Denis

C'est pas comme si je m'attendais à ce qu'il réponde. Je savais qu'il aurait plus jamais envie de répondre à mes appels. Et en même temps, j'aurais jamais pensé me retrouver dans une situation comme celle là. Je me sens comme une merde incapable de porter ses couilles et d'agir comme un homme.

Je suis là à la regarder et putain je fais rien pour l'aider ! Qu'est-ce qui tourne pas rond chez moi ?

Je prends sur moi et je finis par m'approcher d'elle. La musique me perfore le crâne mais j'essaie quand même de me concentrer sur elle. Je m'approche et me mets à genoux pour l'avoir sous mes yeux. Doucement je passe mon doigts sous son nez et je saurais même pas décrire ce que je ressens quand je finis par sentir de l'air s'évacuer de ses narines.

Putain elle est vivante !

J'aurais tellement aimé ressentir ce soulagement quand j'ai trouvé Kate. J'aurais tout donner pour qu'elle soit encore en vie aujourd'hui.

Je passe ma main contre son front et elle est toujours froide. Sans réfléchir je retire ma veste pour la lui mettre. Je galère un peu pour la soulever sans la blesser. J'essaie de l'asseoir sans la brusquer et c'est là qu'elle ouvre les yeux.

Ces deux pupilles sont dilatés et pourtant elle réussit à me fixer de ce regard qui me rend dingue à chaque fois que je le croise.

- Diviya ?

Elle me répond pas mais continue de me regarder. Putain je sais ce que fils de pute lui a fait ! Il l'a drogué pour profiter d'elle.

J'essaie de reculer le visage de cette merde de mon esprit.

- Diviya, je vais te porter jusqu'à ma voiture. On ira ensuite chez moi et je vais t'aider, t'es d'accord ?

Je sais pas pourquoi je lui pose la question. Je sais très bien qu'elle ne peut pas me répondre dans cet état. Mais je préfère quand même la prévenir. Je sais à quel point elle a du mal avec les contacts physiques. J'ose même pas imaginer ce que le fils de pute lui a fait ressentir en la touchant. Diviya lui aurait jamais donné l'autorisation !

Après quelques minutes, je réussis à me décider. Je la prends dans mes bras. Je passe un bras sous ses genoux et l'autre sous son cou. Avant de la soulever, je fais gaffe à bien faire descendre sa robe. Elle a toujours les yeux ouverts. Elle me regarde encore de la même façon mais elle dit rien.

Si je me souviens bien, ce genre de drogue fait effet quelques heures, trois-quatre grands max. Elle va clairement sentir les effets demain matin.

Putain qu'est-ce qui leur a pris de débarquer ici toutes seules ? Y'a des dingues partout et j'en fais clairement partis. Je la dépose finalement sur la banquette arrière de ma caisse et je vais chercher une couverture dans mon coffre pour la couvrir. Quand je la couvre, elle a encore les yeux ouverts et quand je m'apprête à m'éloigner d'elle pour qu'on dégage d'ici, je sens quelque chose m'attraper la main. Cette main que j'ai clairement peté au passage.
Je prends sur moi et ne dit rien quand je capte que c'est sa main toute fine qui vient de me retenir. Ses doigts sont doux et sa poigne à peine suffisante pour ne pas lâcher ma main.

J'attends qu'elle me dise quelque chose mais elle ne dit rien. Elle continue de me regarder avec le même regard. Putain faut qu'elle arrête de me mater comme ça bordel ! C'est pire que de la torture.

Je lui prends alors la main tout en me penchant un peu plus vers son visage.
Je sais même pas si elle se souviendra de tout ça, putain.

- Diviya, tu me fais confiance hein ? Je te ferais rien, tu le sais hein ?

Putain j'ai l'air d'un désespéré. Ouais, je m'en veux tellement d'avoir élaborer ce plan contre elle que maintenant j'arrive même à ne plus me faire confiance. Elle me répond pas, c'était prévisible.

Alors je m'éloigne pour aller monter à l'avant. Sur la route, je repense à ce que John m'a dit avant de dégager lui aussi. Putain y'avait l'autre conne de Jessy avec elle. C'est elle qui l'a tiré dans cet endroit, y'a aucun doute sur ça. Si je la retrouve, je lui fais sa fête. Mon portable sonne dans ma poche et je réponds sans regarder qui c'est :

- Denis ?

Putain je déteste quand elle m'appelle par mon blase.

- Qu'est-ce tu veux Valentina ?

- Ça fait des jours que j'essaie de te joindre, je me suis inquiétée.

Sa voix de chieuse me donne la migraine. Qu'est-ce qui m'a prit d'aller la rejoindre au club ce jour là ? Elle s'invente des putains de vie avec moi depuis. Qu'elle se casse pas la tête, j'ai pas envie d'elle.

- Y'a pas de quoi s'inquiéter. Maintenant raccroche.

- Quoi ? Tu vas me liquider comme ça ? Je pensais qu'on était amis.

Je ris jaune. Amis ? Elle se fou de ma gueule en plus. A la moindre occasion elle serait prête à se mettre à genoux, et elle me parle d'amitié ... Allez pas à moi.

- Valentina, j'ai pas ton temps. Lâche-moi le cul putain.

Je cherche pas à comprendre je raccroche à sa place. J'ai la flemme de parler. Je jette alors un coup d'œil derrière moi. Elle a toujours pas bougé mais elle a fermé les yeux. La voir comme ça, ça me fait chier voilà. Elle mérite pas de vivre toute cette merde putain. Elle a tellement souffert qu'elle mérite de vivre comme une princesse. Elle aurait besoin de vrais potes qui prennent soin d'elle et pas de cette Jessy qui la traîne dans des endroits foireux. Elle aurait besoin d'un vrai mec qui la traite comme la prunelle de ses yeux et pas d'un mec comme moi qui la colle à la moindre occasion.

Je finis par arriver chez moi. Mes parents sont pas là depuis une semaine. Mon père m'a dit qu'ils seraient au Mexique pendant quelques temps. Qu'il reste dans son Mexique mais qu'il me ramène ma mère ici. J'en ai plus rien à branler de cette pseudo famille complètement fracassé. Depuis que Kate n'est plus là, c'est le KO.

Je descends de la caisse en répondant à John qui s'est décidé à me rappeler.

- T'es où ? Il demande.

- En bas de chez moi.

- J'ai trouvé Jessy. Elle était en train de se taper un blond dans les WC.

Ça m'étonne même pas. Elle se tape un vieux clodo pendant que sa meilleure porte est sur le point de se faire violer.

- Tu l'as amené où ?

- Elle est chez Paloma, t'inquiète. Par contre, je passe vous voir.

- Ok.

Je raccroche et fous mon portable dans la poche avant de me rediriger vers celle qui occupe un peu trop mes pensés ces derniers temps.

Quand j'ouvre la portière, je tombe sur son visage éclairée par les lampadaires de la rue. Ses grains de beauté habillent gracieusement son visage. Ses lèvres pulpeuses sont roses et ses yeux sont fermés comme si elles étaient en train de rêver. Cette fille mérite que tous ses rêves soient exaucés. Elle mérite tout l'amour du monde après ce qu'elle a vécu. Elle mérite d'être entourée par des cœurs aussi purs que le sien. Malheureusement, je suis loin d'en faire partie.

J'approche doucement ma main de ses longs cheveux noirs et passe mes doigts entre ces derniers. Ils sont d'une douceur incroyables. Putain si je me voyais faire ce genre de connerie il y a quelques mois, je m'en serais mis des tartes. J'ai l'impression de virer taré. Elle me rend fou.

J'arrête mes conneries et me bouge pour la sortir de la caisse. Je la prends dans mes bras avec la couverture qui l'enroule et je me dirige vers chez moi. J'entre et j'ai du mal à me repérer dans le noir. Je préfère quand même ne pas allumer un de ces phares qui serviraient de lumières. Je veux pas la déranger.

Je monte les escaliers et je file droit dans ma piaule. Je la dépose doucement en essayant de la mettre sous la grosse couverture. Je galère un peu avec ma main qui me fait un mal de chien ! J'y arrive quand même. J'essaie de retirer ses longs cheveux de son cou pour éviter qu'ils lui donnent encore plus chaud. Je me dépêche d'allumer la veilleuse sur mon chevet avant d'essayer de la réveiller doucement.

- Diviya tu m'entends ?

Je lui attrape sa main pour essayer d'intercepter un mouvement comme réponse mais rien. Ça me fait flipper putain. Je devrais peut être la ramener à l'hosto non ?

Je décide de me lever pour aller attraper un gant de toilette dans la salle de bain. Je le passe sous l'eau fraîche et l'essor un peu avant de la retrouver dans ma chambre.

Je m'assois par terre, près de sa tête et dépose le plus délicatement possible le gant sur son front. A ce moment, elle sursaute.
Sans réfléchir, je me relève pour me poser à côté d'elle dans le lit.

- Diviya ? S'te plaît dit quelque chose.

Je caresse son visage comme si ça allait la réveiller. Comme si mes putains de mains de pourri allaient faire quelque chose.

Je suis complètement désespéré. Je sais pas quoi faire et je commence a clairement paniquer. Jusqu'à que j'entende sa voix mélodieuse briser le silence de la pièce.

- Denis..

Elle m'a appelé ? Bordel elle sait que je suis avec elle !

Je m'approche d'elle en essayant de lui parler.

- Diviya, je suis là. Ce trou du cul ne te fera plus rien, tu m'entends ?

Et elle ouvre les yeux. Putain elle ouvre les yeux et qu'est-ce que ça me détend. Elle me fixe et ne me lâche pas du regard. Je suis là, t'inquiète pas.

Je vois qu'elle galère pour ouvrir la bouche.

- D-de l'eau...

De l'eau ! Putain je suis con, je lui ai même pas donné un truc à boire. Ni une ni deux je sors de la chambre et dévale les escaliers pour me retrouver dans cette cuisine. J'y ai pas mis les pieds depuis des piges. Je cherche un peu partout dans les placards pour trouver un verre et me dépêche d'ouvrir le robinet pour lui remplir.

Ouais j'ai l'air d'un putain de clébard en chien sur elle et ouais j'en ai aussi rien à foutre !

Je remonte jusqu'à ma chambre et me dépêche de lui relever doucement la tête avec un oreiller. J'essaie de l'attraper par dessous les épaules pour la relever et je l'entends gémir. Putain je lui fais mal !

Je m'arrête nette pour m'assurer qu'elle va bien. Elle me répond que oui. C'est à peine si j'entends sa voix, c'est limite un murmure.

Je lui apporte alors le verre jusqu'à ses lèvres et lui assure que c'est de l'eau. Elle ouvre la bouche difficilement mais elle finit par boire. Elle ferme les yeux quelques instants, le temps de finir toute l'eau. Je dépose le verre sur le chevet avant de reporter mon attention sur elle.

- Comment tu te sens ? T'as mal quelque part, dis-moi.

- Non. Elle dit.

- T'as besoin de quelque chose ?

Je vois que ça lui pompe son énergie de me répondre. Je vois qu'elle galère pour garder les yeux ouverts. Elle a peut être peur. Je lui fais peut être peur putain, je devrais dégager d'ici et la laisser se reposer seule au lieu de la coller.

- Oui.

- De quoi, dis-moi ? T'as besoin de quoi ?

Je ne sais pas comment elle fait mais elle réussit à se relever. Elle s'assied complètement avant de relever sa main et de l'approcher de mon visage. Elle joue à quoi ? Sa main reste en suspend, dans le vide entre mon visage et le sien.

- De t-toi.

Je délire. Soit je délire soit elle délire. Putain elle peut pas dire ça.

Je lui rattrape la main pour la déposer de nouveau sur le lit. Elle peut pas faire autant d'effort, elle doit se reposer.

Je me relève immédiatement du lit. Je vois qu'elle referme doucement les yeux. Elle me laisse comme ça dans l'appréhension, la peur, putain qu'est-ce qu'elle me fait ?

Je suis clairement en train de perdre mes moyens. Je flippe bordel de merde ! Dans quoi je me suis foutu sérieux ?

J'ai pas le temps de reprendre mes esprits, mon portable vibre dans ma poche.

Je sors de la pièce pour pas la déranger et je descends avant de répondre à John.

- Ouvre-moi, je suis devant chez toi.

Je me passe les mains sur le visage histoire de me réveiller un peu et je lui ouvre. Il a une de ses gueules lui aussi, il est bien claqué.

Il rentre directement avant de se balancer sur le grand canapé du séjour. Il a toujours fait comme chez lui de toute façon.

Je vais le rejoindre et dans le silence je regarde le plafond. J'ai l'impression d'être sous tension. Je suis tendu comme jamais.

Pendant au moins cinq minutes on reste comme ça sans broncher. Ça m'aide pas du tout. Mon cerveau tourne à mille à l'heure. J'arrête pas de me demander ce que ce fils de pute lui aurait fait si j'étais pas arrivé à temps. Et si John n'avait pas trouvé l'adresse, putain !

Je sursaute comme une pédale quand John me frappe l'épaule.

- Wow, qu'est-ce qui t'arrive ?

Je sais même pas ce qui m'arrive. Je réponds pas.

- Comment elle va ? Il me demande.

- Elle se repose. Putain elle m'a fait flippé.

- Je sais.

Je vois John se relever pour se poser sur la table basse en face de moi. Il se passe une main dans les cheveux et m'observe. Il a l'air de s'imaginer je sais pas quoi dans sa tête. Il me regarde avec pitié ce chien.

- Laisse ce regard de pute pour ta meuf. Je lui balance.

Il rigole comme un con et continue de me fixer. Ça commence clairement à me casser les couilles.

- Dis-moi que tu comptais quand même pas le buter.

Il parle du fils de pute qui lui a posé les mains dessus. Il parle de celui qui l'a drogué pour la baiser dans un coin ? Il croit que quoi, que je m'amusais à bluffer quand je lui ai pointé le gun entre les yeux ?

- Je comptais le buter.

- Putain, c'est carrément pire que ce que je pensais.

Et ouais ! Et ouais elle me rend dingue ! Et ouais je suis prêts à buter tous ceux qui lui feront du mal, je suis près moi même à dégager loin d'elle pour la protéger de mes conneries.

- Tu te rends compte de la merde que t'allais foutre j'espère. Tu te rends compte qu'en plus de la détruire, tu te le serais jamais pardonné hein ?

Je sais de quoi il parle. De ce plan de merde ! Ce plan qui m'aurait fait regretter toute ma vie d'être né putain !

- T'sais quoi ? Je suis bien content que tu l'aimes. C'était le seul moyen de t'ouvrir les yeux mon pote!

- Allez ferme-la avec ça.

- Comment ça ferme-là ? Tu crois que ce genre de sentiment existe pas poto ? Tu crois que ça existe que dans les putains de films ? C'est la vérité mec. T'en baves pour elle, assume-le !

- Je t'ai dis de la fermer John. Je me répéterais pas.

Je sais à quoi il joue. Il est en train de jouer avec mes nerfs. Comme s'ils étaient pas déjà assez sollicités depuis quelques heures, il en rajoute. C'est pas le moment !

Il se lève pour me faire face et se met à gueuler comme un dingue.

- Je vais pas la fermer ! J'ai jamais cautionner ton plan de merde putain ! T'as beau être un chien de la casse avec toutes les meufs du campus, ça c'est un autre délire ! Te venger sur une innocente bordel, t'es pas mieux que l'autre fils de pute qui allait se l'enfiler dans le bar.

Je vois rouge. Ça y est je vois vraiment rouge.

- Maintenant tu me dis que tu l'aimes pas hein ? Tu vas me faire croire que t'allais buter un mec sans cligner des yeux pour une meuf que t'aimes pas ? Arrête tes conneries Hernandez ! Assume que cette meuf tu te la rêves mais que t'auras jamais le cran de te la faire. Et tu sais pourquoi ? Parce que là, maintenant, tu te détestes ! T'oseras jamais la toucher parce qu'à chaque fois que tu voudras la sauter, tu penseras à ton plan de taré !

- Je t'ai dit de la fermer PUTAIN !

Je réfléchis pas. J'attrape la putain de table basse pour l'envoyer contre le mur. Elle va s'éclater dans un bruit sourd et le verre explose.

John me regarde sans rien faire. Il reste debout et muet.

Et ouais, je sais qu'il a raison !

Je sais que malgré tout, ce qu'il vient de cracher c'est la vérité. C'est peut être pour ça qu'on dit qu'elle blesse cette chienne de vérité.

Hffmbx.

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Coucou !

Petit message pour souhaiter une bonne rentrée à tous !

Et ceux pour qui les cours n'ont peut être pas encore repris, profitez bien !

<3

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