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Angélique avait ouvert la fenêtre et l'air frais, lui faisait un bien fou. Doucement, elle retrouvait ses esprits, ainsi que ses forces.

- Vous savez pour Thonon, vous n'êtes évidemment pas obligée d'accepter. Disait Ryan, pour briser le silence qui devenait pesant.

La jeune femme soupirait. Elle n'avait aucune envie de parler de cela pour l'instant. Certes, elle comprenait pourquoi le Profiler souhaitait se rendre sur les scènes de crimes, afin de visualiser les lieux, mais elle ne comprenait pas pourquoi son père n'y allait pas avec lui. Même si depuis le décès de sa mère, il n'était pas retourné dans cette maison, il pouvait faire un effort, car après tout, il s'agissait de sa demande et de son enquête.

30 minutes plus tard, Ryan se garait dans la rue à sens unique de la jeune femme. À quelques mètres de sa maison. Il avait essayé de la faire parler, mais elle n'avait fait que lui répondre par oui ou non. Voir Ok. Il devait reconnaitre, qu'elle avait un certain talent pour refermer toutes les portes, qu'il tentait d'ouvrir. Le jeune homme l'aidait à descendre de la voiture et l'accompagnait jusqu'au perron.

Angélique hésitait avant de l'inviter à entrer. Son esprit était encore un peu embrumé et elle ne savait pas trop, ce qu'elle devait faire.

- Je fais entrer le loup dans la bergerie. Pensa-t-elle, en se mordant la lèvre.

L'idée de laisser entrer un Profiler chez elle, la mettait particulièrement mal à l'aise, car il allait sans doute examiner le moindre centimètre de sa maison et peut être même de son comportement.

- On m'a traité de beaucoup de chose, mais pas de loup. C'est plutôt sauvage comme animal non ? Se retenait-il de sourire, alors qu'elle venait de penser à voix haute.

La jeune femme fronçait les sourcils et essayait de se concentrer. Avait-elle pensé à voix haute ou ce type arrivait-il à deviner ses pensées ?

- Je. Heu. Enfin... Essayait-elle de parler, en traversant l'entrée.

Elle n'arrivait même pas à trouver la fermeture éclair de sa veste.

- Vous êtes en hypoglycémie. La rassurait Ryan. Vous devriez allez-vous asseoir au salon, je vais aller dans votre cuisine chercher du sucre.

Il accompagnait Angélique, de peur qu'elle ne tombe dans les pommes et l'installait sur le canapé.

- Alors ? Demanda-t-il, en allant dans la cuisine. Qu'avez-vous dit à Carter, pour qu'il vous apprécie ? Ce n'est pas dans ses habitudes de me parler d'une personne, qui ne fait ni partie de sa famille ou de ses amis proche.

Elle allait un peu mieux, mais il fallait vraiment, qu'il la maintienne éveillée.

- Euh... je... je ne sais pas cuisiner et d'ailleurs, je n'aime pas cela. Avoua-t-elle en se souvenant, de l'une de leur conversation.

- Oh. Je vois. Tout s'explique. Rigolait-il, en trouvant le sucre.

Carter aimait les gens francs et brut de décoffrage. Le genre de personne qui n'avait peur de rien ou qui assumait justement cette peur, sans l'imputer aux autres. Ryan revenait vers elle, lui prenait la main, avant de glisser un morceau de sucre dans sa paume. La jeune femme le regardait sans comprendre, ce qu'elle devait faire.

- Mademoiselle Delmare, mangez ce sucre. Lui ordonnait-il.

- Quoi ? Non. S'indignait-elle.

- Je n'ai jamais menacé un autre être humain de toute ma vie. Dois-je commencer ? Demanda-t-il, en plongeant dans son regard.

- Vous croyez pouvoir me menacer ? Le défia-t-elle, en clignant des yeux.

Ce n'était pas, parce qu'elle n'était pas très bien, qu'il devait amplifier ce qu'il disait.

- Angélique! Mangez ce sucre. Grondait-il soudain.

Elle soupirait et s'exécutait à contre cœur. Elle croquait le morceau et dut retenir un haut le cœur.

- C'est dégueulasse. Frissonna-t-elle, en peinant à l'avaler.

- Voilà ce qui arrive quand on ne fait pas attention. Ne pouvait-il s'empêché, de la réprimander.

Mais où avait-elle la tête pour oublier de manger ? Il posait un deuxième sucre dans sa main.

- Quoi ? Non. C'est bon je vais mieux. Disait-elle, en lui redonnant le sucre.

C'était assez ignoble comme ça et elle avait bien compris le message. Était-il obligé, de jouer les papas qui réprimande son enfant ? Elle n'était plus une gamine.

- L'hypoglycémie est une règle de trois. Hop. Insista-t-il.

La jeune femme soupirait une nouvelle fois, s'exécutait et piquait le troisième au passage, avant même que Ryan ne le lui donne. Il dut se retenir de sourire et retournait dans la cuisine, avant de revenir avec un verre d'eau bien fraîche.

- Il faut boire.

Une fois de plus, Angélique se laissait faire. Plus vite elle ferrait ce qu'il lui disait et plus vite, il partirait.

- Vous savez qu'un être humain normal, doit manger 3 repas équilibré par jour et non par semaine, boire minimum 1 litre et demi d'eau aussi par jour et dormir minimum 7 heures par nuit, chaque nuit, pour avoir une chance de vieillir ? Demanda Ryan, en s'asseyant en face d'elle, sur le bord de la table basse en chêne massif.

La jeune femme posait le verre vide, juste à côté de lui et goûtait moyennement son humour. Ce type se mêlait vraiment de ce qui ne le regardait pas. Elle se levait et vit soudain la pièce tourner. Elle fermait les yeux et essayait de faire comme si tout allait bien, mais lorsqu'elle les rouvrit, Ryan la tenait par la hanche et se trouvait beaucoup trop près d'elle. La jeune femme se dégageait et fit un pas en arrière.

Son cœur battait la chamade et elle eut beaucoup de peine à soutenir son regard. Il fallait qu'elle reprenne rapidement ses esprits dans l'espoir, qu'il s'en aille.

Le Profiler ne put s'empêcher de sourire, cette femme avait vraiment quelque chose de fascinant, en plus d'être merveilleusement belle. Il sentit une douce onde de chaleur traverser son corps. Mais il chassait soudain ses idées, pour en revenir à l'essentielle. Il n'était pas là pour ça.

- Vous alliez me dire, que vous alliez mieux et me mettre à la porte. Expliqua-t-il, en se disant qu'il faudrait plus de temps que prévu, pour qu'elle accepte de lui faire confiance.

- Oui. J'aimerais me reposer et... et manger. Disait-elle, en regardant en direction de la porte.

Pourquoi avait-elle soudain envie de fuir de chez elle ? Ce type la mettait vraiment mal à l'aise.

Ryan rigolait intérieurement, cette jeune femme n'allait pas lui simplifier son enquête et il n'arrivait pas à savoir si c'était positif ou négatif.

- Dans ce cas, je vais vous laisser mademoiselle Delmare, mais je repasserais ce soir. Assura-t-il, en ne retenant même pas le sourire qui venait de se dessiner sur ses lèvres.

- Si vous le dite. Disait Angélique, en se déplaçant de façon, à lui montrer la direction de la porte.

- Je ferais un bien piètre loup, si je ne revenais pas voir, comment va ma proie. Reposez-vous et par pitié, mangez un repas normal.

Le jeune homme ne sut pas vraiment pourquoi il se mit à lui parler ainsi, mais une partie de lui ne pouvait s'en empêcher.

Sans laisser à la jeune femme le temps de réagir à ses paroles, il passait devant elle et en arrivant dans l'entrée, remarquait son livre. Il souriait et sortait de la maison. Une fois sur le perron, il prit une grande inspiration et fermait les yeux. Cette femme l'avait rendu complétement dingue, en à peine une heure. Son cœur battait la chamade et jamais, il n'avait autant lutté contre lui-même. Refrénant l'envie de la secouer. De la toucher et même de l'embrasser.

Moins de deux minutes plus tard, Ryan remontait dans la voiture et essayait d'analyser ce qui venait de se passer et ce qu'il avait remarqué chez la jeune femme, afin de calmer son esprit. De l'extérieur, la maison était grande, recouverte de lierre qui tournait au rouge, selon l'humeur de ce mois d'octobre. Mais l'intérieure était étrangement froid. Sans vie. Il y avait des cartons. La cuisine ressemblait à un « no man's land », en fouillant dans les placards, il n'avait trouvé que du café, des biscottes, des pots de confitures à la myrtille, des barres de protéines, du sucre et deux paquets de pates. Qui se nourrissait ainsi ?

Angélique Delmare, de ce qu'il avait constaté jusqu'à présent, était une véritable tête de mule. Le genre de personne, qui ne laissait personne lui dire ce qu'elle devait faire ou ne pas faire. D'ailleurs, il était encore surpris qu'elle aille accepter d'avaler ces sucres, sans les lui jeter en pleine figure. Elle était fascinante et ne semblait pas avoir conscience de la beauté sauvage qui était la sienne.

Pourtant, quelque chose le troublait. Pourquoi était-elle aussi distante ? Même avec son propre père. Elle mettait sa santé en danger, sans même s'en rendre compte. Le mot "pourquoi" si mit à tourner en boucle dans l'esprit de Ryan. Et la question sur laquelle il finissait par s'arrêter malgré lui, était aussi troublante, que déroutante. Pourquoi avait-il eu tellement envie de l'embrasser ? De la prendre dans ses bras ? De la protéger, même contre elle-même? Il fermait les yeux et avant de recommencer à penser à elle, il démarrait la voiture, pour retourner au commissariat. Il fallait vraiment qu'il résolve cette affaire, au plus vite.

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