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Angélique commençait à se poser de sérieuses questions. Luc venait de moins en moins aux réunions et lui avait envoyer un mail, pour lui dire que pendant quelque temps, il ne reviendrait pas. Qu'il avait trop de choses à régler actuellement dans sa vie personnelle. Julien n'était pas venu à la réunion qui était prévu ce jour, ce qui n'était pas dans ses habitudes, de ne pas l'en informer et n'avait pas répondu à ses appels.
La jeune femme avait alors essayé de joindre Fred, dans l'espoir de comprendre ce qui se passait, mais il lui avait répondu sèchement, qu'il ne pouvait pas venir. Et quand elle avait voulu savoir si tout allait bien, il lui avait raccrocher au nez. Si la situation n'avait pas été aussi étrange, la journaliste aurait compris sans se poser de question, mais là s'était carrément glauque.
Elle avait passé le weekend à éviter Ryan. Mais plus les jours passaient, plus elle se retrouvait seule avec lui. Là où elle avait espéré résoudre au plus vite, l'enquête du tueur de Thonon et retrouver le copycat, grâce à lui, elle se rendait compte, que la situation était en train de virer au cauchemar et le Profiler devenait un véritable fardeau. Il n'arrêtait pas de la scruter et de guetter ses réactions. S'en était au point, qu'elle en avait perdu l'appétit. La semaine venait de débuter et s'annonçait décidément très longue.
- Pas de réunion ce soir ? Demandait le Profiler, qui avait décidé à titre d'information de se replonger dans la thèse des criminels-nés, de l'un des précurseurs de la médecine légale italienne.
- De toute évidence. Répondit-elle, en levant les yeux au ciel.
Elle allait et venait dans le salon, essayant de comprendre pourquoi ces trois collègues la laissait soudain tomber.
- Tout va bien ?
- Oui. Mêlez-vous de ce qui vous regarde. Tranchait-elle durement.
- Je peux peut-être vous aidez ?
- Pourquoi, vous avez aussi fait monteur ? Journaliste ? S'énervait-elle, de plus belle.
- Non, mais nous pouvons aussi parler de ce qui vous préoccupe et...
- STOP. Putain, mais arrêtez de m'analyser. Je ne vous ai rien demander.
Angélique avait conscience d'aller trop loin, mais elle n'en pouvait plus. Elle se posait des dizaines de questions, qui restait sans réponse et s'était sans compter qu'elle était hantée par le baiser qu'ils avaient échangé, 10 jours plus tôt
- Angélique, je...
- Ça suffit. Criait-elle
Il avait une façon de prononcer son prénom, qui la mettait vraiment mal à l'aise. Ryan essayait de faire de son mieux pour ne pas le prendre comme un affront direct, mais il sentait bien que sa seule présence mettait la jeune femme dans un drôle d'état et il n'arrivait plus à savoir si s'était positif ou négatif.
- Ecoutez. Insista-t-il, en se levant. Je sais que vous êtes stressée, mais nous... nous devrions nous assoir et...
La jeune femme échappait à son regard, en se tournant vers la baie vitrée du salon. Elle préférait encore être épiée par sa voisine, que de parler à Ryan Davis.
- J'ai avancé sur les profils des tueurs. Lâchait-il, en se rasseyant. J'essaie de comprendre leur lien et de déterminer leur mode opératoire et ainsi que leur signature.
- Vous aviez suggéré, qu'ils étaient père et fils.
- Oui, mais cela ne clarifie pas leur lien. Il peut y avoir de l'amour, de la haine. De la joie ou de la violence. Parfois même pire ou rien. Comprendre leur lien, pourrait m'aider à déterminer un type d'individu précis. Pensait Ryan, à voix haute.
- C'est... on dirait une expérience.
- Plutôt une théorie. Montrait-il les documents.
- Et je suis quel type d'individue ?
- Celui qui fui. De peur d'être aimé. D'être blesser. D'aimer et de blesser.
- Je... je ne fui pas. S'indigna-t-elle, qu'il ose prétendre le contraire.
Il se levait et posait le document sur la table du salon et marchait dans sa direction, la jeune femme regardait soudain autour d'elle à la recherche d'une issue. Il s'arrêtait à quelques pas d'elle et plongeait dans son regard, qui semblait presque effrayé.
- Tu es sûr, que tu ne fuis pas ?
Il s'approchait doucement d'un pas. Elle semblait se torturer l'esprit et il avait de plus en plus de peine à le supporter. Mais elle reculait soudain d'un pas, en frissonnant de tout son être.
Pourquoi refusait-elle d'être aimée ? Elle fuyait tous les hommes de sa vie, son père, Henri, Fred, lui.
Pourquoi refusait-elle de voir à quel point, elle était aimée ? A qu'elle point, il était en train de tomber éperdument amoureux d'elle. A quel point, il avait besoin de sa présence. Elle seule pouvait comprendre et panser ses blessures. Elle était le remède, qu'il avait espéré toute sa vie. La source de lumière, dans son monde de ténèbres.
- Je ne... fuis pas. Répondit-elle, en essayant de retrouver son calme.
Son cœur battait la chamade. Angélique avait envie de courir dans sa chambre et de s'enfermer à double tour. Mais maintenant, elle était obligée de lui faire face.
- Tu es sûr ? Lui démontra-t-il, en avançant encore d'un pas. Car j'ai l'impression, que ma seule présence te met dans un état de stress, qui dépasse l'entonnement.
A quoi jouait-il au juste ? Il y a quelques minutes, il parlait de théorie et maintenant, il se trouvait beaucoup trop près d'elle, lui parlant de fuir, alors qu'il semblait prêt à bondir sur elle. Et pourquoi se permettait-il de la tutoyer dans des moments pareils, alors qu'il semblait comprendre, que cela la perturbait davantage.
- Vous êtes toujours en train d'analyser le moindre de mes mouvements. Alors oui... ça me stresse. Je n'ai pas l'habitude d'être espionner de la sorte et encore moins par un... Profiler. Insistait-elle, sur le vouvoiement.
Elle s'en voulait de l'avoir laissé s'installé chez elle. Et maintenant, sans ses collègues pour faire barrage, elle se retrouvait complètement seule avec lui, sans aucune échappatoire. La jeune femme était fatiguée de toute cette lutte intérieure.
- Donc... c'est ma faute. Demanda-t-il.
Il ne supportait plus, de ne pas savoir ce qu'elle ressentait. De ne pas la comprendre. Qu'elle érige sans cesse des murs entre eux. Qu'elle referme toutes les portes, qu'il essayait d'ouvrir.
- Vous devriez arrêter de...
- Arrêter de te profiler et juste être un homme ? Je doute que tu aimes vraiment cette idée. Trancha-t-il, soudain un peu amer.
Angélique dut retenir sa respiration. Ryan la regardait avec une lueur sauvage, qui la faisait frissonner. Elle se sentait presque sur le point de tomber dans les pommes, tellement s'était intense.
- Tu... tu ne pourras pas fuir éternellement. Assura-t-il, en s'approchant.
Il fallait qu'il sache. Il ne pouvait plus rester ainsi. C'était trop pour lui. Soit elle l'aimait, soit elle ne l'aimait pas et il respecterait son choix. La jeune femme restait clouée sur place. Incapable de bouger, ni de détacher son regard du sien.
- Ton corps... répond sans cesse à ma présence. Commença-t-il. C'est aussi troublant pour toi, que ça l'est pour moi. Ton esprit lutte et ton cœur te supplie. Quand tu commences à atteindre la limite de ton désir, tu te mors nerveusement la lèvre et c'est à mon tour de lutter pour ne pas me jeter sur toi. Lui avoua-t-il fiévreusement.
Doucement, il s'approchait une dernière fois, jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres d'elle. Il prenait sa main et la posait sur son torse. Elle sentit son cœur battre la chamade sous ses doigts.
Jamais Ryan n'avait autant désiré une personne. Jamais, il n'avait rencontré quelqu'un d'aussi insaisissable. D'aussi énigmatique.
- Tu ne sais pas dans quel état, tu nous mets. Essaya-t-il, de lui faire comprendre.
Ryan prenait tendrement son visage dans sa main et l'obligeait à le regarder. Son regard était troublé. A cet instant précis, il aurait pu donner sa vie pour qu'elle lui ouvre la porte de son cœur. Il approcha ses lèvres des siennes.
- Tu es la seule... à pouvoir nous libérer. Murmura-t-il, en fermant les yeux.
Angélique sentait la douceur protectrice de Ryan l'envelopper. Sa chaleur. Sa lumière qui explosait autour de lui. Son odeur sucrée. Son souffle tiède. Sa main tremblante posée sur sa joue. Elle se mordillait la lèvre et fermait les yeux. Sa main se fermait sur la chemise du profiler. Il était vain, de nié l'évidence. Elle s'appuyait contre lui et ses lèvres frôlèrent les siennes.
- Angie. Supplia-t-il.
Lorsque son portable se mit soudain à sonner, la jeune femme sursautait et fut rattrapée par la réalité. Elle sortait machinalement son téléphone, devant le regard désapprobateur de Ryan.
- Sauvée par le gong. Essaya-t-il de plaisanter.
Elle regardait le nom qui apparaissait sur l'écran et restait un instant sceptique.
- Quoi? Demandait Ryan.
- C'est Maurice Dugrand. Expliqua-t-elle, en répondant. Allo!
Elle entendait un souffle, comme si une personne était en train de courir.
- C'est Maurice. Hurla-t-il soudain, au point que même Ryan l'entendait.
- Tout va bien ? S'inquiéta Angie, le cœur battant.
- Il est là. Cria-t-il. C'est son fils.
Angélique plongeait dans le regard de Ryan en frissonnant. Le Profiler sortait son téléphone pour appeler Louis, mais une détonation leur coupait soudain le souffle.
- Monsieur Dugrand. Hurla-t-elle au téléphone. Maurice. Vous allez bien ? Que se passe-t-il ?
Ryan composait le numéro du commissaire, qui décrochait immédiatement.
- Auer. Fri... Murmura Maurice.
Le profiler allait expliquer la situation à Louis, lorsqu'une deuxième détonation s'échappait du téléphone d'Angélique, qui hurlait après Maurice. Des larmes coulèrent sur ces joues. Elle entendit un bruit de frottement ou de glissement, comme si le téléphone venait de tomber, sur le sol avant d'entendre un bruit sourd.
- Commissaire. Maurice Dugrand est en danger. Expliquait Ryan, sous le choc. Il vient d'appeler Angélique et deux coups de feu ont été tirés.
- Maurice. Appelait la jeune femme. Vous m'entendez? Supplia-t-elle, en tremblant.
Elle entendait, que quelqu'un reprenait le téléphone et sur le moment, elle fut soulagée. Mais ce fut de courte durée.
- Maurice nous a quitté. Murmura une voix d'homme, aussi froide, qu'implacable.
L'information arrivait péniblement à l'esprit de la jeune femme, qui plaquait sa main sur sa bouche pour retenir un hurlement. Ryan comprit, que quelque chose était en train de ce passé.
- ESPECE DE SALAUD. Hurla Angélique en fureur. Tu vas crever. Martela-t-elle durement. Je vais te tuer. Tremblait-elle.
Le profiler voulut s'approcher, mais elle le repoussait.
- Connaissant ton petit secret Angie... je n'ai aucun doute là-dessus. Continuait Friedrich, avec un sourire.
- Je vais de retrouver et te faire souffrir. Ajouta-t-elle, perdue dans les abysses de sa noirceur.
- Humm. Vraiment? S'amusait-il. Je m'en réjouis d'avance. Ajouta-t-il, en rigolant. Pour cela... tu devrais aller parler à Sophie Müller. Je t'embrasse... ma rose sauvage.
S'en fut trop pour Angélique, qui balançait soudain son téléphone à travers la pièce. L'objet se fracassait contre l'un des murs du salon, finissant sa course à l'entrée du bureau, avant qu'elle ne tombe à genoux. Elle pensait à toutes ces jeunes femmes. À Maurice qui n'avait jamais rien fait de mal. Mais lorsqu'elle pensait soudain à Magalie, son esprit cédait au désespoir le plus total. Elle frappait soudain le sol avec ses poings, en hurlant.
La jeune femme se maudissait d'avoir mêlé l'ancien policier à cette affaire. Tout ce qui venait d'arriver était sa faute.
Ryan se jetait à terre pour l'arrêter et elle le frappait de toutes ses forces, sans s'en rendre compte. Le Profiler encaissait plusieurs coups violent, mais arrivait à lui attraper les mains et à la serrer contre lui, malgré la douleur.
- Angélique. Arrête. Ça ne sert à rien. La supplia-t-il, le souffle saccadé.
- Il a tué Maurice... Sanglotait-elle. Il l'a tué... c'est ma faute... tout est... ma... faute.
Le jeune homme la serrait davantage contre lui, de peur qu'elle se fasse encore du mal, mais elle poussait soudain et se levait, tremblante et la tête en feu. Il se levait à son tour et la suivait jusque dans l'entrée, en se tenant le côté gauche.
- Angélique... Ou vas-tu? Demandait-il, en essayant de faire taire sa douleur.
Il avait le souffle coupé et chaque respiration était un véritable calvaire.
- Il a tué Maurice... Répétait-elle, en boucle. Il l'a tué... c'est ma faute... tout est ma... faute. Se tenait-elle, au mur.
La jeune femme pensait à Magalie. A sa façon de lui parler de son compagnon. À son sourire. Elle qui aimait tellement Maurice. Son esprit cédait à nouveau, mais ce fut brusquement le trou noir. Ryan eut juste le temps de rattraper la jeune femme, avant qu'elle ne tombe lourdement, sur le sol de l'entrée.
- Angélique. S'écriait-il, en la prenant dans ses bras.
Il prenait son pouls et il était régulier. Il la déposait délicatement sur le sol, revenait au salon, retrouvait son téléphone et se rendait compte, que Louis hurlait dans le combiner.
- Commissaire. Angie a fait un malaise. Expliqua-t-il, avant de lui-même se sentir mal.
Et il entendait à peine Louis lui répondre, qu'il arrivait.
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