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Comme prévu, Éric était parti pour rencontrer le médecin légiste, qui avait été chargé de faire l'autopsie de l'inconnu du lac. L'homme en question vivait au Bouveret, une ville de Suisse, tout près de la frontière française, au bord du Lac Léman.
Le mentor mettait un moment à trouver son adresse. Décidément, New York était bien moins compliqué. L'ancien légiste vivait dans une zone privée, nommée la petite Camargue, où se trouvait un petit lac artificiel, à la sortie de la ville. La maison qui était mitoyenne paraissait petite de l'extérieur, mais donnait sur un terrain, qui bordait le lac.
Le mentor marquait un temps d'arrêt avant de sonner, car il ne savait pas sur qui, il allait tomber, ni même s'il serait seul.
Jean-Pierre Bovet, 62 ans, légèrement dégarni, un peu rondouillet, le visage avenant et sympathique lui ouvrait la porte, après quelques secondes.
- Bonjour. Que puis-je pour vous ? Demandait-il avec un fort accent valaisan.
Éric dut se concentrer, pour bien comprendre ce que cet homme lui disait.
- Bonjour. Je suis un ami de Maurice Dugrand. Mentit-il. J'aimerais vous parler un instant, si vous le permettez.
- Et bien écoutez, je ne fais plus partie de la police et...
- Maurice nous a quitté. Annonça-t-il sans sourciller.
Ici en Europe, il n'était pas ancien policier ou détective., il n'était qu'un simple touriste, alors autant ne pas y aller par 4 chemins.
- Mon dieu. C'est terrible. Heu mais entrez. L'invitait-il alors.
- Merci.
Jean-Pierre lui proposait de s'installer dans son bureau, pour se faire, ils devaient traverser la maison, ce qui indiquait à Éric, que l'ancien légiste était seul.
- Ma femme est en vacances avec nos enfants. L'informa-t-il soudain. Je peux vous proposez un café ou autre chose ? Proposa-t-il, pour détendre l'atmosphère.
L'ancien légiste était un peu sous le choc et ne savait pas trop quoi faire.
- Non merci. Refusait Éric, en s'installant sur l'une des chaises.
- Mon dieu. Pauvre Maurice. Sa femme et son fils doivent être dévasté.
Cette phrase informait le mentor, sur la situation des deux hommes. Ils ne s'étaient pas revus depuis plusieurs années ou du moins, pas au point de parler de leur vie privée.
- Vous vous connaissiez depuis longtemps ? Demandait-il.
- Eh bien... depuis 30 ans. Mais je n'avais plus de nouvelles de lui depuis 15 ans. J'ai quitté la médecine légale et la police, lorsque j'ai rencontré ma femme. Je suis venu vivre ici et je suis dentiste maintenant. Comment avez-vous dit que vous vous appeliez déjà ? Osait-il enfin demander.
Cet homme avait dit être un ami de Maurice, mais il avait accent anglais très prononcé et à son allure, Jean-Pierre comprit, qu'il n'était pas de la région. Ce qui accentuait sa curiosité. Dans quoi s'était foutu son ancien collègue ?
- Je ne vous l'ai pas dit. Je me nomme Éric Livingston. Je suis détective et ancien policier aux USA.
- Oh. Heu waw. S'étonnait l'ancien légiste. Et vous connaissiez Maurice... depuis longtemps ?
Il n'avait jamais rencontré de policier américain et c'était plutôt impressionnant, surtout que l'homme qui se trouvait devant lui, à y regarder de plus près, ressemblait presque un soldat. Cheveux noir et court. Grisonnant sur les côtés. Yeux bleus gris perçant. Cicatrice à l'arcade gauche. Grand. Sportif et qui imposait étrangement sa présence.
- Non. En réalité... je ne l'ai jamais rencontré. Assurait le mentor.
- Je vous demande pardon ? S'étonnait Jean-Pierre.
Depuis quand Maurice était-il décédé ? C'était quoi encore cette histoire et que voulait ce type, pour finir. Il ne se sentait plus du tout à l'aise et ne comprenait plus rien.
- J'ai quelques questions à vous poser, au sujet d'une vieille affaire. Expliquait lentement Éric, qui sentait la nervosité soudain, de l'ancien légiste.
L'homme avait semble-t-il quelque chose à se reprocher et il allait en profiter.
- Ecoutez, je... je ne sais rien et je ne comprends pas, ce que vous voulez. Veuillez... sortir de chez moi. Exigea-t-il soudain, en se levant.
Mais le mentor s'appuyait sur son siège et ne bougeait pas d'un pouce. Plus les secondes passaient et plus les réactions de cet homme lui semblait suspecte.
- L'inconnu de Lac. Plongeait-il dans le regard de Jean Pierre.
Ce dernier baissait les yeux. Sa respiration s'accélérait et des gouttes de transpiration apparurent soudain sur son front.
- Je... je ne sais pas de... de quoi vous parlez. Bafouillait l'ancien légiste en regardant son téléphone.
Devait-il appeler la police ? Cet homme lui faisait froid dans le dos. Il se demandait alors, comment était décéder Maurice et qui était vraiment ce type.
- Je vous parles du faux dossier d'autopsie, que vous avez rédiger au sujet de l'inconnu du Lac, en novembre 1986. Clarifiait Éric.
Sa voix ne laissait aucune place à la discussion. L'ancien légiste sentait son échine dorsale frissonner. Mais qu'avait raconter Maurice Dugrand ? Que c'était-il passé ?
- Vous... vous êtes qui ? Maurice... que lui est-il arrivé ? Demandait-il en essayant de soutenir le regard du mentor.
Son cœur battait la chamade et il ne pouvait s'empêcher de jeter un œil à son téléphone, en se demandant s'il aurait le temps d'appeler à l'aide.
- Je ne suis pas... celui qui a tué monsieur Dugrand, mais si vous me donnez le vrai dossier d'autopsie, nous pourrons arrêter cet homme. Bluffait-il, en partie.
- Vous êtes dingue ? Mais de quoi vous parler ? Je vais appeler mes anciens collègues et...
Éric se levait brusquement, frappait des deux mains sur le bureau et se penchait vers lui.
- Un malade tue tous ceux qui ont un lien avec ce putain de dossier. Que croyez-vous qu'il vous fera à vous... ou votre famille, alors qu'il a froidement assassiné un ancien policer à quelques kilomètres d'ici. Donnez-moi ce document. Exigeait-il, sans le quitter du regard.
- Puis-je... me... me lever ? Là. Montra-t-il, une armoire métallique, fermée à clé. Dans mes dossiers. Je... j'ai gardé... une copie du... du vrai rapport.
Éric lui fit signe de la tête de se lever et il s'exécutait en tremblant comme une feuille. Il ouvrit son armoire et fouillait, avant de le sortir. Il le posait sur le bureau et se rasseyait, le cœur battant à tout rompre.
- Je ne sais rien... je ne suis pas au courant pour ce... pour le tueur. C'est... Maurice qui m'a obligé à le faire. J'étais nouveau à l'époque. C'était l'une de mes premières autopsies. Il savait que... que j'avais des dettes de jeu. Il m'a dit de lui donner le vrai rapport d'autopsie et d'en faire un autre. Avoua-t-il, en espérant qu'Éric parte au plus vite et sans lui faire de mal.
- Et celui-là ? Demandait le mentor en parlant du rapport, qu'il avait entre les mains.
- J'ai fait une copie dans le cas où... où un jour Maurice briserait sa parole. Avoua Jean-Pierre, en tremblant de plus belle.
- Donc, il n'y a que deux copies ? Voulu s'assurer le mentor.
- Oui. Mais je ne sais pas si... si Maurice en avait fait d'autre. S'empressait d'ajouter, l'ancien légiste.
Éric était un peu sous le choc, mais il ne laissait rien paraître. Décidément, Ryan avait raison, cette enquête était bien plus complexe, qu'il n'y paraissait.
- Qui est l'inconnu du lac ? Et savez-vous pourquoi Maurice vous à demander de falsifier un tel rapport ?
- Le... l'homme n'avait aucun effet personnel. Mais il... il avait une plaque chirurgicale. J'ai noté le numéro dans ce rapport. Pour Maurice... je... j'ai juste... il avait reçu un coup de téléphone, à l'époque. Il s'était énervé, jurant par tous les dieux, que ce serait la seule et unique fois, qu'il ferait une chose pareille et que désormais leur amitié était terminée. Je n'en sais pas plus. Assurait Jean-Pierre en essayant de retrouver son calme.
- Bon sang, cette affaire aurait pu être résolue, il y a des années. Pourquoi demander à ce type, de falsifier ce rapport ? Pensait Éric.
Ça n'avait aucun sens, surtout qu'avec la plaque, ils auraient pu l'identifier et si l'intuition de Ryan était juste, ils auraient fini par faire des comparaisons ADN et auraient pu établir ou non, si cet inconnu était bien le tueur de Thonon.
- Je dois prendre ce dossier. Disait soudain le mentor, en se levant. Et au passage, je vous conseille de faire très attention à vous. Lui conseilla-t-il très sérieusement.
- Quoi ? Mais pourquoi, je n'ai rien fait. Je ne sais rien. Se défendit Jean-Pierre, prit de panique.
- Vous en êtes sur ? Je vous l'ai dit... ce tueur en a après ceux qui tourne autour de ce dossier. Vous comprenez qu'à un moment ou à un autre, il finira par venir vous voir et je doute qu'il souhaite s'expliquer gentiment avec vous. Tranchait durement Éric.
C'était d'ailleurs étrange, que le tueur ne l'aille pas déjà tuer. Il aurait pourtant pu faire office de premier meurtre, mais rien ne semblait être aussi simple dans cette affaire.
- Je... je ne sais rien. Répétait Jean-Pierre Bovet, en plongeant sa tête entre ses mains.
- Vous êtes prévenu. Assurez votre sécurité et celle de votre famille. Bonne fin de journée. L'intimait-il, de faire très attention.
Le mentor sortait de la maison et regagnait tranquillement sa voiture. Il entrait dans le véhicule et ouvrit le dossier. Il cherchait le numéro de la plaque et soupirait en se rendant compte, que l'ancien légiste ne lui avait pas mentit. Ils allaient enfin pouvoir mettre un nom, sur le tueur présumé de Thonon.
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