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Friedrich


Il faisait nuit noire, car la lune n'était encore qu'un fin croissant. Le ciel d'ouest semblait recouvert de nuage. Il faisait froid et le vent soufflait par rafales. Les sapins dansaient sous les assauts des bourrasques.

Mon cœur battait à tout rompre, lorsque je me garais juste devant mon antre. J'avais roulé avec prudence, n'empruntant que les départementales ou les petites routes, afin de ne pas tomber sur un barrage de police ou de gendarmerie. J'avais croisé plusieurs véhicules des forces de l'ordre, mais la météo annonçait qu'une tempête était en approche, ce qui me laissait un petit avantage, car dans un premier temps, la protection de la population serait leur priorité.

J'avais fait les 11 heures de route presque d'une traite, ne m'arrêtant que pour faire le plein dans des petites stations-services isolées. Lors de l'un de mes arrêts, j'en avais profité pour lui attacher les poignets et les pieds. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'elle était avec moi. Je tremblais. D'amour, d'excitation, de peur et aussi de colère, car rien de ce qui venait de se passer n'avait été préparé.

Maintenant que nous étions enfin ici, rien que de l'entendre respirer, me faisait bander. L'habitacle était dominé par son parfum de rose et j'avais l'impression de pouvoir ressentir sa chaleur. Je soupirais longuement, dans l'espoir de reprendre le contrôle de mon être et écoutais une fois de plus sa respiration régulière. Elle n'avait pas bougé et semblait encore dans les vapes.

L'une de mes blessures s'était rouverte lorsque je l'avais porté sur mon dos, entre le cimetière et la voiture, je crevais de mal, mais rien ne pouvait submerger la puissance qui régnait en moi, à cet instant-là. Je regardais son corps endormit à travers le rétroviseur et doucement, je sortis de la voiture, en faisant le moins de bruit possible. J'avais un dernier effort à faire, avant de pouvoir me reposer un peu.

Avec prudence, je contournais la voiture et inspectais le moindre de ses mouvements, la sous-estimer était une erreur, que je ne commettrais pas.

- Putain, ce que t'es belle, ma rose ! Murmurais-je haletant.

Je serrais les poings et inspirais lentement. Je devais me concentrer sur l'instant présent. J'ouvrais le coffre et me plaçais aussitôt sur le côté. Hors de portée d'éventuelle coup de pied. Angélique ne bougeait pas. J'attrapais soudain ses pieds et la tirais d'un coup sec vers moi et elle soupirait, son corps ressemblant à la plus délicieuse des guimauves. L'espace d'un instant, je m'inquiétais de la dose de tranquillisant que je lui avais injecté, mais je décidais de ne plus perdre une seule seconde.

Je l'attirais à moi et dut fournir un effort douloureux, pour la mettre sur mon dos et je montais les marches du balcon, qui menaient à mon chalet. J'ouvris la porte et l'odeur de la fumée et du bois, me rassurèrent. Je me dirigeais vers la chambre et la posait aussi doucement que possible sur le lit. Je lui détachais les mains et les pieds, avant de les rattacher au barreau du lit. Je restais là un instant et la contemplais de tout son être, peinant à croire que c'était réel.

- J'ai... j'ai tellement envie de toi. Murmurais-je, en lui caressant tendrement la joue.

Je me levais soudain, prenais une couverture bien chaude et la plaçais sur elle, avant d'allumer le petit chauffage à gaz, afin qu'elle n'aille pas froid. Je retenais ma respiration et obligeais mon corps à sortir de cette chambre, en fermant la porte à double tour.

Je tremblais de passion et la savoir brusquement aussi prêt de moi, me consumais et me perdais, alors je décidais d'occuper mon esprit.

J'allumais un feu dans le vieux fourneau, que j'avais rénover moi-même et prenait une bouteille d'eau dans le sellier. J'en buvais la moitié et vidais l'autre dans la bouilloire en laiton, afin de me faire un café plus tard. J'évitais de regarder en direction de la chambre, mais je n'avais plus qu'une seule et unique chose, qui martelait mon esprit. Elle.

Je luttais, brulant d'un feu qui me dévorait les entrailles. Je devais sortir de cette baraque, avant de la prendre et je décidais de m'occuper de la voiture.

- Haine... souffrance... douleur. Implorais-je mon esprit.

Je vidais entièrement le véhicule de Charles Durieux, retirait les plaques et passait soigneusement un coup de chiffon, plus pour occuper mon corps, que par réel nécessité. J'enfilais des gants en latex, remontait à bord, fit marche arrière et descendait le chemin sur plusieurs centaines de mètres.

Au creux du vallon où se trouvait mon chalet, se trouvait des dizaines de vieux tas de bois abandonnés. Je planquais la voiture derrière l'un deux, en prenant soin de mettre une bâche de camouflage pardessus. Je reculais de plusieurs pas, satisfais qu'on la devine à peine. J'enlevais mes gants et me frottait les mains pour me réchauffer, avant de remonter.

Essoufflé et le cœur cognant jusque dans ma tête, je rangeais consciencieusement toutes les affaires, dans la cave et retournais à l'intérieur.

L'odeur du café franchement moulu se rependit autour de moi et je respirais à plein poumon. Le fourneau commençait à diffuser sa chaleur. Des milliers de sensations me traversèrent et je regardais en direction de la porte. Cette putain de porte, qui me séparait de ma rose sauvage.

- Elle est là. Putain... elle est vraiment là. Soupirais-je, en grimaçant.

Je pris ma tasse et sortait sur le balcon. L'aube venait de faire éclater le ciel, qui semblait briser en deux. Derrière nous, se trouvait les nuages sombres. La tempête n'était plus très loin. Le ciel bleu, lui, était immaculé. Les montagnes se parèrent de roses, tranchant avec leur blancheur. Le monde s'éveillait doucement, les oiseaux commèrent à chanter et le cri d'un renard profanait le silence presque perturbant.

Je rentrais et finissait ma tasse, avant de sortir ma trousse de soin et de me soigner. J'arrivais péniblement à me recoudre, à désinfecter les plaies et à changer mes pansements. Je me lavais à l'eau glacée, pour obliger la moindre parcelle de mon corps à rester molle. J'enfilais des vêtements propres et avançais lentement vers la porte. Je posais ma main tremblante sur le bois et posais mon oreille contre. Il n'y avait pas le moindre son et mon inquiétude grandissait, mais si j'entrais dans cette chambre, je serais incapable de me contrôler et il fallait que je dorme.

Je m'installais confortablement sur l'un des fauteuils et regardais le plafond, en ne sachant pas quel dieu remercier.

J'imaginais son corps et toutes les fois, où elle s'était offerte à moi. Sa chaleur. La douceur de sa peau et de ses caresses. Tout ce que nous avions fait ensemble, me submergeait brusquement. Je l'entendais gémir et me supplier, pour que je lui donne du plaisir.

Et avant même que je n'arrive à me contrôler, je me branlais de toutes mes forces. Suppliant mon être de se satisfaire de ça. Je la voulais, mais je voulais surtout, qu'elle me désir autant que moi, je la désirais. Je voulais bruler son être, de la même façon qu'elle embrasait le mien.

J'accélérais et me perdit, dans un gémissement de plaisir, je me levais précipitamment et attrapais un mouchoir, pour pouvoir jouir à l'intérieur.

Haletant, je levais la tête, comprenant que le seul moyen que j'avais de me contrôler, était de m'endormir. Sans attendre, je pris une dose d'antalgique, je me relavais en vitesse et retournais me coucher. À peine m'étais-je installé sur mon fauteuil, que les ténèbres me happèrent, avec pour seul murmure, ses gémissements de plaisir.

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