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            Maurice avait traversé le village qui se trouvait à quelque mètre, de celui de Nebenau. Il avait tourné sur la droite pour prendre une route en cul-de-sac. Il avait garé sa voiture devant une vieille grange et avait continuer à pied sur un chemin de terre, qui longeait des parcs à chevaux.

La pluie ne s'était pas calmée, mais le tonnerre avait cessé de faire trembler le petit vallon dans lequel il se trouvait depuis une 20ène de minutes et le brouillard éparse se déplaçait au gré du vent. Maurice commençait à avoir froid, car il était trempé jusqu'aux os, mais refusait de retourner à sa voiture. Il n'espérait pas trouver un indice, ni même le nom de la personne qui avait commis de tels actes, mais plutôt de comprendre et surtout de dissiper certains doutes, qu'il avait eu à l'époque.

Avec sa bande de copain de Thonon, ils avaient été obliger de trainer avec un type plus âgé qu'eux, d'environ 5 ans. Le garçon de ferme de la famille Fournier. Un certain Jean. Grand, maladroit et simplet, personne n'avait voulu de lui, sauf Juliette De-la-Tours, qui était devenue son amie.

L'ancien policier avait mis plusieurs années à tisser les liens de ses souvenirs et une fois de plus, la venue d'Angélique avait réanimé les doutes. Lui, avait plutôt trainer avec son pote de toujours, Charles, ainsi que Julie Neuville et Lucie, qui étaient tous de Thonon. Étaient venues s'ajouter les jumelles De-la-Tours, qui était les meilleurs amis d'enfance de Julie, avec elles étaient venus Olivier Fournier et le fameux Jean. Olivier était le grand amour de Juliette, depuis qu'elle était enfant. Il ne s'était pas passé une journée sans qu'il entende, Olivier par ci, Olivier par là. Tout le monde avait bien compris qu'à moins d'un cataclysme ces deux-là, finirait ensemble.

Pourtant, l'été 1972, avait été plein d'étranges rebondissements, digne d'une série TV. Olivier était arrivé pour les vacances avec sa nouvelle fiancée, encore plus détestable que lui. Le pire étant qu'il avait cru comprendre que cette fille avait été l'une des amies de Ludivine, la sœur de Juliette. Cette dernière avait perdu son sourire, son entrain et même cette joie de vivre, qui avait été si épuisante parfois.

Tout le monde avait été très inquiète pour elle, au point qu'avec Charles, ils avaient décidé de la suivre un jour, pour essayer de lui parler et de lui remonter le moral, comme elle l'avait si souvent fait pour eux. C'est choqué, qu'ils l'avaient vu entrer dans le commissariat de Thonon. Ensuite, elle était ressortie en pleurant et en jurant sur tous les Dieux que la prochaine fille qui allait mourir, serait leur faute. Maurice et son ami avaient manqué de courage, eux même encore bouleverser, par le meurtre sauvage et inhumain qu'avait subi Lucie. Mais avec le temps, l'ancien policier avait émis l'hypothèse que la jeune femme avait peut-être découvert, qui était le tueur.

Au début et à juste titre, il avait cru en la culpabilité d'Olivier Fournier. Cette espèce de connard arrogant, qui pétait plus haut que son cul à l'époque, se prenait pour un gosse de riche, alors qu'il n'en était rien. Son père avait simplement hérité d'un domaine gigantesque près de Caen et bosseur comme personne, il n'avait compté, ni ses heures, ne le temps passé à son dur labeur. Olivier avait dû tomber de haut en reprenant le domaine.

Mais un jour, des années plus tard, alors qu'avec Charles ils travaillaient sur une enquête de vol vraiment étrange, l'un de leur collègue avait brusquement émis une théorie qui avait capté toute leur intention.

- Et si le voleur était celui qu'on soupçonnait le moins ? Avait-il proposer.

- Genre monsieur tout le monde ?

- Oui ou alors... un gars de la banque. Qui penserait au type derrière son guichet ? Avait-il rigolé en imaginant la scène.

Et il avait eu raison, le coupable avait été le type derrière le guichet. Celui-là même qu'ils avaient interrogé 3 fois sans rien voir, tout simplement parce qu'ils n'avaient même pas penser à le soupçonner.

Et c'était ce qui s'était passé pendant tous ces années avec le tueur de Thonon. Et si personne ne l'avait soupçonné par ce qu'il n'osait pas regarder les filles. Faisait des grimaces, quand il voyait un couple s'embrasser. Tremblait comme une feuille dès qu'une fille s'installait à côté de lui. Et si le tueur avait été tellement simplet, que personne justement, n'avait eu l'idée de le soupçonner. Comme ce fameux Jean ?

Après une heure de marche, sous la pluie battante, Maurice arrivait enfin au pied de la colline Ackermatt. Au contraire de l'autre scène de crime, il n'eut aucun problème à la trouver. Des dizaines de pentacles étaient gravés sur les arbres, la roche et même sur le sol. Il se rappelait alors le therme utiliser par le journaliste pour décrire la scène de crime.

- L'œuvre du Diable. Murmurait-il malgré lui.

Machinalement, il regardait autour de lui, bien plus effrayé, qu'il ne laissait sa conscience le croire. Il avait été policier. Il ne croyait pas à toutes ces sornettes de magie, de sorcellerie ou autre bizarrerie. Le criminel était un être bel et bien vivant et le Diable aussi mauvais soit-il, n'avait rien à voir dans cette histoire.

Comme pour l'autre scène, il reculait de quelques pas et sortait la photo d'ensemble du lieu. Il inspirait profondément et essayait de refouler ses émotions. Il devait se concentrer, il serait émotif plus tard.

Le tueur présumé de la jeune fille avait donc passé énormément de temps sur les lieux, accessible qu'à pied et loin de tout chemin et même sentier de randonnée. Mais il devait avouer que vu l'état actuel de la scène, c'était plutôt explicable par la névrose ressentie en ces lieux.

Maurice essayait de le voir comme une espèce de temple ou de symbole. Sur les lieux, des centaines de roses séchées avec soins, avaient été retrouvées. Toutes des boutons, à peine éclot. Il ne savait pas si cela signifiait quelques choses, mais peut être l'avait-il aimé, tout simplement. Ce serait insoupçonnable, vu la teneur de la scène de crime.

Mais Maurice devait reconnaitre, qu'il avait offert des fleurs à Claire son ex-femme, pour se faire pardonner. Il en offrait encore régulièrement à sa mère, juste pour la voir sourire et s'émerveiller et que dire du regard de Magalie, lorsqu'il revenait avec un bouquet, fait chez leur fleuriste préférée, qui savait toujours ce qu'aimait sa compagne. A vrai dire, ces roses à peine écloses avaient toutes leur importance, du moins pour le tueur.

Il avait pris « soin » du corps, dans une certaine mesure. Mettant de la mort au rat, autour, l'emballant dans un drap blanc en coton. Maurice décidait de faire comme si le tueur n'avait jamais eu des gestes de nécrophilie.

- Et s'il était venu ici... pour... pour lui tenir compagnie ? Pour qu'elle ne soit pas seule. Murmurait-il, en essayant d'imaginer la scène.

Le caractère du crime était monstrueux, mais pas dans l'esprit du criminel.

- Ici, il est avec elle. Il pourrait même s'assoir et... et lui raconter une histoire. Pensait-il avec difficulté.

Il décidait de se poser sincèrement la question à lui-même. Combien de fois avait-il été sur la tombe de Lucie, pour se recueillir et pour s'excuser de ce qui s'était passé de cette nuit-là. Combien de fois avait-il faillit frapper la tombe de son père, qui les avaient abandonnés lui et sa mère pour une autre femme, avant de revenir, car malade, il n'avait eu d'autre choix. Certes, il ne serait jamais venu à l'esprit de Maurice, de commettre un acte de cette nature, mais peut être fallait-il séparer les deux justement. D'un côté, il y avait l'hommage, la honte, la perte, la souffrance et de l'autre, la colère, l'amour et la haine.

Perdu dans ses pensées, Maurice sursautait soudain en entendant une branche craquer sur sa droite. Il se figeait sur place en scrutant avec attention les environs. Le cœur tambourinant dans sa poitrine, il plaquait sa main contre et serrait son coupe-vent.

Ce n'était pas le moment de faire une crise de panique ou pire, une crise cardiaque. Sans attendre, il fouillait dans sa poche de pantalon et sortait un flacon. Il prit deux comprimés et les croquait doucement. Il devait retrouver son calme, sous peine que son cœur s'emballe. Il rangeait la photo et décidait, que c'était assez pour la journée, sans attendre, il commençait à faire le chemin retour en espérant tenir le coup, pour l'heure de marche qu'il devait faire.

La pluie avait enfin cessé, mais le vent s'était levé, ce qui accentuait la sensation de froid. Maurice commençait à trembler et luttait pour contenir la décharge d'adrénaline, qui menaçait de se déverser dans son corps.

20 minutes plus tard, il tombait sur un chemin qui descendait en direction de sa voiture. Il regardait autour de lui, étonner de tomber dessus, car il ne l'avait pas croisé en venant. Mais alors qu'il regardait légèrement au-dessus de lui, pour se repérer, à flanc de colline, il crut voir un mouvement sombre, qui se cachait derrière un arbre. Doucement, il se baissait comme pour refaire ses lacets et prit son arme en main en prenant soin de la cacher, en tirant sur son coup vent.

Il continuait comme si de rien n'était. Il regardait autour de lui, en cherchant le chemin de terre qu'il avait pris pour venir. Troublé, par tout ce qui venait de se produire, il mettait plusieurs minutes à comprendre, qui se trouvait de l'autre côté du vallon. Alors que les arbres était moins dense, il vit les parcs à chevaux et s'il n'était pas tomber sur ce chemin, c'est parce qu'il avait fait une boucle pour venir et était repartit dans le mauvais sens, en partant.

Sans attendre et sentant le danger, il décidait soudain de couper à travers les parcs. Comme il ne faisait pas beau, les chevaux semblaient être resté dans leur boxe. Il pensait alors à Lucie et dut contenir une vague d'émotion.

Tremblant comme une feuille et trempé, jusqu'aux sous vêtement, il arrivait enfin de l'autre côté. Il reprit le bon chemin en sens inverse et marchait 10 minutes, avant d'oser se retourner.

Essoufflé, il inspectait les alentours en serrant son arme. Jamais il n'avait eu autant la trouille de toute sa vie. Il n'y avait pas le moindre mouvement, mais il crut entendre un bruit de moteur. Comme une moto qu'on démarrait. Instinctivement, il regardait en direction du sommet d'une des collines qui se trouvait devant lui. Il écarquillait les yeux en frissonnant.

Ce malade avait été là. Il l'avait suivi jusqu'ici. Il le sentait jusque dans ses tripes. Il faillit céder à une nouvelle crise, mais fermait les yeux et essayait les exercices de respiration que le médecin lui avait appris. Mais il avait beaucoup trop froid et décidait de se remettre en route. 5 minutes plus tard, il montait dans sa voiture, soulagé, comme jamais il ne l'avait été.

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