Un homme du vingt-et-unième siècle
Quand il vint retrouver Carmina le lendemain elle lui avait trouvé des vêtements plus adaptées à l'époque actuelle, mais qui ne le dépayserait pas trop.
- Avec ça je passerais inaperçu ?
- Pas vraiment. Les gens regardent toujours les gothiques bizarrement. Mais au moins tu n'auras pas l'air d'aller au bal costumé.
- Je préfère passer inaperçu.
- Mais...
- C'est mieux pour chasser !
- Demain je te trouverais d'autres vêtements. Aucune boutique n'est encore ouverte à cette heure-ci.
- Merci.
En ce qu'elle appelait une voiture, mais qui n'avait rien à voir avec les voitures qu'il connaissait, elle le déposa dans un parc où se retrouvait souvent de jeunes gens à l'esprit engourdi par les drogues. Il s'y nourrit et ensembles ils rentrèrent chez elle.
Carmina lui présenta la plupart des appareils qu'elle avait chez elle, leur fonctionnement et leur utilité. Il observa fasciné le microonde et passa un moment à contempler le linge qui tournait dans la machine. Et ils se mirent devant la télévision. C'était fascinant ! Sa nouvelle amie néanmoins ne le laissait pas s'y immerger l'interrogeant sur les vampires :
- Je ne sais pas. Il est rare que deux vampires se croisent et en général on s'évite.
- Pourquoi ?
Comment expliquer cela à quelqu'un qui n'était pas vampire.Il y avait quelque chose de désagréable à partager son terrain de chasse. De risquer aussi. Mais elle ne se laissa pas démonter par son silence et poursuivit :
- Alors toutes les histoires sont vraies ? Tu ne bois rien d'autre que du sang ?
- Oui.
- Et tu dors dans un cercueil ?
- Aussi.
- Et le soleil. Tu peux t'y exposer ?
Il frissonna à cette idée.
- Si je le fais je meurs.
- Et le pieu dans le cœur ?
- Aussi je suppose.
Il n'avait jamais tenté, mais les légendes venaient toujours de quelque part.
- Et tu peux être blessé ?
- Oui bien sûr. Il me suffit d'entrer en phase et mon corps récupérera.
- En phase ?
- Oui au lieu de me réveiller toutes les nuits je resterais endormi des années.
- Et tu te réveilles une fois guéri ?
- Je suppose.
Si c'était le cas sa guérison pouvait être sacrément longue. Peut-être bien qu'il continuer de dormir un moment alors. Mais c'était difficile à dire.
- Et tu rêves quand tu dors ?
Il réfléchit longtemps à cette question. Avait-il rêvé ? Il ne s'en souvenait pas. Pour lui au moment de fermer les yeux allongé dans son cercueil il plongeait dans l'obscurité et ouvrait les yeux tout de suite après. Même s'il s'avérait qu'on était pas tout de suite après mais le lendemain ou des années après.
- Non.
- Qui est-ce qui t'as appris tout ça ?
- Personne. Les vampires n'ont pas de mentors. Je me suis réveillé et je savais ce qui était dangereux pour moi ou pas. Et plus j'ai entendu assez de récit sur ce qui arrivait au mien pour savoir que mon instinct ne me trompait pas.
- Mais toutes ces histoires sont des bêtises ! Elles ne sont pas vraies !
Comment pouvait-elle douter maintenant qu'elle le connaissait ?
- Bien sûr que si ! Je ne comprends pas comment vous avez pu oublier notre existence. Avant personne n'en doutait. On était la terreur de la nuit.
- Ça a l'air de te manquer, commenta la jeune femme.
- C'était plus facile.
- Et tu es devenu vampire ou né comme ça ?
- Comment je pourrais être né comme ça ? Les vampires ne peuvent pas se reproduire et je reste coincé éternellement au même âge.
- Tu es né quand alors ?
- En mille quatre-cent vingt-neuf.
- La vache ! Tu es vraiment vieux ! Alors tu as connu Louis XIV, la révolution, la reine Victoria ?
- Oui. Enfin je n'ai jamais rencontré le moindre monarque mais j'ai connu ces époques.
- J'ai toujours rêvé de vivre à l'époque victorienne. La mode à l'époque était tellement classe et la société évoluait tellement vite. A l'époque la science, les lois, tout ça faisait des progrès de dingues.
Pour le vampire ça n'avait pas été une période particulièrement déplaisante. Mais il préférait bien mieux celle qui l'avait vu naître.
Carmina avait encore beaucoup de questions. Néanmoins elle finit par s'endormir et lui continua à regarder la télévision. Il trouva des programmes très intéressants. Il put découvrir un journal d'informations et découvrir un peu mieux les préoccupations de cette nouvelle époque et des documentaires historiques retraçant les périodes qu'il n'avait pas vécu. Il se sentait déjà un peu moins désarmé.
Le lendemain, vêtu comme les hommes de ce siècle, un smartphone acheté par Carmina dans sa poche il décida d'aller à la bibliothèque une fois repu. C'était après tout le lieu où était réuni le plus da savoir et il était ravi de voir qu'elles existaient toujours.
- Tu es sûre que tu ne veux pas te renseigner sur internet plutôt. C'est plus simple ! affirma sa guide dans cette époque différente.
- Rien n'est difficile dans le fait de lire.
Il ne comprenait même pas ses dires.
- La bibliothèque est fermée.
- Je saurais y rentrer sans souci.
Et ce fut effectivement un jeu d'enfant. Il déambula dans les allées, respira la bonne odeur des livres et trouva ceux du rayon histoire. Il parcourut un livre sur le dix-neuvième siècle, période à laquelle il s'était endormi, avant de rentrer chez Carmina.
Cette dernière lui montra comment utiliser son ordinateur portable et il s'amusa beaucoup à chercher tout et n'importe quoi.
- Et j'ai eu une idée pour te nourrir, lui explique-t-elle.
- Je t'écoute.
- Il y a des sites de rencontre tu sais. Pour mettre en contact les hommes et les femmes qui cherchent l'âme-sœur. Il y en a aussi ils en profitent pour chercher juste un coup d'un soir ou un truc de ce genre. Avec tu pourrais avoir un rendez-vous tous les soirs avec une fille différente.
- C'est ça Tinder ? demanda-t-il tout content de se souvenir qu'un des hommes de la brasserie lui en avait parlé.
- Oui par exemple.
- Ça me parait une excellente idée !
Et Carmina lui créa un profil et commença à envoyer des invitations.
- Je regarderais tout demain matin pour m'assurer que tu rencontres quelqu'un demain soir. Il est temps que j'aille me coucher.
Elle s'installa dans son lit et lui continua à regarder la télévision en surfant sur internet.
L'idée de Carmina fonctionnait à merveille. Et lui, grâce à tout le savoir qu'il accumulait à la bibliothèque, sur internet, à la télévision devenait un parfait homme du vingt-et-unième siècle. Tout le monde s'y trompait désormais. Il avait même crée un blog pour les futurs vampires où il leur donnait des conseils pour s'habituer à leur nouvelle condition et il y avait reçu des questions et commentaires, il n'était donc pas seul, certains avaient même demandé à organiser une rencontre. Lui se prenait même à rêver d'imprimer un guide du parfait vampire et d'en glisser dans toutes les bibliothèques. Mais il ferait ça quand il aurait glané un peu plus d'argent. Pour l'instant, grâce à la bourse et l'argent de Carmina il avait commençait à glaner une petite somme. Néanmoins il commençait à accumuler beaucoup de cadavre. Trop. Il fallait partir.
- Tu es sûr ?
- Oui. J'ai toujours fais comme ça. Je vais loin d'ici me faire oublier.
- Est-ce que je peux venir ?
Il savait que le moment était venu. Albert était un vampire. Il pouvait s'attacher un peu mais il finissait toujours par tuer ses proies. Carmina n'y échapperait pas. Et d'ailleurs il ne comptait pas renoncer à elle.
- Tu es humaine Carmina. Je suis un vampire.
- Je ne peux pas devenir vampire aussi ?
- On ne peut pas transformer quelqu'un, lui apprit-t-il.
Il avait commencé à dévorer tous les films et séries de vampire actuel pour comprendre l'image que les siens avait. Il comprenait bien mieux les propos de sa première victime désormais.
- Il faut mourir d'une mort particulièrement violente. Un suicide, un meurtre. Et encore, ça ne fonctionne pas toujours.
Elle était déçue. Cela se voyait. Et surtout elle avait de la peine. Son visage accusait le coup.
- Je voudrais continuer avec toi.
- Il y a un moyen, souffla-t-il. Tu te laisseras faire ?
Comme hypnotisait par sa voix elle accepta. Il l'allongea avec douceur sur son lit, caressa son visage et planta ses canines dans sa jugulaire.
Elle tenta de se débattre. Un peu. Mais elle avait très vite compris. Elle s'abandonna totalement alors à lui, à la mort. Elle lui murmura juste dans un soupir :
- Que ça doit être triste de toujours être seul !
Quand il eut fini, il s'essuya les lèvres avec un mouchoir puis il lui ferma les yeux, recoiffa ses cheveux avec douceur, lia ses main sur son ventre et déposa un baiser sur son crâne.
- Oui c'est triste ! dit-il à son cadavre.
Peut-être qu'il regrettait un peu. Sa compagnie avait été si agréable. Et elle l'avait aidé au moment où il en avait le plus besoin. Mais qu'aurait-il pu faire d'autre.
- Mais merci Carmina.
Une dernière caressa à sa joue si douce et il s'envola par la fenêtre, partant pour de nouvelles aventures, dans ce nouveau siècle qui s'offrait à lui.
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