Denis
- PUTAIN !
Je balance le téléphone contre le mur en face de moi. C'est un putain de cauchemar, c'est pas possible. Ça peut pas m'arriver. Ça peut pas nous arriver. Qu'est-ce que je vais faire ?
Comment je vais pouvoir gérer tout ça encore ?
Quand je détourne mon regard vers ma caisse, les yeux de Diviya me scrutent. Putain ça fait mal ! Qu'est-ce que je vais lui dire ?
Je ferme les yeux en essayant de réfléchir à quelque chose. Non, je peux pas ! Je peux pas lui balancer que son frère vient de mourir. Je peux pas lui infliger la même douleur qui me brûle chaque fois que j'ouvre les yeux le matin.
Ça fait mal d'apprendre qu'elle aussi va passer par tout ça. La culpabilité, la rage, le déni. Tout ça elle va le vivre après tout ce que cette fille porte déjà sur le cœur, il fallait qu'on lui ajoute cette douleur. Elle ne tiendra pas.
Putain Aless !
Le bruit de la porte de la voiture me fait rouvrir les yeux. Diviya arrive vers moi en courant. Elle manque de glisser en avant sur la neige qui a maintenant recouvert complètement la place, mais elle se rattrape.
Elle a l'air inquiète ! Comment je vais pouvoir la regarder droit dans les yeux et lui annoncer que son frère vient de perdre la vie dans un putain d'accident de voiture ?
Je crois pas que j'en suis capable. Je crois pas que je suis prêt à lui faire subir cette douleur alors qu'elle est sous mes yeux. Après tout ce que je viens de lui balancer sur notre relation, si je lui ajoute cette nouvelle horrible, elle tiendra pas le choc.
Elle s'approche de moi et sans même me demander ce qui se passe, elle me prend dans les bras. Je reste figé. J'arrive même pas à lui rendre son étreinte. J'arrive pas à ...
J'ai qu'une envie c'est de hurler putain ! J'ai envie de cracher le feu qui brûle en moi depuis toutes ces années.
Je sens ses doigts fins se glisser dans mon cou. Je me baisse légèrement pour laisser sa tête se blottir sur mon épaule et je lui rends enfin son étreinte. Incapable de prononcer un seul mot, incapable de faire le premier pas, je la laisse faire ce qu'elle veut de moi.
La mort, elle nous attend tous. Il ne faut jamais la sous estimer en pensant qu'elle nous atteindra jamais. La mort est dévastatrice. Elle ne prévient personne et détruit les âmes.
Elle est la faiblesse humaine.
Quand je me rends compte que c'est ce mec qui est mort ce soir, je n'arrive pas à resentir quelque chose. Je suis peut être une merde, un gros en foiré sans coeur, mais je suis pas hypocrite. La mort d'Aless ne me fait ni chaud ni froid.
Je me sens seulement mal pour Diviya. Je me sens mal pour tout ce qu'elle s'apprête à vivre.
Elle finit par se détacher de moi sans lâcher mon regard. Elle essaie de trouver ses réponses sur mon visage comme elle l'a toujours fait mais cette fois, il n'y a rien à déchiffrer. Si elle cherche un semblant de tristesse, un semblant de remords, elle fait fausse route. C'est pas avec moi qu'elle partagera ses douleurs.
Aless n'a eu que ce qu'il méritait. Il a prit une vie, maintenant c'est à son tour de rendre la sienne.
- Ça va ? Me demande-t-elle.
- Non.
Je me sens perdu et surtout incapable de lui annoncer moi même que sa vie est sur le point de revirer au drame.
- Ils t'ont dit quoi au téléphone ?
- Qu'on devait rentré.
Je parle de façon robotique. C'est comme si mon subconscient répondait à ma place. Je donne le moins d'informations possible pour éviter de la faire flipper.
- Tu vas pas me faire croire que c'est pour ça que t'as jeté ton téléphone ?
Elle est intelligente.
- Diviya, je commence à être fatigué. Je te dépose.
Son visage est déformé par l'incompréhension. Je détourne vite mon regard pour éviter d'être tenté de tout lui rencontrer et me dirige vers ma caisse. Je la sens me suivre derrière mon dos. Je me mets derrière le volant sans laisser paraître aucune expression. Je démarre en activant le chauffage et attend que Diviya vienne me rejoindre. Elle finit par monter et mettre sa ceinture.
Je décide de mettre la radio, une station au pif et je sors du parking. Sur le trajet vers l'hosto, j'ai pas lâché un mot. Je crois que Diviya non plus d'ailleurs.
J'arrête pas de penser à comment elle va réagir quand elle va l'apprendre. Ça me rend fou !
Je finis par me garer pas très loin de la voiture des Tallers. Je capte au même moment que John et Paloma sont déjà sur place. Je finis par éteindre le moteur et prendre un grand souffle avant de m'apprêter à ouvrir la porte.
La main de Diviya se pose sur la mienne juste avant que je ne sorte. Elle me regarde de ses yeux si impressionnants avant d'ouvrir la bouche :
- Quoi qu'il se passe quand on sortira d'ici, tu me promets d'être là pour moi Denis ?
C'est la question à vingt million. J'ai aucune putain d'idée de ma réaction. Je sais pas conforter les gens, je connais pas tout ça. Je suis sûre qu'elle trouvera meilleur réconfort avec sa famille.
- T'as pas besoin de moi, Diviya.
Ses sourcils se froncent et je comprends qu'elle n'est pas du tout d'accord avec ma réponse.
- Bien sûr que j'ai besoin de toi et ce sera toujours le cas.
Une voix me dit de tout faire péter. Cette voix me hurle de laisser Diviya ici avec les gens qui la méritent vraiment et de me casser et ne jamais faire demi-tour. Mais une autre voix me dit le contraire. Elle me dit de rester avec la femme que j'aime et de la supporter quoi qu'il arrive.
Je ne sais pas à laquelle céder. Je ne sais pas laquelle est la bonne.
Hffmbx
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