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Elle avait réussi à le blesser et à fuir. Le cœur frappant dans sa poitrine, Angélique essayait de reprendre son souffle et de comprendre où elle se trouvait. Après être sortie du chalet, elle avait été éblouie par la lumière vive du jour et surprise par la neige. Mais elle comprit qu'elle était perdue en pleine montagne et sans doute en Allemagne.
La jeune femme bravait le froid, vêtue d'un simple pull, d'un jeans et d'une paire de baskets. Sachant qu'il était grièvement blessé, elle avait préféré monter en direction d'une colline en prenant un sentier, à l'orée des bois, qui semblait épargner par la neige, afin qu'il n'arrive pas à la suivre facilement.
Arrivant sur un replat, elle s'appuyait un instant contre un arbre et regardait autour d'elle. Le brouillard, ne laissait que peu de visibilité, mais heureusement la neige avait cessé, ainsi que la tempête. En contre bas, il lui semblait voir de l'eau, comme un étang ou un lac. Elle tremblait de froid et de peur. Elle était terrifiée à l'idée, qu'il arrive à survivre une fois de plus et qu'il revienne sans cesse, pour lui faire du mal.
Encore essoufflée, un craquement non loin d'elle la fit sursauter et sans attendre, elle courait en direction de l'étendue d'eau. Elle s'enfonçait dans la neige, se relevait, puis s'encoublait à une racine, tombant en avant et s'écorchant les mains, déjà recouvertes de sang et de saleté.
L'air glacial lui piquait la peau et brulait ses poumons en feu. Son corps souffrait le martyr, alors qu'elle l'obligeait à se mouvoir.
A bout de souffle, elle s'appuyait dos à un tronc d'arbre et plaquait sa main sur son cœur, horrifiée de constater, qu'elle n'avait parcouru que quelques mètres. Elle crut entendre à nouveau un bruit et remarquait plus loin, comme un chemin, qui même recouvert de neige, la ferait avancer plus vite, qu'en pleine forêt. Elle s'y précipitait et après de longues minutes à se débattre avec les sous-bois, elle arrivait enfin sur un terrain ferme.
Angélique regardait autour d'elle et essayait de se concentrer, mais il n'y avait plus le moindre bruit et ce soudain silence, la terrifiait. En essayant toujours de reprendre son souffle, elle descendait en direction du lac gelé, avec l'impression de voir la civilisation pour la première fois. Elle se frottait les bras, alors que ses dents claquaient frénétiquement sous l'effet du froid glacial, qui tournoyait autour d'elle et enfin, elle arrivait sur le chemin qui faisait le tour du lac. Même si les lieux étaient dégagés, elle ne reconnaissait rien. Sur sa droite, elle aperçut un panneau et continuait à avancer en regardant autour d'elle. Le paysage était figé dans la glace et la neige, ce qui était à couper le souffle. Entouré d'un cercle de colline, le lac semblait niché au creux des montagnes.
Une fois son souffle récupérer, la jeune femme se remit à courir, avec l'espoir de trouver quelqu'un ou du moins une maison, afin d'appeler à l'aide, mais avant même qu'elle ne le comprenne, sortant de la forêt comme un zombie ensanglanté, Friedrich bondissait sur elle et dans l'élan, ils tombèrent dans l'eau glacial du lac.
Angélique se débattait, car ce malade immergeait sa tête, puis la remontait à la surface à plusieurs reprises. L'eau était tellement froide, qu'elle avait l'impression que des milliers d'épingles, la transperçait de part en part. Son cœur battait la chamade et comme la jeune femme peinait à reprendre son souffle, elle but plusieurs fois la tasse, alors qu'elle ne sentait même plus son être.
Brusquement, elle sentit son corps se remettre droit, elle glissait sur une pierre et elle tombait à la renverse, sur les rebords du lac gelé. Elle sentit une douleur vive, au niveau gauche de son bassin et sentit un liquide chaud couler le long de son jeans.
La jeune femme avait le souffle coupé et voyait des milliers de taches danser devant elle. Elle battait à plusieurs reprises des paupières, pour reprendre ses esprits et elle sentit soudainement, la main de Friedrich autour de son cou.
- Tu... TU NE ME QUITERAS PAS ! Hurlait-il, à deux centimètres de son visage. On va crever ici, car tu es mienne et que je suis le seul à t'aimer. Grondait-il de plus belle.
Elle suffoquait. Les larmes coulaient sur ses joues. Il avait été vain de croire, qu'elle allait lui échapper. La mort la sauverait-elle seulement !
Il plaquait le canon de son arme contre sa tempe et Angélique s'accrochait à lui, comme elle l'avait fait pendant tous ces années. Elle pensait à sa mère, à son père, Henri, Ryan, Julien et à tous ceux qu'elle aimait.
Et maintenant que s'était presque la fin, elle pouvait enfin penser à lui. Lui à qui, elle n'avait jamais osé dire ce qu'elle ressentait, alors qu'elle était tombée follement amoureuse.
- Je t'aime. Osa-t-elle enfin dire dans un murmure, proche d'un sanglot.
Même s'il n'était pas là, il le saurait d'une manière ou d'une autre. Les mots finiraient par arriver jusqu'à lui et s'était tout ce qui comptait.
Friedrich relâchait son emprise et elle retombait sur ses pieds, en toussant pour reprendre son souffle. Elle le vit baisser son arme et reculer d'un pas, dans les eaux glacées. Angélique tremblait de tout son être et claquait des dents, alors qu'il ne semblait même pas infecter, ni par ses blessures sanguinolentes, ni par le vent froid qui se fracassait contre eux. L'espace d'un instant, elle se demandait s'il était vraiment humain.
- Qu'as... qu'as-tu dit ? Demandait-il soudain, en plongeant dans son regard.
Elle baissait les yeux, pour retenir ses larmes. L'image de Fred se superposait sur celle de Friedrich. Elle n'arrivait tout simplement pas à croire que s'était lui, que ça avait été lui, pendant tout ce temps. Un gouffre se formait dans son cœur, alors qu'il reculait encore de plusieurs pas, en regardant autour de lui, le regard aussi vide, que sans la moindre parcelle de vie.
Angélique cru l'entendre murmurer quelque chose, mais une bourrasque, la fit frissonner davantage. Les éléments qui recommençaient à se déchainer, étaient la seule chose, qui lui confirmait que le temps ne s'était pas arrêté. Les larmes coulaient sur ses joues, alors qu'il continuait de reculer.
Il était pitoyable. Ses vêtements trempés étaient recouverts de taches rouges, qui grandissaient de seconde et seconde. Il était livide et semblait chercher quelque chose, car son regard n'arrêtait pas de partir dans un sens, puis dans l'autre. Mais le regard de la jeune femme se figeait soudain, lorsqu'elle vit l'arme qu'il tenait dans sa main et machinalement, elle retenait son souffle.
Alors qu'il reculait, il tombait et se retrouvait assis, sur l'île de tourbe recouverte, d'une épaisse couche de neige. Elle ne put s'empêcher de faire un mouvement dans sa direction et de lui tendre la main, avant de se figer sur place, car Il se relevait et remarquait l'objet qu'il tenait entre ses doigts. Lentement, il levait son bras armé dans sa direction et elle écarquillait les yeux de stupeur.
Un bruit assourdissant déchirait brusquement les lieux et elle se baissait d'un coup, le cœur frappant à tout rompre dans sa poitrine.
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