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Louis et Henri s'étaient installé sur le canapé et osaient à peine regarder Angélique, qui faisait de son mieux pour contenir sa colère et sa frustration. Ryan et Éric eux, avaient décider de faire comme si te rien n'était.

- Tu... Tu... ça va ? Demandait enfin Louis, en essayant de rester calme.

- Pas vraiment. Figure-toi, que j'ai rencontré Jacques Dugrand. Plongeait-elle durement, dans le regard de son père.

Elle vit les deux hommes en face d'elle retenir leur respiration et elle soupirait longuement, afin de garder le contrôle de ses émotions.

- Donc. Tu es sorti avec sa mère ? Commençait-elle.

- Euh... oui... enfin... oui Claire était ma première petite amie. Avouait Louis.

- Tu es le meilleur ami de son père, ainsi que son parrain et en plus, ils venaient souvent à la maison de vacances. Essayait-elle de se contrôler.

Louis baissait son regard et regardait Henri du coin de l'œil, ce qui accentuait la tempête qui grandissait en elle.

- Oui. Finissait-il par dire.

- Et pourquoi, tu ne m'en as jamais parlé ?

- Car notre vie était ici... après le décès de ta maman.

Même Henri baissait le regard, ce que ne manquait pas de remarquer Ryan, qui commençait vraiment à trouver cela très étrange, en plus de tout ce qu'il savait déjà.

- Mais... je t'ai posé pleins de questions à l'époque, où grand-mère est morte... pourquoi ? Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?

- Je... Angie... je voulais juste... qu'on continue à vivre et...

- Et quoi ? Me mentir. Me cacher ton passé, notre passé et me faire passer pour une conne ?

Louis relevait la tête et écarquillait les yeux, sous le choc de la violence de ses paroles.

- Quoi... mais enfin... bien sûr que non.

- Tu m'as dit, qu'il n'y avait que maman et moi, ainsi que grand-mère qui allions à la maison de vacances, alors que c'est faux.

- Maurice... il... on s'est... embrouillé. Il a fait sa vie de son côté et moi la mienne. Je... je ne voulais pas... ce soit de vieilles histoires. Essayait-il de se défendre.

- Je ne me souviens même pas de lui... tu... je... il te connais aussi. Lançait-elle à Henri, en parlant du fils de Maurice.

- Oui... je connais Jacques... je connais l'équipe de Thonon. Avouait-il mal à l'aise.

- Ah... et depuis quand ? Tu... tu ne m'a jamais parler de Thonon.

Henri jetait soudain un œil à Ryan et Éric avant de se tourner vers son ami.

- Eh bien... je... j'ai travaillé... je travaillais sur Evian à l'époque.

- Putain mais vous êtes qui ? Hurlait soudain Angélique les larmes aux yeux.

Elle se levait et se plaçait derrière l'un des fauteuils. C'était une chose que son père lui cache des choses, mais une autre de découvrir qu'Henri, n'avait pas été complétement honnête avec elle.

- Vous... vous avez vraiment fait la légion ? Demandait-elle, en commençant à douter de tout.

- Oui. Répondit aussitôt Henri. Angie... cette époque-là était... difficile. Tu avais perdu ta maman et... c'était vraiment compliqué.

- Au point de me mentir ?

Louis se levait à son tour et essayait de faire un pas dans sa direction, mais elle se rapprochait d'Éric et de Ryan.

- Tout ce qu'on a fait... c'était pour te protéger...

- Mais de quoi ? Merde... tu voulais me protéger de quoi ? Que vous ne m'en parliez pas à l'époque, je comprends. Je n'étais qu'une gamine... mais depuis... depuis... je ne sais même pas qui est Jacques... alors que lui sait tout cela sur moi. Sur maman. Sur vous... putain mais je suis qui moi ? Fondait-elle en larmes.

Complètement perdue, dans les méandres de son enfance et de ce qu'elle croyait savoir.

- Tout ce qui compte... c'est que tu ailles bien. Le passé... Thonon... rien... Angie. Tout cela n'a plus d'importance. Disait soudain Louis avec fermeté.

- Mais de quoi tu parles ? Bien sûr que Thonon est important... maman y est enterrée, bordel de merde.

- ÇA SUFFIT. Grondait soudain son père, ce qui la faisait sursauter.

- Louis. Se levait Henri à son tour. Angie... ta mère... elle nous a demander de... d'être là pour toi. De te protéger et de t'aimer. C'est la seule chose qui compte pour nous. Tenir la promesse qu'on lui a faite.

La jeune femme reculait de plusieurs pas avec une étrange impression. Elle se sentait mal à l'aise. Pourquoi Henri parlait soudain ainsi de sa mère ?

- Il s'est passé quoi à Thonon ? Exigeait-elle soudain de savoir en frissonnant.

Elle plongeait durement dans le regard de son père et lui montrait, qu'elle ne laisserait pas tomber.

- Rien. Répondit-il beaucoup trop vite. Ta mère est morte et j'ai fait de mon mieux. Tu as perdu ta mère, mais figure toi, que j'ai perdu mon épouse et la femme de ma vie. Tu es et resteras tout ce qui compte à mes yeux et j'en rien à foutre du reste. Tu es ma fille, Angélique. J'ai des secrets, comme tout le monde ici, mais je ne te permets pas de douter de moi, d'Henri qui a tout sacrifier pour nous aider et encore moins, de qui nous sommes. Hurlait-il les larmes aux yeux.

Tout le monde regardait tour à tour le père et sa fille, en retenant son souffle. Louis était grand et en imposait, mais il était encore plus impressionnant lorsqu'il s'énervait.

- Tu es en colère pourquoi ? Hein. Parce que Jacques sait quoi au juste ! Thonon par ci... Thonon par là. PUTAIN. Ma femme... l'être que j'aime la plus en ce monde, même encore maintenant, est là-bas... Tu crois quoi ? HEIN... qu'est-ce que tu crois que je ressens... MOI... quand j'y retourne !

- Louis...

- STOP. Elle n'arrête pas de nous le dire... elle n'est plus une gamine. J'y retourne... à chaque anniversaire de mariage, de sa mort et même à son anniversaire. J'y retourne quand je me sens seul... que tu me fais la gueule... j'y retourne à chaque fois. Pleurait-il à chaude larme.

Angélique laissait les larmes couler sur ses joues. Jamais elle n'avait vu son père dans un tel état. Henri avait lui aussi les larmes aux yeux et Éric, ainsi que Ryan faisaient de leur mieux pour ne pas intervenir. L'émotion était palpable et il était évident que Louis avait retenu toutes ses émotions en lui, pour ne pas faire vivre l'enfer de son deuil, à sa fille unique.

- Papa, je...je...

- Oui... comme toujours, tu es désolée. Désolée sans doute de te rendre compte, que chacun a aussi des émotions, même si on ne les montre pas. Qu'on t'aime, mais que de tout évidence cela n'est pas suffisant. Tu veux que je te dise... j'ai même demander à Florence la permission de garder mon alliance pour honorer l'amour, que je continue de porter à ta mère et... et Dieu merci, elle a compris et accepter.

- Je... je voulais juste comprendre et...

- Et quoi ? Bon sang Angélique... tu es traquée par un malade. Tu enquete seule, sur le pire des tueurs en série. Je suis désolé, mais c'est à moi de comprendre ce qui t'arrive. Tu nous convoques ici avec Henri, pour porter toutes ces accusations contre nous... tu me ment... tu...

Louis préférait soudain se retourner, pour reprendre un peu ses esprits. Il y avait beaucoup trop d'émotions qui se fracassaient en lui, pour qu'il arrive à garder la tête froide.

- Jacques... et toi... enfants vous étiez... un peu comme chien et chat. Expliquait alors Henri, dans l'espoir de calmer tout le monde. On... ton père... il... on a vraiment essayer de faire de notre mieux. On n'a jamais voulu te faire du mal ou même te... je suis désolé que tu penses que je t'ai mentit. Longtemps, j'ai pensé que parler de ta mère te... te ferait du mal ou que... je ne voulais pas que tu ailles le sentiment, d'avoir à lui arriver à la cheville ou ce genre de bêtises. Tu es et resteras unique. Tout comme elle. Assura-t-il, sous le coup de l'émotion.

Un long silence s'installait, brisé pour les respirations saccadées de Louis et Angélique. Henri se tournait vers les deux américains, comme pour leur faire comprendre, que le père et la fille étaient de vraie tête de mule. Pour la première fois, il ne savait pas quoi faire, pour désamorcer la situation.

- Que... qu'aimerais-tu savoir ? Demandait-il soudain en se rasseyant. Angie... tu... tu peux tout me demander.

La jeune femme soupirait et fermait les yeux. A vrai dire, plus le temps passait et moins elle comprenait le sens de cette dispute. À la base, elle voulait juste comprendre pourquoi son père et Henri ne lui avait jamais parler à cœur ouvert de tout cela. Elle avait soudain un pressentiment très étrange.

- Tout ce qu'on a fait, c'était pour te protéger. Repensait-elle aux paroles de son père.

C'était d'ailleurs à partir de ce moment-là, que la discussion avait déraper. Henri avait même parler de la promesse qu'il avait faite à sa mère. Mais pourquoi promettre quelque chose, qu'ils auraient fait de toute façon et pourquoi Henri y avait été mêlé ?

Machinalement, elle regardait en direction de Ryan et d'Éric et elle avait l'impression qu'ils se posaient les mêmes questions.

- Qui est l'inconnu du lac ? Lâchait-elle dans le dos son père.

Elle le vit s'arrêter de respirer et Henri se figer sur place. Ryan les regardait tour à tour surprit par leur réaction et Éric ne put s'empêcher de sourire en coin. Il devait le reconnaitre, Angélique Delmare n'avait vraiment peur de rien.

Doucement, Louis se retournait et affrontait le regard sombre de sa fille, sans sourciller.

- Tu as dit que c'était le tueur de Thonon. Monsieur Davis a... confirmez-vous son hypothèse ? Tranchait-il durement, sans la lâcher du regard.

Les mains d'Henri se mirent à trembler et son cœur à battre la chamade. Il avait des sueurs froides et essayait de réfléchir à ce qu'il pouvait dire ou faire, pour arrêter tout cela.

- A vrai dire commissaire... j'avoue que je me pose la même question. Répondit le Profiler, plus dupe de son petit jeu.

Il le vit déglutir et se reprendre aussitôt.

- Moi, j'ai aussi une question. Disait soudain Éric, en les regardant tour à tour. Vous êtes tous les deux des hommes d'honneur. Votre épouse le savait, alors pourquoi vous faire promettre à tous les deux... de protéger Angélique ? Plongeait-il dans le regard de Louis.

- Louis. Disait soudain Henri, en se relevant.

- A cause de ce qui est arriver à Juliette. Ta tante... n'est pas morte d'un arrêt cardiaque. Elle s'est suicidée. Lâchait-il en direction de sa fille.

Les mots mirent une éternité à arriver dans l'esprit de la jeune femme. Instinctivement, Ryan se rapprochait d'elle et lançait un regard noir, en direction du commissaire.

- Ta mère nous a fait jurer de toujours te protéger des hommes qui commette les pires immondices. Donc, mon seul objectif est de retrouver ce malade et de l'arrêter. Que vous le compreniez ou non... cela n'a plus la moindre importance, car je t'aime plus que tout.

Sur ce, Louis Delmare se dirigeait d'un pas ferme jusqu'à l'entrée. Il ouvrit la porte, sortit, descendait les escaliers du perron et se dirigeait vers sa moto. Il enfilait son casque, puis ses gants avant de mettre le contact. À peine avait-il quitté la rue de sa fille, qu'il hurlait à pleins poumons dans son casque et mettait le cap, sur le seul lieu au monde qui pouvait encore lui apporter un peu de paix. La tombe, de sa tendre Rose des vents.

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