Chapitre 73

Nous sommes des étrangers. En tout cas, c'est ce qui pourrait sembler à nos voisins de tables à notre droite. Maman et Papa mangent en silence tandis qu'Amber m'offre quelques sourires rassurants. Ça fait quelques années maintenant que nous avons loupé à cette tradition. Depuis le départ d'Amber en fait. Et maintenant qu'Aless manque aussi à l'appelle c'est encore plus déstabilisant.

- Alors Diviya, tes examens finaux approchent, non ?

C'est vrai.

C'est quoi l'expression déjà ? Ah oui ! Amber remue le couteau dans la plaie déjà bien profonde.

- Oui, les premiers commencent en fin de semaine prochaine. Dis-je.

J'ai vraiment intérêt à me concentrer sur mes révisions si je ne veux pas passer en rattrapage. En général, je suis assez douée pour rattraper mon retard mais avec tout ce que j'ai en tête en ce moment, je suis très souvent distraite.

Comme à l'instant par exemple.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je le sors rapidement pour lire le message de Denis.

« J'aurais voulu te voir ce soir »

Quand je lui ai dit ce matin que je dînais avec mes parents, il était déçu. Si ça ne tenait qu'à moi, je passerais toutes mes journées et mes soirées près de lui. C'est comme une drogue pour moi, enfin je suppose. Je n'ai jamais vraiment essayé ce genre de chose mais à ce que j'ai pu lire dessus, c'est du sérieux.

- Diviya.

Ma mère me sort de mes pensés.

- Oui.

- Alors c'est vraiment sérieux avec ce garçon, Denis ?

Mon cœur rate un battement. Je relève la tête, un peu timide qu'on aborde ma relation avec Denis en plein milieu d'un repas familiale.

- Oui, je crois. Dis-je alors.

- Parfait, vous ne verrez donc aucun problème à venir dîner à la maison un soir. Ajoute mon père.

Alors là, je ne m'attendais pas du tout à ça. Je ne sais pas quoi répondre, surtout que je n'ai aucune idée si Denis voudra bien venir. Le connaissant, ça m'étonnerait beaucoup d'ailleurs.

- J-je verrais avec lui.

- Et Aless ? Renchérît ma sœur, il va bien ?

- Je crois qu'il a besoin de prendre ses distances. Il reviendra quand il sera calmé. Répond mon père.

Quand je me souviens de son regard si souffrant du week-end dernier, ça me peine. J'ai beau lui en vouloir pour ce qu'il s'est passé avec Kate, je me rends compte qu'il en paie aujourd'hui les conséquences. Je l'accable avec cette histoire et Denis en a fait de même en mêlant Jessy à cette histoire... Maintenant nos parents le rejettent aussi.

Je commence vraiment à me sentir mal pour lui.

Nous finissons alors le repas, je me précipite d'aller faire une pause aux toilettes pour sortir mon téléphone.

C'est John.

Je rappelle immédiatement, trouvant ça assez bizarre qu'il m'appelle à cette heure-ci.

- Allo ?

- Putain Diviya ça fait trente minutes que je t'appelle.

- Désolée, je dînais avec mes parents. Qu'est-ce qui se passe ?

- C'est Denis.

Je n'aime pas cette intonation.

- Il va bien ? M'inquieté-je.

- Ouais mais je pense que tu dois venir le résonner là, je t'expliquerai en voiture. Je passe te chercher.

Je ne sais pas comment réagir, un million de questions commencent à défiler dans ma tête.

- Je ne suis pas chez moi, John. Il me faudrait trente minutes pour arriver.

- Bah dis-moi où t'es, je te récupère.

J'hésite. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir inventer pour que mes parents me laissent ici ?

- Ok, je t'envoie l'adresse.

Je raccroche et envoie l'adresse à John. J'ai qu'à dire la vérité non ? Ou bien je pourrais inventer un mensonge, je ne suis plus à ça près maintenant.

De toute façon, je n'ai plus le choix. John est sur la route et si je refusais d'y aller je mourrais d'anxiété sans apprendre ce qui se passe.

Je prends mon courage à deux mains et me dirige alors vers mes parents.

*

- Ils en tiraient des tronches, tes vieux. Rouspète John derrière le volant.

Ça c'est sûr ! Me voir monter dans la voiture de « l'ancien dealer de mon frère » ça a du les surprendre. En fait, j'ignorais que mes parents catégorisaient John comme un dealer. Je leur ai dit que c'était le petit ami de Paloma et qu'il me
déposerait chez elle.

Ils avaient pas du tout l'air convaincu alors je leur ai promis de leur envoyer des messages toutes les trente minutes pour les convaincre que tout ira bien.

- Tu t'attendais à quoi John ? Une sérénade ?

Le concerné bifurque rapidement le regard vers moi, en arborant un air choqué.

- C'est qu'il t'a vraiment détendu la langue le Hernandez ! Petite indienne devient petite rebelle, j'aime bien.

J'ai du mal à me détendre en fait. C'est peut être pour ça que j'ai un petit peu répondu dans l'offensive. Je ne sais pas où nous allons ni pourquoi Denis aurait besoin de moi.

Après plusieurs minutes dans l'attente, je finis par reconnaître les rues dans lesquelles nous roulons. A mon plus grand désespoir, je comprends où est Denis.

John se gare juste devant l'entrée et je ne prends pas la peine d'attendre que le moteur soit éteint. Je saute à l'extérieur et fonce vers les deux gardes devant l'entrée. Ils me scrutent de haut en bas et bloquent le passage lorsque j'arrive à leur niveau.

- Elle est avec moi. Lâche la voix de John derrière mon dos.

Je ne prends pas la peine de me retourner et m'enfonce à l'intérieur à l'instant où les deux gardes s'écartent de la porte.

- Diviya, attend putain ! Crie John derrière-moi.

Je fonce jusqu'à me retrouver dans cette salle de cauchemar pleine à craquer. Ça hurle, ça fume, ça boit, ça rit et ça frappe.

J'ai une boule qui vient se former dans la gorge alors que mes yeux parcourent tous les moindres détails de ce lieu d'horreur.

Il m'avait promis ! Bon sang, il m'a promis de ne jamais y remettre les pieds...

C'est trop tard, mes larmes cèdent avant même que je ne puisse le trouver. Je n'ai même pas remarquer John à mes côtés.

Il me regarde sérieusement, l'air peiné.

- Il est où ? Demandé-je désespérée.

John tourne la tête vers ce qui me semble être un ring. Je suis assez petite donc j'ai un peu de mal à voir ce qui s'y passe mais une petite fenêtre d'ouverture de champ finit par s'offrir à moi et c'est là que je l'aperçois.

Il ne sourit pas mais semble concentré comme jamais. Il fait de grands mouvements avec ses bras comme s'il s'échauffait. Je remarque par la même occasion que ses deux mains sont bandées.

Il se prépare à se battre.

Si ça s'arrêtait là, je me dirais, oui d'accord je me suis peut être un peu emportée mais non ! Le pire dans tout ça, c'est qu'il y a cette fille aux longs cheveux bruns qui a ses mains posées sur ses épaules. Elle le masse un grand sourire au visage.

J'ai l'impression de voir trouble. Je suis complètement perdue entre être blessée, jalouse, confuse, en colère ? C'est un mélange d'émotions qui ne fait pas du tout bon ménage. Ma respiration est saccadée, mes membres tremblant et mon souffle court.

Pourquoi John m'a appelé au juste ? Pour que je vois ça ?

Wow, j'ai du mal à croire que John ferait ça pour moi.

J'essaie de prendre sur moi mais malheureusement je n'y parviens pas.

Je finis par céder à la colère. Telle une flèche, je me faufile entre la masse d'hommes et femmes qui se dressent dans mon passage jusqu'au ring. Je fonce, mais quelqu'un me rattrape avant même que j'atteigne mon objectif.

John.

- Diviya, tu comptes faire quoi là ? Tu dois te calmer.

Je n'arrive pas à me calmer !Quand je pense qu'il m'a menti et qu'en plus de ça il se retrouve avec cette Valentina, j'ai la rage.

- Pourquoi tu m'as emmené ici si c'est pour m'empêcher d'aller lui parler ! Hurlé-je.

- Je pensais pas qu'il allait se battre ce soir. Je pensais qu'il était avec Zac en train de fumer quelques joints, c'est tout. Je voulais juste que tu le dégages d'ici. Je voulais pas que tu le trouves comme ça, Diviya.

- Tu sais quoi ? Merci infiniment John, je..

Oh et puis mince, je ne finis pas ma phrase et court en poussant tout le monde sur mon passage. Cette fois-ci, je suis beaucoup trop rapide pour que John me rattrape. Sans vraiment réfléchir, je fonce vers le ring et passe entre les cordes pour me positionner en plein milieu de cette espèce de scène de combat.

Je n'interromps pas pour autant les cris et sifflement de la horde de personnes qui se trouvent dans la salle mais j'obtiens un regard et c'est suffisant. Celui de Denis. Celui qui adore passer du temps dans ce genre d'endroit avec Valentina quand je ne suis pas disponible.

J'ai sûrement l'air pathétique de me pointer comme ça en face de lui alors qu'il se fichait bien de moi quand il m'a fait toutes ses promesses.

- Vi ?

Oh non ! Il a sûrement pas le droit de m'appeler comme ça.

- Je te dérange peut être ? Dis-je en faisant de mon mieux pour contenir ma colère.

Le pire dans tout ça c'est que la Valentina n'a toujours pas lâché Denis. Quand ce dernier semble le remarquer, il s'écarte immédiatement d'elle.

Ça me fait sourire. C'est maintenant qu'il considère ce qu'il fait comme inapproprié ?

Bon sang mais qu'est-ce qui cloche chez moi ? Comment j'ai pu croire ce qu'il disait ?

- Ne me regarde pas comme ça. Dit-il enfin.

- Comme quoi, Denis ? Comme si tu avais trahit notre accord ? Tu m'as promis de ne jamais  remettre tes pieds ici !

Il finit par s'approcher de moi et commence à essayer de déposer sa main contre ma joue, je me décale rapidement avant qu'il n'ai l'occasion de me toucher.

- Je suis désolé, ok. Mais je n'ai rien fait de mal, j'avais juste besoin de ...

- De quoi ? De la voir ? Tu m'as dit hier qu'aucune autre fille ne t'intéressait...

Je n'ai encore une fois pas remarqué John qui est venu se mettre à côté de moi.

- Je suis de son côté, mec. Elle a raison.

- Merci John putain ! Tu sais très bien que j'aurais jamais été capable de lui faire une merde. Je sais ce que je fais, j'ai pas besoin que tu l'appelles à chaque fois que je veux prendre l'air, bordel !

J'hallucine !

- Il a eu raison de m'appeler. Dis-je.

- Diviya, s'te plaît, on peut parler autre part ? Demande alors Denis.

- Non.

Je ne comprends pas vraiment ce que je fais mais tout d'un coup, le sourire qui me nargue depuis quelques minutes me pousse à me retrouver juste en face de Valentina. Je vais vraiment lui faire ravaler son sourire.

- Toi, tu t'approches encore une fois de lui et je t'arrache les dents.

J'ai du mal à croire que ces mots sortent de ma bouche. C'est visiblement ma rage intérieur qui parle.

- Ouhh, j'ai peur ! Elle rigole. T'as qu'à mieux le tenir la prochaine fois.

Je ne réfléchis pas, j'attrape une touffe de ses longs cheveux et les tire de toutes mes forces. En quelques secondes, je me retrouve encouragée par des cris et des sifflements dans la salle mais j'ai du mal à me défendre. Malheureusement, ça ne dure que quelques secondes avant que je ne finisse par sentir deux grandes mains m'attraper par les hanches et me tirer en arrière. Je vois son visage s'éloigner alors que ma rage continue d'augmenter. Ça me donne envie de tout détruire sur mon chemin.

Je hurle, je me débats, mais on ne me lâche pas. On passe de nouveau dans le long couloir sombre où des gens posent un regard intrigue sur moi. Je m'en fiche, je continue de crier !

- Lâche-moi !

Je me retrouve finalement dans une autre salle et on me dépose enfin au sol. Je m'apprête à courir vers la sortie mais John m'en empêche en pénétrant à son tour et en refermant la porte à clé. C'est seulement à cet instant que je découvre que c'est Denis qui m'a transporté.

- Je te déteste ! Dis-je en fonçant vers lui pour le pousser de toutes mes forces.

Il bouge à peine mais je continue de le repousser car c'est le seul moyen de lui montrer à quel point sa trahison me blesse.

- Diviya, calme toi !

Je frappe en le repoussant, je donne toute mon énergie et hurle comme une vraie hystérique sous les yeux de John.

- Tu m'as menti ! Je te déteste, Denis ! Je te déteste ! Je te déteste !

- Diviya, stop putain de merde, tu vas te faire mal ! Hurle le concerné alors que je continue à lui donner des coups.

John finit par intervenir et m'éloigner de Denis. Il me bloque alors les bras et me repousse contre un mur de façon à ce que je ne puisse plus bouger.

Je fonds finalement en larmes, vaincue. Je sanglote déversant toute cette rage et cette douleur que j'ai ressenti en le découvrant ici avec Valentina alors qu'il m'avait promis ...

John me lâche finalement et je me laisse glisser au sol complètement abattue.

Ma plus grande peur c'est d'être trahit. Je déteste me sentir humilier ! C'est exactement ce que j'ai ressenti en voyant Denis ici avec Valentina. C'est peut être pas grand chose pour certains mais pour moi, c'est trop. Je déteste les trahisons quelques qu'elle soit.

Ça doit encore être à cause de ma mère biologique que je suis comme ça.

Je la déteste. Je déteste tout le monde !

Hffmbx.

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Salut tout le monde !

J'espère que ça va pour vous. Petit chapitre de la semaine assez mouvementé, j'essaie encore une fois de poster régulièrement en espérant que ça vous plaise !!

Promis, dès que j'aurais plus de temps, je publierai plus fréquemment et des chapitres plus longs.

N'hésitez pas à donner vos avis. ❤️

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