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La jeune femme était perdue dans ses pensées. La situation devenait de plus en plus compliquée et elle avait l'impression, qu'on lui comprimait la poitrine, tant la douleur lui était insupportable. Chaque seconde, elle luttait pour ne pas faire une crise de panique et se retrouver dans un 4x4, avec Éric et Ryan, qui n'arrêtait pas de la scruter, ne rendait pas cette tâche facile.
Angélique n'avait pas fermé l'œil de la nuit et avait failli repartir pour Lörrach à plusieurs reprises, afin de vérifier ce maudit puit par elle-même. Elle n'arrivait pas à croire, que Friedrich Auer soit encore vivant et que de ce fait, cette menace planait toujours sur elle.
Alors qu'ils arrivaient aux abords d'un village, Ryan décidait de demander à Angélique, s'ils étaient sur la bonne route, car il avait l'impression d'être complétement perdu en pleine campagne.
- Angie ? Demanda-t-il. Euh... c'est la bonne route ?
La jeune femme se relevait et regardait autour, car ils étaient presque arrivés.
- Oui. Répondit-elle. C'est plus loin à gauche. Expliqua-t-elle.
Rien n'avait changer. C'était toujours aussi tranquille et paisible. Elle soupirait longuement. Elle n'avait jamais aimé cet endroit, qui lui semblait trop grand et trop tape à l'œil.
- Là. Disait-elle soudain. Ce sont les vergers du Domaine Fournier.
Ils passèrent devant un premier chemin sur leur gauche et effectivement, rien n'avait changé.
- C'est juste après. Expliqua-t-elle à Éric, qui conduisait, en lui montrant un petit muret.
Le portail était ouvert et un panneau en fer forger indiquait où ils se trouvaient. Après quelques secondes, ils se retrouvèrent devant une magnifique demeure, style maison de maitre, entourée d'arbre et d'un mur de pierre, qui faisait le tour de la propriété. Éric garait la voiture sur l'une des places de parc et plus le temps passait et plus il avait un mauvais pressentiment, grandissait en lui.
- Et votre Domaine ? Demandait-il, en se penchant pour mieux regardait la maison des Fournier.
- Elle... elle est de l'autre côté de la forêt. Il y a une grange en bordure d'un champ, qui nous appartient tout près de la maison. Disait-elle distraitement, car c'était là qu'avait été retrouvée sa tante.
- Ça va aller ? Demandait Ryan, en la voyant hésiter à sortir.
Elle secouait la tête et soupirait un bon coup, c'était sans doute le seul moyen qu'elle avait maintenant, de mettre la main sur ce salopard.
- Oui. Disait-elle alors.
Elle ouvrait la portière et sortit de la voiture. Ryan et Éric suivirent le mouvement et au bout de quelques secondes à peine, un homme arrivait à pied derrière eux.
- J'peux vous aider ? Demanda-t-il, avec un accent qui laissait le mentor septique.
Il comprenait de mieux en mieux le français et le parlait plutôt bien. Il lui avait juste fallut quelques heures pour s'habituer, mais là, ça dépassait sa compréhension.
- Oui. Commençait Ryan. Nous cherchons...
- Mais c'est Angélique. S'écriait soudain Olivier Fournier en arrivant près d'elle et en lui faisant la bise. T'as vachement grandi. Enfin, t'es une femme maintenant. Ça va ton père ? Entrez, Solange va nous faire du café. Débitait-il d'une traite.
Éric et Ryan se regardaient aussi septique l'un que l'autre. Angélique se forçait alors à sourire et avant qu'elle ne puisse réagir, il la prenait par les épaules et la conduisait à l'intérieur de la maison.
Le salon de la famille Fournier n'avait pas changé malgré toutes ces années. Une tête de cerf trônait fièrement au-dessus de la cheminée. Dans les souvenirs d'Angélique, c'était la seule pièce de la maison, qui n'avait pas bouger. L'entrée et ce qu'elle avait vu du reste, avait été refaite à neuf. Mais dans cette pièce en particulier, le temps s'était arrêté.
Solange, la femme d'Olivier, avait pris un sacré coup de vieux et faisait facilement dix ans de plus que son âge. Ses cheveux courts accentuaient ses traits dur et son regard brun toujours aussi perçant et dérangeant. Une hostilité à peine dissimulée s'échappait d'elle. Même si par le passé, elle avait été une amie de Ludivine, elle avait fini par haïr ouvertement les jumelles De-la-Tours qui avaient toujours eut, tout ce qu'elles voulaient. Argent, domaine, vie de famille. Selon elle, les filles n'avaient été que des gamines pourries et gâtées, qui avaient amplement mérité lors sort.
Olivier lui n'avait pris qu'un peu de poids, mais il était toujours le même. Dans les 1m75, bon vivant, le regard vif et d'un bleu presque limpide. Son sourire sincère et enjoué tranchait avec l'animosité de sa femme.
Ryan comprenait en voyant Solange, pourquoi Angélique avait semblé hésiter à revenir. Ici le temps semblait suspendu. C'était presque insoutenable et un coup d'œil à Éric lui fit comprendre, que son mentor était aussi mal à l'aise que lui.
Après quelques minutes, Solange arrivait avec un plateau et commençait à servir le café, en regardant avec mépris les invités de son mari. Puis, elle s'installait dans son fauteuil et plongeait son regard brun dans celui d'Angélique, qui sentit d'étranges frissons la parcourir.
Olivier était en train de raconter sa vie. Il expliquait comment il avait repris le domaine et comment il avait, grâce à l'aide de sa femme, réussit à faire des bénéfices avec sa nouvelle entreprise. Angélique écoutait à moitié, confuse de se retrouver là après toutes ces années. Elle avait de plus en plus de peine à respirer et être ici était en train de l'étouffer.
Ryan observait attentivement Olivier, qu'il trouvait honnête et travailleur, quoi qu'un peu trop beau parleur. L'analyse qu'il était en train de faire de Solange était beaucoup moins glorieuse. Elle semblait fausse. Imposante. Même si Olivier ne faisait que parler, Ryan voyait bien que le maitre absolu des lieux, était la femme qui dévisageait rageusement Angélique.
Éric quant à lui essayait vainement de suivre ce que disait Olivier, mais il préférait faire un sourire et secouer la tête, plutôt que de s'intéresser à la vie des Fournier.
- Alors. Disait soudain Olivier. Tu es venue pour vendre le domaine ? Demandait-il.
La jeune femme était avec deux hommes qui n'étaient clairement pas de la région. Sans doute des Anglais ou carrément des Américains. Elle avait peut-être décider de vendre, ce qui serait plutôt une bonne chose, car le domaine De-la-Tours était en train de tomber en ruine et il était temps de le remettre en état.
- Heu non. Répondit la jeune femme. En réalité, nous sommes venus pour... pour parler de Jean... Jean Orgueilan, l'un des garçons de ferme. Soufflait-elle, en essayant de rester maitre d'elle-même, malgré les frissons qui parcouraient son corps.
- Jean ? S'étonnait Olivier. Alors...euh... toi aussi. Lâchait-il, en jetant un œil à sa femme.
Angélique, Ryan et Éric froncèrent en même temps les sourcils, surpris par sa réflexion.
- Oh... euh. Maurice Dugrand, un vieil ami. Commença-t-il, devant leur regard perplexe. M'a appelé, il y a 10 jours. Il voulait savoir, ce qu'était devenu Jean, mais je lui ai répondu, qu'il n'avait plus donner de ses nouvelles, depuis plus de 25 ans. Expliquait-il mal à l'aise.
- Maurice ! S'étonnait la jeune femme, en comprenant que l'ancien policier, avait été vraiment près du but.
- Oui, il m'a posé plein de questions. Il voulait savoir d'où venait Jean. Je lui ai dit qu'il était né et avait vécu à Külenbronnen en Allemagne, jusqu'à la mort de son grand père ou de sa mère, je ne sais plus trop, et que mon père avait accepté de le prendre comme garçon de ferme. Je ne savais pas à l'époque, qu'il était mon demi-frère. Lâchait-il soudain.
Le souvenir du jour où son père le lui avait avoué, le hantait. Il avait encore du mal à le lui pardonner. Son père avait trompé sa mère, qui à l'époque n'arrivait pas à avoir d'enfant, avec une parfaite inconnue et lui avait cacher le fait, qu'il avait vécu pendant tout ce temps avec son propre frère.
- Attendez... Jean Orgueilan est votre frère ? Demandait soudain Ryan.
- Oui... enfin plutôt mon demi-frère. Insistait Olivier sur chaque mot.
Le Profiler soupirait longuement, il commençait enfin à comprendre les liens, de tout ce petit monde.
- Et à propos des dernières nouvelles, que vous avez eu de lui... Pouvez-vous être... précis ?
Olivier inspirait profondément et jugeait un instant le jeune homme. Que faisait Angélique Delmare ici avec ces deux hommes et pourquoi venait-on soudain lui parler de Jean ?
- Je... une lettre... mon père avait reçu une lettre en 1984 ou 85... je crois. Essayait-il de se souvenir. Mais... Angélique... il se passe quoi ?
La jeune femme jetait un œil au Profiler sans trop savoir par quoi, elle devait commencer.
- Mon père... à engager monsieur Davis pour... pour résoudre une affaire. Tentait-elle d'expliquer. Il... il est Profiler.
- Profiler ! S'étonnait Olivier, en les regardant tour à tour. Comme à la télé ? Mais... euh... qu'est-ce que Jean vient faire dans cette histoire ?
- Profiler ? Souriait faussement Solange, qui prenait la parole pour la première fois. Vous ne venez pas de la région. D'ailleurs ton père, (lançait-elle un regard noir à la jeune femme) est commissaire sur Paris, alors qu'est-ce que vous faites ici ?
Elle faisait de son mieux pour ne pas laisser éclater sa colère, enfin plutôt son dégout. Comme toujours, les femmes De-la-Tours et Delmare en faisaient des tonnes et ne pouvaient s'empêcher de venir détruire la vie des autres, en racontant leurs mensonges.
Ryan et Éric se tournèrent Solange. Il y avait un tel mépris dans sa voix, que s'en était presque dérangeant.
- Mon père a demandé de l'aide... pour résoudre une série de viol et de meurtre. Expliquait la jeune femme, sans se laisser démonter.
- Une série de meurtre et... et de... de viol ? Répétait alors Olivier, qui venait de devenir blanc comme un linge.
Son cœur battait la chamade et il baissait son regard, soudain confus et tremblant. Ryan ne put s'empêcher de porter un regard accusateur à la jeune femme. Pourquoi avait-elle été aussi directe, alors qu'ils étaient ici pour en apprendre le plus possible, sur ce fameux Jean. Éric décidait alors de passer à l'action. Cet entretien était en train de prendre une tournure qu'il n'aimait pas et vu la réaction d'Olivier, il valait mieux jouer franc jeu.
- Oui. Une série de meurtre. Ceux du tueur de Thonon. Avoua-t-il clairement.
- Et qu'est-ce que ce pauvre Jean vient faire dans cette histoire ? Demandait Solange en penchant la tête sur le côté.
Olivier se frottait nerveusement les mains. Il sentait le regard de sa femme derrière son dos. Il fermait les yeux et essayait de reprendre le control de ses émotions.
- C'est ce que nous aimerions découvrir. Répondit Angélique.
- Vous... vous pensez que Jean...
- Sornettes. Hurlait soudain Solange à Olivier. Comment ose-tu seulement poser la question ? Lui demanda-t-elle. C'était ton frère. Jean était ton frère et il a fait énormément pour ton père, pour le domaine et pour toi. Gronda-t-elle folle de rage.
Evidemment, cette fille revenait ici et ne trouvait rien de mieux, que de porter des accusations sur un homme, qui avait disparu depuis des années et qui était sans doute mort dans un coin, sans que personne ne s'en soucie.
- Était ? S'étonnait alors Ryan.
Il plongeait froidement dans le regard de la femme, qui se trouvait non loin de lui. Pourquoi avait-elle parler de lui au passé ? Éric se mit alors à analyser Solange, presque malgré lui.
- OUI. Était. 25 ans sans nouvelles, alors que nous sommes sa seule famille. S'énervait-elle de plus belle. TOI. Toi, ta mère et ta salope de tante, vous débarquez ici, encore et encore pour vous plaindre et raconter toutes vos conneries. Grondait-elle en direction d'Angélique, qui sous le choc se figeait sur place.
Olivier levait alors un regard remplit de stupeur vers sa femme. Mais de quoi était-elle en train de parler ?
- Solange... mais...
- ASSEZ. Toi et tes putes De-la-Tours, vous commencez à me faire chiez. Lui criait-elle dessus, sans qu'il ne comprenne pourquoi.
Jamais, il n'avait vu sa femme aussi méchante et injuste. Angélique et ces hommes étaient simplement venus chercher des réponses et il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer.
Angélique se levait brusquement en serrant les poings et plongeait froidement dans le regard de Solange, qui surprise fronçait les sourcils, avant de se reprendre aussitôt.
- De quel droit ose-tu parler ainsi de ma mère et de ma tante ? Grondait-elle à son tour.
Les trois hommes se jetèrent des coups d'œil, en essayant de trouver une solution pour calmer le jeu.
- Ta trainée de tante qui se fait sauter par...
- ASSEZ. Assez... Stop. Mais enfin Solange... Ju... Juliette... elle... elle n'était pas ainsi. Osait soudain dire Olivier les larmes aux yeux et en prenant son courage à deux mains. Angélique... je... je te présente mes excuses... je... ta tante était vraiment et sincèrement quelqu'un de bien. Assura-t-il, alors que les larmes coulaient sur ses joues.
Éric comprit qu'Olivier Fournier aimait toujours Juliette, ce qui expliquait en partie la jalousie et la réaction de son épouse. Il se levait et Ryan suivait le mouvement, il valait mieux qu'ils partent, avant que la situation ne dégénère.
- Arrête de toujours prendre sa défense. Rajoutait Solange. Toutes les femmes de cette famille ne sont que des salopes et si ton frère est mort... c'est surement à cause d'elles. Provoquait-elle Angélique qui inspirait profondément.
Olivier se décomposait sur place. Jamais, il n'avait été aussi blessé et déçu de toute sa vie. Il avait compris depuis le début de son mariage, que sa femme était vénale et qu'il n'aurait pas son mot à dire, mais il n'avait pas imaginé qu'elle était aussi cruelle. L'espace d'un instant, il réalisait, qu'il avait vraiment laisser son père lui dicter ce qu'il devait faire et que de ce fait, il avait gâché sa vie et provoquer l'impensable.
- Vous... vous devriez partir. Disait-il soudain le regard vide. Juliette De-la-Tours était la jeune femme la plus remarquable que j'aille rencontrer, ainsi que Ludivine. Murmurait-il sans faire attention au regard furieux de sa femme.
- SORTEZ. Grondait-elle soudain hors d'elle. ET TOI. Ne remets plus jamais les pieds ici. Intimait-elle Angélique.
Olivier sanglotait et regardait Angélique, en la suppliant du regard de lui pardonner. Il essayait de lui faire comprendre, que ce n'était pas ce qu'il pensait.
Solange voulut attraper la jeune femme pour la jeter hors de chez elle, mais Éric fit soudain barrage et attrapait Angélique par les épaules et l'entrainait vers la sortie, suivit de Ryan qui était sous le choc.
- Sortons. Disait son mentor en anglais. Nous n'en saurons pas plus. Ajoutait-il dans la même langue.
Les larmes d'Angélique coulaient sur ses joues. Jamais personne, ne lui avait parler avec autant de haine et de rancune. Elle repensait à la gentillesse de sa tante, à ce qu'elle avait vécu et fait pour se libérer. Sans même le comprendre, elle se blottissait soudain contre Ryan et sanglotait. C'était tellement injuste, monstrueux et cruel.
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