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Ryan garait la voiture et regardait autour de lui. Il s'était trompé de route, après avoir perdu de vue la jeune femme et avait eu de la peine a retrouvé la maison. Il sortait du véhicule en regardant autour de lui. La moto d'Angélique n'était pas sous le couvert et l'espace d'un instant, il s'imaginait qu'elle était retournée sans lui à Paris. Il faisait le tour de la maison de vacances et tout semblait calme et éteint. Il serrait les poings, en maudissant la jeune femme, lorsqu'il entendait soudain la moto en contre bas. Il revenait vers la voiture et s'appuyait contre.
Angélique garait sa moto sous le couvert, elle sortait les clés de la maison et tendait les deux cartons de pizzas à Ryan, qui surprit s'avançait vers elle.
Malgré leur colère, ils devaient manger et comme elle n'avait rien chez elle, elle s'était arrêtée dans une pizzeria. Elle enlevait son casque, ouvrait la porte et l'invitait à entrer. Le Profiler se dirigeait vers la cuisine et posait les deux pizzas sur la table. Après quelques secondes, la jeune femme allumait et s'installait pour manger.
Ryan inspirait profondément, il devait essayer de retrouver son calme. Il lui fallait un instant pour reprendre ses esprits. S'il parlait maintenant à la jeune femme, ça allait très mal se terminer. Il entreprit de vérifier tous les volets du rez-de-chaussée et s'assurait au passage que la maison était vide. L'espace d'un instant, il se demandait si une arme ne lui serait pas nécessaire pour leur protection, mais décidait qu'en cas de besoin, il pourrait prendre l'un des couteaux de la cuisine.
La jeune femme le regardait faire, en mangeant tranquillement sa pizza. À plusieurs reprises, elle levait les yeux au plafond en se demandant ce qu'il était en train de faire et pourquoi, il ne venait pas manger.
Ryan allumait le salon et soupirait un grand coup. Il fallait vraiment, qu'il se calme. À cause de son départ précipiter, il n'avait pas pris son traitement. Il était resté assis dans la voiture pendant plusieurs heures et la douleur devenait de plus en plus insoutenable. Il faisait encore quelques pas en essayant de trouver une solution. Peut-être pouvait-il lui demander si elle avait des anti-douleurs, mais l'idée de lui parler, lui semblait soudain insurmontable.
Le salon de la maison de vacances d'Angélique était sa pièce préférée. Il la trouvait masculine, avec quelques touches féminines. Elle était remplie de livres et d'ouvrages, en tout genre. De gravures et de peintures de roses. Deux fauteuils et un large canapé en cuir finissait le déco et cette odeur l'apaisait.
Il fermait les yeux et son esprit se calmait. Ça lui rappelait, quand il allait rendre visite à Eugene Scott, un vieil ami d'Éric. Eugene vivait sur une île privée, au large de Boothbay Harbor dans le Maine et il avait un bureau, qui ressemblait à cette pièce. Il s'installait dans un des fauteuils et respirait lentement.
- Je vais monter me doucher et dormir. Vous pouvez dormir dans la même chambre, que la dernière fois. Je... je vais y mettre des vêtements propres de... de mon père. Expliqua-t-elle soudain.
Le son de sa voix eut un drôle d'impact sur le Profiler. Il se rendait soudain compte, qu'il ne pourrait plus retrouver son calme. Que ce qui allait arriver à partir de maintenant, serait hors de son control.
- Bonne nuit. Tranchait soudain la jeune femme, devant son silence.
Fatiguée, Angélique montait les escaliers, entrait dans sa chambre, se déshabillait et prenait une douche bien chaude. Elle obligeait son esprit à ne plus penser. Elle avait la tête en feu et son corps était douloureux, tellement elle était tendue.
Une fois sa douche finie, elle passait une serviette autour d'elle et sortait de la salle de bain, en séchant ses cheveux. Son cœur cessait de battre, lorsqu'elle se retrouvait nez à nez avec Ryan. Ce dernier était assis sur son lit et la scrutait avec une telle intensité, qu'elle dut resserrer sa serviette autour d'elle. Elle avait soudain l'impression, d'être complètement nue devant lui.
- Aime-tu Fred ? Lui demanda-t-il de but en blanc, sans la quitter du regard.
Angélique fut choquée par sa question. Qu'est-ce que Fred venait faire dans cette histoire ? Et pourquoi était-il dans sa chambre.
- Je... je suis vraiment crevée. Répondit-elle, en frissonnant.
Il fallait vraiment qu'elle trouve une solution pour rester seule, plus le temps passait et plus elle peinait à contrôler ses émotions.
- J'aimerais que tu me répondes, s'il te plait. Demanda-t-il, le visage fermé.
- Ça... cela ne... ne vous regarde pas. J'aimerais me coucher. Expliqua-t-elle, le cœur frappant à tout rompre.
C'était vraiment n'importe quoi. Il s'était imposé dans sa vie, dans son enquête. Il l'avait suivie jusque chez Sophie Müller et sur la scène de crime, tout cela pour lui poser cette question. Elle ne comprenait plus rien et elle ne savait plus où elle en était. Pour l'instant, elle voulait juste dormir. Seule.
Ryan se levait soudain, avec la sensation de n'avoir aucune autre issue. Il ne pouvait pas continuer ainsi. Ce n'était pas lui et il refusait de la savoir en danger. Il ne pouvait pas le supporter. Cette femme était trop insaisissable pour lui et il refusait de souffrir davantage.
- Demain matin, je rentrerais à Paris. Lâcha-t-il, en passant la porte.
- Ok. Lui répondit-elle, soulagée.
Du moment où elle pouvait être seule, il pouvait faire ce qu'il voulait. Ryan secouait la tête, il était vain de croire, qu'elle allait le retenir. Peut-être aimait-elle vraiment ce type. Peut-être avait-il laissé son imagination, ses envies, aller beaucoup trop loin. Il était temps pour lui de mettre un terme à cette histoire.
- Ensuite, je rentrerais à New York. Éric, un ami, vous aidera à retrouver le tueur. Après... tu n'entendras plus jamais parler de moi. Trancha-t-il, en fermant la porte.
Il fermait les yeux, soupirait un grand coup, les rouvrait bien décider, à ne plus jamais penser à elle. Son esprit ne pourrait pas le supporter.
Angélique restait un long moment sans bouger. Sans comprendre. Que venait-il de se passer au juste ? La jeune femme s'asseyait là, où elle avait trouvé Ryan. Pour le coup, elle était complètement perdue. Certes, qu'il rentre à Paris était un soulagement. Mais pourquoi voulait-il soudain repartir pour New York ?
- Bon sang. Pensa-t-elle. Vivement que ce putain de cauchemar s'arrête.
La jeune femme finissait de se sécher, enfilait sa tenue d'intérieur et rangeait ses serviettes de bains. En revenant de la salle de bain, elle remarquait quelque chose au pied du lit. Elle se penchait et le ramassait. Il s'agissait d'une photo pliée en deux.
Dessus, se trouvait une famille qui respirait le bonheur et la joie de vivre. Un homme dans la quarantaine, le regard pétillant d'amour, une femme au regard brun qui souriait timidement et un petit garçon avec un air malicieux. Elle retournait la photo et son cœur se mit à battre la chamade.
- Bon sang. Murmura-t-elle.
Angélique se levait et descendait les escaliers. Il valait mieux qu'elle lui rente la photo, avant qu'il ne parte.
- Tu ne comprends pas, Éric. Disait Ryan, en anglais. Je ne peux pas. Je... je laisse tomber.
La jeune femme s'arrêtait dans l'embrassure de la porte, avec dans sa main, la photo.
- Non. Je rendre. Je te demande juste, de t'occuper de cette affaire. Ajouta-t-il, en tremblant.
Pourquoi son ami ne pouvait-il pas simplement comprendre que c'était au-dessus de ses forces. La jeune femme si connaissait assez en anglais pour comprendre ce que disait Ryan. Il semblait vraiment décider à partir. Après tout, c'était sans doute mieux ainsi.
- S'il te plait Éric. Peux-tu rester oui ou non ? Trancha-t-il durement. Ok. On se voit demain. Merci. Bonne nuit. Ajouta-t-il, après un petit silence.
Il éteignait son téléphone et s'appuyait contre l'une des bibliothèques. C'était mieux ainsi. Il fallait que ce soit mieux ainsi. Il rangeait son portable et se retournait, pour s'apercevoir, qu'Angélique se tenait là, dans l'embrassure de la porte.
Elle s'avançait et posait la photo de ses parents sur la table du salon. Il la prenait à son tour et la remit correctement dans sa poche arrière. Elle avait surement dû tomber quand il était dans sa chambre. Décidément, elle commençait à en savoir un peu trop sur lui. Alors qu'il suppliait son esprit de ne pas l'analyser, il ne put s'empêcher de la trouver incroyablement sexy. Il dut serrer les poings. Dans quelques heures, il serait loin d'ici. Loin d'elle et il reprendrait enfin une vie normale.
Devant le silence de Ryan, Angélique tournait les talons et il faillit définitivement se perdre.
- L'aime-tu ? Ne pouvait-il s'empêcher, de lui redemander.
Il était bien plus facile de penser ou d'espérer avoir la force de s'éloigner d'elle, que de le faire vraiment. La jeune femme se retournait, exaspérée par sa question et sans comprendre pourquoi elle était soudain en colère.
- Comme vous repartez à New York, cela ne vous regarde plus. Et au passage, cela ne vous a jamais regardé. Repartez à votre petite vie parfaite et fichez-moi la paix. Martela-t-elle durement.
Elle se tournait, pour repartir dans sa chambre et l'instant d'après, elle se retrouvait plaquée contre le mur du salon. Le corps de Ryan faisant barrage, en s'appuyant entièrement contre elle. Il lui attrapait violement le visage et plongeait dans son regard.
- Ma jolie petite vie parfaite ? Gronda-t-il, contre son visage. Tu me ramène la photo de mes parents, massacrés par un malade et tu oses me parler de petite vie parfaite ?
Il tremblait de rage. L'adrénaline se déversait dans son être. Son esprit n'analysait plus rien. Il ne voulait plus qu'une seule et unique chose.
La jeune femme essayait de se débattre, de le frapper, mais il ne bougeait pas. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. Ce qu'elle avait redouté, dès qu'elle avait compris qu'il l'avait suivi, était en train d'arrivé.
- Je... je suis...
- Tu es quoi au juste ? Hein. Désolée ? La liste des choses pour lesquelles tu dois être désolée est tellement longue, que tu ne dois même pas savoir par quoi commencer. Hurla-t-il, en s'appuyant davantage contre elle.
- Lâchez-moi. Ordonna-t-elle. Vous... Tu me fais mal.
- Mal ? Parce que tu sais ce que s'est d'avoir mal ? Trancha-t-il, fou furieux.
Cette fois, il n'allait pas la laisser s'en sortir aussi facilement. Il était grand temps, que quelqu'un lui montre enfin, à quoi ressemblait la peur.
- On a mal... que quand on aime. As-tu au moins déjà aimé quelqu'un ? Lui demanda-t-il, le regard noir.
Angélique ne pouvant le gifler ou se défendre, lui crachait soudain au visage. Lui, osait lui parler d'amour. Et avant même qu'elle puisse le réaliser, Ryan l'embrassait avec violence. La maintenant fermement contre lui. Obligeant sa bouche à s'ouvrit davantage, il forçait le passage avec sa langue et la jeune femme le mordait soudain jusqu'au sang. Sous le coup de la douleur, il la lâchait. Surprise, la jeune femme faillit tomber, mais arrivait à se réfugier derrière la table de la salle à manger.
Ryan posait ses doigts sur sa lèvre et les regardait. Il avait le goût du sang dans la bouche. Il était en train de perdre totalement le contrôle. Comme si pendant des jours, des semaines ou des années, il avait enfermé en lui, ce qu'il était et que soudain, il le laissait totalement s'échapper.
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