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            Après le départ d'Angélique Delmare, Maurice revenait à la maison des De-la-Tours. Des centaines de souvenir refirent surfaces. Ici, la bande de Thonon, comme ils s'étaient appelés à l'époque, avaient passé leurs grandes vacances et cela pendant toute leur enfance. Vivant leurs premiers émois, leurs premiers amours et même leurs premières fois, pour certain. L'anniversaire de Julie Neuville, le 19 et celui des jumelles, le 20 juillet avait toujours été un prétexte, pour de grande fête, où tous les jeunes, leurs parents et amis se réunissaient pour un moment particulièrement festif.

Il y avait eu Juliette et Ludivine, les jumelles De-la-Tours, Julie Neuville leur meilleure amie et la fille de son actuelle compagne, Charles Durieux qui était encore aujourd'hui son meilleur ami, son ex première petite amie, Lucie Gauthier, ainsi qu'Olivier Fournier, grand amour de Juliette. Était venu s'ajouter Claire, son ex-femme et ancienne petite amie de Louis Delmare, qui avait débarqué la même année.

Sa rencontre avec Angélique, avait raviver ce passé, qui lui semblait à la fois lointain et très présent.

Maurice entrait dans le cimetière et s'agenouillait devant la tombe de Ludivine. Au fil du temps, ils s'étaient tous perdue de vue, aillant chacun leur propre vie.

Lucie avait été l'une des victimes de ce tueur en 1971 et Julie avait disparu dans d'étrange circonstance, depuis plus de 30 ans et les jumelles avaient perdu la vie, des suites de maladies. Il ne savait pas ce qu'était devenu Olivier Fournier et n'avait pas vraiment envie de le savoir. Il avait coupé les ponts avec Louis depuis qu'il avait dû lui rendre un service, au milieu des années 80, qui avait failli lui coûter sa carrière au sein de la police.

Une sensation de nostalgie le traversait soudain et une larme coulait sur sa joue. Il sortait son téléphone et composait un numéro.

- Salut Louis. Disait-il, sur le répondeur de ce dernier. C'est Maurice Dugrand. Ta fille, Angélique, enquête sur le tueur de Thonon. (Il soupirait) Je... je préférais de prévenir, car... car cela nous concerne tous. J'espère... j'espère que tu vas bien. À la prochaine. Raccrochait-il, en sortant du cimetière, le regard humide.

Tellement de choses avait changer, depuis ces temps innocent et heureux, qui avait été les plus belles années de sa vie. Il restait un instant sous le grand chêne. Enfant, lors des fêtes, ils avaient supplié leurs parents pour dormir dans la cabane, qui était évidemment trop petite, pour tous les réunir. Pourtant, ils y avaient manger des tonnes de bonbons. Se racontant des histoires terrifiantes, juste pour faire peur aux filles. Faisant même semblant de dormir, lorsque leurs parents essayaient de venir les chercher. Ils avaient fait les 400 coups tous ensemble. Ces souvenirs le faisaient sourire. Ils avaient vraiment été de sales gosses par moment. Enfin pour l'époque.

Perdu dans ses pensées, il perdit son regard en direction de la vieille grange, qui avait été rénovée en atelier, avec une grande baie vitrée. C'était dans cette bâtisse, qu'il avait perdu sa virginité, avec celle qui était devenue son ex-femme.

Maurice se figeait soudain. Dans le reflet de la vitre, il crut voir quelque chose bouger, car depuis où il se trouvait, il pouvait voir la cabane du grand chêne. Son échine dorsale l'alertait que sa première impression était fondée. Quelqu'un était en train de l'observer et il devait en avoir le cœur net.

L'ancien policier soupirait profondément, feignant d'être lasse. Tranquillement, il se dirigeait vers sa voiture, qui était garée plus loin. Il entrait à l'intérieur, fermait les portes à clés et reculait de quelques mètres, afin de partir sur l'un des chemins forestiers, qui montait en direction du mont Hermone. Il parcourrait quelques centaines de mètre, tournait sur sa gauche et prenait un chemin, où seul un tracteur ou un 4x4 oserait s'aventurer. Il croisait une voiture, garée en contre bas et continuait sur 50 mètres, avant de se mettre au point mort et enfin, de s'arrêter.

De là où il se trouvait, il avait une vue imprenable sur la maison de vacances des De-la-Tours, qui se trouvait en contre bas. Après quelques minutes, il vit une silhouette d'homme descendre du grand chêne et son cœur se mit à battre la chamade. Que faisait ce type ici ? Maurice s'appuyait contre son siège, en essayant de calmer son cœur, raison pour laquelle il avait dû quitter prématurément la police. Son téléphone sonnait soudain et il sursautait.

- Oui. Répondit-il, encore sous le choc.

- Maurice, où es-tu ? Lui demanda Magalie.

- Je suis chez mademoiselle Delmare. J'y suis aller pour m'excuser. Expliquait-il, en essayant de retrouver son calme. Magalie... je... il se passe quelque chose d'étrange. Avoua-t-il. Je... je vais devoir monter sur Paris.

- Maintenant ? Mais tu vas bien ? Et mademoiselle Delmare ? S'inquiétait-elle aussitôt.

- Oui. Je vais bien et elle aussi. C'est juste que... que cette affaire vient de prendre une tournure inquiétante et je préfère prévenir... Louis. Expliquait-il en soupirant, pour la rassurer.

- Oh, je vois. Soit prudent. Comprit Magalie.

- Promis, je t'appelle quand je suis à Paris. Je t'aime ma chérie.

- Je t'aime aussi, Maurice.

Ils raccrochèrent et il vit le type partir en direction de la vielle grange, qui se trouvait au bord de la route. Cet homme ne lui disait rien et de là où il était, il ne pouvait pas en voir plus. La silhouette sortait de la grange quelque seconde plus tard et montait sur une moto.

Maurice hésitait à retourner vers la maison, mais cela pourrait être dangereux de retourner là-bas, pour fouiller les lieux et comme il l'avait dit à sa compagne, il valait mieux qu'il parte immédiatement pour Paris, afin de prévenir son ancien ami, que sa fille courait un grave danger. Sans attendre, il faisait demi-tour et partit en direction de la capitale.

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