Denis
J'ouvre les yeux alors que ma montre affiche 5h30. J'ai dormis que dalle putain et ça me fait chier parce que je crève d'envie de rester dans ce lit avec Diviya mais je peux pas. J'ai juste pas envie que ses vieux se rendent compte qu'il y'a ma caisse garé devant chez eux. Elle a déjà assez de problèmes comme ça.
J'essaie de faire le moins de geste brusque possible. Je retire doucement ma main de sous son cou et j'essaie d'écarter ses jambes des miennes avant de me sortir de sous les draps. J'attrape mon jean et mon sweat et me rhabille assez rapidement. Je m'approche une dernière fois du lit pour l'observer en train de dormir. Ouais, j'ai l'allure d'un vrai psychopathe. Je la matte dans le noir et elle a aucune putain d'idée de ce que cette image me fait.
Elle est canon.
Clairement y'a pas de mot pour la décrire. J'ai envie de lui parler encore et encore pour l'embrasser juste après et la rassurer mais elle a l'air si bien dans son sommeil que je me ravise. C'est clair, c'est elle ma nouvelle drogue.
Je m'approche finalement du lit et me baisse pour l'embrasser vite fait sur le front avant de dégager d'ici.
En arrivant dehors, je sors mon portable pour lui envoyer un message. Elle le lira quand elle se réveillera. Je veux pas qu'elle pense que je l'ai abandonné parce que jamais je ...
En fait, je raconte de la merde. Je sais très bien que je me barre dans même pas deux semaines et je sais surtout que sa plus grande peur c'est l'abandon. Pas besoin d'un diplôme pour comprendre : je vais la détruire. Quoi que je fasses, quoi que je dise, je sais que je finirais par la faire souffrir et c'est pour ça que je voulais pas qu'elle m'aime. C'est pour ça putain ! Ça me rend dingue de pas être avec elle et pourtant je la repousse. Pour son bien.
À Diviya, 5h 44 :
Je passerai te chercher ce soir à la fac.
Je monte dans ma voiture et vais en direction de chez moi. Je sais que mes parents sont rentrés hier soir. J'ai reçu ce message vocal de mon père qui me demandait ce que j'avais foutu de sa table basse. Je lui rachèterai juste pour qu'il la ferme. J'ai jamais eu une bonne relation avec mon père. Il a toujours eu ce faible pour Kate et le jour où elle est morte, ça été pire. Il me déteste et me supporte juste pour ma mère. Je suis son seul fils, et malgré toutes mes conneries je vois qu'elle m'aime, elle.
Je me gare devant chez moi avant de sortir de la caisse. Je crois que j'ai dégrisé. C'était plus fort que moi, il fallait que je me détente un peu et j'ai appelé John pour me fournir hier soir. On a un peu bu, je lui ai dit à quel point je me sentais mal pour Diviya. Une vrai conversation de meuf mais il m'a écouté. Il m'a conseillé sans se foutre de ma gueule et putain qu'est-ce que ça m'a fait du bien. Je regrette juste d'avoir agis comme un con avec Diviya. J'avais tellement envie de l'embrasser, cette fille c'est pire qu'une drogue pour moi.
J'entre chez moi, sans surprise tout le monde dort. Je monte alors dans ma chambre et me laisse tomber sur le lit. J'ai aucune putain d'envie de retourner à la fac mais j'ai encore plus envie de retrouver Diviya. De voir si son taré de frère Anil ne va pas encore la harceler. Je serais toujours là pour elle. Je veux la protéger au moins jusqu'à ce que je parte. Je demanderais à John de prendre le relais après moi.
Jusqu'à 6h30 du mat' je ferme pas les yeux. Je m'imagine quitter cette ville, quitter mes potes parce que ouais Paloma et John sont les deux potes les plus loyaux que j'ai pu avoir. Même si c'était difficile à me l'avouer, j'en ai conscience maintenant. Ils ont été là pour moi et je suis persuadé qu'ils le seront pour Diviya quand je partirais. Je sais pas quand je compte lui avouer mais pas maintenant. Elle a l'air de tenir à moi et je veux essayer de la rendre heureuse jusqu'à ce que je parte. Je vais faire des efforts ! Lui montrer qu'elle compte aussi pour moi et lui faire reprendre confiance en elle.
J'entends mon père prendre sa douche et c'est à ce moment que je décide de sortir de ma chambre pour aller voir ma mère.
J'arrive dans sa chambre. Elle est allongée dans son lit, les yeux fermés et ses sourcils blonds froncés. Elle lui ressemble tellement. À Kate. Les mêmes traits, la même expression quand elles dorment. Chaque fois que je regarde ma mère, je vois ma sœur. Cette joie de vie qui sortait de son visage. Son sourire éclatant. C'était la joie de cette maison, la lumière de la famille et maintenant qu'elle est plus là, il n'y a plus rien. Que des disputes avec mon père et le silence mortelle de ma mère.
Ses yeux s'ouvrent. Le bleu rassurant vient presque m'arracher une larme. Je dis presque parce que j'ai réussis à détourner le regard. Ma mère m'observe quelques secondes avant de me sourire. Comme d'habitude. Elle est la seule à me regarder comme avant. Comme son fils malgré tout. Mon père m'a jamais regardé comme ça. Il m'a toujours méprisé.
Elle se relève doucement et m'invite à m'asseoir sur le lit en tapotant la place à côté d'elle.
- Non, ça va aller. Je vais pas tarder à aller à la fac. Je dis.
Son regard s'étire encore plus et elle hoche la tête.
Elle va vraiment rester comme ça ? Toute sa vie muette. J'aurais tellement voulu qu'elle ne la voie pas ce jour là. Les psy disent que c'est à cause du choc. Certaines personnes réagissent par la colère, d'autres là tristesse et certains par le déni. Je pense que ça expliquerait pourquoi elle continue de me sourire quand elle me voit. Si elle savait que sa fille était morte. Qu'elle n'était pas en Europe pour ses études et qu'elle s'était suicidée à cause de MES fréquentations... Je suis sûr que je n'aurais plus le droit d'avoir ce sourire.
- Qu'est-ce que tu traines encore ici Denis ?
La voix de mon père me fait presque sursauter, je me relève de par terre et me met debout. Mon père me dévisage.
- Je voulais voir comment elle allait. Je dis en jetant un regard vers ma mère.
- Elle va bien et pas grâce à toi.
Voilà. C'est comme ça entre nous. Toujours des reproches. Il me rappelle sans cesse que le malheur de toute cette foutue famille vient de moi. Et je me dis qu'il a pas tort au fond. Si j'avais pas existé ou si j'avais été un gosse normal qui tenait un minimum à sa famille j'aurais pas fait mes conneries. Kate aurait pas rencontré Aless et elle serait là ! Encore aujourd'hui, elle serait là pour redonner le sourire à mon père et la voix à ma mère.
- Ok. Je vous laisse.
Je sors de la chambre mais mon père m'attrape par le bras fermement. Il croit m'intimider en serrant sa poigne aussi fort. Il est loin du compte, il a aucune putain d'idée que la douleur physique est rien comparée à la mentale.
- Tu me rachèteras la table que t'a fracassé en mon absence et tu vas me faire l'effort de prendre tes études au sérieux ! Je veux pas te voir traîner toute ta vie dans cette baraque.
Je lui réponds pas. J'ai entendu ce qu'il vient de me dire et j'ai bien compris le message. Je vais faire mes affaires et ils auront plus jamais à me voir de leur vie.
Je sors en trombe de leur piaule en direction de la salle de bain. Je prends ma douche en express et retourne dans ma chambre. Je vide tous mes placards. Mes vêtements, mes affaires et les fous dans deux grands sacs. J'ai aucune envie de rester ici encore deux semaines. Je vais aller m'installer chez Zac jusqu'à mon départ à New York. Encore deux semaines dans cette ville !
Encore deux semaines, je peux le faire non ?
Ouais, je peux. Deux semaines avant de tourner définitivement la page et foutre la paix à ce à qui je pourrie la vie.
C'est faisable.
Hffmbx.
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