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- Ryan ? Tu vas bien ? Demandait Éric, en arrivant derrière lui dans le salon.

Ce dernier sursautait et regardait autour de lui. Le mentor se demandait alors, s'il faisait une rechute, car il était de nouveau très pale et depuis son coup de téléphone avec Carter, il n'avait plus dit un mot.

- Oui. Répondit-il en essuyant ses larmes.

- Bon sang Ryan... je... si tu as trop mal, nous devrions aller à l'hôpital et...

- Non... je vais mieux grâce à toi.

- Alors que se passe-t-il ?

- C'est... personnel. Je... Angélique et moi... c'est tellement compliqué. Je suis désolé. Décidait-il de reprendre la lecture du dossier d'autopsie.

Éric s'installait sur l'un des fauteuils en soupirant. Évidemment, tout tournait autour de la jeune femme.

- Comment comptes-tu sérieusement résoudre cette enquête, si tu n'arrives même plus à exprimer à voix haute le fond de tes pensées ? Finissait-il par lui dire en toute franchise.

- Tout est compliqué. Juliette De-la-Tour semblait connaitre le tueur. Tueur qui tuait ici, à moins d'un kilomètre et voilà, que j'ai la certitude que ce meurtrier est l'inconnu du lac. Maintenant on apprend que Maurice Dugrand serait mêlé à cette histoire. Et c'est sans compter, que le traqueur suit Angélique depuis des mois. Essayait d'expliquer Ryan.

- Ok...

- Maintenant, il y a encore plus de question sans réponse. De secrets, ainsi que de mensonges, mais je n'en comprends pas le but. Expliquait-il, en venant s'assoir sur le canapé.

- Tu te focalise trop sur le pourquoi. Pourquoi ceci ou pourquoi cela. L'enquête est là. Montrait-il la pièce, qui était recouverte de documents et de photos.

- Mais sans ce pourquoi... je ne pourrais pas...

- Ryan. Je te rappelle que je suis détective et un ancien flic. Arrête de te focaliser sur... sur Angélique Delmare et...

- Et quoi ? S'énervait-il. Bon sang. Elle court un grave danger et...

- Vraiment ? Tu es vraiment sûr de cela ? Je ne pense pas qu'elle soit en danger... enfin pas dans ce sens-là.

- Mais... quoi ?

- Soyons logique. Pragmatique. Oublions ces histoires de famille. Que sais-tu ? Je veux dire avec certitude.

- Le tueur de Thonon est mort.

- Bien. Note. Ordonnait-il, en montrant une feuille vierge. Ensuite ?

- Le copycat, le traqueur, fait partie de la famille proche du tueur de Thonon. Notait-il, en décidant de ne pas l'énerver davantage.

- Les éléments maintenant. Restons pragmatique. Nous avons tous les dossiers d'enquêtes, les autopsies, les détails. Tu as fait leur profil, ainsi que le profil des séries de meurtres. Sur ce point, sommes-nous claires ?

- Oui.

- Parfait. Qui t'as demandé de venir en France ?

- Le commissaire Louis Delmare.

- Pourquoi ?

- Pour résoudre une enquête non élucidée et aussi car sa fille, enquêtait en solo sur l'affaire.

- Première impression en voyant les photos des scènes de crime ?

- Criminel psychotique et inorganisé. Ses crimes sont spontanés. Solitude.

- Et pour les meurtres plus récents ?

- Criminel psychopathe et organisé. Ses crimes sont planifiés. Narcissique.

- Première impression lors de cette conclusion.

- Il sait. Il connait le tueur de Thonon. Il connait les liens de chacun. Affirmait Ryan.

- Bien. À quel moment Angélique Delmare a-t-elle était en danger ? Finissait par demander le mentor.

- Euh... Éric... je...

- RYAN. Logique et pragmatique. Lui ordonnait-il durement.

Le jeune homme se levait et serrait les poings. Il avait l'impression d'avoir subi un interrogatoire, pourtant son mentor avait raison et d'ailleurs c'était totalement logique et pragmatique.

- Elle ne sera en danger... que si elle... se refuse à lui. Admettait-il du bout des lèvres.

- Bien. Et je vais ajouter que dans l'immédiat la seule personne en danger, est l'être le plus têtu de cette pièce. TOI. Grondait Éric. Tu es Profiler, Ryan. Tu es ici pour résoudre cette putain d'enquête. Je ne te dis pas de ne pas aimer cette jeune femme, loin de là, mais bordel, si tu ne fais pas preuve de plus de sang-froid, tu vas tout perdre. Pire... elle risque de se faire tuer et toi aussi.

Ryan se tournait et pouvait ressentir les ondes de colère et de rage qui émanait de son ami. Il baissait les yeux et essayait de reprendre le control de son esprit. Il avait entièrement raison et sur tous les points.

- Bien. Pourquoi Angélique enquête-t-elle sur cette affaire ? Finissait par demander Éric, après plusieurs minutes de silence.

- Juliette De-la-Tours, sa tante... a écrit les noms des deux premières victimes dans son journal intime. Montrait-il le livre, qui était poser sur la table du salon.

- Euh... Attend... qui...

- Juliette De-la-Tours. Répétait le jeune homme, en fronçant les sourcils.

Il vit son mentor devenir blanc comme un linge, déglutir avec peine et se reprendre aussitôt.

- Elle... connaissait les victimes ?

- D'après ce que j'ai compris, Lucie Gauthier était l'une de ces amies et également l'ex de Maurice Dugrand. Angélique à la certitude et je la rejoins sur ce point, que sa tante savait qui était le tueur de Thonon.

Éric soupirait longuement et fit de son mieux pour ne rien laisser paraitre, mais Ryan voyait bien que quelque chose clochait. Il y avait encore quelques secondes, son mentor était fou de colère et là, c'était comme s'il venait brusquement de perdre pied.

- C'est troublant...

- Quoi donc ?

- Maurice Dugrand qui falsifie le rapport de celui... qui a probablement tué son ex petite amie, Lucie Gauthier.

Le jeune homme soupirait. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle. C'était effectivement troublant, mais Dugrand n'avait eu aucun moyen de le savoir à l'époque, enfin à première vue.

- Bien. Reprit Éric. Et à ton avis, quel est le dessein du traqueur ?

- Cela reste... ambigüe... complexe. Je suis... j'ai la certitude que les trois derniers meurtres ne sont pas les seuls, qu'il aille commit.

- Pourquoi ?

- La maitrise. Je sais... je sais que c'est monstrueux, mais on dirait... on dirait, qu'il créer des œuvres et il en maitrise les moindres détails. Expliquait le Profiler.

- Des œuvres ? Genre de l'art ? S'interrogeait Éric, à voix haute.

- Que sais-tu de la nécrophilie ?

- Que je n'ai pas envie de le savoir. Clarifiait le mentor.

C'était déjà assez immonde de commettre un viol, sans encore l'imaginer le faire avec un cadavre. Certains êtres ne méritaient pas vraiment de vivre sur terre, mais Éric n'était pas là pour les juger. Plutôt pour les faire condamner.

- C'est l'une des nombreuses paraphilies non spécifiées et également l'une des plus complexe, car il y a eu peu de thèse, d'opinion ou même de théorie sur ce sujet. L'imaginaire à fait le reste. Musique, cinéma. Littérature... par exemple les vampires. Quoi de plus romantique, qu'une simple mortelle qui tombe amoureuse d'un vampire. Pourtant... c'est de la nécrophilie. Le corps de cet être... est mort. Il n'y a plus aucune forme de vie à l'intérieur. Expliquait Ryan.

- C'est sûr que... que vu sous cet angle... c'est beaucoup moins... romantique. Mais pour cet homme, c'est quoi ?

- La puissance.

- Pardon ?

- La toute-puissance de la vie elle-même. Le contrôle absolu. Le mort ne dit pas non. Il ne part pas. Ne s'enfuit pas. Ne juge pas. Il reste. À jamais.

- Mais c'est...

- Monstrueux. Immonde. Irrationnelle et surtout irréaliste, puisque le corps se détériore et qu'il ne reste plus que les os. Pourtant, on ne peut pas enlever cette forme... d'amour. D'appartenance.

- C'est purement terrifiant. Disait Éric, en se rasseyant dans le fauteuil. Je... je préfère te laisser... enfin approfondir cette partie de sa personnalité.

- C'est toi qui viens de me dire, d'exprimer à voix haute, le fond de mes pensées. Souriait soudain le jeune homme.

- Tu retournes mes paroles contre moi ? Au moins... tu vas mieux. Souriait Éric, à son tour.

- Oui... grâce à toi.

- Puis je le lire ? Demandait le mentor, après quelques instants, en montrant le journal.

Ryan se tournait vers lui, sans trop savoir quoi répondre. Ce journal ne lui appartenait pas et à part sur la fin, il n'était pas pertinent pour l'enquête.

- Il... il ne fait pas vraiment partie de l'enquête.

- Oh. Je comprends.

Mais le jeune homme se souvenait que son mentor avait lu la bible et tous les classiques de la littérature, peut être pourrait-il lui aussi donner son avis, sur la fin du journal.

- Tu... il y a quelques références à la bible... enfin, il me semble. Tu pourrais mieux le comprendre que moi. Expliquait-il en retournant à sa lecture.

Grâce à son interrogatoire, Ryan avait vu les choses avec moins de confusion et avait décider de mieux comprendre le copycat, car il venait de trouver sa signature. Le viol post mortem.

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