51

            Maurice se réveillait en sursaut. Après être rentré, trempé de la tête aux pieds, il avait pris une bonne douche et s'était couché sur son lit pour se reposer, mais de tout évidence, il avait fait une sieste. Il regardait sa montre et fut surprit qu'il ne soit que 15 heures. À vrai dire, il n'avait même pas dormi une heure.

Jane, en incroyable hôtesse, lui avait préparait un sandwich et un café bien chaud, qu'il avait bu d'une traite, lors de son retour. La grande mère lui avait également proposer de prendre et de laver ses vêtements mouillés, ce qu'il avait tenté de refuser, avant de finir par accepter. Il s'asseyait au bord du lit, surprit de découvrir la chambre, transpercée de part en part par un rayon de soleil. Il se levait et jetait un œil dehors. Le temps était humide, mais une magnifique éclaircie dominait le lieu.

Sa chambre donnait sur l'arrière de la maison de Jane et sur un magnifique verger. En ouvrant la fenêtre, il la découvrir au pied d'un des pommiers, avec un jeune homme qui l'aidait à cueillir les fruits. Cette tendre image, lui décrochait un sourire. Malgré le temps qui passait, les personnes âgées ne perdait pas leur temps et tant que leur cœur battait, ils restaient actifs. Sa mère lui manquait brusquement et il se jurait d'aller lui rendre visite, dès son retour à Thonon.

Jane le remarquait soudain et lui fit de grand signe.

- Maurice, nous allons préparer une tarte aux pommes. Criait-elle en tendant les fruits, au jeune homme

L'ancien policier descendait à la cuisine et Jane fit les présentations, heureuse d'avoir eu l'occasion de sortir chercher quelques pommes.

- Maurice, venez que je vous présente. Voici Friedrich. Disait-elle avec un grand sourire. Il est venu m'aider à cueillir les pommes. S'enjouait la vieille dame.

- Bonjour, Maurice Dugrand. Présenta-t-il sa main.

- Guten tag, Friedrich. Se présentait-il à son tour en regardant Jane, car il ne comprenait pas le français.

Jane jouait les traductrices en le poussant et direction de la cuisine. Ils commencèrent à échanger en allemand et Jane fit soudain remarquer, que la pluie était revenue. Le jeune homme avait une 20ène d'année, selon Maurice. Musclé et charmant, il se demandait s'il était le fils ainé d'Hardyl, qui avait 5 enfants, mais il lui semblait que le plus grand devait plutôt avoir 15 ou peut-être 17 ans. Mais comme Jane était aussi douce, qu'avenante, nul doute que des jeunes de la région, devaient venir pour lui rendre service.

Jane était une cuisine remarquable et la tarte avait été dévorée par les deux hommes sans la moindre sommation, à peine avait-elle réussi à manger une part, pour son plus grand plaisir.

Maurice était remonté dans sa chambre et essayait d'écrire ce qui s'était passé. De laisser une trace, mais rien ne lui venait. Il chercherait à nouveau dans les documents du deuxième charnier, à la recherche du dossier d'enquête qui avait été faite à propos du corps de la jeune fille, mais il lui semblait bien vide.

Il reçut un message et sortait son téléphone pour le lire, son vieil ami Charles Durieux, lui avait enfin répondu.

Charles lui envoyait les anciennes adresses des deux jeunes filles et Maurice regardait son téléphone, avec une étrange impression, mais il levait les yeux au ciel et secouait la tête. Ce qu'il avait vécu plus tôt dans la journée était en train de le rendre dingue et avant qu'elle ne s'inquiète, il décidait d'appeler Magalie, qui répondit à la deuxième sonnerie.

- Maurice Dugrand, m'as-tu déjà oubliée ? Demanda-t-elle, visiblement très en colère.

- Bien sûr que non et c'est pour cela que je t'appelle. Répondit-il mielleux.

- Je me suis fait du souci. Est-ce que tout va bien ?

- Oui. Je suis sincèrement désolé. Assura-t-il. Ma chérie, je vais bien et toi ? Pardonne-moi. J'ai perdu la notion du temps.

- J'étais morte d'inquiétude. Je t'en prie, ne me laisse pas ainsi sans nouvelle.

Il ne put s'empêcher de penser à l'homme qui l'avait suivi dans les bois, mais il se refusait à l'inquiéter.

- Ma chérie, je suis en sécurité ici et ma santé va beaucoup mieux. Je vérifie juste quelques détails et quand je serais sûr de mon hypothèse, j'en parlerais à Louis. Mon amour ne t'inquiète pas davantage. La suppliait-il, en regardant par la fenêtre.

Comme il faisait nuit, il fermait les rideaux en essayant de ne pas frissonner.

- Mais cet homme est dangereux, alors ne me demande pas de ne pas m'inquiète. Et tu as effectivement intérêt à donner les informations à ton ami commissaire et à revenir pour que nous puissions enfin mettre tout cela derrière nous. Trancha-t-elle.

- Il ne saurait en être autrement. Je serais comme prévu lundi à la maison. Promit Maurice. Et je t'appelle demain matin sans faute.

- Tu as intérêt Maurice Dugrand.

Il ne put s'empêcher de sourire. Sa tendre et douce Magalie était en vérité une femme à qui on ne la faisait pas à l'envers et c'était ce qu'il aimait le plus chez elle.

- Et autrement, est-ce que ça va toi? Demanda-t-il, alors qu'elle ne lui avait toujours pas répondu sur ce sujet.

- Bien sûr que j'ai vais bien. J'irais mieux si l'homme que j'aime, ne perdait pas la notion du temps. Railla-t-elle, un peu radoucie.

- Oui. Quel piètre compagnon j'en conviens. Heureusement, qu'il sait cuisiner comme personne. Plaisanta-t-il.

L'éclat de rire de Magalie lui remit du baume au cœur. Il soupirait un grand coup et après l'avoir rassuré, lui avoir souhaiter une douce soirée et promis d'être très prudent, il descendait vers Jane pour le diner.

Le repas avait été tout simplement délicieux. Jane leur avait préparer un ragout aux légumes, de la purée et une mousse au chocolat pour le dessert. Un véritable festin.

- Vos recherches ont-elles été fructueuses ? Demandait la grand-mère, en servant du thé.

- Oui. Mais puis-je vous poser une question à propos de... de deux évènements troublants... survenu...

- Maurice. Si je puis me permettre, mon époux était un Allemand qui a refusé de combattre pour son pays, préférant devenir résistent et mon petit fils est commissaire de police. J'en ai vu d'autre. Souriait-elle.

- Très bien. Que pensez-vous de... l'œuvre du Diable ? Demandait-il, en espérant ne pas la choqué.

- Oh. Honnêtement le premier mot qui me vient à l'esprit est... abomination, mais comme je viens de le dire, j'en ai vécu d'autre. Parfois et cela même si c'est dur, il faut se demander pourquoi. Pourquoi un être commettrait un tel acte ?

- Sur les lieux... je me suis demandé si c'était... de l'amour ! Pensait-il à voix haute.

- Que répond votre cœur à cela ?

- Que... oui. Qu'il s'agît d'une forme d'amour, même si... l'acte est effectivement une abomination.

- Il n'est pas toujours simple de séparer le cœur, de l'esprit et encore moins de faire ce qui est juste.

- Merci. Lui souriait-il soudain.

- Eh bien de quoi ?

- Vous essayez de voir le bien et de l'embellir et surtout, vous n'avez pas changer.

- Allons Maurice, on pourrait croire que vous en pincer pour moi. Rigolait-elle.

Ils rigolèrent de bon cœur et Maurice se sentit beaucoup mieux. Jane et Magalie avaient beaucoup en commun, d'ailleurs il se demandait, s'il ne devrait pas venir un jour ici avec sa compagne. Les deux femmes s'entendraient à merveille.

- Oh. Avez-vous connu une jeune fille du nom d'Amalia Vogël ? Cherchait-il dans sa mémoire.

- Amalia, oui, s'était la jeune fille au pair de la famille Müller. Fiekchen est partie depuis plusieurs années, mais madame Müller vit encore dans la demeure familiale, juste plus haut. L'informa-t-elle.

- Ah oui ? Pensez-vous que je pourrais lui rendre visite demain, même si nous sommes dimanche. Demandait-il un peu gêné, car il ne savait comment cela fonctionnait ici.

- Je pense que... qu'aucun jour ne lui conviendrait, je le crains. Voilà des années, qu'elle ne sort de chez elle que pour faire son jardin.

L'ancien policier fronçait les sourcils, sans comprendre le sens énigmatique de la phrase de Jane, mais à ce stade, c'était sa seule piste.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top