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- Oui. Enchanté de vous rencontrer, mademoiselle Delmare. Entra-t-il, en lui présentant sa main.
Ryan refermait la porte et sentit une certaine tension. La jeune femme qui se trouvait devant lui était pâle, stressée et tenait à peine debout. Il scrutait le commissaire, en se demandant, ce qui se passait.
- C'est toujours ok... pour faire les présentations ? Demanda-t-il, en les regardant tour à tour.
- Oui, oui bien sûr. Angie, je te présente...
- C'est bon. Le coupa-t-elle. Je sais qui vous êtes. Jetait-elle un œil à son père.
La jeune femme inspirait profondément, en essayant de contenir ce qui se passait en elle, car elle commençait à avoir mal à la tête et se sentait même nauséeuse.
- Je suis ravie de vous rencontrer. Assura Ryan, avec franchise.
Angélique plongeait dans son regard et il comprit, que ce n'était pas réciproque. Il baissait sa main et fit un pas en arrière. Elle était encore plus énigmatique, qu'il ne l'avait imaginé. Il comprenait mieux pourquoi, le commissaire avait vaguement survolé le sujet de sa fille. Son cerveau se mit à analyser malgré lui, les symptômes de la jeune femme. Pâleur du visage. Manque d'énergie. Nervosité et tremblement. Souffrait-elle de crises d'hypoglycémie ?
- Veuillez m'excusez, mais j'allais sortir. Disait-elle, alors que Ryan se trouvait entre elle et la porte.
Il se glissait sur sa gauche, en lui montrant la porte. Loin de lui l'idée, de la retenir une seconde de plus. Son état était inquiétant et il était à deux doigts de lui demander, depuis quand elle n'avait pas mangé.
- Angie, s'il te plait. Je... je pensais simplement que monsieur Davis, pourrait donner un avis intéressant. Plaidait Louis.
- Papa... je te l'ai déjà dit. Nous avons tout ce qu'il nous faut, pour notre reportage. Expliqua-t-elle, une fois de plus.
- C'est entièrement ma faute. Avouait Ryan. Carter Michigan est mon meilleur ami et il m'a dit beaucoup de bien de vous et de votre équipe. Je trouve votre approche vraiment intéressante et j'ai souhaité vous rencontrer. Défendait-il, le commissaire.
Angélique le jugeait un instant, car elle avait l'impression qu'il n'y avait pas la moindre vérité dans ce qu'il venait de dire, sauf sur le fait qu'il était ami avec Carter.
- Ecoutez. J'ai vraiment beaucoup de travail et...
- Comme tu as la maison de vacances à Thonon, j'ai aussi proposé à... à monsieur Davis de loger là-bas, pour qu'il puisse voir les... les... scènes de crime. Bégayait Louis, sous le regard presque meurtrier que lui lançait soudain sa fille.
- Quoi ? S'écriait-elle, en s'approchant de son bureau. Et tu comptes y aller quand ? Pensait-elle à voix haute.
- Oh euh... à... à vrai dire... j'espérais que tu accepterais de l'accompagner... Thonon n'a pas le moindre secret pour toi. Argumenta-t-il, en cachant son trouble.
Il n'avait évidemment pas la moindre intention, de la laisser seule avec un parfait inconnu. Profiler ou pas. Il voulait lui proposer d'y aller, accompagner de l'un des nouveaux stagiaires, mais elle s'énervait soudain.
- Tu te fiches de moi ? Grondait-elle.
- Non. Angie, bien sûr que non. Baissait-il les yeux.
Depuis que son ami, Maurice Dugrand était venu le prévenir qu'elle était suivie, il avait perdu le sommeil et n'avait pas la moindre idée de comment procéder pour la protéger, sans que celui qui la suivait ne l'apprenne et ne commette l'irréparable. De plus, il connaissait sa fille, qui était plus têtue qu'une mule, nul doute, qu'elle ne lui pardonnerait jamais d'entraver sa vie.
Ryan les regardait tour à tour, en comprenant de mieux et mieux la situation du père et de la fille. Leur relation était aussi complexe, que singulière. Il semblait y avoir beaucoup de secret et de non-dit entre eux, ce qui n'arrangerait rien.
Angélique cherchait son père du regard, sous le choc de sa demande. Elle était complètement perdue et en avait presque les larmes aux yeux, ce qui n'échappait pas au Profiler qui remarquait, que cela avait un effet très étrange sur lui. Il fermait légèrement les yeux, pour reprendre le control de ses pensées et remarquait le casque de la jeune femme, poser sur l'une des chaises et son sang quittait brutalement son corps.
Était-elle venue à moto ? Car dans son état, il n'était pas sûr qu'elle puisse rentrer chez elle en toute sécurité. Il secouait la tête, car cela ne le regardait pas. Il était ici pour donner des pistes au commissaire Delmare, afin qu'il puisse confondre le tueur.
- Putain, Ryan... occupe-toi de tes affaires ! Pensait-il en essayant de rester concentrer.
Alors qu'elle serrait les poings, il la voyait trembler de plus belle et son cœur fit un raté. Il n'aurait pas la conscience tranquille, tant qu'elle ne serait pas chez elle, saine et sauve.
- Commissaire. Disait-il soudain. Je vais vous laisser régler cela entre vous. Mademoiselle Delmare, j'ai été ravi de vous rencontrer. Assura-t-il, avant de sortir du bureau, laissant le père et la fille, seuls.
Angélique entendit à peine le Profiler partir. Elle s'appuyait contre le bureau et clignait plusieurs fois des yeux.
- Angie, je... monsieur Davis a besoin de se rendre sur les scènes de... crimes. Donc d'aller sur Thonon. J'ai... j'ai juste voulu rentre cela plus... simple. Je ne pensais pas à mal. Assura-t-il, en se levant.
La jeune femme faisait de son mieux, pour ne pas tomber dans les pommes. Son esprit bourdonnait et elle n'arrivait plus à se souvenir de son dernier repas. Son cœur frappait dangereusement sa poitrine et elle commençait à avoir des sueurs froides.
- Papa... je... je dois y aller. Essayait-elle de dire, en cherchant son casque.
- Angie... tu vas bien ? S'inquiétait-il, en se rapprochant d'elle.
- Oui... c'est... le décalage horaire... je... je suis fatiguée.
Elle se retournait et trouvait son casque, qu'elle attrapait en essayant de rester debout, le plus normalement possible.
- Angie, s'il te plait. Tu... tu dois prendre soin de toi...
- Papa. Je... putain, mais je ne suis plus une gamine. Hurla-t-elle presque.
Louis était en train de devenir dingue. Entre Henri qui lui avait téléphoné, lui aussi très inquiet, car il avait trouvé la jeune femme très pâle et ce qu'il venait d'apprendre, il ne savait plus ce qu'il devait faire. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Elle était l'être le plus précieux de sa vie. Sans elle, il n'aurait plus de raison de vivre. Il voulut s'approcher pour la prendre dans ses bras, mais elle tendit sa main pour lui montrer, qu'elle n'était pas d'accord.
Angélique sentait, qu'elle devait rentrer chez elle, au plus vite. Elle n'allait pas bien du tout. Son père voulut la retenir, mais elle se dirigeait vers la porte.
- Angie. Attends. Que se passe-t-il? Demanda-t-il, le cœur battant à tout rompre.
La jeune femme ouvrit la porte et dut s'appuyer contre le bureau de l'accueil, avant de reprendre sa route. Elle avait l'impression, qu'elle risquait de tomber dans les pommes, à tout moment.
Une fois dehors, elle inspirait profondément. L'air frais lui fit beaucoup de bien et elle en profitait pour rejoindre sa moto. Elle ne devait pas perdre de temps, car elle peinait à marcher. La jeune femme arrivait vers sa moto, enfilait ses gants et au moment où elle allait mettre son casque, une voiture s'arrêtait à son niveau.
- Stop. Disait Ryan. Mademoiselle Delmare, vous n'êtes pas en état de rentrer chez vous, à moto. Je vous ramène. Montez. Exigeait-il, en sortant de la voiture et en ouvrant la portière côté passager.
- Même pas en rêve. Pensa-t-elle, en essayant d'enfiler son casque, qui brusquement pesait une tonne.
- Si vous saviez de quoi je rêve, vous n'oseriez pas me dire une telle chose. Assura-t-il, en retenant son casque.
La jeune femme dut réfléchir un instant. Avait-elle pensé à voix haute ? Elle était complétement perdue. Profitant de la perplexité de la jeune femme, il la poussait doucement sur le siège, avant de faire le tour et de s'installer derrière le volant.
- Vous... je... ma moto. Disait-elle en essayant de comprendre, ce qui était en train de se produire.
- Je vous ramène. Déclara-t-il. Et pour votre moto, je trouverais une solution. Assura-t-il, en démarrant la voiture.
- Non... Essayait-elle soudain, d'ouvrir la portière.
Les rêves, qu'elle avait fait depuis leur rencontre, quelques jours plus tôt, étaient en train de lui provoquer une crise d'angoisse. Chaque nuit, elle voyait son visage, juste avant que ses lèvres se posent sur les siennes. Mais Ryan verrouillait la voiture et continuait sa route.
- D'un, ce n'était pas une question, mais une affirmation. Exposa-t-il, en haussant la voix. De deux, vous êtes en pleine crise d'hypoglycémie, alors soit je vous ramène, soit j'appelle une ambulance. La menaça-t-il, en tournant sur sa gauche.
Angélique soupirait, avait-elle vraiment le choix? Elle se mordillait la lèvre, ce qui n'échappait pas à Ryan, qui serrait soudain nerveusement le volant. La jeune femme posait sa tête contre la vitre. Sa fraicheur, lui faisait beaucoup de bien et après quelques minutes, elle se sentait un peu mieux. Son esprit était plus calme. Le bourdonnement était en train de diminuer et son cœur battait moins fort. Maintenant, elle ne voulait plus qu'une chose, rentrer chez elle et oublier la conversation, qu'elle venait d'avoir avec son père.
- Ça va mieux ? Demandait Ryan, alors qu'ils quittaient le quartier du commissariat.
Il avait demandé à Thomas Roussel de lui prêter sa voiture et avait demander l'adresse de la jeune femme à l'agent de l'accueil, en expliquant la situation et qui connaissant la fille du commissaire, n'avait émis aucune objection.
- Oui. répondit-elle en regardant autour d'elle.
Pourquoi prenait-il le chemin le plus long et le plus compliquer pour la ramener chez elle ? Elle regardait l'habitacle, qui était en désordre. Désordre, qu'elle ne connaissait que trop bien. Ce type était en train de la ramener chez elle, avec la voiture de son ex. Elle soupirait longuement et s'appuyait contre son siège. Elle allait en entendre parler pendant des mois, voire des années.
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