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Louis regardait son téléphone entre inquiétude et colère. Il avait laissé la situation aller beaucoup trop loin. Après la venue de Maurice, il avait décidé de faire appel à l'un de leur amis, Charles Durieux, qui était devenu détective privé, afin qu'il surveille sa fille et surtout ceux de son entourage, afin de mettre la main sur le type qui la suivait. Il relisait le message de son ami, en espérant qu'il trouve rapidement cet homme.
Le commissaire soupirait et écrivait un énième message à sa fille, qui semblait ne même plus vouloir lui répondre.
Une fois de plus, il fixait l'écran de son téléphone, dans l'espoir de recevoir une réponse, mais elle était bien plus en colère, qu'il ne l'aurait cru. Lui imposer ainsi la présence du Profiler, avait été un risque calculé et à double tranchant.
Dans un premier temps, Ryan lui avait expliqué vouloir déterminer le déclencheur, qui l'avait amené à faire cette enquête, seule. Surtout qu'elle avait mentit à Maurice, en lui racontant qu'elle était tombée sur des vieux journaux de son grand père, dans leur maison de vacances. Ce qui était faux.
La maison de Thonon, avait été complètement nettoyée par sa femme Ludivine, lorsqu'elle avait décidé, après la naissance de leur fille, d'y aller régulièrement pour les vacances. Il avait lui-même débarrassé, un nombre incalculable d'affaires, qui avait appartenu à son beau-père, mort, 5 ans avant la venue d'Angélique.
- Commissaire puis-je vous voir un instant? Demandait Ryan, en entrant dans le bureau.
Louis levait les yeux de son téléphone, enlevait ses lunettes et invitait le Profiler à s'assoir en face du lui.
- Oui bien sûr, Monsieur Davis, entrez.
- Je sais que c'est un peu délicat, mais je pense, que nous devrions jouer carte sur table avec votre fille. Expliqua-t-il soudain, de but en blanc.
Il avait compris, que la jeune femme ne lui ferait jamais confiance de cette manière et que de lui imposer ainsi sa présence, risquait d'aggraver dangereusement la situation.
- Pardon? Non. Nous avions convenu, que nous ne lui dirions rien avant de savoir vraiment ce qu'il en est. Objecta le commissaire, qui peinait à garder la tête froide.
Ce Profiler commençait à prendre un peu trop ces aises à son gout et de plus, il n'était pas question de mettre Angélique au courant. Il lui avait demandé de venir, pour l'aider à trouver un tueur, pas pour diriger cette enquête comme bon le lui semblait.
- Monsieur, sauf votre respect, je ne vous demande pas la permission. Votre fille ne fait confiance à personne. Lui mentir ou du moins lui cacher davantage ce qui se passe, ne va faire que l'éloigner de votre protection et maintenant qu'elle est suivie, qui sait ce qui pourrait se passer. D'ailleurs, nous devons déterminer le plus rapidement possible, qui est réellement cet homme. Détaillait-il, sans sourciller.
Louis devait avouer qu'il n'avait pas tort, mais il ne connaissait pas sa fille, comme lui la connaissait. Elle n'était pas seulement têtue, mais aussi intrépide, qu'imprévisible. Elle n'avait peur de rien et n'hésitait pas à faire face au danger, sans même se soucier du reste. Ces arguments tenaient bien la route, mais le commissaire n'aimait pas qu'on lui force la main et encore moins, lorsqu'il s'agissait de sa fille.
- Admettons, qu'elle nous explique comment et pourquoi, elle enquête sur cette affaire, à quoi cela va-t-il nous servir ? Et pourquoi lui dire, qu'elle est suivie ? Elle ne sait sans doute rien, il est inutile de la jeter dans la gueule du loup ou de la mettre davantage en danger. Argumenta Louis.
Ce Profiler avait-il conscience, qu'ils étaient en train de parler de sa fille ? De sa fille unique. Ryan dut se retenir de sourire. Ce truc de loup était-il une histoire de famille ? Pourtant, il devait lui faire comprendre qu'au-delà du fait indéniable qu'Angélique était sa fille, qu'elle était aussi et possiblement, l'une des prochaines victimes du tueur. Car elle avait exactement le même profil, que toutes ces jeunes femmes.
- Commissaire. Et si... si celui qui la suivait... était le tueur ? Lâchait-il, en voyant le commissaire se décomposer sur place.
- Vous... le... le tueur ? Je... mais comment ?
Louis peinait à réaliser pleinement ce que venait de lui dire Ryan, pourtant, cette idée lui avait aussi traverser l'esprit, c'était d'ailleurs pour cette raison, qu'il avait fait appel à lui. Mais il y avait une différence entre une supposition et l'entendre de la bouche d'un Profiler de renom.
- Justement, si nous jouons carte sur table, avec votre fille, elle nous... me fera confiance. Rectifiait-il. Nous pourrions avoir une bien meilleure vue d'ensemble, entre son enquête et la vôtre et aussi, vous seriez en mesure de la protéger... officiellement. Argumenta-t-il, en sachant très bien, qu'il outrepassait son statut.
Le commissaire soupirait longuement. Il devait faire un choix. Celui de protéger sa fille coûte que coûte, quitte à la perdre ou laisser la situation échapper à tout contrôle. Mais d'une façon ou d'une autre. Il savait. Il savait, que sa fille finirait par découvrir la vérité, un jour ou l'autre. Il l'avait toujours su.
- Très bien. Essayons d'abord de la convaincre de vous accompagner à Thonon. Décidait-il, le cœur battant à tout rompre
- Commissaire... je... je serais prudent et je ferais de mon mieux, pour ne pas compliquer davantage la situation. Disait Ryan, en ne comprenant pas lui-même, pourquoi il s'adressait à lui ainsi.
Décidément cette jeune femme avait vraiment un drôle d'effet sur lui. La savoir en danger était en train de lui torturer l'esprit. Louis lui fit un simple signe de tête. Il devait digérer cette conversation et garder la tête froide, ce qui de toute évidence était peine perdue.
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