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Ryan avait passé la pire nuit de toute sa vie, car il avait entendu Angélique sangloter de désespoir, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Avait-elle eu le contre coup de ce qui venait de se produire ? Avait-elle enfin réalisé le danger qu'elle courait ? Plus les heures passaient et plus il était perdu.
Il s'était levé à l'aube, pris des anti-douleurs, avec un café en attendant le retour d'Éric qui était partit courir. Alors qu'il observait à nouveau les scènes de crimes, il reçut un coup de téléphone de son amie Biga.
- Salut. Répondit-il en baillant.
- Salut beau gosse. J'ai... j'ai fait ce que tu m'as demandé. Commençait-elle. Sophie Müller, s'appelle en réalité Fiekchen Müller et elle est originaire de Lörrach.
- Attend... le même Lörrach, que le commissaire Hardyl et que la deuxième série de meurtre ? Demandait le Profiler à haute voix.
- Eh bien si tu parles de la ville qui se trouve près de Bâle... oui, cette ville-là. Son père est mort depuis quelques années, mais sa mère vit actuellement dans le village de Hofen. Son frère un certain Emmerich Müller vit avec femme et enfants à Timmendorfer Strand, dans le nord de l'Allemagne.
- Ok... et sur Sophie ?
- Pas grand-chose. Elle est mariée depuis 8 ans avec un biologiste médical, qui travaille sur Genève et ils ont deux garçons de 7 et 5 ans. Expliquait Biga en relisant ses notes.
- Tu sais pourquoi... elle a quitté l'Allemagne ?
- Sérieusement... je ne suis pas voyante. Rigolait-elle.
- Désolé. Je me demande juste, si elle pourrait être une... survivante du tueur de Thonon.
- Possible, elle est de 1960. Ce qui veut dire, qu'elle avait une vingtaine d'année à l'époque.
- Ok. Merci...
- Mais... il y a autre chose. Le coupait la jeune femme.
- Comme ça ?
- J'ai effectué des recherches, afin de voir si je pouvais trouver un lien ou quelque chose et... deux charniers ont été découvert en 1990 et en 1998, et dans le plus récent, il y avait un cadavre humain, celui d'une adolescente qui n'a jamais été identifié. Confiait-elle.
- Peux-tu m'envoyer tous les articles ? Demandait Ryan en se demandant si cela pouvait avoir un lien avec son affaire.
- C'est déjà fait et j'ai... bref j'ai mis aussi le rapport d'autopsie, ainsi que le rapport d'enquete. Affirmait la jeune femme.
- Si tu savais comme... Merci Biga.
- Eh bien... c'est à ce point-là ?
- Tu n'as pas idée. Et... et pour la journaliste. Osait-il enfin demander.
Son cœur battait la chamade et il se demandait ce qu'avait découvert son amie. Allait-il enfin pouvoir résoudre une partie du mystère qu'était la jeune femme ?
- Angélique Delmare. Scolarité normale. Université et au passage un sacré patrimoine. Ces grands parents, les De-la-Tours s'étaient des gosses de grosses fortunes du nord. Le grand père était un éminent scientifique et la grand-mère une sommité dans les mondes des roseraies. Elle avait fait « revivre » certaines vieilles roses oubliées. Une sacrée bonne femme. Avouait Biga, en admiration. Mais pour en revenir à Angélique, je n'ai pas trouvé grand-chose que tu ne sais déjà. Elle voyage beaucoup et travaille comme une dingue.
- Ok et pour son équipe.
- Julien Costa est clean, pas d'infractions, pas de dettes. Rien. Niveau familiale rien à dire, si ce n'est que son père est mort depuis 10 ans. Luc Guerin est orphelin depuis qu'il a l'âge de 11 ans et il a été élever par sa grand-mère, du côté de Mulhouse, ainsi que par une certaine Florence Roussel. Il a eu un casier judiciaire pour petit larcin lorsqu'il était ado. Et je n'ai rien trouvé sur Frédérique Gueilan, si ce n'est qu'il est originaire de Normandie. Détaillait Biga.
- En bref, pas grand-chose. Soupirait longuement le jeune homme.
En tout cas pas plus, que ce qu'il savait déjà ou avait compris de lui-même. Cependant, il devait avouer, qu'il n'avait pas bien cerner Luc, mais maintenant, il comprenait mieux pourquoi. Cependant, il était étonné qu'elle n'aille rien trouver sur Fred. Il soupirait longuement et fermait les yeux. Il devait rester concentrer.
- Je peux pirater leurs réseaux sociaux et leur téléphone si tu veux. Proposait la jeune femme.
- Non, ne te mets pas davantage en... bref. Merci pour toutes ces infos.
- Tu veux que j'élargisse le cercle ? Ses ex par exemple ? Insistait-elle devant les soupirs de son ami.
- Pour être honnête, je n'ai pas encore trouvé le lien qui...
- Le lien ? De quoi tu parles Ryan. Demandait-elle surprise par le ton de sa voix.
- Angélique est suivie par un traqueur et je n'arrive pas à terminer s'il la connait ou pas. Louis Delmare son père, qui est commissaire à mit un détective sur le coup, mais on a aucune nouvelle.
Biga comprit instinctivement, que s'était devenu très personnel pour lui, rien qu'à la façon d'ont-il avait prononcé le prénom de la jeune femme.
- Tu veux que je me renseigne ? Demandait-elle alors qu'elle était déjà en train d'effectuer de nouvelle recherche sur le père d'Angélique Delmare.
- Tu... tu en fais déjà beaucoup et...oui. Cédait-il. Gratte un peu de ce côté-là... S'il de plait.
- Ok... très bien, mais...
- Mais quoi ? Arrêtait-il presque de respirer.
- On est plus sur des diners... mais sur une demande au mariage. Rigolait soudain la jeune femme.
Ryan ne pouvait s'empêcher de sourire. Heureusement qu'il avait ses amis et Éric pour le soutenir, car sans eux, il n'aurait pas été très loin.
- Je... nous savons tous les deux ce qu'il en est et... disons que je te dois des diners jusqu'à la fin de ta vie. Avouait-il un peu mieux.
La situation semblait à nouveau sous control et de tout évidence, les proches de la journaliste semblaient clean et c'était un véritable soulagement. Il y avait enfin quelque chose qui tenait la route dans cette affaire.
- Oh... et même au-delà.
- Et même au-delà.
Il entendit la porte d'entrée et soupirait longuement. Son mentor était de retour et il allait pouvoir retourner sur les scènes de crime. Il avait besoin de mieux comprendre le dessein du tueur.
- Merci ma belle.
- De rien... beau mec. Je t'envoie les infos au fur et à mesure. T'inquiète. Tu vas coincer ce malade.
Ryan la remerciait encore une fois et ils raccrochèrent.
Le jeune homme regardait la scène de crime de Debra Willem, la dernière victime. La première fois qu'il s'était rendu sur les scènes, il avait surtout été happé dans l'esprit du tueur de Thonon, mais cette fois, il voulait y retourner pour encore mieux s'en imprégner.
Il devait aussi reparler à Hardyl et rencontrer Sophie Müller. Dans un premier temps, il devait avancer avec prudence et sans la moindre émotion, car il avait le sentiment que Biga venait de découvrir le premier meurtre de ce tueur.
- Un cadavre d'adolescente dans un charnier. Murmurait-il, en ouvrant sa boite mail.
Il sut d'instinct, qu'il était enfin sur la piste de cet homme. Les photos du premier charnier, venait confirmer son esprit sadique, froid et manipulateur. C'était un psychopathe et un nécrophile, doublé d'une personnalité perverse narcissique. Un destructeur, sans la moindre émotion. Il sentit son sang se glacer en pensant, que cet homme était comme l'ombre d'Angélique, mais se reprit aussitôt. Malgré ce qu'il ressentait pour elle, il ne devait plus se laisser envahir par cela. Il devait garder la tête froide, comme le lui avait conseillé Éric.
Ryan avait bien réfléchi. Il s'était perdu entre les profils des deux tueurs. Croyant pouvoir trouver leur lien et ainsi les démasquer, mais il venait de décider d'oublier volontairement le tueur de Thonon, pour se concentrer sur le Copycat.
Les rives de la Dranse étaient encore plus glissantes que la dernière fois et le Profiler faillit tomber à plusieurs reprises. Au petit matin, l'endroit paraissait encore plus sauvage et étrange. Il remarquait à nouveau que malgré la départementale qui se trouvait juste de l'autre côté, l'endroit était assez discret pour commettre de tels crimes et surtout, cela lui paraissait encore plus inaccessible. Il avait mis plus de 10 minutes dans les bois pour arriver sur les lieux.
Le jeune homme s'arrêtait et regarder attentivement autour de lui en faisant le constat, que les victimes avaient toutes du suivre le tueur de leur plein gré jusqu'ici, ce qui voulait dire, qu'il devait bien présenter. Personne ne suivait un type louche ou même marginal sans le connaitre. Il faisait donc parfaitement illusion, ce qui collait avec le profil du pervers narcissique.
- Est-ce que tu connais les victimes ? Murmurait-il en regardant autour de lui. Prendrais-tu le risque qu'elles sachent qui tu es... du moins assez pour qu'elle accepte de te suivre jusqu'ici ?
Cela ne lui paraissait que très peu plausible. Mais quoi de mieux pour un premier soir, que d'amener sa nouvelle conquête dans un lieu insolite, en lui promettant de lui en mettre plein la vue. Qui se méfierait d'un homme, plutôt jeune, avec des bonnes manières ?
Il pensait alors à Louise Bovet, la victime qui avait été retrouvée à cet endroit. 20 ans. Magnifique jeune femme brune aux yeux bleus. Plutôt naïve selon certaines de ses amies. D'autres avaient dit, qu'elle n'aurait pas suivi n'importe qui. Elle était intelligente et indépendante. Elle travaillait dans un Fast Food de la région pour payer ses études d'art. elle vivait à Villeneuve, en Suisse, mais avait beaucoup d'amis sur Thonon et Evian. Elle y venait tous les weekends et les vacances, pour sortir avec eux.
Et c'est ce qui c'était passé en 2008, la jeune femme était venue chez l'une de ses meilleures amies, pour les vacances. Ils étaient sortis dans un bar de Thonon et la jeune femme avait écrit à l'une de ces copines pour lui dire, qu'elle ne rentrerait pas dormir. C'était la dernière fois, que quelqu'un avait eu de ses nouvelles. Tout avait été laisser sur la scène. Son sac. Son portable, qui n'avait rien donner, ce qui voulait dire, qu'elle avait rencontré par hasard le tueur ou qu'il l'avait abordée lorsqu'elle avait été seule.
- Pourquoi suivre un mec jusqu'ici ? Se demandait-il.
Il pensait alors aux deux autres jeune femmes, Sacha Rivière et Debra Willem, il réalisait alors qu'elles avaient exactement le même profil personnel. Il s'était focalisé sur le physique, la ressemblance. Des brunes ou blonde pour Debra, aux yeux bleus.
- Elles étaient un peu naïve et n'aurait pas suivi n'importe qui. Répétait-il les phrases, qu'avait dit les amis des 3 victimes.
Il fit quelques pas et regardait à nouveau autour de lui. En été, le lieu devait être très diffèrent, mais restait isoler malgré la proximité de la route.
- Elles... elles n'auraient pas suivi n'importe qui. C'est ce qu'on dit leurs amis. Pensait-il. Seules et isolées.
Il le tenait. Au-delà des meurtres, il avait peut-être enfin compris le mode opératoire de ce type. Et son profil était bien plus étoffé, qu'il ne l'aurait cru de prime abord. En mettant les crimes de côtés, cet homme lui apparut soudain comme un caméléon. Il devait s'approcher doucement pas après pas d'une jeune femme triste, seule ou isolée. Il lui parlait, lui offrait un verre et le piège se refermait sur elle.
La jeune femme lui faisait confiance, car il présentait bien, parlait différemment des autres mecs. Il lui donnait l'illusion parfaite qu'elle souhaitait avoir et à partir de là, il pouvait modeler son crime comme il le souhaitait. Ryan constatait, qu'il y avait une forme d'opportunisme dans le choix de ses victimes, ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose, il y en avait beaucoup d'autre. Mais les avait-il tuées, elles aussi ? Ou se servait il de cela pour sa déviance sexuelle ?
- Tu leur donne ce qu'elles veulent, mais elles ont plutôt intérêt à te donner ce que toi tu veux. Pensait-il en inspirant profondément.
Il devait avoir des rapports intimes avec ces femmes. Au début, tout semblait normal et très vite, leur relation entrait dans la préversion et la soumission la plus totale.
- Tu prends ton pied. Ta victime n'est qu'un simple objet et elle doit entièrement se soumettre à toi. Murmurait-il en frissonnant.
Sa soif sexuelle et de control devait être insatiable. Ryan comprit alors que le sadisme de cet homme devait être à son paroxysme.
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