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Magalie était dévastée. Elle avait tellement pleuré, que plus aucunes larmes ne sortaient de ses yeux rougit par la souffrance. Angélique l'avait à peine reconnue, lorsqu'elle lui avait ouvert la porte et la culpabilité avait failli la submerger.
- Je... je l'ai disputé. Avouait Magalie, en sanglotant.
La jeune femme s'approchait et la serrait dans ses bras. Doucement et pendant de longues minutes, elle lui frottait le dos. La voir souffrir ainsi était insupportable. Magalie se levait soudain. Elle partit dans une petite pièce, avant de revenir avec un dossier.
- Il... Maurice a été... avait été troubler par votre venue. En bien. Assurait-elle. Il culpabilise beaucoup envers Lucie... il... elle avait été sa première petite amie. Ils s'étaient quittés quelques mois avant... avant qu'elle ne soit tuée.
Elle inspirait profondément et buvait une longue gorgée de thé, avant de continuer.
- Il a sorti des documents sur les tueurs en série, le profilage et il avait même reprit les notes de ses cours de criminologie. Posait-elle sa main sur le dossier.
Magalie expliquait alors à Angélique, son coup de téléphone avec le journaliste Bâlois. La découverte de charniers. Lörrach. Le village d'Hofen et madame Müller, ainsi que son rendez-vous avec Sophie, la fille, qui vivait à Bellefontaine. L'inquiétude grandissante de Maurice pour son ami de toujours, Charles Durieux.
- Il voulait attendre d'avoir assez de preuve pour tout donner à votre père. Finissait-elle d'expliquer. Mais... mais il a découvert quelque chose de... monstrueux. Insistait-elle, sur ce mot. Il m'a parlé d'une jeune fille et d'un jeune homme. Il... il m'a dit, qu'elle avait découvert, qu'il était vraiment.
Angélique en avait des frissons dans le dos. Elle faisait de son mieux pour ne rien laisser paraitre, mais elle commençait à comprendre l'ampleur, de ce qu'avait vraiment découvert Maurice Dugrand. Amalia, la fille de Sophie Müller, avait donc découvert qui était vraiment l'homme, d'ont elle était tombée amoureuse.
La mère de famille avait peut-être raison, lorsqu'elle avait insisté pour dire ,qu'elle ne voyait pas son frère commettre une telle atrocité. Même s'il avait fait bien pire. La jeune femme réalisait alors. Si Friedrich Auer était le fils du tueur de Thonon et l'auteur des charniers, il était celui qui avait tué Amalia, qui était aussi la fille du tueur de Thonon.
- Monstrueux. Pensait-elle, en se rappelant ce que venait de dire Magalie.
Elle dut déglutir en comprenant le sous-entendu qu'avait fait Maurice, à l'attention de sa compagne. Sous le choc, de ce qui semblait évident, elle prit sa tasse de thé et la buvait d'un coup, avant d'oser prendre la parole.
- Magalie... je... je suis vraiment désolée. Si... si je n'avais pas contacté...
- Allons.... Pas de sornettes. Maurice a toujours enquêté sur cette affaire. Chaque été, il ressortait les dossiers, les photos de ses amis... les copains de Thonon. Vous... tu n'y es pour rien. Concluait-elle, en plongeant dans son regard. Tu as ouvert la boite de Pandore, Angélique et si un jour ce... monstre est arrêté, ce sera autant grâce à toi, qu'à Maurice. Affirma-t-elle fièrement, les larmes aux yeux.
- Merci.
- Ne... Maurice a été ronger tout sa vie par la culpabilité de ne pas avoir rattraper Lucie, ce soir-là. Ne commettons pas la même erreur.
La porte de la maison s'ouvrit brusquement et les deux femmes sursautèrent. Claire, l'ex-femme de Maurice apparu les yeux rougis, suivit de Jacques leur fils, qui lui caressait les épaules, en lui promettant que tout irait bien.
- Mon dieu. Disait Magalie, en s'approchant d'eux. Claire...
L'ex-femme de Maurice s'excusait et montait dans la chambre d'ami en pleurant.
- Grand-mère Yvonne... a très mal prit... la nouvelle. Expliquait Jacques, encore sous le coup de l'émotion.
Magalie le prenait affectueusement dans ses bras et il la serrait contre lui. Son père avait été son monde. Son héros. Ils s'étaient souvent disputés et avait été rarement d'accord, mais il avait été l'être le plus important de sa vie, tout comme sa mère et le perdre dans de telle circonstance amplifiait la douleur.
- Oh... euh bonjour. Disait ce dernier, en s'apercevant de la présence, de la journaliste.
- Oui, Jacques... je te présente Angélique Delmare. Angélique, voici Jacques Dugrand, le fils de... de Maurice. Les présentait Magalie, en essayant de ne pas se remettre à pleurer.
- Enchantée. Toutes mes condoléances pour votre père. Assurait la jeune femme.
- Angélique ? La fille de... de Louis et Ludivine ? Demandait-il, surprit de la rencontrer dans la maison de son père et de sa belle-mère.
- Euh oui... enfin ma mère...
- Je sais. Désolé. On se connait. Nos... nos pères étaient amis par le passé. Expliquait-il, avec un petit sourire.
- Jacques, je vais aller voir ta mère. Angélique, je reviens. Précisait Magalie, avant de partir en direction de la chambre d'amis.
- Oui. Je vous attends. Assurait la journaliste.
Jacques dévisageait la jeune femme, sous le choc de la revoir dans de telles circonstances. Elle avait bien changé, mais son regard curieux et bleu or, lui n'avait pas changer d'un poil.
- Alors, tu... tu es venu pour... Ton père va aussi venir ? Et Henri ? Finissait-il par demander à la jeune femme, qui semblait gênée.
- Oh... vous... vous connaissez Henri ? S'étonnait-elle.
- Oui, je connais toute la bande. Charles, Henri, ton père, ma mère... forcément, ainsi que mon père. J'ai aussi connu ta mère. Mon père me parle... me parlait souvent des copains de Thonon et ton père est mon parrain. Gamins, on a passé nos étés ensemble. Enfin jusque... jusqu'au décès de ta maman. C'est dingue.... De te retrouver. Affirma-t-il.
Angélique était troublée, car elle n'avait pas le moindre souvenir de son enfance et encore moins d'avoir partagé ses vacances avec lui. Mais ce qui la perturbait le plus, c'était qu'elle n'avait jamais entendu parler de lui, ni de Maurice. Ni son père, ni Henri n'en avait jamais fait mention.
- Je suis désolée... mais je ne me souviens pas...
- Oh je comprends... tu devais avoir 6 ans, à l'époque et j'ai 6 ans de plus que toi, alors forcément mes souvenirs sont plus précis. Tu es... tu es devenue journaliste ?
- Oui...
- J'en étais sur... gamine tu t'installais dans la cabane du grand chêne et tu prenais un calpin et un crayon, tu... tu gribouillais pendant des heures et quand, je te demandais ce que tu faisais, tu me répondais que tu écrivais la vie. Souriait-il, à ce souvenir. Tu avais un sacré caractère à l'époque.
- Oh... ben c'est toujours le cas. Murmurait-elle, en baissant les yeux.
- Je n'en doute pas. Tu connais bien mon père ? Parce qu'il ne m'a pas reparler de toi, depuis un moment.
Le cœur d'Angélique se serrait soudain. Elle inspirait profondément en essayant de prendre son courage à deux mains.
- Angélique est la journaliste d'investigation qui travaille... travaillait avec ton père. Expliquait soudain Magalie, qui revenait vers eux. Je vais refaire du thé. Ajouta-t-elle en se dirigeant vers la cuisine.
- Je vois. Le tueur de Thonon ?
- Oui... monsieur Dugrand, je... je suis sincèrement désolée...
- Jacques... tu peux m'appeler Jacques et... et ce qui compte... c'est que quelqu'un arrête ce malade. Jetait-il un coup d'œil à Magalie.
La jeune femme reconnu le regard de Maurice. Sa douceur, sa gentillesse, mais également sa fermeté dans le regard de Jacques. Il était un peu plus grand que son père et beaucoup plus imposant. Il prenait soin de lui et elle pouvait deviner, qu'il faisait toujours partie de l'armée. Les cheveux courts. La posture solide et ferme. La tête haute. Rasé de près. Impeccable, malgré les circonstances tragiques. Mais comme pour son père, elle décelait de la fragilité, ainsi que le sens de l'honneur et de la famille. Elle baissait une fois de plus le regard, consciente que ce qu'ils étaient en train de vivre était entièrement sa faute.
- Angélique Delmare. Répétait Jacques, une fois que la jeune femme fut partie, en fin d'après-midi.
Le crépuscule venait de faire éclater le ciel. Le lac était agité par le Joran. Les nuages venant du Jura s'assombrissaient de seconde en seconde. Une tempête approchait.
- Bon sang... c'est vraiment plus une gamine. Pensait-il.
A vrai dire et malgré les circonstances, il était heureux de l'avoir retrouvée. Angélique lui en avait fait voir de tous les couleurs, lorsqu'ils étaient gamins. N'hésitant pas à le remettre à sa place, voir même à le frapper lorsqu'ils se fâchaient. Mais avant tout, elle avait été son premier amour. Amour platonique et de toute évidence à sens unique, car elle ne semblait pas se souvenir de lui. Jacques souriait à cette idée. Elle était devenue encore plus sauvage et mystérieuse, ce qui rajoutait à son charme et sa beauté, à couper le souffle. Magalie venait à ses côtés et ils regardèrent le ciel en soupirant longuement.
- Il doit... Je suis là. Assura-t-il soudain. Pour maman et aussi pour toi.
- Je sais. Tu n'es pas le fils de Maurice pour rien... moi aussi je serais toujours là.
- Il me manque. Il me manque tellement.
- Moi aussi. Le monde est devenu si sombre brusquement.
Jacques se tournait vers elle et la serrait tendrement dans ses bras. Elle se blottissait contre lui et se laissait aller avec le sentiment que sa souffrance, n'aurait jamais de fin.
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