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            Depuis deux semaines, Maurice Dugrand tournait comme un lion en cage. La venue d'Angélique Delmare avait ravivé de vieux souvenirs, pire, une culpabilité. La nuit où Lucie Gauthier, son ex petite amie à l'époque, avait disparue, avait été sa première fois avec celle qui était devenue son ex-femme, Claire. Maurice avait surpris la jeune femme en train de les regarder, alors qu'ils s'embrassaient avec passion.

Il fermait les yeux et retenait ses larmes. Il n'arrêtait pas de se demander, si elle serait toujours de ce monde, s'il l'avait rattrapé cette nuit-là. S'il s'était excusé. Lucie avait été son premier amour, ils étaient sortis ensemble de leur 14 à 17 ans, avant de rompre, car la jeune fille avait des compétitions et que lui, égoïste qu'il était à l'époque, ne voulait pas sacrifier tous ses week-ends pour la passion équestre de sa copine. Il avait été tellement injuste et odieux avec elle, que des années plus tard, c'était ce qui lui avait couté son mariage avec Claire.

- Lucie. Pardonne-moi. Murmurait-il, en reprenant ses notes.

Lorsqu'il était monté à Paris pour parler avec Louis de la situation dans laquelle se trouvait sa fille, il avait croisé ce Profiler, Ryan Davis. Il avait effectué des recherches sur lui, mais n'avait pas trouver grand-chose. De fil en aiguille, il avait commencé à sortir des documents sur les tueurs en série, le profilage et la criminologie.

Maurice avait suivi quelques cours à une époque, mais rien de bien concluant. Il avait également pris connaissance de document parlant de la paraphilie, qui est le terme utilisé pour parler des déviances sexuelles, ainsi que de la nécrophilie, car il avait eu accès au dossier d'autopsie, de la dernière victime.

Pour lui, le tueur était un malade. Un déséquilibrer, mais peut-être était-ce là son erreur depuis le début, que de le croire fou. Il avait alors repris toutes les bases et était tomber sur un vieil article, qui expliquait que la majorité des tueurs en série, commençaient par tuer des petits animaux ou aussi par commettre des actes de pyromanie.

Il s'était alors souvenu de deux affaires en Allemagne, qui avait défrayé la chronique à l'époque, plongeant le pays dans l'horreur absolue, mais aucun article n'était en français. Il avait alors décider de demander de l'aide, à son vieil ami Hardyl, qui lui avait conseiller de parler à un journaliste Bâlois, parfaitement bilingue, qui avait couverts les affaires à l'époque.

- Le 04 avril 1990. Répétait Maurice.

- Oui, dans la forêt à la hauteur du village de Nebenau, le long de la rivière Eulenlochbächle, la colline s'appelle Grüneberg.

- Ok... euh...

- Je peux vous l'envoyer par mail ou par message. Proposait le journaliste, en comprenant que Maurice aurait de la peine à écrire correctement les noms, qu'il venait de lui donner.

- Volontiers. Et pour l'autre charnier, celui de 1998 ?

- L'œuvre du Diable ! Eh bien, j'ai couvert l'affaire avec mon collègue allemand. Nous n'avons pas osé publier de photos... de trop prêt, tant c'était inimaginable. Celui qui a fait ça, est un déséquilibrer et c'est d'ailleurs pour cela, que les gens l'appellent l'œuvre du Diable.

- Je vois et qu'avez-vous trouver à l'époque ?

- A vrai dire pas grand-chose, si ce n'est la nature exceptionnelle du crime. Des centaines de cadavres d'animaux. Un cadavre humain, dont on apprendra par la suite, qu'il s'agissait d'une jeune fille en fin de croissance. Et... et les traces de fluides sexuelles, qui jonchait le sol alentour.

- C'est monstrueux. Déclarait Maurice, en frissonnant.

- Oui et c'est ce qui a compliqué l'enquête de police et aussi la nôtre. La population vieillissante, qui avait vécu la guerre, ne voulait rien savoir de ces histoires et claquait la porte à ceux, même policiers, qui posaient des questions. Mais le garde-chasse de la région s'était étonné de rencontrer de moins en moins de petits animaux, comme des écureuils ou des renards. Il nous avait aussi expliquer, qu'il y avait beaucoup d'avis de disparition pour des chats et des chiens dans les villages voisins, du lieu du charnier, faits qui avait été vérifié par nos soins et reflétait ce qui se passait. Une véritable psychose s'était installée pendant plusieurs mois, avant que l'on passe à autre chose. Expliquait le journaliste, en regardant ses notes.

- Y avait-il des suspects ?

- Pas avérés et pas porter à la connaissance des journalistes ou de la population.

- Aviez-vous... un avis à l'époque ? Osait demander Maurice, même si cela ne lui plaisait pas d'avoir recourt à un journaliste, pour répondre à une telle question.

- Honnêtement, c'était compliqué. Je m'étais renseigner sur la nécrophilie, mais on plonge vite dans l'horreur et la monstruosité, sans trouver d'explication rationnelle, au fait de se donner du plaisir devant une telle scène. Mon collègue avait émis l'hypothèse, qu'il devait s'agir d'un jeune homme, entre 18 et 30 ans et que vu le lieu du charnier, il devait être de la région. Habitant peut être, à quelques kilomètres de là. Il était aussi persuadé, qu'on allait réentendre parler de lui, mais il n'y jamais plus eu de tels affaires dans la région, du moins porter à la connaissance du publique. Ajouta-t-il.

- Et y avait-il des incendies, aux mêmes époques ?

- Non, pas de nature criminel. Assurait le journaliste, en comprenant la question de l'ancien policier.

- Puis-je aussi avoir les coordonnées du charnier de 1998 ?

- Oui bien sûr, mais je vous déconseille d'y aller, enfin pas sans prévenir la police locale, car vous risqueriez d'avoir des ennuis.

- Oh, le commissaire Hardyl est un ami.

- Je vois, parfait.

Le journaliste lui donnait toutes les informations dont-il avait besoin et ils raccrochèrent.

Maurice n'était pas beaucoup plus avancé qu'avant, mais il avait une piste sérieuse. Deux charniers de cette nature, découvert dans la même région, qu'une série de viol et de meurtre, ne pouvait être une coïncidence. Et une idée murissait dans son esprit.

Ce pouvait-il que le violeur aille eu un enfant ? Les crimes avaient cessé à Thonon et Lörrach en 1985 et le premier charnier découvert en 1990, soit 5 ans plus tard et il avait une autre certitude, les trois nouveaux meurtres, n'étaient pas l'œuvre du tueur de Thonon, c'est ce qu'on avait essayé de faire croire, mais ça ne collait pas.

Il posait son crayon et soupirait longuement. Devait-il prévenir Louis ? Ou ce Profiler ? Mais est si cela ne menait à rien ? Pire, si à cause de cette piste, la vie d'Angélique Delmare ou celle d'une autre jeune femme était mise en danger ! Il serrait les poings, il ne pouvait supporter l'idée qu'une victime paye le prix de ces conneries.

Magalie posait sa tasse de café et le regardait intensément, comme si elle essayait de lire dans ces pensées.

- Toi, tu vas encore me dire que tu vas devoir t'absenter. Essaya-t-elle de plaisanter.

Son compagnon se levait soudain et regardait le soleil se coucher sur le lac Léman. Quelques secondes plus tard, sa compagne s'appuyait tendrement contre lui.

- Tu sais que tu n'y es pour rien. Disait-elle dans le creux de son dos.

Il se tournait, la prenait dans ces bras et l'embrassait tendrement.

- Il faut... il faut que je répare, ce qui s'est passé. Il le faut. Assura-t-il, les larmes aux yeux.

Elle posait un doigt sur sa bouche et se blottissait tendrement contre lui.

- Sais-tu pourquoi je t'aime, Maurice Dugrand? Commença-t-elle, la voix vibrante d'admiration. Car tu es l'homme le plus noble que je connaisse. Assura-t-elle les larmes aux yeux.

Il embrassait ses cheveux et la serrait à son tour contre lui.

- Et toi Magalie Neuville, je t'aime, car tu es l'arc en ciel de toute mon existence.


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