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Roussel avait tout fait, pour essayer de se retrouver seul avec la jeune femme, mais elle l'avait évité avec soin, dès son arrivée, ce qui ne lui avait laissé que peu de doute, sur son retour possible dans la vie amoureuse d'Angélique.
Il avait mal dormi et essayait de retrouver son calme, lorsqu'il descendait pour le petit déjeuner. Pour lui, Louis avait fait appel à ce Profiler pour résoudre cette vieille enquête qui trainait dans un placard depuis des années, sans doute pour enfin obtenir son grade de commissaire divisionnaire, il était à mille lieux de se douter que celle qu'il convoitait avec ardeur, était mêlée à cette enquête.
Il arrivait dans la cuisine et la trouvait seule en train de boire son café. Il lui faisait un sourire en soupirant avant de se servir une tasse. La jeune femme s'était levée à l'aube, pour aller chercher des croissants et des pains au chocolat.
- Salut. Disait-il en s'asseyant, en face d'elle.
- Salut. Y des croissants et de pains au chocolat. Montrait-elle le panier, qui se trouvait sur la table.
- Merci. Tu as bien dormi ? Demandait-il, en essayant de capter son regard.
La voir assise ici, lui rappelait les bons moments qu'ils avaient passé ensemble et il se pinçait les lèvres, dans l'espoir de garder son calme.
- Oui.
Il soupirait. Comme toujours, elle lui claquait la porte au nez.
- Angie, c'est ton père qui m'a demandé personnellement d'accompagner monsieur Davis. Décidait-il, de se justifier.
- Je sais. Il n'y a pas de souci. Assura-t-elle, en se levant.
Mais il en fit de même et s'approchait d'elle. Il la désirait à un point tel, qu'il préférait encore perdre son job, si cela lui donnait la moindre chance, de revenir dans sa vie.
- Thomas. Disait-elle, en se retrouvant coincée contre le mur.
- Angie... je t'en prie. Laisse-nous encore une chance. Je... je ne merderais pas. Pas cette fois. Ma puce, tu me manques tellement. La suppliait-il, en approchant ses lèvres des siennes.
Angélique attrapait le rebord de la fenêtre, qui se trouvait sur sa droite, d'une main et plaquait l'autre contre le torse musclé de Roussel. Délicatement, il caressait sa main et se rapprochait un peu plus d'elle.
- Bebe... je... je te demande juste une dernière chance. Murmurait-il en frôlant ces lèvres avec les siennes.
Il avait tellement envie d'elle, qu'il n'arrivait même plus à le lui cacher. Cette femme l'avait rendu complétement dingue, dès leur rencontre. Il avait même quitté sa copine de l'époque, pour être avec elle. Et il était conscient, que leur histoire passionnelle et que sa jalousie maladive, avait tout foutu en l'air, ainsi que ses coucheries et qu'elle avait fait de son mieux pour surmonter ce qui s'était passer. Mais l'idée qu'un autre homme la touche. Lui fasse l'amour ou même la prenne dans ses bras, lui faisait perdre tous ces moyens.
Angélique était comme prise au piège. Elle l'avait tellement aimé. Elle sentait ses muscles tendus, à travers le tissu de tee short. Il sentait délicieusement bon. L'espace d'un instant, elle faillit perdre toute sa volonté. Ses lèvres tièdes. Son souffle. Sa peau contre la sienne. Il lui faisait encore de l'effet, malgré toutes les barrières, qu'elle avait essayé de mettre en place, pour ne plus souffrir. Et alors qu'elle allait céder à la tentation, ils entendirent Ryan Davis descendre les escaliers.
Thomas se reprit et reculait de quelques pas, en maudissant le Profiler. Il peinait à ne pas montrer dans quel état d'excitation il se trouvait et se dépêchait de se rassoir.
Angélique échappait à son regard, en décidant d'ouvrir la porte de la cuisine qui donnait sur le grand chêne. Elle avait chaud. Beaucoup trop chaud. Ce qui n'échappait pas à Roussel, qui soupirait de plaisir en buvant une gorgée de café. Quelques secondes plus tard et les cheveux en bataille, Ryan leur disait bonjour.
La Dranse était une rivière qui se jetait dans le Lac Leman, à son Delta qui se trouvait entre Evian et Thonon les bains. Bordée par la départemental 902, elle n'en restait pas moins sauvage et inaccessible par endroit.
Angélique emmenait Ryan, suivit de Roussel, à l'emplacement du premier meurtre qui se trouvait comme le deuxième, en ligne droite à deux kilomètres à vol d'oiseau, de sa maison. La jeune femme précisait qu'à l'époque, il n'y avait que l'ancienne départemental qu'il fallait traverser, pour rejoindre la rivière. Plusieurs sentiers et chemins qui y menait existait encore maintenant.
- Et c'était plutôt prisé des jeunes ? Demandait Ryan, histoire de se faire une idée de comment était la jeunesse de l'époque.
- Oui. Beaucoup venait ici, mais les endroits plus dangereux étaient déjà fermés au public. Assurait-elle, en arrivant sur place.
Le Profiler reconnu l'endroit. A part la végétation, rien n'avait vraiment changer. Le bruit de la rivière était assourdissant et on entendait à peine les voitures, qui se trouvaient de l'autre côté. Il y faisait frais. Et sans la route, le paysage était brut et à couper le souffle. L'automne resplendissait de couleur, tranchant avec le vert foncé des sapins. La mousse était abondante et aussi verte qu'elle pouvait l'être.
La première série de meurtres, comme le pensait Ryan, était constante. Elle pouvait représenter le désir. L'idéal et une certaine forme de libération, de plaisir intense. Pour étrangler une personne, il fallait beaucoup de force et s'y reprendre à plusieurs fois. Il fallait être en contact physique avec sa victime et cela pouvait prendre du temps ou du moins plusieurs minutes. Ryan se mettait à la place du tueur.
Il imaginait une jeune femme se trouvant devant lui. Lui avait-il demander de le rejoindre ou saisissait-il la première occasion qui s'offrait à lui ? Il n'était pas sûr, qu'il aille particulièrement envie d'elle, mais plutôt d'une personne en particulier, ce qui expliquait le profil des victimes. Il faisait un transfère et perdait le control au fur et à mesure de l'acte.
- Il désir. Il la désir et désir être aimer par cette femme. Murmurait-il, en regardant autour de lui.
Peut-être les étranglait-il pour les faire taire. Se rendait-il même compte, qu'il les avait tuées ? Une fois l'acte finit, il les laissait à même le sol. Sans les couvrirent. Il ne prenait même pas le temps de les cacher. Rien. Il les laissait là et s'en allait comme il était venu.
- Personne ne se méfie de lui. Pensait Ryan. Un peu comme un monsieur tout le monde. Un jeune de la région peut-être ou du moins qui connaissait bien le coin.
Le Profiler s'approchait soudain d'Angélique, qui surprise reculait d'un pas.
- Vous... vous viendriez ici ? Criait-il pour se faire entendre, dans tout ce vacarme.
- Non. Cet endroit, c'était plutôt un truc de mec. Avouait-elle, en jetant un œil à Thomas. Ils venaient ici pour faire les malins, devant les filles. Mais si on était entre copine, on allait plutôt à la piscine ou à la plage. Donnait-elle, son avis personnel.
- Donc, faut plutôt être de la région pour venir ici ?
- Euh oui ou connaitre quelqu'un qui connait bien les endroits accessibles.
- Ok. Merci. Pouvez-vous m'amener là. Montrait-il l'une des photos du meurtre de Lucie Gauthier, la deuxième victime du tueur.
Angélique regardait autour d'elle et semblait chercher dans sa mémoire. Elle n'était pas sûr de l'endroit précis, mais plus bas, il y avait un coin dans le même style.
- Je ne suis pas sûr, mais y a un coin qui y ressemble plus en aval. Montrait-elle la direction.
Ils descendirent pendant plus d'une dizaine de minutes, avant d'arriver sur une sorte de plage de rocher. On ne voyait pas la route en face et les eaux étaient plus calme et deux énormes piscines naturelles s'étaient formées au fil du temps. Le lieu était plus serein et relaxant que le premier.
Ryan regardait autour de lui, puis regardait la photo de la scène de crime, afin de retrouver l'angle de la prise de vue. Lucie Gauthier, 18 ans à peine, avait été la plus jeune des victimes et celle qui avait suscité le plus d'émotions. Ecuyère émérite, l'enquête de proximité qui avait été effectuée, n'avait pas tari d'éloge à son sujet.
Pourtant, elle avait eu des traces de coup et de défense sur les avants bras. Son viol avait été particulièrement violent, créant une hémorragie interne. Le tueur lui avait broyé la trachée. Il fallait une force et une rage démesurée pour commettre un tel acte. Elle avait été portée disparue le 21 juillet au matin. Ce qui pouvait laisser supposer qu'elle avait disparu la veille dans la soirée.
Ces parents avaient certifié, que ce n'était pas son style de suivre un inconnu et encore moins de se laisser faire, ce que l'autopsie avait confirmé. Elle s'était débattue et le coupable avait dû avoir des griffures. À l'époque les tests ADN n'existait pas, car sans cela, le coupable aurait pu être retrouver ou du moins être fiché.
La dernière victime de 2010, Debra Willem, 21 ans d'origine anglaise, blonde naturelle, avait été retrouvée exactement au même endroit. Pourtant son meurtre avait été radicalement différent de tous les autres. Elle avait reçu une balle en plein cœur, qui l'avait tuée sur le coup et quelques minutes après, en avait reçu une deuxième en pleine tête, avant d'être violée post mortem, sans la moindre trace ADN exploitable.
De plus, son profil était différent, car la jeune femme avait été accusée d'harcèlement dans son lycée privé, dans le Devon en Grande Bretagne et que l'une de ses victimes avait fait deux tentatives de suicides. Information, que Ryan était le seul à savoir pour l'instant.
Perdu dans ses pensées et ses réflexions, le Profiler s'éloignait légèrement d'Angélique et de Roussel.
- Tu crois que le tueur va brusquement apparaitre ? Demandait Thomas, en se moquant du Profiler.
- Thomas... il... c'est son job. Disait la jeune femme sans oser le regarder.
Il s'approchait d'elle, en jetant un œil à Ryan, qui s'éloignait.
- On pourrait reprendre où on en était ? Demandait-il, en lui caressant la joue.
Mais elle lui prit la main et le repoussait. Ce n'était ni le lieu et encore moins le moment et bon sang, ils étaient sur une scène de meurtre. De viol.
- Tu... tu n'en a pas envie ?
- Tu es sérieux. Criait-elle soudain, en montrant le lieu.
Ryan se tournait vers eux, surprit de les voir soudain aussi proche l'un de l'autre, il soupirait et essayait de retourner à ses pensées.
- Bebe... je...
- Angélique et je ne suis pas ton bebe. Grondait-elle furieuse.
- Angie... je suis désolé et...
- Stop. J'en ai marre de t'entendre toujours me raconter la même histoire. Tu as fait TON choix et c'est toi, qui m'a quitté. Alors maintenant assume et laisse-moi tranquille. Voulut-elle, s'éloigner, les yeux humides.
- Comme si tu m'avais laissé le choix. S'énervait-il à son tour, en l'attrapant soudain, par le bras, au point qu'elle se retrouvait plaquer contre lui. Tu... tu n'arrêtes pas de me rejeter. De me claquer les portes au nez ou de me comparer à ton paternel. Angie, mais putain, je t'aime. Tu comprends. Je t'aime. Je suis fou amoureux de toi. Tentait-il de la convaincre.
- Lâche-moi. Thomas, lâche-moi. Lui ordonnait-elle.
- Tout va bien. Lui demandait soudain Ryan, en arrivant près d'eux.
A cause du bruit de la rivière, il n'avait entendu, que quelques mots de la conversation, mais ce n'était pas plus important, que la jeune femme qui essayait de se libérer de l'emprise de Roussel. Ce dernier lâchait Angélique et faisait quelques pas en arrière. Manquant de glisser sur une branche humide.
- Putain fait chier. Je retourne à la maison de vacances. Disait-il soudain, en remontant par où ils étaient venus.
Angélique le regardait partir et essayant de retenir ses larmes. Pourquoi son père lui avait-il envoyer ce type ? Machinalement, elle se frottait le bras.
- Ça va ? Lui demandait Ryan.
- Ça ne vous regarde pas. S'énervait-elle.
Elle n'avait vraiment pas besoin de sa pitié et encore moins, qu'il se mêle de cette histoire.
- Angélique... je ne suis pas votre ennemi...
- Mademoiselle Delmare. Putain, mais vous vous croyez où à la fin.
Sans attendre une seconde de plus, elle descendait en contre bas. Si Roussel avait décider de prendre le chemin le plus long pour rentrer, grand bien lui fasse, elle allait prendre le chemin le plus sûr et le plus court. Ryan s'élançait à sa suite, de peur de se perdre.
- Mademoiselle Delmare, pour les scènes...
Elle s'arrêtait net, se retournait et il faillit lui taper dedans, il s'arrêtait à quelques centimètres de son visage, découvrant les larmes qui coulaient sur ses joues rosées.
- Je... débrouillez-vous. Les essuyait-elle, d'un coup de manche.
Le jeune homme soupirait. Décidément, cette jeune femme allait causer sa perte.
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