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Il pleuvait à verse et neigeait en montagne. Une tempête avait été annoncée pour le lendemain avec des rafales de vent et des inondations, en particulier dans le Nord de la France, la Belgique et le Luxembourg. La région de Lörrach serait moins touchée par cette tempête, mais cela restait inquiétant, au vu de la complexité de la situation.

Tout le monde était à table, autour du repas délicieux qu'avait préparer Jane et la femme d'Hardyl qui soupirait longuement. La cheffe de la police les avait rejoints avec sa compagne, afin de leur donner le peu d'information supplémentaire, qu'elle avait obtenu.

Ryan et Éric s'étaient muré dans le silence et Louis jetait de nombreux coups d'œil inquiet à Henri, qui faisait comme si de rien n'était.

- Tu sais quand être l'enterrement, de notre brave Maurice ? Demandait soudain Hardyl à l'attention de Louis.

- Vendredi... mais... je crois que ce sera annuler à cause de la tempête et reporter à lundi.

- Je être désolé. Tu savoir que nous... bien connaitre Friedrich. Avouait-il le cœur gros. Lui être là, le dimanche. Lui...manger à notre table. Lui prendre Jane dans bras. S'énervait-il encore sous le choc. Lui aider pour ça. Montrait-il le verger. Lui... lui prendre main de Maurice. Avouait-il les larmes aux yeux.

Sa femme posait tendrement sa main sur la sienne, avant de se lever et de le serrer dans ses bras, devant le regard ému de Jane.

- Je vois maintenant le mal en lui. Exprimait alors la vieille dame. Mais pour moi, il reste l'enfant mal aimé, maltraité et recouvert de cicatrices. Détester par ses propres grands parents. Je sais que c'est irrationnel, après tout ce qu'il a fait. Rien ne justifie les crimes atroces qu'il a commis... mais... mais moi, je ne vois qu'une âme seule et désespérément perdue.

Louis préférait baisser son regard pour ne pas blesser Jane, qui parlait avec son cœur. Mais pour lui, Friedrich n'était qu'un monstre. Une abomination que rien, ni personne ne pourrait sauver. Henri soupirait longuement, lasse de s'imaginer Angélique aux mains de ce type.

Après quelques minutes, la cheffe de la police expliquait, qu'elle avait retrouvé le nom de la mère de Jean Orgueilan. Qu'elle se nommait Ada Jäger et venait avec ses parents, tous les deux décédés, du village de . Un hameau perdu à flanc de montagne à 30 minutes de là. Qu'elle y avait envoyer une patrouille, mais qu'il ne restait plus rien du chalet principal. Après la naissance de Jean, Ada avait été envoyée de force dans un couvent, sur les rives du lac de Constance, car à l'époque, il était inconcevable de tomber enceinte sans être mariée et encore moins d'élever un enfant. Elle avait eu une vie misérable, n'était jamais revenue dans la région et était décédé dans les années 90.

Le vieux fou de Jäger, comme était appeler le grand père de Jean, l'avait élevé à la dure, jusqu'à ce que son cœur lâche en 1960. La grand-mère avait essayé d'élever l'enfant, mais elle avait fini par le renvoyer chez son père, en France. Elle était morte peu de temps après. Alors que la cheffe de la police allait rajouter quelque chose, sa compagne se penchait vers elle, en fronçant les sourcils et Jane ne put s'empêcher de lui faire les gros yeux.

- Nazi. Lâchait-elle soudain.

Tout le monde dut retenir sa respiration. Louis soupirait. Décidément, plus il en apprenait et plus il se demandait comme Jean et Friedrich auraient pu avoir une vie normale avec de tels secrets. Plus le temps passait et plus cela résonnait également en lui.

La femme se penchait à nouveau vers sa compagne et expliquait quelques choses, qui surprit Hardyl qui se tournait vers Jane, pas bien sûr de pouvoir le traduire en français.

Elle avait travaillé à l'état civil, enfin, elle y avait fait un stage il y a quelques années, avant de devenir secrétaire à la police municipale et de rencontrer la cheffe. Elle parlait d'une maison, d'un petit chalet perdu à flanc de montagne, de l'autre côté du hameau de Külenbronn. Un arrière petit cousin du vieux fou Jäger, avait un jour, apporter un droit de succession et trop heureux de se débarrasser de ce fardeau maudit, le district avait accepter de restituer le bien à l'homme en question, qui l'avait revendu aussitôt.

- Un arrière petit cousin? L'avez-vous vu? Demandait spontanément Jane, qui traduisait en même temps.

- Nein. Répondit-elle, car ses souvenirs étaient assez flou.

Elle ajoutait, que le greffier partait à la retraite et que ce chalet avait été un clou dans sa chaussure, tout le long de sa carrière et qu'il ne croyait pas pouvoir résoudre un jour ce problème.

Il avait fallu du temps et de nombreuses années, pour tout remettre en ordre après le chao de la 2eme guerre mondiale. Peu de personne parlait de ce point, mais beaucoup avait tout perdu et n'avait plus aucune preuve, ni de documents, pour prouver leur naissance ou qu'ils étaient propriétaires d'une maison ou d'un terrain. Cela avait été très compliqué pour ceux qui avait peu, voir même rien, de revendiquer leur bien. Heureusement, maintenant les choses étaient rentrés dans l'ordre. Il y avait encore des failles, comme partout dans l'administration, mais chacun faisait de son mieux.

Ryan se tournait vers Hardyl, qui se levait aussitôt pour appeler le greffier, qu'il connaissait bien, car c'était un vieil ami de son père. Quelques minutes plus tard, il revenait et plongeait dans le regard, de la femme en la remerciant d'en avoir parler.

- L'homme qui acheter maison, être Jean. Jean Gueilan. Clamait Hardyl avec un grand sourire.

Tout le monde se regardait tour à tour, en se demandant si cela était vraiment possible. Ils finnisèrent par tous se tourner vers la compagne de la cheffe, réalisant le coup de chance qu'ils venaient d'avoir.

- Merci. Disait soudain Louis les larmes aux yeux, en se levant.

- Attendez... nous... il faut... tu crois vraiment que c'est lui? Demandait Éric, à l'attention de Ryan.

Le jeune homme était encore sous le coup des révélations qui lui avait été faite plus tôt. Mais il devait avouer qu'il y avait assez peu de doute et après tout, c'était la seule vrai piste qu'ils avaient.

- Le prénom de son père et le nom de famille, qu'il utilise en France. C'est une piste très sérieuse. Assura-t-il.

Hardyl frappait sur la table et disant en allemand, qu'ils allaient enfin coincer ce salaud, avant de s'excuser tout pénaux, devant les gros yeux de sa grand-mère.

- Il me faut un verre. Disait soudain Henri.

Son cœur pourtant robuste risquait bien de le lâcher à tout moment. Ils le regardèrent tous, puis Hardyl se mit à rire et décidait de sortir une bonne bouteille de liqueur de poire. Ryan demandait à la cheffe de la police quand il serait possible de vérifier cette piste et elle assurait que ce serait fait le lendemain, dès que le temps le permettrait.

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