98
Friedrich
Froid. Douleurs. Souffrance. Ténèbres. La mort me paraissait étrange ou peut être étais-je enfin à ma place ! En Enfer. Ici, la solitude semblait encore plus grande. Ressentaient-ils cela eux aussi, ceux que j'avais tué ? Ressentaient-ils cette solitude implacable et cruelle !
Froid. Putain... j'ai tellement froid.
- Amalia. Appelais-je perdu.
Son regard. Sa peau. Ses mains. Ses lèvres. Elle me manquait tellement. Mon cœur martelait mon être et faisait irradier de la souffrance, à l'intérieur de ma poitrine.
J'ai mal. Bordel, j'ai tellement mal.
- Am... Amalia. Suppliais-je, juste avant de sombrer à nouveau, dans les ténèbres.
- Sais-tu pourquoi tu m'aimes ? Me demandait-elle, avec son sourire en coin.
Ce jour était le plus beau de toute mon existence. Le vent dans ses cheveux. Son reflet dans le lac. Putain, elle était tellement belle.
- Car je t'aime. Répondis-je, avec évidence.
- Mais non. Tu m'aimes car nous sommes liés. Dans toutes nos vies. Plongeait-elle dans mon regard.
- Il... il n'y a plus rien après la mort...
- Faux. Il y a tout après la mort. La vie continue encore et encore. Et je serais là. Posait-elle sa main sur mon cœur. À Jamais. Embrassait-elle mes lèvres.
- Amalia. Demandais-je. Ne... ne me laisse pas.
Souffrance. Mon cœur. On m'arrache le cœur. Ils me l'ont prise. Mon cœur, je n'en peux plus. C'est trop. Ça déborde. Il va exploser. Je veux hurler, mais aucun son ne sort.
- Pitié. Suppliait la voix.
Des dizaines de voix. Il y en avait tellement. Des corps. Encore et encore. Des ossements. Des boutons de roses. Mon œuvre. Ma putain d'œuvre, pour qu'il me la rende.
Ténèbres. La noirceur s'encrait impétueuse et cruelle. Elle se nourrissait de la peur, de la douleur et de la haine. Ces ténèbres que me léchaient sans cesse les entrailles et me murmuraient de sombrer. Profondément. Au-delà même de ma propre noirceur. Aux portes du néant.
- Amalia.
Je flottais et je ne sentais plus rien. Ce monde était vide et j'avais raison, il n'y avait rien après la mort, car elle n'était jamais revenue. J'avais beau hurler. Supplier. Faire souffrir et même tuer. Rien. Rien ne l'avait ramenée.
Les roses. Une douce odeur de rose. Comme un matin d'été, lorsque le soleil la fait éclore. Je souriais. La mort était belle en fin de compte.
- Tu sais... nous... nous pourrions...
Elle arrêtait sa phrase et se tournait, mais je la serrais contre moi. Sa chaleur et sa peau étaient devenu mon seul salue.
- Nous pourrions... L'encourageais-je.
- Si... nous pourrions l'officialiser et... et ainsi...
Je fronçais les sourcils et souriait bêtement.
- Nous ne sommes pas obligé...
Ses lèvres se posèrent sur les miennes et mon corps frissonnait de désir.
- Tu dois te réveiller. Friedrich... réveille toi.
J'ouvrais les yeux. Perdu et éblouie par des reflets d'argent. J'étais dans les ténèbres et un froid implacable me fit brusquement frissonner.
- Putain. Dis-je, en me rendant compte, de l'endroit où je me trouvais.
Le puit. J'étais dans le fond du puit. J'inspirais profondément, mais je me figeais de douleur. C'était si fulgurant, que je me tournais sur le côté, dans l'espoir de l'atténué. Pour me calmer, je forçais mon esprit à ce souvenir.
- Angie. Murmurais-je, en écarquillait les yeux.
Elle l'avait fait. Elle m'avait tiré dessus. Angélique Delmare avait voulu ma mort. La rage et la colère transcendaient mon être. Déçu, car elle n'acceptait pas ce qu'elle était. Ce que nous étions. Pourquoi se pensait-elle différente de moi, alors que le résultat était la mort ?
Je bougeais les doigts. J'étais amoché, mais au moins, je n'étais pas mort. Je souriais et me mit à rire malgré moi. J'imaginais sa tête. Ma petite rose sauvage, lorsqu'elle comprendrait que je n'étais pas mort.
- Angie... Putain... il va te falloir plus de balle. Rigolais-je de plus belle et malgré la douleur.
Je portais ma main sur mon flanc et la regardais fébrilement. Elle ne m'avait pas loupé. Entre mes blessures et ma chute, j'étais content d'avoir gardé ma protection de moto. C'était sans doute, ce qui m'avait sauvé, en amortissant ma chute.
À chaque respiration, j'avais l'impression de suffoquer et ce n'était pas bon signe. Je respirais lentement et essayais de m'habituer à la douleur. Après plusieurs minutes, j'essayais de me lever, mais mes jambes refusaient de me soulever. La douleur me clouait sur place.
Je regardais autour de moi et trouvais le passage qui menait à ma pièce. Enfant, j'avais trouvé ce passage et chaque nuit, je sortais par-là, pour me balader en forêt. Je compressais ma blessure, ce qui m'arrachais une grimace et je plantais mon autre main dans la terre, pour me tirer jusqu'à mur. La douleur se propageait et irradiait dans tout mon être. J'avais le gout du sang dans la bouche. Il fallait vraiment que je me soigne, avant de crever.
2 heures. J'avais dû mettre au moins 2 putains d'heures pour parcourir les 300m du tunnel, qui menait chez moi et plus de 10 minutes, pour arriver à ouvrir le panneau, qui avec le temps avait rouillé.
Enfin, il cédait et l'odeur rassurante, de la pièce que je considérais comme ma chambre, s'engouffrait dans mes narines. Dans un dernier effort, j'entrais, avant de tomber lourdement sur le sol. Jamais, je n'avais été aussi soulagé de toute ma vie.
L'odeur, le silence et la chaleur me rassurèrent et m'apaisèrent, j'étais en sécurité et en vie. Du moins, pour le moment. Péniblement, je me trainais jusqu'à mon bureau, ouvrais l'un des tiroirs, sortis une plaquette de médicaments et prit plusieurs anti-douleurs. J'attrapais ma bouteille d'eau et la but d'une traite. Mon cœur cognait dans ma poitrine et raisonnait jusque dans mon esprit. Mon souffle était court et la douleur se répandait dans mon corps, comme une trainée de poudre.
Après de longues minutes, je sortais mon téléphone, avant de vérifier la date et l'heure. Je soupirais douloureusement, en constatant, qu'il ne s'était écouler que 12 heures.
Je restais alors un long moment appuyé contre mon bureau, assis sur le sol, à me remémorer ce qui venait de se passer. Je me focalisais sur ma haine et ma colère. La douleur n'était rien pour moi. J'avais vécu tellement pire. Mon grand-père et ma grand-mère m'avaient battu, affamé et torturé, pendant des années, me laissant même pour mort à plusieurs reprises. Ce n'étaient pas ces foutues blessures qui allait m'arrêter.
Je montais prudemment les marches et sortit de ma pièce. J'arrivais au salon et dut reprendre mon souffle, en m'asseyant sur l'un des fauteuils. La cuisine était tout prêt. Je pouvais y arriver. Je me relevais et continuais à marcher, en laissant derrière moi, des trainées de sang. Ma grand-mère m'aurait tué, si elle était encore de ce monde.
Une fois dans la cuisine, je m'appuyais à côté du frigo, prit une bouteille d'eau, des restes de pates et me laissais glisser assis, sur le sol. Je pleurais de rage et de douleur, et constatais, que j'avais perdu pas mal de sang, je commençais à somnoler malgré moi et je me mis plusieurs claques, car je devais rester éveillé, quoi qu'il arrive. Je bus la moitié de la bouteille et mangeais les pates avec mes mains, pleines de sang et de terre. Plus tard, j'irais dans la salle de bain, pour soigner mes blessures.
Je me trainais sur le sol, à bout de force et de souffle, avec l'impression que le chrono de ma vie était en train de prendre fin. Plus le temps passait et plus mes forces étaient en train de m'abandonner. Mais je préférais encore mourir, que d'appeler à l'aide ou d'aller à l'hôpital.
Enfin, j'arrivais dans la salle de bain, j'ouvrais la pharmacie murale et cherchais des gaz, que je laissais tomber à terre. Des ciseaux et je me souvenais de la petite boite que ma mère utilisait pour me recoudre, quand j'avais été frappé trop violemment. Je posais le tout sur le sol et prenais aussi les deux linges qui se trouvaient là. J'enlevais mes vêtements par couche, en grimaçant de douleur. Mon torse était recouvert de sang et les deux blessures principales, celle du morceau de verre et celle de la balle qui m'avait traversé le flanc, n'étaient vraiment pas joli à voir. Je soignais les moins douloureuses et faillit vomir, en m'occupant de deux dernières, qui me prirent un temps fou à recoudre.
Mon cerveau bourdonnait. Je tremblais. Lentement, je me levais et me rinçais les bras, avant de n'avoir plus la force de tenir debout. En titubant, je retournais au salon, prenait une couverture et m'écroulais sur l'un des fauteuils, en espérant me réveiller un jour.
- Angélique. Murmurais-je. Putain... ma rose sauvage... cette fois... cette fois c'est moi qui vais... qui vais venir à toi. Sombrais-je dans les ténèbres.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top