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Éric soupirait et ouvrait le journal intime de Juliette De-la-Tours, le cœur battant à tout rompre.
Le mentor relisait ces mots à plusieurs reprises. Troublé et choqué. Il tournait quelques pages et remarquait les poèmes de Gerard de Narval, tous écrit d'une main fine, délicate et voluptueuse pour les majuscules, de style gothique. Des roses séchées. Des dessins et encore d'autres poèmes. Ce journal était un hymne aux roses vermeilles. À l'amour et à l'innocence.
Elle y relatait ses semaines ou les évènements marquants qu'elle avait vécu. Son premier baiser avec un certain Olivier, qui semblait être le garçon de sa vie. Son amitié avec Julie, qui était aussi espiègle qu'elle. C'est petites querelles avec sa sœur jumelle. Son père, son héros et sa mère, qu'elle adorait. Sa vie semblait douce et remplie d'amour et de tendresse. Elle parlait des autres avec force et conviction, leur souhaitant bonheur, chance et grand amour.
Éric était touché par cette jeune fille, qui serait sans doute devenue une rosiériste de renommée.
Ryan avait émis l'idée, qu'un évènement avait déclencher une certaine forme de mélancholie chez la jeune femme et lui l'identifiait comme entant celui-ci.
- C'est... bizarre. Disait-il soudain à voix haute.
- Quoi donc ? Demandait le Profiler, toujours perdu dans ses recherches.
Il avait décidé de relire quelques articles sur la nécrophilie et les déviances sexuelles spécifiques.
- Eh bien... la fin du journal est troublante. Juliette y parle de beaucoup de chose, cependant et si je puis me permettre, à partir du premier meurtre... quelque chose a changé.
- Son amie venait de mourir et...
- Non. Adèle n'était pas son amie. Elle spécifie, qu'elle était la jeune fille au pair de la famille Perrier, des amis de son père. Mon cœur est lourd et triste ou lassé et fatigué.
- Oh... elle est décédée de problème cardiaque.
- Ryan. Pas une seule fois, elle n'en parle en 3 ans de journal, alors qu'elle fait référence à tout, même à la rougeole de sa jumelle.
- Attend... que veux-tu dire ?
- Que toi et Angélique, vous avez raison. Elle savait qui était le tueur, mais elle semblait s'en douter, dès le premier meurtre.
- Quoi ?
- Tiens, relit. Je veux dire... relit entre les lignes.
Ryan s'exécutait, mais pour lui, qui n'avait jamais vraiment écrit de journal intime, cela n'avait pas le même sens.
- Quelque chose a changé chez Juliette, à partir du 21 juillet 1970. A partir de là, elle est moins passionnée. Plus raisonnée. Elle se questionne aussi beaucoup sur la vie et le sens à lui donner. Ryan... elle était en dépression.
- Mais...
Le jeune homme relisait cette parie du journal, puis celle d'avant et d'après. Il passait quelques pages et il dut faire le même constat que son ami. Ce qui était encore plus troublant.
- Donc, dès le premier meurtre, elle avait des doutes sur l'identité du tueur !
- Oui et... il s'appelait Jean.
- Jean. Pourquoi ?
- Tiens. Fit-il aller quelques pages. Là. Montrait-il.
Juste avant qu'elle inscrive les noms des 2 premières victimes, le 03 octobre 1972, 3 jours avant de mourir, elle avait écrit un petit texte. Son écriture était rude. Stressée et déformée. Elle avait presque transpercé la page, tant elle avait appuyé sur son crayon pour écrire ces quelques lignes, qui disait :
- Jean. Répétait-il. Ce texte, parle de Jean. L'apôtre de Jésus. Le Bien-Aimé. Elle a modifié les scènes de l'évangile. Il y a 12 apôtres, alors pourquoi choisir Jean ! On peut en conclure, que le tueur se prénommait ainsi ou du moins, avait-il un prénom proche de celui-ci.
Le Profiler dut encaisser le coup, il n'arrivait pas à croire que sans l'intervention d'Éric, il n'aurait peut-être jamais prêté attention à cela.
- Et encore deux autres choses. Juliette adorait la Dranse, avec son père, ils avaient même été à une exposition sur cette rivière.
- Sérieusement ? S'étonnait Ryan.
- Oui, elle a collé le ticket. Et... ça. Montrait-il un autre passage.
- Ryan. J'ai été policier pendant 25 ans. J'ai rencontré d'innombrable victime. Sais-tu comment certaines victimes de viol s'expriment... après ! Elles disent que leur corps est... mort, même si elles paraissent vivantes.
- Alors, Angélique avait raison. Sa tante a été... aurait été... l'une de victimes.
- Oui. C'est désormais et malheureusement une certitude.
Ryan se levait et soupirait longuement. Tout cela avait donc vraiment un lien. Un lien profond et bien diffèrent, car Juliette était brune aux yeux bleus et pratiquement toutes les victimes avait ce profil.
- Solitude. Frustration. Juliette parle de mariage et... et se fait violer. Putain Éric, il était obsédé par elle. Le tueur de Thonon était obsédé par Juliette De-la-tours. Comme le traqueur est obsédé par Angélique.
- Bonsoir. Les surprit soudain la jeune femme, depuis l'entrée.
Le Profiler sortit du salon, pour lui dire bonjour, le cœur battant à tout rompre, mais s'arrêtait net, surprit. Pourquoi avait-elle le bras en sang et pourquoi avait-il soudain, un terrible pressentiment ?
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