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- Salut, tu vas bien ? Demandait-il avec émotion.

Revenir à la maison de vacances, après toutes ces années, était aussi inattendu que déconcertant.

- Euh bonjour. Vous allez bien ? Enfin... ça va ? Magalie va bien ? Demandait Angélique, surprise par la venue de Jacques.

- Oui... enfin... ont fait face. Je... je ne sais comment le dire mais... mais cela m'a fait vraiment bizarre de te revoir après toutes ces années. Avouait-il, en soupirant. Ça n'a pas changé. Montrait-il la demeure. Oh et la cabane tient encore. Souriait-il.

Il se revoyait en compagnie d'Angélique alors petite fille, qui arrivait à peine à monter à l'échelle. Ils y avaient passé beaucoup de temps, comme leurs parents à l'époque.

- Tu... tu m'en a fait baver. Ajoutait-il en plongeant dans son regard.

Elle était devenue magnifique et son regard bleu or l'ébranlait bien plus qui ne l'aurait imaginé, malgré les circonstances. Embarrassée, la jeune femme baissait les yeux et regardait en direction de la maison.

- Désolé... je... on a... c'est tellement étrange de se retrouver ainsi. Pardon... je ne voulais pas te déranger. Expliquait-il en reculant de plusieurs pas.

Il était venu sur un coup de tête, surpris de voir que la maison semblait habitée.

- Euh... je suis vraiment désolée... je ne me souviens vraiment de rien. S'excusait-elle en soupirant. Mon... personne ne m'en a jamais parlé. Avouait-elle vraiment confuse.

Jacques dut encaisser le choc. Il aurait pensé que son parrain, Louis aurait au moins parler un peu de lui, mais de toute évidence, il l'avait lui aussi oublié.

- Pas de souci. Mentit-il. Je... je comprends... nos pères... en fait... je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Ta maman est décédée et... et je ne vous ai jamais revu.

Il faisait de son mieux pour le dire avec bienveillance et sans le moindre reproche. Enfin, elle levait les yeux sur lui et plongeait dans son regard. Il dut déglutir devant son charme et sa beauté sauvage. L'espace d'un instant, il se demandait si elle était mariée ou avait un compagnon. Troublé, il baissait les yeux. Son cœur battait la chamade et il se rendait compte qu'elle avait toujours été une ombre. Comme une histoire inachevée.

- Vous... tu veux boire un café ? Je... je suis avec... des collègues de mon père. Montrait-elle la cuisine.

- Je veux bien. Merci. La laissait-il passer devant.

Angélique passait devant lui, au même moment, une bourrasque fit tournoyer ses cheveux et il sentit l'odeur des roses. Une fois de plus, il dut déglutir, car elle était la plus belle femme qu'il aille rencontrer.

Éric était en train de relire le journal intime de Juliette De-la-Tours, lorsqu'il vit la jeune femme et un homme entrer par la cuisine. Il baissait ses lunettes et penchait la tête pour mieux voir l'individu. Il reconnut aussitôt la posture d'un soldat. Grand et musclé, l'homme en imposait. Les cheveux claires et court, rasé de près. Allure et vêtements impeccables, il ne pouvait y avoir aucun doute.

- Éric, je vous présente Jacques Dugrand, le fils de Maurice. Disait Angélique. Jacques, je te présente Éric Livingston.

Le mentor se levait et venait serrer la main que lui tendait l'homme. Il avait une poigne franche et nette, ce qui le rassurait.

- Bonjour. Enchanté de vous rencontrer. Toutes mes condoléances pour votre père.

- Bonjour. Merci. Enchanté.

- Vous... tu... un café ? Proposait la jeune femme en ne sachant pas trop comment elle devait se comporter avec lui.

Elle était soulagée qu'Éric soit là pour faire tampon, car la situation était vraiment gênante. Ils s'installèrent à la cuisine et Jacques soupirait de plus belle.

- Bon sang... rien n'a changé. Tu as aussi gardé la vieille horloge de l'étage ? Souriait-il-

- Oui... on a juste trier les affaires de mes grands-parents. Expliquait la jeune femme.

- Ok. Tu... tu m'avais obli... demandé de reculer d'une heure l'horloge pour qu'on puisse se voir plus longtemps.

- Oh... vous vous connaissez depuis longtemps ? Remarquait Éric en se resservant une tasse de café.

- A vrai dire... Louis et mon père étaient de très bons amis. Louis est mon parrain. Enfant, je passais toutes mes grandes vacances ici. Mais on ne s'en pas revu jusqu'à... c'est...

- Je suis vraiment désolée.

- Ne le soit pas. Mon père... mon père était ronger par la culpabilité depuis des années. C'était la cause du divorce de mes parents. Il... il s'en voulait vraiment pour Lucie. Je... j'espère qu'il... qu'il est en paix, même s'il me manque. Expliquait-il les larmes aux yeux.

Il n'arrivait toujours pas à réaliser que cela leur arrivait et encore moins d'une façon aussi brutale qu'un homicide. Son père avait fait un AVC quelques années plus tôt et il l'avait naturellement imaginé s'éteindre paisiblement aux côtés de Magalie, pas d'une façon aussi tragique.

- Puis-je... puis je te demander comment va ton père et Henri ? Demandait-il pour se changer les idées.

- Ils vont bien. Mon père est commissaire à Paris et Henri tient un restaurant italien.

- Oh... il fait toujours tes raviolis aux bolets ? C'était la recette de ta mère.

La jeune femme se figeait sur place, car elle n'était pas au courant de cela. C'était presque blessant de découvrir qu'un inconnu en savait autant sur elle et sur sa famille. Éric remarquait le trouble de la jeune femme, ainsi que l'intérêt de Jacques pour elle. Il se demandait alors quel lien ils partageaient, car il se sentait soudain de trop.

L'atmosphère était inexplicable. Jacques essayait tant bien que mal, de ne pas prendre le manque de souvenir de la jeune femme, comme quelque chose de mal. Il comprenait que Louis et Henri avaient vraiment coupé les ponts avec Thonon, ce qui était normal, puisque Louis avait sans doute voulu continuer sa vie, sans l'ombre de sa femme, qu'il avait aimé plus que tout. Il l'avait sans doute fait par amour et surtout pour Angélique. Cependant, il n'arrivait pas à comprendre l'embrouille qui avait séparé son père et son parrain.

- Toi... tu sais pourquoi nos pères se sont embrouiller ? Finissait-il par lui demander.

- Pour être honnête, je ne savais même pas qu'ils étaient amis. Je suis vraiment surprise, car tu connais même Henri et tu sais... à l'évidence plus de choses que moi... même sur ma propre mère. Peinait-elle à retenir ses larmes.

- Désolé, je ne voulais pas te blesser...

- Je sais... c'est juste que... que non seulement je ne m'en souviens pas, mais en plus, ils...

La jeune femme soupirait et buvait une longue gorgée de café. Son père lui avait beaucoup parler de sa mère. Il avait toujours répondu à ses questions, mais elle avait soudain un sentiment étrange.

- Et... vous faites quoi dans la vie ? Demandait Éric, pour détendre l'atmosphère.

- Je suis instructeur dans une école militaire de haute montagne. Je vis sur site, mais... pour les vacances, je... j'aide ma mère, qui vit à Annecy. Décidait-il de résumer sa situation personnel.

Il avait eu de nombreuses copines, mais rien d'assez sérieux pour qu'il décide de se fixer. Comme il vivait en caserne, il avait demandé à sa mère de garder une chambre chez elle, le temps qu'il trouve la femme de sa vie, mais le temps passait et il ne l'avait toujours pas trouvée.

Angélique soupirait et essayait de comprendre pourquoi son père et Henri ne lui en avaient jamais parler.

- Et... tu... tu te souviens de ma mère ? Osait-elle enfin demander.

- Oui. Tu... tu étais tout pour elle. D'ailleurs, j'étais un peu jaloux à l'époque, car tout tournait autour de toi. Ton père, ta mère, ta grand-mère et même Henri. Même ma propre mère essayait de convaincre mon père d'avoir une fille. Dès que tu entrais dans une pièce, il n'y avait plus que toi. Maintenant, je comprends que... que tu comptais beaucoup pour eux. Ta maman était déjà malade à l'époque et... et je suppose qu'elle... pardon.

Les larmes coulaient sur les joues de la jeune femme, qui frissonnait. Elle n'avait plus que des sensations et quelques rares souvenirs de sa mère, qui devenait de plus en plus flou avec le temps.

- Non... je... merci. Disait-elle en séchant ses larmes.

Jacques décidait de mettre ses mains sous la table afin d'éviter de faire un geste trop personnel ou intime. Il dut déglutir à nouveau, car la situation devenait de plus en plus troublante. Il décidait de finir sa tasse de café et de partir avant de dire ou faire quelque chose qu'il pourrait regretter.

- Je... je vais y aller. Disait-il soudain en se levant.

- Puis je moi aussi vous poser une question ? Demandait Éric en se levant à son tour.

D'aussi prêt, l'homme était vraiment impressionnant et d'un calme apparent, car rien qu'à sa posture, on sentait l'expérience du combat.

- Bien sûr.

- Votre père vous parlait-il de l'affaire du tueur de Thonon ? Je vous le demande car vous avez mentionner mademoiselle Lucie Gauthier. Expliquait clairement le mentor.

- Oui. Chaque été, il ressortait ses notes. Mam... ma mère. (Il soupirait longuement) Ma mère avait l'impression de vivre avec l'ombre de Lucie. Mon père n'a pas eu une vie facile et à toujours lutter pour ne pas ressembler à son père. Je... je ne suis pas sûr, mais je crois qu'il soupçonnait quelqu'un.

- Qu'est-ce qui vous fait penser cela ?

- Les conversations qu'il avait avec son ami Charles, qui est le meilleur ami de mon père. Ils en parlaient souvent. D'ailleurs...

Il plongeait soudain dans le regard d'Angélique et se ravisait aussitôt. Tout cela n'était que de vieilles histoires de leur bande de copains.

- D'ailleurs. Insistait Éric.

- Tu sais ta tante... mon père... tes parents. C'était une bande de pote à l'origine. Disait-il à la jeune femme.

- Oui. Ma tante l'a écrit dans son journal. Quelque chose comme les copains de Thonon.

- Exactement. Ta tante... elle... elle s'était rendue à la police en 1972. Mon père et Charles l'avaient suivie, car elle n'allait pas bien et ils voulaient lui proposer une sortie entre copains à la plage.

- Attendez... Juliette De-la-Tours s'est rendue à la police ? S'étonnait clairement Éric.

- Oui. Ça devait être l'été car, ils ne se voyaient qu'à ce moment-là. Charles disait que c'était leur dernier été, car après tout avait changé. Essayait de se souvenir Jacques.

- Et... et savez-vous quelque chose sur l'affaire de l'inconnu du lac ?

- Oh euh... mon père et Charles étaient chargé de l'affaire. J'avais... 10 ans à l'époque. Je me souviens juste que ma mère m'avait interdit d'aller sur les bords de la Dranse, après cette affaire. Ensuite... ta... ta maman est décédée. Nos pères ne se sont plus parler et mes parents ont divorcer. Résumait-il la situation.

- Vous... vous avez des souvenirs précis de cette époque ? Je veux dire... si je puis me permettre c'est plutôt étrange que vos pères ne se parlaient plus. Continuait de le questionner Éric.

- C'est sûr, moi-même je ne comprends pas vraiment. Je sais... ma mère était le premier amour de... de ton père. Je... c'est stupide mais j'ai pensé à une histoire de jalousie. Pardon. S'excusait-il aussitôt, honteux d'avoir pensé cela pendant tout ce temps.

- Mon père ? S'étonnait Angélique. Mais... tu... tu parles de quoi ?

- Oh... ok... Ton père et ma mère viennent de Cassis. Le père de ma mère a été muté sur Thonon et... et un jour Louis a débarqué pour être avec elle, mais elle sortait avec mon père. Ils... ils n'avaient que 17 ans à l'époque et cet été-là... il a rencontré ta mère. S'empressait-il d'ajouter.

Angélique tombait des nues. Elle écarquillait les yeux pas bien sûr d'avoir tout comprit ce que Jacques venait de lui dire. La jeune femme en venait même à se demander, si elle connaissait vraiment son père. Éric se sentait vraiment mal pour elle et Jacques l'était encore plus, car plus le temps passait et plus il comprenait, qu'elle n'était au courant de rien.

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