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Les lumières et l'asphalte défilaient autour d'elle. Angélique se couchait légèrement sur son Honda et mettait les gaz. Les ténèbres l'envahissaient, lorsqu'elle se retrouvait seule, sur la ligne droite, de la départementale qui la menait en direction de Thonon-les-Bains. Elle se laissait entièrement submerger par la vitesse et la pression que sa moto exerçait sur l'air. La jeune femme essayait de fermer son esprit, mais l'annonce de son père raisonnait en elle.

- J'ai fait appel à un Profiler. Un Américain. Ryan Davis.

- Putain. Pensait-elle.

De tous les scenarios, qu'elle s'était faite sur la résolution de cette enquete, s'était clairement le pire de tous. Elle relâchait légèrement les gaz, pour éviter de louper la sortie. Elle sentit une onde de colère et de frustration se propager en elle.

- Papa me lègue la maison. Je découvre le journal de Juliette et maintenant... il se met en ménage avec la sœur de mon ex et... il a engagé ce maudit Profiler ! Essayait-elle de résumer la situation.

Une fois de plus, les larmes lui montèrent aux yeux, mais elle inspirait profondément dans son casque. Elle avait assez pleuré et elle en avait marre, d'être toujours à fleur de peau. Depuis cette découverte, elle avait l'impression de glisser lentement dans un abysse aussi monstrueux, qu'étrange.

La jeune femme refusait de faire face au pressentiment qui grandissait en elle, car il était en train de remettre sa vie et tout ce qu'elle croyait savoir en question.

Soudain, elle vit le panneau qui indiquant "Mesinges", elle rétrogradait juste à temps, pour tourner à droite, en direction d'Allinges. Une décharge d'adrénaline se déversait dans son être, des milliers de frissons parcoururent son corps et sur le moment, elle faillit s'arrêter pour reprendre le control.

- Fait chiez. Gronda-t-elle, dans son casque.

Elle s'engageait sur la départementale 233, fermait son esprit et décidait de ne faire qu'un avec sa moto.

Angélique arrivait dans le petit village de Lyaud. Elle le traversait et s'engageait sur la petite route, qui montait en direction du Mont D'Hermone et restait concentrée, sur la route.

Après un premier virage à gauche, elle accélérait sur la ligne droite, grisée par la vitesse et se fit plaisir en prenant un virage en épingle à cheveu sur la droite, à vive allure. L'air était humide et frais, mais sa moto tenait merveilleusement bien la route, c'était un véritable plaisir de la conduire. La jeune femme avait besoin de profiter de ces moments, où elle pouvait prendre des risques et se sentir plus vivante que jamais. Et ici, sur ce petit chemin, en pleine nuit, elle avait bien assez de temps pour voir un autre véhicule arriver.

Dans la petite montée, elle se redressait doucement et rétrogradait, dans quelques centaines de mètres, elle devrait tourner sur sa gauche, pour s'engager sur un chemin forestier pour arriver chez elle. Elle ouvrit la visière de son casque et inspirait un grand coup les odeurs du sous-bois. Ça sentait bon les champignons et la mousse des arbres. Le souvenir de sa mère apparu dans son esprit.

Soudain son épine dorsale frissonnait et elle vit surgir une voiture, droit devant elle. Cette dernière arrivait beaucoup trop vite. La jeune femme sentit l'adrénaline se déverser en elle, même en se mettant sur le côté, la voiture risquait de la percuter. L'accident semblait inévitable. Elle serrait son guidon et essayait de ralentir encore un peu. Brusquement, le véhicule freinait en faisant crisser ses pneus et dans un bruit assourdissant, tournait sur sa gauche en contre bas, pour s'engager sur un autre chemin forestier.

- Bordel. Pensa-t-elle, le cœur battant à tout rompre.

Étant toujours à bonne allure, la jeune femme passait juste à côté d'eux et vis qu'ils étaient quatre à l'intérieur, fenêtres grandes ouvertes, riant et musique à fond. Ils semblaient ne même pas l'avoir remarquée, alors qu'elle s'engageait sur le chemin de sa maison de vacances, en tremblant.

Au bout de quelques mètres, la maison se dessinait dans la pénombre. Un peu comme une ombre fantomatique, apparaissant au milieu des arbres et des sapins. Le croissant de la lune dominait le Mont D'Hermone et se reflétaient dans certaines fenêtres du 1er étage. Accentuant cette sensation oppressante, de maison abandonnée.

Angélique garait sa moto, enlevait son casque et contemplait ce moment. Ici, elle était libre et se sentait vraiment chez elle. Seuls, les souvenirs tendres de sa mère et le bonheur, qu'elles avaient partagé comptaient.

Entourée d'une clôture en pierre et d'une forêt, la demeure était plus belle que jamais. Droit devant, se trouvait trois grandes marches qui desservaient la porte d'entrée principal, avec alignées de chaque côté, deux fenêtres, qui était presque des baies vitrées. Dans le parterre qui entourait une partie de la maison, le vent faisait danser les azalées, les forsythias et la dizaine de rosiers sauvage que sa grand-mère avait planter.

Au deuxième étage, un balcon en fer forgé donnait des allures de conte de fée à l'édifice, qui était une véritable maison de maître. A l'arrière de la demeure, sur la droite, ce trouvait une petite grange, restaurée en atelier, avec une grande baie vitrée. Et sur la gauche, derrière un immense chêne se trouvait le cimetière familial.

Une bourrasque d'air frais entourait brusquement la jeune femme et elle respirait à pleins poumons, il sentait les roses sauvages. Angélique fermait les yeux et vit sa mère, comme dans un souvenir, assise sur une simple couverture, au pied du grand chêne. Elle était tellement belle, que la jeune femme en avait le souffle coupé, elle la regardait silencieusement, le vent tournoyant autour d'elle. Ces cheveux cuivrés flottaient, légers comme des plumes. Le regard vert de sa mère se fit plus intense, comme pour dire quelque chose à sa fille, elle se levait soudain et disparu dans un halo de fumée. Rouvrant les yeux, la jeune femme se retrouvait seule, dans la pénombre.

Angélique avait brusquement froid. Elle prenait sa moto et avançait de quelques pas, avant de la garer sous le couvert, qui se trouvait sur la droite et qui servait de garage. Elle avait soudain l'impression, que son casque pesait une tonne. Elle venait de rouler pendant 6 heures et avec ce qui s'était passer plus tôt dans la journée, elle était vidée de toute énergie.

Elle se dirigeait vers la porte d'entrée, montait les trois marches et sortit la clé de la maison. D'une main tremblante de fatigue, elle la glissait dans la serrure et l'ouvrit. Une odeur de renfermé s'engouffrait dans ces narines. Loin d'être écœurante, cette odeur était plutôt rassurante, car cela signifiait, que personne n'était venu.

L'entrée était vaste, dominée par une grande cheminée, qui se trouvait en face de la porte, à droite se trouvait le salon, qui faisait la moitié de la maison, avec la salle à manger. Sur la gauche se trouvait la cuisine, qui donnait sur un sellier. Directement sur sa gauche, se trouvait l'escalier, qui donnait sur un étage, où se trouvaient trois chambres, une salle de bain et une sorte de suite parental qu'elle occupait.

Toujours dans l'entrée, Angélique refermait la porte et se laissait aller contre. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle était enfin en sécurité. Soulagée et fatiguée, elle posait son casque, sa veste et ses gants, sur la console ronde de l'entrée et se dirigeait vers le salon. La jeune femme n'avait pas besoin, ni envie, d'allumer, alors elle se dirigeait en longeant le mur. Une fois dans le salon, elle arrivait vers l'une des bibliothèques, la jeune femme aimait lire quelques poèmes, avant de s'endormir. Cela lui rappelait les histoires, que lui racontait sa mère.

- Enfin. Murmura-t-elle.

Automatiquement, sa main s'arrêtait sur l'ouvrage, qu'elle cherchait. Il était toujours à la même place. C'était un ouvrage ancien sur la mythologie grecque. Un recueil de légende, qui avait appartenu à sa grand-mère, puis à sa mère. Elle le prit et sortait de la pièce. En revenant dans l'entrée, elle prit son sac et montait au premier étage.

En haut de l'escalier, droit devant elle, se trouvait la chambre de ses parents. Elle effleurait la porte. Sa mère était décédée dans cette pièce. Mais la jeune femme secouait doucement la tête. Elle ne voulait pas penser à ça, pour le moment. Elle se dirigeait vers sa chambre, celle qui se trouvait en face, de celle de ses parents.

Angélique s'arrêtait net en ouvrant la porte. Elle sentit des milliers de papillons virevolter, à l'intérieur de son être. Son échine dorsale se mit à la picoter. Elle se concentrait, sans cesser de regarder à travers la fenêtre qui se trouvait droit devant. La jeune femme attendait ce qui lui parut une éternité, avant de s'approcher et de scruter les alentours du grand chêne. Mais rien ne bougeait à l'extérieur. Pourtant, elle avait cru voir quelque chose bouger dans la cabane de l'arbre. Serrant contre elle son livre, elle soupirait et décidait de laisser tomber. Elle analyserait ces sombres pensées paranoïaque une autre fois.

Angélique posait son sac, à côté de sa table de nuit et enlevait ses bottes, avant de fermer les volets. Elle s'étendit sur son lit et commençait à lire.

Le poème parlait de la déesse Athéna, cette magnifique jeune femme, sortie du cerveau de son père, le Dieu Zeus. Mais après seulement quelques lignes, la jeune femme éteignit la lumière et sombrait dans le sommeil.

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