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Ryan soupirait longuement et décidait de descendre se faire un thé. Il avait besoin d'une pause et d'aérer son esprit. Quelque chose lui échappait dans cette affaire et il n'arrivait pas à mettre la main dessus.

Le commissaire Delmare avait été très énigmatique sur certain sujet et lorsque le Profiler pensait à certaine de ces réactions, il devait reconnaitre qu'il était troublé. Quand Angélique avait jeté le dossier de l'inconnu du lac sur la table du restaurant, Louis avait paru surprit et aussi effrayé. Et lorsque Ryan s'était énervé au sujet de ce document, sortit de nulle part, le commissaire lui avait dit que c'était sans doute une simple erreur de son ami Maurice Dugrand et qu'il allait régler cela. Mais le jeune homme n'était ni stupide, ni dupe de ces mensonges. Que pouvait bien cacher ce dossier qui avait été bâclé ?

Il arrivait dans la cuisine et mit chauffer de l'eau. Sa tête était embrumée par toutes ces questions et ses recherches.

Angélique entrait avec Julien, par la porte fenêtre, ils avaient pris un peu l'air pendant leur petite pause, avant de décider de retourner à leur enquête.

- Tu n'es pas sérieux. Rigolait la jeune femme.

- Je te jure, Angie. Mon père est sûr... même maintenant, que je vais finir menuisier, comme lui. Les pères sont... parfois un peu trop... imbu d'eux même. Expliquait Julien, en jetant un œil à Ryan.

- Je ne sais pas. S'interrogeait Angie. Tu crois vraiment que ton père pense encore à ça? Il a bien dû se faire une raison depuis le temps.

La jeune femme essayait de ne pas faire attention au Profiler, qui semblait complètement ailleurs.

- Disons qu'il fut un temps où j'y ai moi-même pensé. J'avais commencé un apprentissage dans ce sens pour lui plaire. Puis j'ai rencontré une amie passionnée de reportage et ce fut comme une révélation pour moi. Et une véritable catastrophe pour lui. Limite s'il ne m'a pas renié. Expliquait Julien, en rigolant.

Ryan écoutait vaguement leur conversation. Les informations allaient et repartaient. Son esprit était brouillé par un tas de renseignements mélangés. Il mit un sucre dans son thé et devant l'explication de Julien, il pensait, que son père avait tenté de créer l'enfant parfait. A son image, ce qui était de l'orgueil. Tous parents rêvaient d'avoir un enfant parfait. Qui suivrait ces traces, marcherait sur le même chemin et verrait le monde de la même façon. Et il avait entièrement raison. Certains pères étaient extrêmement imbus d'eux même.

- Perso. Commençait la jeune femme. Mon père ne m'a jamais poussé à entrer dans la police et maman était fan de rose, mais ne m'a jamais pensé à devenir fleuriste. Assura-t-elle.

- Heureusement, toi fleuriste... tu es tellement têtue et redoutable, que...

Angélique lui mit un petit coup dans les côtes et il arrêtait sa phrase en rigolant de plus belle. Il était bien le seul à lui parler ainsi. Dès le début, elle l'avait considéré comme le frère qu'elle n'avait jamais eu et leur relation au fil des ans, s'était développée dans ce sens.

La jeune femme se tournait en direction de Ryan, avec un sourire complice, adressé à Julien. Ses longs cheveux bruns flottèrent et ce fut comme si on allumait brusquement la lumière, dans l'esprit du Profiler. Le mot "famille" apparu dans son esprit. Il fronçait les sourcils et analysait ses propres pensées, alors que sa tasse de thé se fracassait sur le sol.

- Comment, arrivons-nous à commettre un meurtre de cette nature ? Murmurait-il, alors que son cerveau refonctionnait à plein régime, en repensant au profil du Copycat.

- Euh Pardon ? Lui demandait la jeune femme, mal à l'aise par sa question, qui ne lui était pas vraiment adressée.

- Tout... tout va bien ? Demandait Julien en prenant le papier ménage, avec l'intention de nettoyer.

- Vengeance ? Frustration ? Orgueil ? Lâchait Ryan, sans faire attention, à l'impact de ses paroles. C'est un être froid, manipulateur et sadique.

- Bien... je.... Je vais rejoindre Fred, dans le bureau et...

Il repensait à son profil. Le tueur avait contrôlé, métrisé et provoqué, chacun des 3 dernières meurtres dans les moindres détails.

- Il a créé une synergie. Expliquait Ryan.

Depuis plusieurs années, le Copycat devait créer en silence. Contenant le plus possible son sadisme, sa colère et sa haine. Et voilà, qu'il avait commis cet acte, comme une délivrance, une absolution de sa noirceur.

- Comme une œuvre. Un chef d'œuvre au nom... de la vérité. Sa vérité et surtout son orgueil. Putain. Réalisait-il pleinement. Le tueur de Thonon... est son père.

Angélique se figeait sur place. Elle sentait des frissons envahirent son dos et sa respiration s'accélérait. La jeune femme réalisait alors, la faculté incroyable qu'avait Ryan pour comprendre comment fonctionnait l'esprit d'un criminel. Son esprit était aussi anaclitique, que logique, mais il semblait passionné, presque imbibé par cela.

- Heu mec, tu es sûr que tout va bien? Redemandait Julien, en ramassant les bouts de céramique, avant que quelqu'un ne se blesse.

Le Profiler secouait la tête, se reconnectait brusquement à la réalité et sortait de la cuisine, laissant seuls Julien et Angélique, qui se posaient des milliers de questions sur ce qui venait de se passer. La jeune femme soupirait et essayait vainement de sourire à son collègue, lorsque la voix de Ryan résonnait à nouveau, ce qui les faisaient sursauter.

- En fait, tu... tu as tort, Julien. Ton père n'était pas imbu de lui-même. Il t'aimait et il était juste de la vielle école. Tu es quelqu'un de bien et ta voie est dans le journalisme. Tu devrais aller le voir... sur sa tombe et tu comprendras à quel point... il a toujours été fier de toi. Assura-t-il, avant de remonter dans le bureau d'Angélique.

La jeune femme se tournait vers Julien qui avait les larmes aux yeux. Elle comprit alors, que Ryan avait dit juste, le père de son collègue n'était plus, chose qu'elle ne savait pas, car il en avait toujours parler, comme d'un être encore vivant.

- Je suis tellement désolée. Assura-t-elle, en prenant Julien dans ses bras.

- C'était il y a longtemps. Mais merci. Ton Profiler est vraiment... un drôle de type, même si je persiste à dire, qu'il ferait un sacré mari. Disait-il pour détendre l'atmosphère.

- Julien...

- Quoi ? Même moi, je le trouve mignon. Lui faisait-il un clin d'œil, avant de finir de tout nettoyer.

La jeune femme sentit une vague de colère l'envahir, par moment, Ryan Davis semblait oublier tout bon sens des convenances et s'était sans compter, qu'elle n'avait pas compris un traitre mot de ce qui venait de se passer.

- Il se fait tard. Je vais rentrer. Expliqua Julien, en retournant vers Fred qui finissait de ranger leur bureau.

- Ok. A lundi. Fred, merci je vais finir. Disait-elle, avec un clin d'œil. Faites attention sur la route. Demandait-elle, en les accompagnant jusqu'à la porte.

- C'est moi qui conduis. Plaisantait Fred, en montrant les clés.

- Vu ta conduite, pas sûr qu'on arrive en vie. Plaisantait Julien.

La jeune femme ne put s'empêcher de rigoler pour leur plus grande joie. Les deux hommes descendirent les marches avant de se retourner et de lui faire signe. Elle allait enfin pourvoir reprendre un peu ses esprits, en espérant passer un week end reposant, malgré la tornade qui vivait chez elle.

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