Prologue
Trois ans plus tard
J'attrape mon rouge à lèvre et me tapote quelques traces sur mes lèvres du bas. J'ajoute une légère couche de mascara sur mes cils et je suis fin prête. Quand je prends le temps d'observer mon reflet dans le miroir j'ai l'impression de découvrir une toute nouvelle personne. Je ne suis plus la même Diviya qu'il y a trois ans. Je pense qu'après ce qui s'est passé, personne ne sera plus jamais comme avant.
J'essaie d'éloigner un maximum ces souvenirs douloureux et finit par sortir de ma salle de bain. J'attrape ma veste et sort de ma chambre. En passant par le salon, j'offre un grand sourire à mes parents en espérant pouvoir leur en tirer un en retour.
- Bonne journée ! Leur dis-je.
- Bonne journée, Diviya.
J'enfile mes converses noirs à plateforme avant de sortir et de refermer la porte derrière moi. Je vois au loin sa voiture garée le long du trottoir et je me précipite vers celle-ci.
Je monte à l'intérieur et sourie à mon chauffeur préféré. Il s'approche de moi pour me déposer un baiser contre ma joue, comme d'habitude.
- Comment tu vas aujourd'hui ?
- Mieux qu'hier. Répondis-je. Et toi ? Paloma ne te manque pas trop ?
Je vois le sourire de John se dessiner et ses yeux bleus pétiller.
- En fait, je vais aller la voir ce week-end. Dit-il me décochant un visage surpris.
- C'est vrai ? Mais c'est génial !
- Ouais, je veux lui faire une surprise.
- Je suis contente pour vous deux.
J'attache ma ceinture lorsque nous quittons le quartier et je m'amuse à laisser mon regard divaguer à travers la fenêtre. Il s'est beaucoup passé depuis mes années à la fac. J'ai malheureusement abandonné mes partiels après le décès de mon frère et le départ de Denis. Ça a été pour moi l'occasion de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Je voulais rendre fière Aless ainsi que mes parents. Je voulais rendre fière les personnes qui ont toujours été là pour moi. Je me suis alors lancé dans le Babysitting. Je travaille dans une garderie plus exactement et je me sens bien plus importante en réalisant que quelques fois, il est possible de contribuer au bonheur des enfants.
Pendant ces trois dernières années, j'ai été inséparable de John. Il a toujours été là pour moi, c'est devenue mon meilleur ami lorsque Paloma est parti au Canada pour sa dernière année d'étude. Mes parents apprécient beaucoup John, pour son aide ainsi que pour les moments de joie qu'il m'apporte quand on sort discuter de tout et de rien.
Je sais au fond de moi qu'il se sent un peu redevable pour ce qui est arrivé à Aless et même un peu avec ce qui s'est passé avec Denis. Il s'est excusé un nombre incalculable de fois de m'avoir poussé à me rapprocher de Denis.
En parlant de Denis, ça fait aussi trois ans que nous n'avons pas vraiment de nouvelle de lui. J'ai pas non plus envie d'en avoir en fait. Denis m'a brisé le cœur volontairement. Il m'a abandonné au moment où j'avais besoin de ceux que j'aimais. Son amour pour moi, j'ignore aujourd'hui s'il a vraiment existé. Je me suis faite avoir mais plus jamais je n'offrirais mon cœur à quelqu'un, plus de cette façon en tout cas.
John m'a dit qu'il était parti vivre à New York seul. Abandonnant absolument tout sur son passage. Ses amis, sa famille, moi. Je me demande comment une personne peut faire une chose pareille. Ça ne lui a rien fait du tout de laisser tout derrière lui du jour au lendemain pour se créer une toute nouvelle existence ? S'il y'a une chose que j'ai appris dans ma vie, c'est qu'on ne s'éloigne jamais de son passé. Quoiqu'il arrive, il finit toujours par nous rattraper.
Nos entrons dans le centre ville et John s'arrête finalement en bas du bâtiment. Il éteint le moteur et s'apprête à sortir mais je le retiens.
- Non t'embête pas, je vais y aller toute seule cette fois-ci. Lui dis-je.
Il me regarde d'un air suspicieux.
- T'es sûre ? Insiste-t-il.
- Certaine. Je vais pas non plus te traîner avec moi toute la journée comme un garde du corps. Je saurais me débrouiller.
Je vois qu'il hésite encore alors j'ajoute :
- J'ai mon portable, je t'appellerais quand j'aurais besoin que tu viennes me chercher.
- Et tu m'appelles si y'a quoique ce soit qui commence à te faire chier.
Je souris car en y repensant, John est quelqu'un d'incroyablement protecteur et ça me rappelle quelqu'un.
- Promis, Jonathan !
Il rigole en m'entendant l'appeler par son vrai prénom.
- Ok, à ce soir alors.
Je m'approche de lui pour l'embrasser sur la joue avant de me faufiler à l'extérieur. Je me retourne et lui fais un signe de main pour qu'il s'en aille. Il est parfois un peu trop protecteur mais c'est vraiment rassurant. John est devenu comme ... un frère en fait. Il a été le seul à comprendre vraiment ce que je ressentais. Je lui ai absolument tout raconté. Il connaît toute ma vie de A à Z et je suis persuadée que jamais il ne me blessera. J'ai vraiment une confiance aveugle en lui.
Je lui fait un petit signe lorsqu'il démarre avant d'aller rejoindre le bâtiment. Je sors mes clés et monte au troisième étage en empruntant les escaliers en colimaçon.
Je prends quelques minutes pour calmer ma respiration, éclaircir ma voie et réajuster ma robe noir avant de sonner.
Il ne faut que quelques secondes avant que le propriétaire finisse par venir m'ouvrir.
- Bienvenu, Diviya.
Je lui fais un signe de tête et un sourire et pénètre à l'intérieur.
- John ne vient pas aujourd'hui ? Me demande-t-il.
- Non, je lui ai dit que je pouvais gérer toute seule.
- C'est bien, ça veut dire que tu me fais confiance.
Alors que je retire mon écharpe pour la poser sur le dos d'une chaise, les dernières paroles qu'il vient de prononcer me font tiquer.
Je me redresse doucement avant de lui faire face.
- Jamais je ne te ferais confiance. Dis-je sûr de moi.
Je ne lui laisse pas le temps de me répondre après avoir intercepté son visage dépité. Il n'a que ce qu'il mérite. Je finis par me diriger vers la pièce du fond et j'ouvre délicatement la porte.
A chaque fois que j'entre dans cette pièce, mon cœur se resserre. Je crains toujours qu'un jour, elle soit éveillée. Je crains que son regard sombre ne se pose sur moi après toutes ces années.
Je ne connais plus cette femme mais à une période de ma vie, c'était ma mère malgré tout.
Je m'installe sur le fauteuil près de son lit et vérifie que le sérum est toujours bien branchée. Sa respiration est régulière et son teint toujours aussi pâle.
Les médecins disent qu'elle peut se réveiller à tout moment. Pourtant, elle est dans le coma depuis trois ans et aucun signe de réveil n'est jamais apparu. Quelques fois, je m'imagine à son enterrement. Cette fois, je ne verserais pas de larmes contrairement à ce qui s'est passé pour celui d'Aless.
Anil finit par me rejoindre et s'installer à mes côtés.
- J'ai préparé une pizza si tu veux.
- Mange-là. Je n'ai pas faim. Lui répondis-je.
Un silence s'installe ne laissant que le bip régulier de l'électrocardiogramme de Rama résonner entre les murs.
Je sens la main d'Anil se déposer sur mon épaule et je me relève brusquement en me défaisant de sa prise. Je lui lâche un regard noir histoire qu'il comprenne bien le message.
- Diviya, je suis ton frère. Tu ne peux pas continuer à m'éloigner comme ça.
- T'as rien d'un frère, Anil ! Mon seul et véritable frère, je l'ai enterré il y a trois ans.
Le regard de mon interlocuteur finit par se baisser. Il semble fixer ces chaussures comme blesser par mes mots. Alors quoi ? Mes mots l'ont blessé ? Pauvre chou, s'il n'avait qu'un semblant d'aperçu des douleurs que j'ai subit dans ma vie, il n'oserait même plus croiser mon regard. Il devrai être rongé par le regret, la honte mais rien.
Il pense que je vais les pardonner comme si de rien n'était.
Jamais.
C'est plus fort que moi, je ne me vois pas passer encore plus de temps seule ici. Je sors de la pièce et retrouve mon écharpe que j'enfile rapidement autour de mon cou avant de sortir mon téléphone. J'envoie un message à John.
« Ce soir, même endroit, même heure ? »
- Diviya !
Anil me rattrape alors que je viens d'ouvrir la porte prête à dégager de cet endroit oppressant.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu me veux ?
- Tu reviendras demain, hein ?
Je ferme les yeux quelques secondes pour contenir ma colère.
1,2,3 ...
- Je reviendrais Anil. Bonne journée !
Il m'offre un grand sourire et je prends ça comme un signe pour que je sorte en vitesse de l'appartement. En quelques secondes, je me retrouve dans la rue. Le vent frais me fait l'effet d'un véritable calmant.
C'est tellement difficile de venir ici tous les jours et leur faire face. C'est tellement difficile de devoir contenir toute cette haine au plus profond de moi mais je le fais car c'est ce que mes parents m'ont conseillé. C'est ce que Aless aurait probablement voulu et c'est aussi ce que John m'a demandé.
Je fais ça pour eux.
Mon téléphone émet un petit son dans ma poche m'indiquant que je viens de recevoir un message.
De John :
No problem, je passe te chercher à 23h.
Hffmbx
COUCOU
J'espère que vous allez bien et que vous avez passé de bonnes vacances en famille ! Quant à moi, je ne vous oublie pas et vous publie enfin le petit prologue du Tome 2.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
Êtes-vous prêts à retrouver la nouvelle Diviya ?
A bientôt.
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