56
Maurice saluait une dernière fois Sophie et se remit en route. Il arrivait au croisement qui trouvait en bas de la rue et vit une voiture se garer chez elle. Un homme sortit, ainsi que deux jeunes garçons. L'ancien policier soupirait. Il avait hâte de pouvoir enfin serrer Magalie contre lui. De lui montrer et lui dire son amour.
Il regardait une nouvelle fois sa main droite et dire qu'il l'avait serrée. Il se mit à trembler de rage, en pensant qu'après tout ce qu'avait vécu Amalia, il l'avait sans doute tuée de sang-froid. Sur la scène de crime, il avait cru à de l'amour, mais ce type était incapable d'aimer et si le frère de Sophie avait été un monstrueux pédophile, lui était un véritable sadique. Effectivement, les gens de Lörrach avaient raison, il s'agissait du Diable.
Il sortait son téléphone et essayait à plusieurs reprises de joindre Hardyl, pour lui dire de faire attention, mais il sonnait dans le vide.
- On a mangé avec ce type. Réalisa-t-il, pleinement.
Mais quel genre de malade était-il? Diner avec un haut-commissaire allemand. Un ancien flic qui enquêtait sur son affaire. Il inspirait profondément, il ne devait pas céder à la panique. Il fallait qu'il garde son calme. Chaque chose en son temps, pour l'instant, il devait rentrer chez lui et retrouver la femme qu'il aimait.
La nuit était sombre et brumeuse, Maurice avait fini par allumer les phares antibrouillards. Il voyait à peine à 10 mètres. Il avait d'ailleurs failli louper la petite route sur la gauche, qui coupait à travers bois, pour arriver chez lui. Il était à quelques kilomètres de Thonon et dans 20 minutes, il serait chez lui. Il avait d'ailleurs envoyé des messages à Magalie quelques minutes plutôt :
Il avait senti son portable vibrer, mais avec tout ce brouillard, il n'avait pas voulu prendre de risque. En plus, avec le froid automnal, la petite route devenait vite glissante.
Pour ne pas réfléchir à Friedrich et l'idée, qu'il avait été à quelques centimètres de lui. Il décidait de penser à Sophie et à sa force. Il n'osait imaginer à quel point, elle s'était battue pour en arriver là. Aimer et être aimer. Faire confiance à un homme. Se marier et avoir deux autres enfants. Prendre soin d'elle, de sa santé et de son mental. Elle avait été son propre miracle.
Cependant, un détail était venu lui torturer l'esprit, peu de temps après son départ. Savait-il ? Friedrich Auer savait-il qui était Amalia ? Que c'était-il vraiment passer entre eux ? Il secouait la tête, ce n'était pas à lui de répondre à cette question. Il lui tardait de rentrer et de tout expliquer à Louis et à son Profiler. Il espérait aussi d'ici là, s'être trompé pour Charles. Toute cette histoire, lui avait surement fait perdre la boule et il s'inquiétait, pour rien.
Perdu dans ses pensées, Maurice ne sentait le choc, qu'après avoir taper dans l'Airbag. Sa voiture venait de se percuter violemment dans un arbre et il eut le souffle coupé par sa ceinture de sécurité. Sa tête se mit à tourner, tant le choc fut aussi brutal qu'inattendu. Une voiture se garait non loin de lui et un détail le choquait, même perdu dans les limbes de son esprit. Pourquoi avait-elle éteint ses phares ? Une silhouette sortit et il essayait de se détacher. Mais son corps peinait à lui obéir.
- Maurice ? Criait soudain la voix de Friedrich Auer. Vous comprenez pourquoi je dois faire ça ?
L'ancien policier sentait son cœur battre la chamade. Sa poitrine était en feu. Son cerveau lui envoyait des flashs. Des phrases. L'adrénaline se déversait soudain dans son sang.
- Non. Murmura-t-il. Sort de cette voiture. Lui ordonnait son esprit.
Il se détachait en tremblant et passait du côté passager. Il ouvrit la portière et se tirait à l'extérieur de l'habitacle, avant de chuter lourdement sur le sol. Il sentit une douleur, sur le côté droit et pour reprendre son souffle, il dut cracher du sang. Son esprit était en feu.
- Vous n'auriez pas dut vous en mêler. Et encore moins aller voir Amalia. Hurlait-il.
- Amalia... Murmurait Maurice.
L'ancien policier arrivait enfin à se relever et à faire quelques pas. L'air frais lui fit du bien et l'aidait à prendre conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Il commençait à partir en contre bas, dans l'espoir de rejoindre la route principale pour demander de l'aide. Il n'avait pas le droit de mourir. Magalie avait besoin de lui. Il lui devait de rester en vie quoi qu'il arrive.
Pas après pas, Maurice retrouvait un peu de force. Il ne savait pas si le type était à ses trousses, mais il n'allait pas s'arrêter pour le savoir. Il avait la poitrine en feu. Il transpirait à grosses gouttes et son esprit lui jouait des tours. Il dut soudain s'appuyer contre un arbre, pour reprendre son souffle. Il se rappelait alors, qu'il avait son arme à sa cheville droite, il se penchait, non sans mal et la prenait dans sa main.
Il faisait encore quelques mètres, lorsqu'un craquement sur sa gauche le fit sursauter. Il pointait l'arme dans cette direction en tremblant. Il n'avait jamais tué personne. Il n'avait d'ailleurs jamais sorti son arme de service.
Maurice respirait lentement pour essayer d'écouter, mais son cœur frappait si fort, qu'il n'entendait rien d'autre. Du sang coulait soudain sur son œil droit et il l'essuyait avec le revers de sa manche. Il ferait l'état de ses blessures plus tard. Il s'agissait de sortir vivant, de cette maudite forêt.
- Ce sont mes œuvres ? C'est ça ? Demandait Friedrich qui se trouvait soudain beaucoup trop prêt de lui.
Maurice se retournait et cherchait dans les buissons alentours. Il fit quelques pas, sur ses gardes. Son cœur frappait de plus en plus fort et il dut mettre la main gauche sur sa poitrine, pour contenir la douleur.
- L'œuvre du Diable, comme ils disent. AH. AH. AH.
- Une œuvre? Tu as aussi fait une œuvre... avec toutes... ces femmes ? Ne pouvait-il s'empêcher de demander, en ne reconnaissant même pas sa propre voix.
- TOI, ton crétin de détective et ton légiste, AVEZ créer ces œuvres. Claironnait-il fièrement.
- Non... non... Charles...
- Est mort. Vous et la famille Delmare... vous avez tué mon père et vous allez tous crever. S'enjouait-il.
L'ancien policier essayait de garder son calme, mais il commençait à comprendre. La copie exacte du premier meurtre, puis les autres. Ce type était venu jusqu'ici pour se venger et son pressentiment était juste, il l'avait tué. Ce salaud avait tué son ami Charles Durieux.
Maurice se retournait brutalement, il venait de sentir son souffle sur sa nuque. Au même moment, il trébuchait sur une racine de sapin. Le choc fut plus violent que prévu et il eut le souffle coupé, pendant plusieurs secondes, en tombant sur le sol. Son arme glissait à quelques centimètres de lui. Il fermait les yeux et lorsqu'il les rouvrit, il vit deux chaussures de marche, juste devant lui. Une main l'attrapait soudain, par le col de sa veste et il se retrouvait plaqué contre le tronc d'un arbre.
Friedrich Auer s'accroupissait devant lui, l'arme dans sa main. L'ancien policier sentit la peur le submerger.
- Alors... tu vas me dire qui a tué mon père ? Demandait-il, avec un sourire carnassier
- Ton... ton père était... était un monstre...
- Sérieusement ! Tu crois que j'ignore qui est ce connard ? Une petite merde. Une fiote. Tu sais Maurice, je voulais le retrouver pour le tuer moi-même. Souriait-il, de plus belle. Et voilà, que je tombe sur « l'inconnu du Lac » et sur le faux rapport d'autopsie. Putain Maurice, as-tu la moindre idée de ce que j'ai fait, pour obtenir le vrai ?
- T'es... t'es complètement malade...
- Oui. Souriait-il. J'ai baisé la femme du légiste. Putain, cette salope, en a même redemandé. J'ai les vidéos si tu veux. Lui faisait-il un clin d'œil.
Maurice faisait exprès de le faire parler. Pendant ce temps-là, il essayer de reprendre son souffle et ses forces, afin de trouver discrètement une pierre assez grosse pour le frapper. Il faisait de son mieux, pour garder son calme, mais son cœur allait de plus en plus mal et la souffrance qu'il engendrait, peiner à le garder conscient.
- Et... et Angélique Delmare ? Demandait-il.
- Putain, ce que tu es lent. Dingue, que tu sois devenu flic. Sa mère est morte, son père intouchable... Allons Maurice. Tu sais très bien pourquoi ! Se penchait-il, vers son oreille. Angélique est la nièce de Juliette. Tu sais... ce que lui a fait mon père ? Vous saviez à l'époque, qu'il l'avait mise enceinte et que c'est pour cela, qu'elle s'est suicidée !
Maurice clignait des yeux. Que venait-il de lui dire ? Ce mec était décidément encore plus cinglé, qu'il ne l'aurait cru.
- Quoi ? Non... Juliette est...
- Oui... d'une crise cardiaque... Vous avez toujours été aussi con ? Vous... tu savais ? Hein, Maurice, tu sais qui était mon père. Le tueur... de Thonon. Juliette était intelligente, elle au moins. Se moquait-il.
- Amalia... Amalia était ta sœur. Crachait l'ancien policier.
- Maurice. Allons mon vieux... tu débarques. Évidemment, que c'était ma sœur. Je vais de faire un aveu, je l'ai su direct. J'étais tombée sur elle, dans un cimetière. Pulpeuse, rousse, aux yeux verts. Une véritable déesse. Dès le début, j'ai su qu'elle était ma sœur et qu'on allait finir ensemble.
- T'es... t'es un putain de malade.
- Ah enfin. Enfin mon vieux Maurice. Elle t'a raconté... Fiekchen... ce qu'elles ont subi ? Elle t'a dit, ce qu'il l'obligeait à dire, lorsqu'il la sautait ? Dit le... dit que t'aime ça. Martelait-il chaque mot. Alors dit moi Maurice, si moi je suis malade... explique moi ce que lui est ? Tu sais, qu'il a une fille ?
Maurice se figeait sur place et dut baisser son regard.
- 7 ou 8 ans. Tu crois, qu'il lui demande aussi de dire, qu'elle aime ça ?
L'ancien policier sentit une vague de colère le submerger et il lui crachait soudain à la figure.
- Je vois. Les gamines se n'est pas ton truc ! Pas trop le mien non plus. Rigolait-il. Alors... qui a tué mon père ?
- Va... te... faire... foutre.
- Vraiment ? Avec Magalie ? Elle aime quand c'est... violent ? Ça doit être plutôt plan-plan vous deux... Je devrais aller la voir après et la consoler. L'empoignait-il soudain par les cheveux. Elles aiment être prises avec violence...
Maurice trouvait enfin une pierre et le frappait de toutes ses forces. Friedrich tombait à la reverse, en criant de douleur. L'ancien policier se relevait d'un coup et commençait à courir en direction de la route, qui se trouvait à 50 mètres, en contre bas. En tremblant, il sortait son téléphone.
Voyait-il brièvement la réponse de Magalie. Il respirait un grand coup, regardait sur son listing d'appel et appuyait sur DELMARE. Une voix répondit à la deuxième sonnerie.
- C'est Maurice. S'écria-t-il, à bout de souffle. Il est là. C'est son fils.
L'ancien policier s'arrêtait net. Un coup de feu venait de se répercuter, dans toute la forêt. Il se retournait sans entendre la voix, qui hurlait au téléphone. Il sentit du sang couler contre sa peau et sa bouche se replissait soudain du liquide visqueux, il avait mal. Tellement mal. C'était insoutenable.
- Auer. Murmura-t-il, péniblement. Fri...
Il eut juste le temps de verser une larme, pour celle qu'il aimait tant. Sa tendre Magalie. L'amour, qu'il avait attendu tout sa vie.
Son portable glissait de sa main et tombait. Les yeux grands ouvert, Maurice Dugrand s'écroulait sur le sol dans un bruit sourd. La deuxième balle venait de l'atteindre en pleine tête.
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