13
Comme chaque nuit, Angélique rêvait de sa mère et de leurs moments de bonheurs. De tous ces souvenirs, que son esprit s'efforçait de ne pas oublier. Elle obligeait son être à se rappeler de son visage, de ses taches de rousseurs, de son sourire et de son regard d'une tendresse infinie. De ses longs cheveux roux, légèrement ondulés qui dansaient sous le vent et lui chatouillait le visage, lorsqu'elle l'embrassait avec tendresse. Sa mère aimait porter de longues robes bohèmes, aux couleurs pastel, ornées de dentelles fines et lumineuses. La jeune femme se rappelait son odeur et la tonalité de sa voix douce, comme des milliers de clochettes.
Mais dans les tréfonds de ses limbes, son corps se mit brusquement à frissonner. Comme si son inconscient essayait de la prévenir d'un danger, mais trop fatiguée, son esprit s'engouffrait davantage dans de plus sombres ténèbres.
La jeune femme se retrouvait dans les rues de Paris. Elle voulait courir, fuir, mais quelques choses l'en empêchait. Le ciel était gris, il n'y avait pas le moindre vent, ni même le moindre signe de vie. Brusquement, un homme l'attrapait par la taille.
- Ma rose sauvage. Murmurait-il, contre son oreille.
Elle frissonnait de plaisir et se blottissait contre lui. Angélique portait une longue robe de couleur rose poudrée et il la faisait tourner sur elle-même, avant de la prendre tendrement dans ses bras.
- Tu es tellement belle. Assura-t-il, contre ses lèvres.
Son cœur battait la chamade. Elle était tellement heureuse. Elle fermait les yeux et l'embrassait avec passion. Il répondit à son baiser et la plaquait contre le mur, d'une des maisons de la ruelle.
- Tu devrais fuir ! Grondait-il soudain.
Elle ouvrait les yeux sous le choc, du visage qui venait d'apparaitre devant elle. Elle se débattait, mais il la tenait fermement par les bras.
- Pourquoi tu ne fuis pas. Montrait-il la ruelle.
Des ombres se dirigeaient vers eux. Le sol vibrait sous leurs pieds et les murs commençaient à s'effriter. Une main griffée sortait des pavés et lui attraper la cheville. Elle sentait ses ongles entrer dans sa chair. Elle voulut hurler, mais il plaquait brutalement sa main contre sa bouche, avant d'embrasser son cou.
- Non. Pensait-elle. Non. Laisse-moi. Suppliait-elle.
Elle se mit à trembler. Son corps s'agitait. Quelque chose clochait. Elle devait sortir de ce rêve au plus vite.
- Tu vas me perdre, mon Angélique sauvage. Murmurait-il, en empoignant son sein.
Elle sentait son corps et son esprit se débattre. Comme si brusquement, elle n'était plus seule. Comme si au-delà de ses rêves, une présence se trouvait là.
- Tu es si belle. Si vivante. Continuait-il, dans un murmure, en retirant sa main de sa bouche.
La jeune femme sentait son souffle contre son cou et plusieurs ombres, l'emprisonnèrent contre le mur, alors que sous les tremblements, la rue se réduisait en cendres.
Ses doigts étaient en train de remonter sa robe. Sa peau semblait meurtrie, là où le contacte s'était fait. De plus en plus mal, la jeune femme suppliait les larmes aux yeux.
- Stop. STOP. Hurlait-elle, dans son esprit.
Mais elle le sentit soudain en elle. Il approchait ses lèvres de sienne et l'embrassait avec violence.
- Non. NON... PITIE... NON. Pleurait-elle.
Soudain, se fut comme une explosion de lumière. Les ombres disparurent et l'homme se changeait brusquement, en un tas de terre fumante. Un être magnifique apparue. Doucement, il lui tendit la main et Angélique la prit. Il déposait alors une rose séchée et ensanglantée, dans le creux de celle-ci et plongeait dans son regard bleu-or.
- Tu sais. C'est lui ! Murmurait une voix féminine, contre son oreille. Regarde.
L'être lui montrait toutes les mains, qui essayait de sortir des pavés et qui hurlaient dans un silence étouffant.
- C'est lui ! Angélique... tu dois le retrouver. Il le faut. Assura-t-elle, en plongeant dans son regard, avant de pencher la tête sur le côté.
Sous le choc, la jeune femme ouvrit les yeux, se redressait et allumait sa lampe de chevet. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et sa respiration lui brulait les poumons. Comme si l'oxygène s'était soudain transformé en lave.
Elle avait l'impression étrange que le rêve qu'elle venait de faire, n'en était pas vraiment un. Son corps était trempé de sueur et alors qu'un courant d'air passait sur elle, elle se figeait sur place, en touchant son cou. Instinctivement, elle frissonnait et l'adrénaline se déversait dans son être. Quelque chose ou peut être quelqu'un l'avait touchée à cet endroit, pendant son sommeil. Assise, dans son lit, elle restait un instant à scruter la pièce, le cœur frappant de plus en plus fort.
- C'est impossible. Murmura-t-elle, en se frottant le cou. Il faut que je me calme, bordel. S'implora-t-elle.
Elle se frottait le visage et se levait doucement. Angélique inspirait bruyamment comme pour se sentir moins seule. Elle secouait la tête, en essayant de contenir la vague de colère, qui émanait brusquement de son être.
- Putain... ces rêves vont me rendre folle ! Gronda-t-elle, en se dirigeant vers la salle de bain.
Elle avait besoin de se détendre et de prendre une bonne douche bien chaude, avant de manger des biscottes, avec de la confiture de myrtilles et de se reposer, avant son rendez-vous avec Maurice Dugrand.
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