24
Angélique était une fois de plus en retard. Elle avait passé le weekend sans prendre le temps de se reposer. Le vendredi avait eu lieu la réunion avec ses collègues, que Luc avait décider de sécher, trouvant comme excuse, que sa copine était malade. La jeune femme avait eu des doutes à propos de cela, mais avait décider de ne pas le faire remarquer, car depuis quelque temps, elle trouvait qu'il se comportait bizarrement, mais après tout, cela ne la regardait pas.
Elle avait passé une partie de la nuit du vendredi au samedi, à lire les dossiers que Dugrand lui avait donné. Elle n'avait pas encore eu le temps de tout lire, mais elle avait déjà une idée de l'ampleur de l'affaire et elle devait avouer, que l'ancien policier avait fait de son mieux pour monter cette enquête, malgré les moyens qu'il avait eus à l'époque et que dès le départ, il avait soupçonné que l'auteur des crimes, était effectivement un tueur en série. Pour finir, la jeune femme avait passé son dimanche avec Henri et l'avait aidé à préparer une paella, pour une fête de quartier.
Entre son retour du Canada, son aller et retour à Thonon et son week-end sans repos, sans compter sur ses rêves, qui devenait de plus en plus étrange, elle avait de la peine à tenir debout.
La jeune femme entrait dans le commissariat de son père, en soupirant et se dirigeait directement, vers la machine à café. Avant de faire ou dire quoi que ce soit, elle en avait besoin. Elle regardait autour d'elle et l'accueil était presque vide. Une stagiaire passait prêt d'elle et elle en profitait pour lui demander, si tout allait bien.
- Oui. Assurait la jeune femme, avec un sourire. Votre père présente le Profiler American, à toute l'équipe.
Elle devait surement parler de Ryan Davis. Angélique levait les yeux au ciel et la stagiaire continuait son chemin, en gloussant comme une collégienne. Elle prenait son café, en soupirant de plus belle.
- Tiens, mademoiselle la journaliste. Raillait soudain, le lieutenant Thomas Roussel, en arrivant près de la machine.
Ces grands yeux bruns la dévisagèrent, alors qu'il mettait un jeton, pour se faire aussi un café.
- Lieutenant Roussel. Disait-elle, en retenant son souffle.
Elle n'arrivait toujours pas à croire que son père sortait avec Florence et les douloureux souvenirs de son histoire avec Thomas refirent brusquement surface, alors que son cœur recommençait à la trahir. Malgré tout ce qui s'était passé, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir encore des sentiments pour lui.
Thomas se penchait soudain vers elle et faisait exprès de lui toucher la main, alors qu'elles étaient toutes les deux prises. L'une tenant son gobelet de café fumant et l'autre, son casque de moto, dans lequel, elle y avait déposé ses gants. Elle ne put s'empêcher de frissonner, ce qui n'échappait pas à son ex. Même s'il avait été à l'origine de leur rupture, pour de très mauvaise raison, il était encore amoureux d'elle.
- Thomas. Murmurait-elle, en reculant d'un pas.
- Quoi ? Ton père et ma sœur sortent bien ensemble. On pourrait remettre ça. Susurra-t-il. Tu me manques, Angie. Avouait-il, en caressant sa main. S'il te plait, donne-nous encore une chance. La suppliait-il, en la poussant doucement contre le mur.
Ses jambes commençaient à trembler et son cœur battait si fort, qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa gorge. Elle s'empêchait de fermer les yeux et de penser à lui. La tête en feu, elle se reculait juste assez, pour que son casque fasse obstacle.
- Thomas, c'est toi qui as rompu et... et mon père est ton supérieur. Essayait-elle de lui expliquer, la voix plus tremblante qu'elle ne le voulait.
Jusqu'à présent, elle avait réussi à l'éviter ou du moins, à ne pas rester seule avec lui, mais de toute évidence, ses efforts n'avaient pas servi à grand-chose.
- Inutile de me le rappeler. Tu l'as bien assez fait par le passé. Disait-il, un peu amer.
Il avait tout fait pour la reconquérir, mais elle avait toujours refusé de lui donner une autre chance. Attiré par ses lèvres, il se penchait vers elle avant de serrer les poings, en réprimant l'envie qu'il avait de l'embrasser. Brusquement, il reculait de plusieurs pas et s'éloignait, en prenant son café au passage.
Angélique restait seule, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Thomas avait été le seul homme, jusqu'à présent, avec lequel elle avait eu envie d'avoir une vraie relation. Dès qu'il avait été recruter par son père, 6 ans auparavant, elle avait usé de toute les ruses possibles et imaginables, dans l'espoir qu'il la remarque. Chose qui avait été enfin le cas, 3 ans plus tôt, lors de la fête de départ d'un collègue de son père. Ils avaient commencé à sortir ensemble, en secret. Leur relation avait été passionnelle et plutôt conflictuelle, ponctuée par les crises de jalousie de Roussel. Mais elle l'avait aimé et avait été dévastée, lorsqu'il avait décidé de rompre une énième et d'apprendre qu'il la trompait non seulement avec son ex-copine, mais aussi avec des coups d'un soir.
Le cœur brisé et sachant qu'il n'y aurait jamais rien de plus entre eux, la jeune femme avait décider de passer à autre chose et de se plonger à corps perdu dans son travail.
Machinalement, elle se mordait les lèvres, en le regardant regagner la salle de réunion. Elle sentait son parfum et osait enfin fermer les yeux.
- Angélique. Disait soudain l'agent de l'accueil. Ton père te propose de l'attendre dans son bureau. Il en a encore pour 5 minutes. Lui montrait-il, la direction de celui-ci.
- Ok. Merci. Répondit-elle, les rouvrant et en retenant ses larmes.
Angélique posait son casque sur l'une des chaises, son café sur le bureau de son père et dut s'assoir. Elle se sentait troublée, perdue et seule. Une partie d'elle avait envie de remettre ça avec lui, mais lorsqu'elle pensait à sa souffrance et ses larmes, elle se ravisait aussitôt.
- Les hommes. Pensa-t-elle, en soupirant.
Pour se changer les idées, La jeune femme regardait le bureau de son père et remarquait, qu'il avait changé. Il était plus décoré et il avait même fait poser deux bibliothèques, en bois massif, de chaque côté des fenêtres. Elle s'approchait et touchait le bois, surprise qu'il opte pour un tel luxe. Il semblait vraiment, avoir besoin de changement. Elle fronçait les sourcils et un petit sourire se dessinait sur ses lèvres, devant les livres de l'âme poète de son paternel.
Angélique prit l'une des œuvres de Marcel Pagnol. Son père lui avait lu plusieurs fois "Le temps des secrets" lorsqu'elle était enfant. Blottie contre lui, elle avait cru que le monde lui appartenait. Elle soupirait et le remit en place.
La jeune femme s'installait sur la chaise de bureau et regardait autour d'elle. Il avait aussi changé les photos. Il n'y en avait plus qu'une de sa mère, mais c'était l'un de ces plus beaux portraits. Il y en avait deux d'elle, une lorsqu'elle était enfant et une autre ado. La jeune femme dut se retenir, pour ne pas les enlever de là, à la vue de tous. Et il y en avait une nouvelle.
Son père souriant, avec à ses côtés une femme pimpante, qui était sa nouvelle compagne, Florence Roussel. Cette photo fit un drôle d'effet à la jeune. Oui, elle voulait que son père soit heureux, mais c'était si soudain et il y avait tous les changements qui allaient avec.
Elle soupirait une fois de plus, en s'appuyant contre la chaise, remarquant alors un dossier plutôt épais, dans la petite niche du bureau. Elle regardait en direction du couloir et de la salle de réunion, personne n'était encore sortir. Discrètement, elle le prit sur ses genoux.
Elle l'ouvrait, avant de jeter à nouveau un coup d'œil à la salle de réunion, personne ne bougeait. Elle le feuilletait pour voir ce qu'il contenait, mais la jeune femme fut surprise de constater, qu'elle avait bien plus d'info que lui et cela même si de toute évidence, il lui manquait certaines photos. Alors qu'elle allait le remettre en place, elle tombait sur une note écrite à la main, par son père.
- Bien sûr, je suis à votre entière disposition. Disait soudain une voix, prêt du bureau.
Elle refermait le dossier, le remit en place, se levait et but une gorgée de café. Au même moment, la porte du bureau s'ouvrit et son père entrait, en lui souriant.
- Angie. Disait-il, en s'approchant pour l'embrasser sur la joue.
Il jetait un œil à son bureau avant de le contourner et de s'y installer. Il déposait la pile de dossier qu'il avait dans les mains, à côté de son ordinateur et vérifiait celui qui se trouvait dans la niche, en se maudissant de ne pas l'avoir rangé.
- As-tu passer un bon week-end ? Demanda-t-il, en essayant de cacher sa gêne.
Elle n'avait pas répondu à ses appels et après les aveux, qu'il lui avait fait au restaurant d'Henri, il se sentait mal et angoissait à l'idée, qu'elle lui en veuille. Sa fille était pale, fatiguée et tenait à peine debout.
Angélique s'installait sur une des chaises en face de lui et essayait de ne pas trop analyser, ce qu'elle venait de lire. De quoi son père était-il au courant ? Que savait-il vraiment ? Cette pensée commençait à torturer son esprit.
- Bien et toi ? Répondit-elle enfin, le cœur frappant dans sa poitrine.
- Bien. Un peu... Angie à propos de l'autre jour et... je suis sincèrement désolé. Essayait-il de lui dire, sans savoir par quoi commencer.
- Papa... Tu es heureux. N'en parlons plus. Pourquoi voulais-tu me voir... ici ? Demandait-elle, alors qu'elle était de plus en plus tendue et perdue
Son esprit s'embrumait soudain et elle avait de la peine, à rester concentrée. Et c'était sans compter ce qui venait de se passer avec son ex.
- Oh euh... je... je voudrais de présenter le Profiler. Monsieur Davis. Pour ton enquête. Expliquait-il, en regardant en direction du couloir.
- Mais... je fais un reportage sur les polices. Pas sur le profilage. Tenta-t-elle, de lui expliquer et clignant plusieurs fois de yeux.
- Je sais, mais il a lui-même travailler avec plusieurs polices, il pourrait peut-être te donner un autre avis... sur leur différence et leur façon de travailler. Insistait-il.
Angélique s'appuyait contre son siège et scrutait son père. Il avait l'air stressé. Plus que d'habitude. Il transpirait et ne semblait pas vraiment dans son assiette.
- Papa... tu... tu vas bien ? S'inquiétait-elle soudain.
Il levait les sourcils et regardait une fois de plus, en direction du couloir.
- Oui. Je... Je suis vraiment désolé.
- Mais de quoi ? Papa... il se passe quoi ? Tu me demandes de venir ici, ce que je fais, pour que tu me présente un type, qui n'a rien à voir avec mon enquête de terrain. S'énervait-elle soudain.
- Je... j'ai simplement penser que...
La jeune femme se levait brusquement, prise de vertige. Elle ne comprenait pas pourquoi son père insistait autant à propos de ce type. Elle sentait comme une crise d'angoisse incontrôlable, menacer son être et tout se mélangeait autour d'elle.
Sans attendre et l'esprit en feu, elle se dirigeait vers la porte et au moment, où elle allait appuyer sur la poignée, elle s'ouvrit laissant apparaitre :
- Ryan Davis. Murmurait-elle, en se figeant sur place.
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