Epilogue
Le silence règne sur la ville, comme il n'avait pas régné depuis longtemps. Les immeubles brillent, emprisonnés dans une gangue de glace. Les rues sont désertes. On ne voit personne, nul part. Où sont-ils passé, tous?
Une bosse, sur la façade d'un gratte-ciel, attire l'attention. Elle a une forme étrange, presque humaine, et à travers on peut voir... On peut voir un visage suppliant, tordu de douleur. Plus on avance, plus on remarque ces étranges sculptures, ces tombeaux de glaces, qui renferment des centaines de personnes, allant du tout petit bébé au vieillard. Ce macabre spectacle semble sans fin, il rappelle les ruines de Pompéi, dernier témoignage d'une terrible catastrophe.
Au bout de la rue, un gigantesque monticule de glace bloque le passage. En haut, tout en haut, un corps désarticulé tend ses bras vers le ciel, comme suspendu en plein saut. C'est l'apothéose de toute la rue, le point final à ce massacre. Au pied de cette montagne de glace, un jeune homme est assis en tailleur, le regard fixe. Il murmure.
-Ah tu vois, Tribe le fantôme, il est revenu et il va te hanter, il est revenu, tu regrettes hein, tu regrettes... Tu m'as fait danser dans le feu mais moi je t'ai fait danser dans la glace, très beau spectacle, très beau spectacle vraiment, dommage que tu aies autant crié, Tribe le fantôme a pas pu apprécier complètement cette vision, tu dansais bien tu sais, tu dansais bien, mais maintenant c'est fini, le rideau, il est tombé, tu danseras plus jamais dans la glace, tu es emprisonné, emprisonné...
Deux immenses créatures approchent et s'assoient de chaque côté du jeune homme, qui les caresse.
-Ah vous, vous vous serez toujours là, Romulus, Remus, vous avez vu comme il a dansé, comme il a dansé?
Il renverse la tête en arrière et éclate d'un rire dément, sans fin, les larmes coulent de ses yeux fous, et il hurle, il hurle:
-Tu as souffert, hein tu as souffert, saligaud! Je me suis vengé et tu as souffert, souffert, tu as dansé, lancé ta jambe au dessus de ta tête! Ca a bien craqué, hein? Quel beau bruit ça a fait! Pourquoi as-tu hurlé? Tu m'as empêché de bien entendre, pourtant c'était beau tu sais! Mais là tu es encore plus beau, regarde, regarde, tu resteras toujours là et tout le mode pourras voir ta danse! Tu danseras, ordure, tu danseras pour toujours parce que tu m'as fait mal, tu m'as fait mal, et je me suis vengé alors souffre, meurs, souffre!
La ville semble calme, vu d'en haut. On entend vaguement des cris, cris hystériques qui se prolongent longtemps, et qui résonnent dans l'immensité de la plaine.
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