130
Angélique mit quelques secondes à réaliser, ce qui venait de se passer sous ses yeux.
Friedrich s'était figé sur place, le regard dans le vide, avant de tomber à la renverse. La poudreuse avait volé autour de lui, comme si un ange l'avait brusquement happé dans la neige, avant de recouvrir le sol de tache de sang, qui n'avait jamais été aussi rouge. Le contraste était monstrueux et cette fois, le temps s'était suspendu pendant quelques secondes.
Paralysée par ses émotions, la jeune femme restait immobile, seule et perdue, dans l'eau glaciale de ce lac de montagne. Submergée par le dégout, le désespoir et la tristesse. Peinant à croire que s'était finit. Elle plaquait sa main contre sa bouche pour retenir un cri muet, puis une voix. Sa voix l'avait soudainement sortie de sa torpeur. Transcendant et réchauffant la moindre parcelle de son être. Elle crut vraiment avoir sombré dans la folie ou peut-être était-elle morte !
Elle se retournait, avant de cligner des yeux, alors qu'il tenait là, une arme fumante à la main. Son regard se figeait un instant, dans l'or profond de ses yeux et enfin, elle se reconnectait à la réalité.
Le vent se déchainait. Des bourrasques soulevaient des nuages de poudreuses, alors qu'il recommençait à neiger. Comme si brusquement la nature et la vie reprenaient leur droit.
- Angélique... Viens... s'il te plaît. Lui tendait-il sa main droite, en la suppliant du regard.
Sa voix douce et tendre se répercutait en elle, recollant des morceaux qu'elle croyait avoir perdu à jamais.
- Angélique. Elle sursautait. Nous... devons, nous mettre à l'abris, tu risques une hypothermie. Assura-t-il, en s'avançant lentement, après avoir ranger son arme et en lui montrant ses mains.
La jeune femme tournait légèrement la tête et regardait en direction du lac. Le corps gisait toujours à quelques mètres d'eux et cette fois, il semblait vraiment mort.
- Il... Fred... Friedrich... il...
- Oui. Il... est mort. Murmurait-il, pour ne pas l'effrayer. Angélique... c'est terminé. Assura-t-il, le plus doucement possible.
Elle plongeait à nouveau dans son regard, cherchant si tout cela était vraiment réel, avant que ses tremblements ne reprennent avec violence. Elle regardait ses jambes, qui se trouvaient encore dans l'eau et brusquement, elle réalisait pleinement ce qui se passait. Sans réfléchir, elle attrapait l'un de ses mains, pour sortir de l'eau, avant de se jeter dans ses bras.
Sa chaleur. Son odeur et son être tout entier, prenaient brusquement vie et des larmes de joie coulèrent sur ses joues glacées. Elle le sentit faire des mouvements et fut soudain enveloppée dans une veste. Délicatement, il prit son visage dans ses mains et s'assurait qu'elle allait bien et qu'elle était capable de le suivre.
- Ma voiture est tout près du chalet. Tu te sens capable de marcher jusque là-bas ? Demandait-il en caressant tendrement sa joue.
Angélique secouait la tête pour toute réponse. Il l'aidait à enfiler la veste correctement et la prenait par la main, l'entrainant par le chemin, qu'elle avait pris un peu plus tôt.
Ils montèrent jusqu'au sommet de la colline qui dominait le lac, de l'endroit même d'où Angélique venait, mais à cause de la neige, elle n'avait pas vu ce chemin. Son corps était de plus en plus endolori et son esprit s'éloignait doucement. La fatigue, le stress et la peur étaient en train de la submerger, surtout maintenant que l'adrénaline avait quitter ses veines. Elle tenait à peine debout et peinait à garder les yeux ouverts, lorsqu'il lui lâchait soudain la main, avant de lui faire comprendre qu'elle devait regarder sur sa gauche. Ce qu'elle fit avant que les larmes ne recommencent à couler. Non seulement la vue du corps de Friedrich était imprenable de l'endroit où ils se trouvaient, mais le sang semblait dur, foncé et abominable. S'écoulant lentement dans les eaux limpides du lac.
Elle remarquait enfin une voiture noire et reconnut le 4x4 d'Éric. Son premier réflexe fut d'ouvrir la bouche et de crier qu'elle était là, mais elle fermait les yeux, dévastée à l'idée, qu'ils sachent tous, qui elle était vraiment et tout ce qu'elle avait fait.
- Tu... tu devrais le... tu devrais les rejoindre. Proposait-il, avec un petit sourire.
Elle ouvrait ses yeux humides, sans comprendre pourquoi, elle se sentait soudain si seule, perdue et meurtrie. Comment pourrait-elle retourner vers eux ? Vers son père, alors qu'elle allait briser sa carrière. Florence le quitterait et il deviendra la risée de sa profession. Henri lui pardonnerait, elle le savait, alors qu'elle ne le méritait pas. Ryan quant à lui finirait par repartir à New York et d'une façon ou d'une autre, elle finirait seule. Personne ne pourrait jamais comprendre.
Elle avait voulu résoudre cette enquete pour sa tante, pour rendre justice, mais jamais elle n'aurait pensé découvrir tout cela. Jamais elle n'aurait cru, que Frédérique Gueilan, Fred, l'homme qu'elle avait aimé, qui avait été son collègue pendant 4 ans, soit un tel monstre.
Angélique plaquait sa main contre sa bouche, en essayant de retenir un sanglot. Il y avait eu tellement de mort. Tellement de souffrance.
Il s'approchait, se penchait vers elle et plongeait dans son regard, en penchant légèrement la tête sur le côté.
- Angélique... souhaite... souhaites-tu, que je t'emmène loin d'ici ?
À ces mots, elle se blottissait contre lui et s'accrochait de toute ses forces à son être. Elle secouait la tête avec affirmation et elle sentit ses lèvres brulantes se poser sur son front.
- Christian. Murmurait-elle, alors qu'elle arrivait enfin à parler. Tu es... tu es sur ? Arrivait-elle à lui demander, en relevant la tête.
Elle vit un petit sourire se dessiner sur ses lèvres, alors que son pouce caressait sa joue, pour sécher ses larmes.
- Angélique... si c'est ce que tu désirs... alors oui. Assura-t-il, en lui prenant la main. Car il ne saurait en être autrement. Ajoutait-il en l'entrainant, en direction de sa voiture.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top