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Olivier sanglotait et essayait de reprendre son souffle. Son monde n'avait plus eu le moindre sens après le suicide de Juliette, il avait fait de son mieux pour tenir bon, mais il était épuisé.
Jean avait disparu. Daniel, son père n'avait jamais eu le domaine des De-la-Tours et était mort foudroyer par une crise cardiaque. Lui avait appris qu'il était stérile, mais ne l'avait jamais dit à sa femme, qui l'avait trompée à de nombreuses reprises et même avec le jeune homme qui venait régulièrement l'aider pour l'entretien du domaine. Et depuis 2 mois, il se savait malade et n'avait plus l'envie, ni la force de lutter.
- J'ai... j'ai essayé de me faire pardonner. Je me suis occupé du domaine et je suis allé voir régulièrement madame De-la-Tour en maison de repos. Je suis un monstre... et... et je suis vraiment désolé.
Éric en avait les larmes aux yeux. C'était sincère et il voyait bien à quel point le pauvre homme était torturé et s'en voulait. À l'époque, il n'était qu'un gamin battu par son père, qui le menaçait ouvertement.
Juliette avait vécu l'enfer, l'abandon, la violence de l'acte monstrueux qu'elle avait subi, la peur de porter l'enfant de Jean. Avait-elle seulement eu le choix, que de mettre fin à ses jours ? Que d'échapper à toute cette folie. Mais Olivier, lui, était resté.
- Vous n'êtes pas... un monstre. Vous avez eu le courage de venir voir Louis et de me parler. Vous avez fait de votre mieux. Assurait Éric.
- Merci. Disait Olivier, enfin un peu mieux. Solange... mon père nous a obliger à nous mariés. On... en a bavé.
- Je n'en doute pas et maintenant, vous pouvez nous aider à comprendre votre frère. Proposait le mentor.
- Alors... il est vraiment mort ?
- C'est ce que nous supposons. Accepteriez-vous, si nous en avions besoin, de faire un test ADN ?
- Oui. Je... je veux vraiment aider.
- Bien. Merci encore de vous être confié à moi.
- Merci à vous. Heureusement... certains des copains de Thonon ont pu avoir des enfants, comme Angélique, Jacques, Christian et... euh... William, je crois.
- Attendez... de... de quoi parlez-vous ? Demandait Éric, soudain perdu.
- Oh et bien Angélique est la fille de Louis et de Ludivine... d'ailleurs son prénom était l'idée de Juliette. Souriait-il tristement. Jacques est le fils unique de Maurice et Claire, et Julie, elle, a eu deux fils, Christian, avec un hippie Canadien et William, avec un autre homme... enfin il me semble.
- Julie ?
- Julie Neuville, la meilleure amie de Juliette et la fille de Magalie Neuville. Expliquait clairement Olivier.
Éric eut brusquement des sueurs froides. Il sentit son cœur battre la chamade et il dut fournir un effort surhumain, pour ne rien laisser paraitre.
- Oui... c'est une chance que... que d'avoir une nouvelle génération des copains de... Thonon. Expliquait Olivier, en essayant de reprendre le control, après une longue minute de silence. Mais Christian vit au Canada et malheureusement, Julie... est morte d'un cancer... je crois.
- C'est... tragique.
- Oui. Vous savez... c'est un grand gaillard. Expliquait soudain Olivier, qui avait besoin de se changer les idées. Bien habillé. Galant. Cheveux noir et... c'est bizarre, mais je vous assure que c'est vrai. Il avait les yeux or... vraiment comme de l'or. J'ai regardé sur internet, c'est très rare et s'est pour cela que je m'en rappelle... c'est Hazel, la couleur. On n'a jamais vu cela par chez nous. Confiait-il en soupirant.
L'américain dut encaisser le choc. Il en perdait presque l'usage de la parole et se demandait comment une telle chose était-elle possible.
- Vous... vous les avaient revus... je veux dire à part Angélique.
- Je n'ai jamais rencontré Jacques, Maurice et moi... on ne s'entendait pas vraiment. Confiait-il. Je l'ai su de Claire, que j'ai revu à l'enterrement de madame De-la-Tours. Christian est venu il y a 4 ou 5 ans je crois. Il a dit être marié et avoir un fils. Qu'il était professeur au Canada. J'étais... soulagé que... qu'ils soient tous heureux ou du moins, qu'ils avancent.
- Oui, je... je comprends... j'ai rencontré Jacques Dugrand... il... il est instructeur dans l'armée.
- C'est bien. Entre Angélique qui est devenue journaliste, Jacques qui est instructeur et Christian professeur... ils ont réussi à... à sortir de toute cette folie.
- Il... il semblerait oui... mais... vous avez parlé d'un autre fils...
- Oh... William ?
- Oui voilà...
- A vrai dire, Christian n'en a pas vraiment parlé. Vous savez, il a débarqué avec une voiture de location. Il est resté 2 heures. Je lui ai montrer le domaine des De-la-Tours. On a parlé de tout et de rien. Il m'a demandé qui était Juliette, j'ai un peu raconté son histoire et son amitié avec sa mère. Elles étaient comme des sœurs jumelles. D'ailleurs gamins, on embêtait beaucoup Ludivine avec cela. Enfin... c'était il y a tellement longtemps maintenant. Se rappelait-il, en recommençant à pleurer.
Éric s'approchait de lui et lui mit une petite tape sur l'épaule. Ils recommencèrent à marcher et arrivèrent au portail du domaine Fournier.
- Venez. Disait Olivier. Vous pouvez rentrer par les vergers. Montrait-il le haut de la colline. Il... il y a encore une chose. Inspirait-il soudain profondément.
- A quel propos ?
- De Jean... il... mon père m'avait dit que... qu'il avait eu un fils... Jean lui écrivait à Noël, chaque année.
- Merci pour toutes ces informations. Grâce à vous, nous allons enfin pouvoir comprendre ce qui s'est passé et...
- Il a fait beaucoup de victimes ? S'arrêtait-il en milieu du chemin, qui menait chez lui.
Éric baissait les yeux, il avait un étrange pressentiment, qu'il n'arrivait pas à expliquer. Olivier semblait en quête de vérité, mais devait-il vraiment lui dire, ce qu'il savait.
- Oui.
- Oh mon Dieu... ce... ce n'est... c'est... comment...
- Olivier... ce qu'a fait votre frère... n'est pas votre fardeau. Posait-il ses mains sur ces épaules.
- Mais... il... il a... violé Juliette et... il en a tué combien ? S'il vous plait... je... je dois savoir.
- Nous n'en sommes pas sûr. Une dizaine. Décidait-il de mentir, même si ce nombre était déjà inimaginable.
Il était inutile de l'accabler d'avantage, de plus, il n'était pas responsable des agissements de son père et de ceux de son frère. Il avait essayé d'aider Juliette, certes il aurait pu faire plus ou du moins autrement, car son silence avait sans doute pesé dans la balance de la souffrance de la jeune femme, mais contre un père violent et un frère meurtrier, que pouvait-il vraiment faire à l'époque ?
Éric regardait autour de lui et inspirait profondément, car ils étaient presque arrivés chez les Fournier. Olivier était resté muet. Les larmes coulaient sur ses joues. C'était pire que tout ce qu'il avait pu imaginer et il n'arrêtait pas de se demander, si son père avait été au courant.
- Est-ce que ça va aller ? Demandait le mentor à Olivier.
- Oui... merci... je... je vais aller retrouver mon épouse... je suis là... si vous avez besoin de moi.
Éric jetait un œil aux fenêtres de l'entrée et vit bouger les rideaux. De tout évidence, il était attendu.
- Merci encore de vous être confier à moi. Assura-t-il avec un petit sourire.
Olivier avançait un peu péneau, d'avoir enfin vider son sac, en direction de sa porte d'entrée. Ronger par toutes les questions que lui assenait son esprit. Il marquait un temps d'arrêt et se tournait vers Éric, qui n'avait pas bouger.
- Là. Montrait-il sa gauche. Prenez sur votre droite, puis à gauche. Longez le verger et plus haut, vous tomberez sur le chemin qui va jusqu'au Manoir. Dite... Dite à Louis que je suis sincèrement désolé.
- Merci. Je n'y manquerais pas. Bonne soirée monsieur Fournier.
Il regardait Olivier rentrer chez lui, le pressentiment qu'il avait eu un peu plus tôt devenait de plus en plus fort. Il hésitait longuement avant de partir.
Cette conversation avait été bien plus instructive qu'il ne l'aurait cru. Olivier avait confirmé de vive voix, certains soupçons qui pesait sur cette affaire. Juliette avait soupçonné Jean d'être le tueur. Elle avait été violée par lui et c'était suicidée. Jean avait été maltraité par son propre père et avait été très influençable, ce qui n'enlevait rien aux crimes monstrueux qu'il avait commis.
Olivier avait aussi confirmé avec ses mots, que Jean était obsédé par Juliette et que la famille De-la-Tours avait mentit sur sa mort. Louis et Ludivine étaient sans aucun doute possible, au courant de tout, ainsi qu'Henri. Ce qui appuyait la théorie que ce dernier, amoureux de Ludivine, avait pu tuer Jean, pour venger Juliette.
Éric se demandait alors, s'il était possible, que Jean soit retourné à la maison de vacances de Thonon, cette année-là. Était-il tombé sur Ludivine et que par chance, Henri se trouvait là !
Louis aurait alors demandé à Maurice de modifier le rapport du légiste, pour protéger son ami, ainsi que sa famille ! Henri lui avait eu un restaurant tout près à l'époque, ainsi que le fameux bateau pour jeter le corps dans le lac.
Cependant, quelque chose clochait. Ludivine était surement déjà malade. Il ne voyait pas, un homme tel qu'Henri se dérober à cet acte. Louis et lui étaient des hommes d'honneur, le mentor avait peu de doute sur le fait, qu'ils se seraient dénoncés depuis le temps et c'était cela qui tournait en boucle dans son esprit.
- Tout ce qu'on a fait, c'était pour te protéger. Repensait-il à ce qu'ils avaient dit à Angélique.
Il se figeait sur place. Son sang se glaçait et il secouait la tête, comme pour chasser l'idée, qui venait de se former dans son esprit.
- Non. Murmurait-il.
Pour échapper à cette vision, il laissait son esprit vagabonder et dut reprendre son souffle. Le chemin montait en direction de la colline, puis redescendait en direction du Manoir. Il se retournait et vit les lumières de la maison des Fournier en contre bas. Ils avaient vraiment vécu juste à côté des uns et des autres.
Il fermait les yeux et ne put s'empêcher de repenser aux dernières informations que lui avait donné Olivier.
- Il... il est vivant. Osait-il à peine murmurer. Mon Dieu... Christian est vivant.
Éric se remit en route. Il voyait les spots près du cimetière où avait été enlevée Angélique, ainsi que les lumières du Manoir. Il levait les yeux au ciel et se mit à frissonner. Comment était-ce possible ?
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