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Éric sortit de la voiture et ouvrait le portail en fer forgé avec écrit « Domaine De-la-Tours » et revenait. Après une centaine de mètres, un somptueux manoir apparu. L'endroit était juste magnifique, un peu abandonné et mal entretenu, mais c'était vraiment à couper le souffle. Le mentor garait la voiture sous le couvert, qui se trouvait à droite de la demeure et sortait du véhicule.
L'espace était immense. Un grand chêne trônait fièrement au milieu de l'allée, qui donnait accès au manoir, au couvert et aussi à un grand jardin d'hiver. La façade était recouverte de rosiers grimpants, de glycine de Chine et surtout de vigne vierge qui était d'un rouge aussi vif que flamboyant, qui tranchait avec le ciel gris de Normandie, annonciateur qu'une tempête approchait.
Six grandes marches donnaient accès à la porte d'entrée en bois massif. De chaque côté, trônaient quatre grandes fenêtres et sur la droite, une tour carrée dépassait de deux étages. À gauche, des lucarnes donnaient à la demeure un charme aussi ancien, que majestueux.
Ryan qui sortait à son tour de la voiture et restait un moment sans voix. Certes la proximité du domaine, avec celui des Fournier pesait lourd dans l'ambiance qui avait dut régner à l'époque entre les deux familles, mais il était sidéré qu'Angélique possède une telle propriété.
La jeune femme sortait à son tour en soupirant. Elle prit son double des clés et entrait dans ce qui était pour elle, la demeure maudite. Les larmes coulaient en continue sur ses joues, lorsqu'elle se dirigeait vers la cuisine pour prendre un verre d'eau.
Les deux américains se dévisagèrent, lorsqu'ils entrèrent pour faire face à un double escalier, avec au centre, sur le sol, une rose peinte d'un bleu océan.
- Je... je vais aller vérifier que... que tout est ok. Disait le mentor étonné, que les lieux soient si propres.
- Madame Leclerc vient de partir. Soupirait Angélique, en revenant dans l'entrée.
- Madame Leclerc ? Répétait Ryan.
- Oui, elle vient 4 fois par année pour les vacances avec sa famille. C'est une amie d'Henri. Ses fils entretiennent un peu les lieux, en échange de pouvoir profiter du manoir. Olivier s'occupe souvent du reste. Expliqua-t-elle soudain perdue.
- Oh... Ok. Angélique... puis-je... puis je vérifier ? Lui demandait Éric, en montrant les lieux avec son doigt.
Il devait y avoir au moins 6 mètres de hauteur sous plafond dans ce hall d'entrée, décoré avec des meubles peint en bleu océan, avec des bordures en or, pour certains
- Oui. Mais certaines portes sont fermées à clés... comme le grenier, la chambre de mes grands-parents, ainsi que celle de ma mère et de ma tante. Expliqua-t-elle, sans le moindre regard pour cette demeure.
- Très bien. Je... je reviens.
La jeune femme s'asseyait sur les marches de l'escalier et essayait de reprendre ses esprits. Les mots de Solange, ainsi que ceux d'Olivier tournaient en boucle dans son esprit. Pourquoi avait-elle le sentiment qu'il l'aimait encore ? Mais cela n'avait pas le moindre sens, puisque c'était lui qui avait rompu leur fiançailles et qui s'était mis en couple avec sa femme.
- Tu... ça aller ? Lui demandait Ryan, en s'asseyant près d'elle.
Angélique avait le regard perdu dans le vide. Elle tenait son verre dans la main et soupirait bruyamment comme pour rompre le silence angoissant, qui était en train de s'emparer d'elle. Elle réalisait alors que son père et Henri avaient toujours su. Que tout le monde sauf elle, avait su, ce qui était vraiment arrivé à sa tante. Elle se mit à frissonner et Ryan la prenait dans ses bras.
- Je suis vraiment désolé. Murmurait-il.
- Ils... tout le monde savait. Sanglotait-elle. Le viol et... et le suicide. Tout le monde est au courant. Reniflait-elle.
Une fois de plus, elle se demandait ce que son père et Henri savaient qu'elle ignorait. Elle fermait les yeux, car elle ne savait plus ce qui était digne d'un cauchemar, de ce qui était réel.
Ryan la serrait contre lui et essayait de garder son calme. Il ne devait pas céder à sa colère. A sa rage. A ce qui était en train de le consumer entièrement. Il avait envie de prendre toute la douleur et la souffrance de la jeune femme et de les faire siennes. Il ne supportait pas de la voir ainsi sombrer lentement dans un abysse, qui les éloignaient l'un de l'autre.
- Angie... je... parle-moi. Je t'en prie. Tu... il ne faut pas que tu gardes tout ça, pour toi. La suppliait-il, en lui frottant les bras.
- Il savait. Répétait-elle, en parlant de son père. Même Henri et maman... je... je...
- Ne dis pas ça. Il voulut lui prendre la main, mais elle la retira aussitôt. Angie. Supplia-t-il.
Angélique posait son verre sur les marches et se levait brusquement. Elle devait occuper son esprit. Faire sortir toutes ces images qui inlassablement se fracassait contre elle. La jeune femme serrait les poings, lorsqu'elle réalisait soudain, qu'elle ne pourrait plus continuer à vivre ainsi, dans les secrets, les mensonges et les non-dits. Les larmes recommencèrent à couler avec rage sur ses joues et sans attendre, elle sortit de la maison. Elle devait à tout prix libérer sa tante, ainsi que les victimes, de ce qui leur étaient arrivés et se défaire définitivement de ce passé.
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