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La scène de crime était plongée dans les ténèbres. La police et la scientifique avaient laissé une sacrée pagaille. Il y avait des traces de boue et d'empreintes de véhicules partout, sur la petite route. Il restait des bouts de verre et les granulés absorbants pour l'huile de moteur. Il y avait des éraflures sur le tronc d'arbre, qu'avait emboutit la voiture de Maurice, laissant entrevoir la violence du choc. La jeune femme le touchait fébrilement. Plus le temps passait et plus elle se sentait coupable.

Angélique passait sur le bas-côté de la route, suivant le ruban rouge et blanc de la police, qui partait en contre bas. Elle s'obligeait à respirer lentement en les suivant.

La jeune femme entrait dans la forêt, en regardant autour d'elle. Elle ne se sentait pas épiée, mais elle était loin d'être rassurée et son cœur tambourinait dans sa poitrine. Elle remarquait alors une trace de sang, qui avait la forme d'une main sur le tronc d'un arbre. Elle ne put s'empêcher de penser, qu'elle se tenait exactement au même endroit que Maurice. Elle dut retenir ses larmes tant cette idée lui faisait mal. Elle n'arrivait pas réaliser, qu'il n'était plus. Elle ne l'avait rencontré que deux fois et certes, ces rencontres avaient été froide, mais il ne méritait pas de mourir ainsi.

Quelques mètres plus loin, à la lisière d'une clairière, près d'une haie naturelle de buissons, elle faillit soudain s'encoubler sur une racine de sapin. Elle se rattrapait de justesse et se retournait. Elle restait alors un moment sans voix.

Là, au pied d'un arbre, ce trouvait une flaque de sang. La mousse, la terre, les brindilles et les feuilles alentours, montraient que Maurice avait dut être assis à cette place. Elle s'approchait et vit un creux. Comme quand on élevait une pierre de la terre meule. L'ancien policier ne serait surement pas mort sans se battre et cette idée réconfortait un peu, la jeune femme.

Elle se tournait en faisant attention à la racine et entrait dans la clairière. En contre bas, elle vit deux drapeaux, qui avait dut être oublier par la police scientifique. Il devait sans doute s'agir des douilles ou d'autres preuves. Elle descendait et se retrouvait de nouveau à la lisière de la forêt.

Le cœur d'Angélique se fendit brutalement en deux. Sur le tronc qui se trouvait en face d'elle, à sa hauteur, se trouvaient des projections de sang. Elle dut se mettre accroupie, sous l'onde de choc, qui venait de la submerger. La jeune femme fermait les yeux et suppliant intérieurement Maurice et Magalie de lui pardonner. Tout était entièrement sa faute. Le cœur lourd, elle remontait vers sa moto. Perdue dans ses pensées et ses émotions, elle mettait un peu de temps à comprendre qu'une silhouette se trouvait près de son engin, mais elle soupirait longuement en comprenant qu'il s'agissait de Ryan Davis.

Le Profiler avait essayer de retrouver son calme, pendant tout le trajet, jusqu'à Bellefontaine. Il était arrivé peu de temps après Angélique, chez Sophie Müller et l'avait attendue dans sa voiture, soulagé, qu'elle soit du moins pour l'instant en sécurité. Mais elle était repartie en trombe et il avait préféré la suivre, afin de s'assurer de sa sécurité.

Il l'avait regardée descendre en direction de la forêt en se demandant si elle était complètement folle. Il était de plus en plus furieux. Elle était suivie par un traqueur, un tueur et elle ne trouvait rien de mieux que de venir seule, sur sa dernière scène de crime. Il tremblait de rage, lorsqu'il s'approchait de la moto de la jeune femme et qu'elle revenait de sa promenade.

- Venir seule sur une scène de crime et... Bon sang, mais... Putain. S'énervait Ryan, en ne sachant même plus quoi dire.

- C'est bon. Je n'ai aucun compte à vous rendre. Grondait la jeune femme.

Parce qu'en plus, elle se permettait d'être en colère. Le jeune homme serrait les poings et essayait de garder le control de la situation.

- Angélique... qui... qui est Sophie Müller ? Et que fais-tu ici ? Exigeait-il de savoir.

Biga, son amie, lui avait fait parvenir le dossier de cette femme. Elle était mariée depuis 8 ans, avec un biologiste médical de Genève. Ensemble, ils avaient deux garçons de 7 et 5 ans. Ils venaient de déménager à Bellefontaine, dans leur maison de vacances. À priori, Sophie Müller ne semblait pas avoir de lien avec cette affaire, si ce n'est qu'il avait remarqué une certaine similitude entre elle et certaines des victimes du tueur de Thonon. Ce qui pouvait laisser penser, qu'elle était une survivante. Mais ce qui intriguait vraiment Ryan, c'est comment Angélique avait eu connaissance de cette femme. Le tueur lui en avait-il parler ? Ou Maurice ?

- Pourquoi je devrais vous répondre, à moins que vous décidiez une fois de plus de me menacer ?

La jeune femme voulait qu'il parte, qu'il retourne à Paris. Elle avait besoin d'être seule et surtout, il fallait qu'elle enquête sur ce type.

- Je... je veux juste... Le tueur t'a-t-il donné le nom de Sophie Müller ? Demandait-il clairement.

Dans la pénombre, il crut la voir légèrement tressaillir, mais il faisait froid sur cette petite route.

- Parce qu'en plus, vous m'avez suivie ? Demandait-elle, en connaissant déjà la réponse.

- Oui. J'ai aussi demandé à une amie, d'hacker ton ordinateur portable. Avouait-il.

Angélique dut encaisser ses paroles. Elle se demandait si après son départ, il était allé parler à Sophie, mais elle réalisait aussitôt, que s'il était-là, c'était bien parce qu'il l'avait suivie.

- Je vais aller à ma maison de vacances. J'ai besoin d'être seule. Tranchait-elle soudain.

- Non. Nous devons...

- Nous ? Pardon ? Nous rien du tout. Il est plus de 21 heures. Je suis crevée et j'ai froid, alors faites ce que vous voulez, mais moi, je vais chez moi. Disait-elle, en prenant son casque.

Elle avait vraiment besoin de se poser. De se vider l'esprit, avant qu'il n'explose. Elle enjambait sa moto et Ryan se postait devant, de plus en plus furieux.

- Dans ce cas, je t'accompagne. Grondait-il, en montrant la voiture.

- Faites ce que vous voulez. Trancha-t-elle, en fermant sa visière et en démarrant.

Elle reculait légèrement et partait comme si de rien n'était. Elle entendait le moteur de la voiture de Ryan, rugir furieusement et la jeune femme sentait des milliers de frissons parcourir son corps. Elle n'arrivait pas à croire, qu'il l'avait suivie jusqu'ici. Une partie d'elle était furieuse, car elle n'était plus une enfant, mais elle devait bien avouer, qu'une autre partie d'elle était soulagée. Soulagée, qu'il soit venu à son secours. Qu'il s'inquiète vraiment pour elle. Machinalement, elle se mordillait la lèvre et un étrange frisson parcourait soudain son corps.

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