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Des dizaines de cadavres étaient les unes à côté des autres. Le sol était recouvert de milliers de boutons de roses séchées. La jeune femme marchait dessus et laissait des pas ensanglantés.
Angélique voulait vraiment comprendre ce qui était arrivé. Elle avait mal. Tellement mal, qu'hurler ne suffirait jamais, à faire sortir ce qu'elle ressentait vraiment. Elle inspirait profondément et ouvrait les yeux. Un homme sans visage s'approchait d'elle et lui tendait la main, qu'elle prenait en tremblant.
- Avec moi, tu n'as pas à te cacher. Murmura-t-il contre son oreille.
La jeune femme secouait la tête. Elle frissonnait de tout son être, car elle savait que c'était faux. Tout sa vie n'était qu'une sombre mascarade.
- Tiens. Lui tendit-il un couteau. Regarde. Se réjouissait-il.
Une clairière se trouvait juste devant eux, couverte de roses et de lierre. Du sang coulait le long des troncs. Des dizaines de corps difformes se trouvaient là, accroché aux branches, entremêlés.
- C'est notre œuvre, ma douce et tendre rose sauvage. Souffla-t-il.
La jeune femme eut le souffle coupé et se tournait vers lui. Pourquoi ? Pourquoi faisait-il cela ? Une ombre apparaissait soudain et elle fit un pas en arrière. Un homme, un géant entrait dans la clairière, l'air menaçant.
- Il ment. Gronda-t-il en avançant vers eux. Il est le Diable. Une créature du néant.
Il s'approchait de la jeune femme, qui serait machinalement le manche de sa lame.
- L'aime tu ? Ajoutait-il dans un grondement inhumain.
- Non. Murmura-t-elle, en cherchant une issue.
Elle essayait de fermer les yeux et d'échapper à ce cauchemar. Elle sentait son corps se débattre et son cœur tambouriner dans sa poitrine.
Le géant fonçait soudain sur elle et la lame s'enfonçait dans son ventre. Il tombait à genoux, avant de tomber en arrière, avec un étrange sourire aux lèvres. Angélique restait figée sur place. L'homme arrivait prêt d'elle et l'embrassait soudain avec passion.
- Ma tendre rose. Je t'aime tellement. Souriait-il contre ses lèvres.
Elle ne voulait pas. Tout cela n'avait pas le moindre sens. Une phrase se mit soudain à marteler son esprit, encore et encore.
- Et si c'était moi qui l'avais tué ?
Machinalement elle regardait la lame ensanglantée. Elle sentait le sous-bois. Les champignons. Elle voyait sa mère sourire en remplissant son panier.
- Ce soir... je te ferais des raviolis aux bolets. Disait-elle avec tendresse.
- Oh oui maman. Beaucoup... j'en veux beaucoup.
Sa robe blanche. Ses longs cheveux roux tout se mit à tournoyer autour d'elle. Angélique se voyait petite, avec ses grands yeux bleus or. Ramassant avec soins les champignons et les mettant dans le panier.
Elle fermait les yeux, car quelque chose clochait. Ce rêve. Celui qu'elle faisait depuis des années. Cet homme, ce géant qui hurlait sur sa mère, qui voulait lui faire du mal. Une fois de plus elle se débattait. Elle refusait de rester là.
Des griffes sortaient soudain du sol et la blessaient. Elle essayait de s'enfuir, mais tout était en train de se bousculer. Soudain, elle sentit son odeur. Son aura. Ses bras autour de sa taille. Elle se retournait et se blottissait contre lui.
- Je suis là. Murmurait-il. Angélique, je ne laisserais personne te faire du mal. Assura-t-il en embrassant ses lèvres.
Alors qu'elle allait répondre à son baiser, elle voyait le puit. Une ombre sortait et elle crut que son cœur allait cesser de battre.
- Elle est mienne. Gronda soudain Friedrich, en regardant l'homme qui se trouvait dans ses bras.
Il avançait vers eux et au moment où il allait le frapper avec un bout de verre, elle se réveillait en hurlant.
- Angélique ? l'appelait Ryan. Angie... ça va ? Demandait-il en frappant contre la porte.
La jeune femme regardait autour d'elle, soudain prise de panique. Où était-elle ? Son cœur battait la chamade, au point qu'elle faillit avoir un haut le cœur.
- Angie, s'il te plait... tu vas bien ? Insistait le jeune homme.
- Oui. Murmura-t-elle apeurée par son rêve. Oui. Disait-elle plus fort.
Elle avait mal de tête. Elle s'asseyait prudemment sur son lit et réalisait alors qu'elle était dans la chambre de ses parents.
- Angie... ouvre s'il te plait... je... je t'en prie, ouvre-moi.
Elle passait sa main sur son visage et se rendit compte, qu'elle avait les joues remplient de larmes. Elle arrivait à peine à distinguer le rêve, du réel et son cœur refusait de reprendre un rythme normal. Doucement, elle se levait dans la pénombre, s'appuyait contre le mur et ouvrait enfin à Ryan.
- Je... je vais bien. Mentit-elle en soupirant.
Le jeune homme reculait d'un pas et inspirait profondément.
- Éric... le... le diner est prêt. Exposait-il.
- Oh... déjà... je... je n'ai pas très faim.
- Angie... tu dois faire attention... hier...
- Je n'ai pas faim. S'énervait-elle soudain la tête en feu.
- Bien... pouvons-nous parler de ce qui s'est passé l'autre soir ?
- Je suis vraiment fatiguée.
- Angie... je... je veux juste te comprendre et...
- Il n'y a rien à comprendre. Nos... ta vie et la mienne... tout est diffèrent. Essayait-elle d'expliquer.
Pourquoi fallait-il qu'il revienne sur le sujet ? Ne pouvait-il pas simplement oublier tout ce qui s'était passé ?
- Je... non... ce qui s'est passé entre nous, compte vraiment pour moi... je... je ressent... mes sentiments sont...
- Stop. Disait-elle en refusant d'entendre ce qu'il avait à dire. Oublions simplement ce qui s'est passé. Murmurait-elle en essayant de se convaincre elle-même.
Le jeune homme serrait les poings et dut encaisser ces paroles. Certes, ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde au sujet de leur relation, mais de là à tout oublier, c'était frustrant, blessant, douloureux et injuste.
- Non. Assura-t-il. Je n'ai pas l'attention d'oublier ou de faire comme si rien ne s'était passé. Expliquait-il clairement. On n'est pas des gamins. On est des adultes et en capacité de se parler même si cela peut être dérangeant.
Angélique plongeait dans son regard et essayait de comprendre où il voulait en venir.
- Je sais que ce qui se passe entre nous, nous dépasse et que tu as des choses à régler, mais il n'est pas question que j'efface tout cela. Clarifiait-il le regard sombre.
- Je... Ryan... je suis vraiment fatiguée. Essayait-elle d'échapper à son explication.
- Tu... donc tu refuses de m'expliquer ce qui t'arrive ?
- Il ne m'arrive rien. Je suis crevée et demain on doit rentrer sur Paris.
- Tu vas... tu vas retrouver Fred ? Osait-il enfin lui demander, le cœur frappant à tout rompre.
- Quoi ? Merde... mais... pourquoi tu me parles toujours de lui. S'énervait-elle.
Il lui avait demander si elle l'aimait, puis ils avaient couché ensemble et maintenant il recommençait, comme si la situation n'était déjà pas assez compliquée.
- Car tu... tu veux... car je ne sais pas ce que tu veux.
- Ryan... moi-même je ne le sais pas. C'est... faire... je... je ne sais vraiment plus où j'en suis. Tentait-elle d'expliquer au bord du désespoir.
Il avançait d'un pas et elle faillit refermer la porte. Elle se revit allongée sur le parquet de cette foutue chambre. Le corps de sa malade sur elle et ses doigts qui la touchait. Sans s'en rendre compte, elle se mit à trembler ce qui n'échappait pas au jeune homme.
- Pourquoi tu trembles ? Angie... je t'en prie dit moi ce qui t'arrive. La suppliait-il.
- Rien. Soufflait-elle avec peine.
Son esprit était rempli d'un nouveau flot d'images terrifiante où se mêlait cauchemar et réalité. Sa respiration était saccadée et elle semblait sur le point de s'effondrer. Ryan s'approchait doucement et essayait de lui toucher la main, mais elle lâchait la porte et reculait de plusieurs pas, manquant de tomber à la renverse sur le lit. Elle fermait les yeux et essayait de retrouver son calme. Elle était soudain tellement tendue, que son cœur martelait son être.
Sans attendre, le Profiler la prenait dans ses bras et elle le serrait soudain de toutes ses forces. Elle était en pleine crise d'angoisse.
- Doucement. Angie... respire. Tout va bien. Ici, tu es en sécurité. Angélique... respire.
Il inspirait et expirait profondément jusqu'à ce qu'elle cale son rythme sur le sien. Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'enfin, la jeune femme retrouve son calme.
Fatiguée, elle fermait soudain les yeux sentant à peine son corps s'allonger. Plus rien n'avait de sens et avant même qu'elle ne le comprenne, elle rouvrait les yeux avant t'entendre son réveille sonner. Elle s'asseyait dans le lit de ses parents, surprise d'être habillée. Machinalement, elle regardait autour d'elle, mais la chambre était vide et la porte fermée. Elle éteignit son réveil et se levait avec prudence en essayant de comprendre ce qui c'était passé, elle ouvrit la porte et sortit dans le couloir. Elle s'avançait vers sa chambre, la porte était entrouverte et la chambre vide. Elle se retournait et constatait que la porte de la chambre d'amis était aussi ouverte. Fébrilement, elle donnait un petit coup et entrait.
- Ryan. Demandait-elle, avant de découvrir le lit fait et la chambre vide.
Il n'y avait plus aucune affaire. Etonnée, elle descendait au salon qui lui aussi était vide. Il n'y avait plus la moindre photo. Tout était en ordre. Le cœur battant à tout rompre elle se dirigeait vers la cuisine qui était vide, mais le café venait d'être fait.
- Oh. Angélique. Disait soudain Éric dans son dos.
La jeune femme sursautait, avant de se retourner.
- Éric. S'écriait-elle.
L'espace d'un instant, elle avait cru que tout cela n'était pas arriver, mais l'homme qui se tenait devant elle, la rassurait complètement sur son état mental.
- Désolé. Je... je vous attendais pour partir. Expliquait-il en leur servant une tasse de café.
- Oh euh. Merci... mais... mais où est... Ryan ?
- Il est déjà partit. Il souhaitait rendre la voiture à Henri le plus rapidement possible.
- Ah... ok. Soupirait-elle longuement.
- Vous allez bien ? Vos blessures... ça va aller pour retourner sur Paris ? S'inquiétait-il.
- Oui. Je... merci encore et... euh désolée pour... pour tout cela. Essayait-elle de résumer ce qui s'était passé ces derniers jours.
- Pas de souci, je... j'ai bien compris que cette enquete était personnelle pour vous et très complexe.
La jeune femme buvait son café et essayait de garder la tête froide. Elle sortait soudain son téléphone et décidait d'envoyer un message à son père :
Éric venait de partir et elle remit la béquille de sa moto. Elle retournait vers la maison et décidait de vérifier, que tout était bien cacher dans le cabanon. Elle reprit son arme et ses gants, les emballait dans un tissu et rangeait le tout dans du sac à dos. Elle sortait plusieurs affaires de l'une des armoires et le plaçait tout au fond, avant de tout remettre devant et de fermer l'armoire.
Soulagée d'avoir tout mit en sécurité, elle sortait et regardait en direction de la cabane du grand chêne, avec les larmes aux yeux. Angélique sentit son téléphone vibrer et elle décidait enfin de mettre le cap sur Paris. Désormais, elle n'échapperait plus à la vérité.
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