prenne feu, tellement le contacte avec sa peau était puissant.
- Christian Gosselin. Me présentais je, alors que je m'étais juré de ne plus jamais porter ce nom.
Je sentis une étrange douleur apparaitre. Celle de mon passé. Mais elle me tendit sa main, pour se présenter, en me regardant avec ce sourire. Je la lui pris et la douleur s'évaporait, presque par magie. Mon âme fut à jamais vaincue. Happée dans une tempête. Un ouragan.
- Angélique. Se présenta-t-elle, alors que mon cœur cessait de battre. Angélique Delmare.
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