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- Je... je suis vraiment désolé. Je n'aurais pas dû venir. S'excusait Jacques en descendant les marches de l'entrée.

Jamais, il ne s'était sentit aussi mal de toute sa vie. Il était venu dans l'espoir de parler du bon vieux temps avec cette amie d'enfance retrouvée et non seulement elle n'en avait aucun souvenir, mais en plus, personne ne lui en avait parler, ce qui soulevait soudain tout un tas de questions.

- Je te présente sincèrement toutes mes excuses. Insistait-il.

- Tu... tu n'y es pour rien. C'est moi qui suis désolée pour tout. Assurait-elle.

Il avançait de quelques pas, avant de se retourner et de plonger dans son regard.

- Ta maman t'appelait... elle t'appelait mon Angélique sauvage. Ma douce et tendre rose sauvage. Elle t'aimait plus que tout au monde et... et elle serait fière de la jeune femme magnifique que tu es devenue. Lui avouait-il le cœur battant à tout rompre.

Doucement, il s'approchait et lui prenait la main. Sa peau était douce et il sentit son être s'embraser à se contacte. Il remettait sa mèche derrière son oreille, geste qu'il avait si souvent fait lorsqu'il était enfant.

- Angélique. Murmurait-il. Merci. Je... j'espère qu'on... qu'on pourra garder contacte, si tu le veux bien. La suppliait-il presque.

La jeune femme se reculait légèrement, levait la tête et plongeait dans son regard. L'espace d'un instant, elle crut qu'il allait l'embrasser, ce qui était complètement ridicule, car il se comportait comme un grand frère protecteur. Perdue et ne sachant quoi répondre, elle tournait légèrement la tête et vit soudain Ryan qui se trouvait de l'autre côté de la barrière, figé sur place.

Elle retirait sa main et reculait de plusieurs pas, le cœur tambourinant devant le regard sombre du Profiler.

- Ryan... Soufflait-elle. Je... je te présente Jacques Dugrand, le fils de Maurice. Jacques, je te présente Ryan Davis, le Profiler qui travaille avec mon père. Tremblait-elle presque.

Alors qu'il avançait vers eux, l'homme se retournait et semblait le juger, mais il se concentrait de toutes ses forces pour rester maitre de lui-même.

- Bonjour. Mes condoléances pour votre père. Sifflait-il en se maitrisant à peine.

- Bonjour. Merci. Je... je vais y aller. Disait Jacques en se retournant vers la jeune femme. Merci pour le café.

Et sans attendre, il descendait en direction de sa voiture. Non seulement, il comprenait encore moins ce qui c'était passé, mais en plus, il trouvait cet Éric et ce Ryan vraiment étrange. L'un l'avait carrément interrogé sur deux affaires et l'autre avait eu un comportement très protecteur envers Angélique. Avaient-ils une relation ?

Il entrait dans sa voiture et soupirait longuement. Combien de fois avait-il espérer la revoir ? Combien de fois avait-il pardonner à son père, pour continuer à venir le voir dans l'espoir de la croiser ? Et au pire moment de sa vie, alors qu'il était pris dans un halo de souffrance, voilà qu'elle débarquait comme par magie. Un sourire se dessinait sur ses lèvres, car elle était vraiment devenue magnifique.

Ryan le regardait descendre en essayant de retrouver son calme. Lorsqu'il était remonté, par le chemin et qu'il les avait surpris, il avait cru qu'ils s'embrassaient. Son cœur avait failli se briser, mais il avait été soulagé lorsqu'il avait vu Angélique reculer. Il n'aimait vraiment pas ce qu'il était en train de ressentir.

- Tu... tout va bien ? Finissait-il par demander sans oser la regarder.

- Euh... je n'en sais rien. Avouait-elle brusquement.

Il se tournait vers elle et fut surprit de la voir avec les larmes aux yeux. Que c'était-il passé ?

- Angie ! Que... que se passe-t-il ?

- Mon... mon père... il... Henri... je... je ne me suis même pas au courant. Soufflait-elle.

Ils entendirent la voiture de Jacques démarrer et Ryan s'approchait d'elle. Doucement, il prit son visage entre ses mains, soulagé qu'elle se laisse faire.

- Tu n'es pas au courant de quoi ?

- Il... je ne sais rien. Je ne sais même pas qui est mon père. Lâchait-elle en pleurant.

Ryan la prenait dans ses bras et lui frottait doucement le dos, en regardant la voiture s'éloigner. Mais que c'était-il encore passé ?

- Aie. Disait Angélique, alors qu'Éric désinfectait sa plaie au bras.

La jeune femme avait recommencé à saigner et le mentor avait proposer de la soigner correctement. Alors qu'ils étaient encore sous le choc de leur discussion avec Jacques.

- Désolé. Ce n'est pas très profond, mais il faudrait désinfecter régulièrement et changer le pansement tous les jours. Expliquait-il.

Il jetait un œil à Ryan qui faisait les cents pas et soupirait longuement.

- Ryan. Ce dernier sursautait et se tournait vers lui. Pourrais-tu aller chercher les anti-douleurs ? Demandait-il en montrant le salon.

- Euh oui. S'exécutait-il aussitôt.

- Avez-vous d'autre blessure ?

- Oui. Un hématome sur la hanche droite. Avouait la jeune femme confuse.

Éric marquait un temps d'arrêt. Elle avait parlé d'une chute à moto. De feuille. Mais elle avait une plaie à l'avant-bras gauche et un hématome à la hanche droite. Quel genre de chute, avait-elle fait ? Il se reprit aussitôt et criait au Profiler, de ramener aussi la pommade à l'arnica.

- Merci. Murmurait-elle.

- Je vous en prie. Vous allez bien ? Je veux dire... je suis désolé pour mes questions.

- Oui. Essayait-elle d'essuyer ses larmes aux yeux.

Elle n'en revenait toujours pas, qu'un inconnu pour elle, en sache autant sur ses parents, ainsi que sur Henri. D'ailleurs, plus le temps passait et plus elle avait envie de téléphoner à son père et régler ses comptes une bonne fois pour toute. Lui avait toujours été très secret, donc elle n'était qu'à moitié étonnée, à vrai dire celui qui le décevait le plus c'était Henri, car jamais il n'avait parler de la recette de sa mère. Jamais, il ne lui avait parler de Thonon. Elle avait soudain l'impression d'avoir grandi avec deux étrangers.

- Angélique... vous... vous n'allez pas... bien. S'agenouillait-il devant elle.

- Si.

Mais les larmes coulaient sur ses joues. Doucement, il posait ses mains bouillantes sur les siennes, mais elle les retirait aussitôt.

- Toutes mes excuses. Je...

- Je suis... tellement... désolée et... et en colère. Sanglotait-elle.

Ryan arrivait à ce moment-là et dut prendre sur lui, en voyant les larmes de la jeune femme. Il plongeait dans le regard de son mentor, qui lui fit comprendre, qu'elle avait besoin de lui. Sans attendre, il arrivait près d'elle et la prenait dans ses bras.

Angéliques se laissait aller contre lui. Elle se sentait de plus en plus vide et froide. Comme si brusquement, la vie et la chaleur avaient quitter son être. Elle n'en pouvait plus de tous ces secrets et de tous ces mensonges.

- Ils... personne ne... je... qui est mon père ? Arrivait-elle soudain à dire, en brisant leur étreinte. Comment... comment Jacques peut-il être au courant de tout cela et pas moi. S'indignait-elle, en se tournant vers les deux hommes. Il... il sait même comment... comment ma mère m'appelait. Tremblait-elle.

Elle en frissonnait en y repensant, car s'étaient aussi les mots que le tueur lui avait dits. Tout était en train de s'entre mêler dans son esprit. Si le tueur était au courant de tout cela, si Jacques l'était aussi alors qui d'autre l'était ? Cela n'avait plus le moindre sens. Pendant toute sa vie, Angélique avait cru maitriser son existence, mais tout, était brusquement en train, de lui éclater en pleine figure.

Ryan jetait un œil à Éric, car il ne comprenait pas ce qu'était en train de dire la jeune femme.

- Que... que vous a raconter votre père ? Demandait alors le mentor, dans l'espoir de l'apaiser.

- Je... je n'en sais rien... il... il m'a dit que ma mère était morte de maladie. Que... qu'on était partit vivre à Paris avec Henri. Il ne m'a jamais parler d'ici. De Maurice Dugrand ou de la mère de Jacques. Je ne savais même pas qu'il était venu ici à l'âge de 17 ans. Tentait-elle d'expliquer. Il... il est avec Florence depuis des mois et... et il ne me l'avait même pas dit. Vidait-elle son sac en pleurant.

Le Profiler comprenait de mieux en mieux la situation. Louis Delmare avait de nombreux secrets, qui au fil du temps, avait eu un terrible impacte sur sa fille. Il soupirait longuement, en réalisant pourquoi, elle avait autant de peine à construire sa vie amoureuse. A se fixer. Il avait faussement pensé qu'elle était un électron libre et fier, alors qu'elle était en insécurité émotionnelle. Comment axer sa vie, lorsqu'on n'en connaissait pas les détails. Lorsqu'on avait été injustement surprotégé, sans ancrage dans le passé. Sa mère était morte, ce qui avait dû être une terrible blessure émotionnelle et un abandon. Elle avait eu besoin de repère et d'ancrage de la part d'un père qui les lui avait refusés pour la protéger. Mais de quoi ?

- Je... je ne savais même pas pour ma tante. Personne ne m'a jamais rien dit. Quel genre de personne... qu'est-ce que j'ai fait pour... pour qu'on ne....

Ryan arrivait près d'elle et la serrait contre lui. Il refusait de l'entendre dire de telle chose. Rien de tout cela n'était sa faute. D'ailleurs, Louis avait sans doute cru bien faire. Qui pouvait lui reprocher d'avoir voulu protéger sa fille unique, après avoir perdu l'être qu'elle aimait le plus ? Angélique se refugiait contre lui, s'accrochant de toute ses forces en sanglotant. Son monde n'était plus que mensonge et souffrance. Quand tout cela avait-il commencer ? Quand avait-elle sombrer dans la noirceur ? Elle fermait les yeux et essayait de se souvenir.

La jeune femme sentait les bois et l'odeur des champignons. Elle voyait sa mère, tout près du grand chêne. Elle s'accrochait à ce souvenir. L'un des rares qui lui restait. Mais, dans les méandres de son esprit un homme grand apparu soudain. Il semblait en colère et en voulait à sa mère. La jeune femme ouvrait soudain les yeux et repoussait Ryan.

- Non. Murmurait-elle en tremblant.

Des milliers de frissons parcoururent son corps. Elle se rappelait sa question, celle qu'elle avait dite à Friedrich Auer :

- Et si c'était moi qui l'avais tué ? Martelait son esprit.

Elle plaquait sa main sur sa bouche et courait jusqu'à l'évier de la cuisine pour vomir. Ryan et Éric se jetèrent un coup d'œil, avant de s'approcher de la jeune femme qui vidait son estomac. Après quelques minutes, elle passait son visage sous l'eau froide et se rinçait la bouche. Un peu mieux, elle se retournait le cœur battant à tout rompre.

- Je... je vais rentrer à Paris. Lâchait-elle soudain, en décidant qu'il était grand temps qu'elle parle avec son père.

- Ok... Quand... quand souhaite-tu rentrer ? Demandait Ryan en essayant de rester rationnelle.

- Demain matin. Si... Si cela va pour vous. De plus, Henri a besoin de sa voiture le weekend. Ajouta-t-elle, en essayant de reprendre le control.

- Parfait. Assurait Éric.

La jeune femme soupirait longuement et décidait de monter dans sa chambre. Elle avait vraiment besoin de se reposer et de reprendre ses esprits.

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