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Angélique n'arrêtait pas de regarder l'heure. Elle s'était réveillée seule et avait eu un peu de peine à remettre en place, tout ce qui était arrivé, ces derniers jours. Alors qu'elle était descendue pour boire un café, elle avait trouvé les deux américains installés dans son salon, en train de lire des documents et sur le moment, elle avait eu un drôle de pressentiment.
Son père, ainsi qu'Henri lui avaient envoyé des messages, qu'elle avait tout simplement ignorer. Pour l'instant, une seule et unique chose comptait, sa discussion avec Fred. Elle ne savait pas trop comment lui dire ce qui c'était passé, mais voulait être le plus franche possible. Elle ne voulait pas lui faire de mal et espérait qu'avec le temps, il comprenne lui aussi, qu'elle avait besoin de temps.
La jeune femme ne pensait pas, se mettre en couple avec Ryan, mais simplement à comprendre ce qu'elle voulait vraiment et avant toute chose, elle devait régler définitivement cette enquete. Elle avait échafaudé plusieurs scénarios afin que le corps de Friedrich Auer soit découvert. Un appel anonyme à la police de Lörrach ou se faire passer pour une promeneuse qui était tombée sur le corps. Elle ne savait pas encore ni comment, ni où, mais elle allait mettre un terme à tout cela, une bonne fois pour toute.
Alors qu'elle était installée sur l'un des fauteuils, Angélique entendit le téléphone de Ryan sonner et il partait en direction de la terrasse pour répondre. Au même moment, la sonnette de l'entrée se fit entendre. Elle soupirait longuement et partit ouvrir à Fred.
- Salut. Disait-elle, en sortant sur le perron.
- Salut. Répondit-il froidement. Alors... il se passe quoi ?
- Je... Fred... écoute je suis vraiment désolée, mais...
- Tu te tape le Profiler ? Tranchait-il, en cachant à peine sa colère.
La jeune femme dut fournir un gros effort pour le regarder dans les yeux et faire face à sa souffrance. Il semblait ne pas avoir dormit depuis des jours. Il était blanc comme un linge et le masque de douleur, qui imprégnait son visage était insoutenable.
- Je... oui. Avouait-elle le cœur battant.
- Putain. Grondait-il. Mais je suis vraiment qu'un con.
- Je suis désolée. Murmura-t-elle soudain.
- Désolée. PUTAIN... tu es... tu étais avec lui ? HEIN... pendant tout ce temps ?
- Fred. Ce... ce ne pas...
- Quoi ? Ce que je crois ? Criait-il. Vous... vous ne baisez pas ? Hein... putain mais répond.
Il fit un pas vers elle et essayait vraiment de ne pas céder à sa colère, mais cette fois, ça allait beaucoup trop loin. Elle ne lui avait pas écrit depuis presque une semaine, elle ne lui avait donné aucune nouvelle et Louis l'avait pratiquement foutu à la porte, sans lui donner la moindre explication.
- C'est compliqué. Essayait-elle de calmer le jeu.
- Tu baise avec oui ou non. Ne pouvait-il s'empêcher de redemander clairement.
- Fred. Je...
Les larmes coulèrent sur les joues de la jeune femme, qui devait faire face, à ce qu'elle lui avait fait subir.
- Je... j'ai juste besoin de... d'un peu de temps.
- DE TEMPS ? Alors quoi... hein... tu vas te mettre avec lui, puis quand tu en auras marre, tu vas revenir me demander de te baiser ? Laissait-il éclater sa colère. C'est ce que je suis ? HEIN... MAIS REPOND PUTAIN...
- Non. Soufflait-elle en tremblant.
Fred essayait de retrouver son calme, mais il n'en pouvait plus. Deux ans que c'était comme ça entre eux. Elle se trouvait un mec, sortait avec, puis le plaquait pour revenir vers lui. Et lui fou amoureux d'elle, acceptait tout. Mais depuis leur voyage au Canada, il avait bêtement cru qu'un cap avait été franchi dans leur relation. Et dernièrement, elle lui avait même proposer d'officialiser ce qui se passait entre eux, mais tout cela n'était que de la poudre aux yeux. Elle ne l'aimait pas. Elle ne l'avait jamais aimé et il l'avait compris, au moment même où il avait reçu ses messages.
Il avait été vain de croire, que cette fois se serait la bonne. Il avait tellement voulu y croire, qu'il avait fini par se perdre. Il était vraiment dégouté.
Il soupirait un grand coup et décidait de partir avant de péter un câble. Il en avait assez bavé comme ça. Cette fois c'était vraiment terminé. Il devait passer à autre chose. Angélique voulut le retenir, mais il l'en n'empêchait et plongeait froidement dans son regard.
- Apres tout ce qui s'est passé entre nous, j'ai... j'ai vraiment voulu y croire. Disait-il amer. C'est évident... je suis tellement con. Depuis que ce type est entré dans ta vie, c'est n'importe quoi. Personnellement, je suis dégouté. Et professionnellement... j'en ai ma claque. Je me casse et cette fois, c'est terminé. Assura-t-il sans la quitter des yeux.
Les larmes de la jeune femme coulaient toutes seules. Elle voulait le supplier de comprendre, mais elle se prit sa colère en pleine face. Fred du fournir un effort surhumain, pour ne pas revenir sur sa décision, mais il ne pouvait vraiment plus le supporter. Il n'était là, que comme bouche trou.
Deux ans, qu'elle l'appelait en pleine nuit, parce que son père lui faisait la vie impossible ou qu'elle doutait de son travail. Il était en réalité aussi fou de rage, que fatigué. Vidé. Il n'en pouvait juste plus.
- Fred... je... je sais que... que je t'ai fait du mal, mais...
- Mais quoi ? Hein ? Dès que se sera finit avec lui, tu vas m'appeler, on va baiser et recommencer ce cirque ? Ou alors quand ton père va encore de mentir ? Putain, j'en ai marre. Je ne suis pas une marionnette ou... ou un pantin. J'ai aussi mes emmerdes, figure-toi. Julien et Luc aussi. Mais tu t'en fous. Tu en a rien à foutre des autres.
Elle voulut s'approcher de lui, mais il descendait plusieurs marches. Il valait mieux qu'il parte maintenant, avant de devenir un salaud.
Fred descendait le restant des marches, le cœur battant à tout rompre et prit la décision la plus dure de sa vie. Il l'entendait l'appeler, mais il ne voulait pas se retourner. Pas cette fois. Il mit ses écouteurs et le capuchon de son sweat noir et s'éloignait le plus rapidement possible. Il fallait vraiment, qu'il passe à autre chose, avant d'être totalement consumé par celle, qu'il avait considéré comme étant la femme de sa vie.
Angélique le regardait partir avec les larmes aux yeux. Elle avait l'impression de suffoquer. Qu'on lui comprimait la poitrine. Elle fermait les yeux et hésitait vraiment à lui courir après, mais cela ne servirait plus à rien.
Après quelques minutes, elle rentrait chez elle, vidée de tout son énergie. Elle revenait dans le salon et tombait sur Éric et Ryan, qui était blanc comme un linge.
- Tu... ça va aller ? Demandait-il, en comprenant ce qui venait de se passer.
Il n'était pas fier, d'être celui qui avait brisé le couple, qu'Angélique et Fred avait formé, mais il était soulagé que les choses soit enfin dites et qu'elle puisse aller de l'avant. La voir culpabiliser depuis 5 jours avait été vraiment difficile. Il avait conscience, que Fred était sincèrement amoureux d'elle et que leur amitié ne serait plus jamais la même, mais c'était sans doute pour le mieux.
- Je suis sincèrement désolé. Disait-il en arrivant prêt d'elle.
La jeune femme secouait légèrement la tête, encore un peu sous le choc et séchait ses larmes.
- Il se passe quoi ? Demandait-elle, en essayait de ne pas repleurer.
- Ton père... il vient de m'appeler... le légiste, Jean Pierre Bovet a été assassiné hier soir.
Les mots flottèrent, littéralement. La jeune femme sentit le monde s'ouvrir sous ses pieds, lorsqu'elle comprit enfin, ce qu'il venait de dire. Elle plaquait soudain sa main contre sa bouche et reculait de plusieurs pas.
- Non. Murmurait-elle. C'est... c'est impossible.
Éric et Ryan se regardèrent sans comprendre.
- Le légiste. Répétait le Profiler, de peur qu'elle comprenne, qu'il parlait de son père. Jean Pierre Bovet. Insistait-il. Ton père va bien. Angie... tout va bien ?
Des milliers de frissons de terreur la submergèrent brutalement. Elle levait alors sur lui un regard horrifié.
- Il est encore en vie. Putain... ce monstre... il... il n'est pas... mort. Pensait-elle en tremblant.
La jeune femme dut s'appuyer contre le mur. Il faisait froid. Tellement froid. Elle crut que son cœur allait exploser. Son esprit se mit à bourdonner et soudain, ce fut le noir complet.
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