Chapitre 68

Quand les mots manquent, les larmes coulent. Quand la douleur frappe, le silence bourdonne mais quand la culpabilité apparaît rien ne la remplace. Elle vous prend sauvagement et vous tourmente jusqu'à ce que les nuits se transforment en longs moments sans sommeil. La perte de sommeil, c'est aussi quelque chose que je déteste au passage. Peut être pas autant que les cauchemars, mais quand même.

Aless a finit par s'en aller. Il a dit qu'il retrouverait des amis et qu'il y resterait pendant un moment. Je me doute que cette fois-ci, ce n'est pas John qu'il ira retrouver. Après tout, John lui a caché que je voyais Denis. Il a tous les droits de lui en vouloir.

Quant à moi, depuis qu'Amber est partie et que mes parents ont enfin décidé de quitter ma chambre, mon cerveau ne cesse de me repasser ma journée en boucle. Comme ce genre de boucle qui recommence encore et encore en enfer.

Je me sens coupable d'avoir cru mon frère sans coeur. Il a blessé Kate et c'est quelque chose de terrible mais alors que je pensais qu'il n'avait absolument plus rien à faire d'elle, j'avais tout faux. Mon frère croule sous les remords tout autant que Denis. L'un comme l'autre voudraient revenir en arrière et empêcher ce drame qui nous a tous un peu chamboulé. Quand je dis que le passé affecte profondément le futur, ce n'est pas qu'une simple phrase. C'est un fait dur mais purement vraie. Je suis ce que je suis parce que j'étais qui j'étais et je suis persuadée que si nous arrivions à tous effacer notre passé, comme si nous commencions un livre vierge, nous serions tous heureux et normaux. Aucun passé, aucun souvenir. Aucun souvenir, aucun traumatisme. Aucun traumatisme, aucune problème.

Je me perds dans mes pensées tout en regardant la petite horloge sur ma commode. Il est minuit douze. Demain, j'ai quelques cours et pourtant, je n'arrive pas à trouver le sommeil. J'ai beau changé de côté l'oreiller, me lever boire de l'eau, ou même regarder le plafond et compter mes moutons, je n'y parviens pas. Le sommeil est loin. Très très loin !

Un bruit soudain me fait brusquement pivoter la tête vers ma fenêtre. La lumière des lampadaires de ma rue éclairent légèrement ma chambre. Je me demande s'il y a d'autres personnes en ce moment même qui ne trouvent pas le sommeil eux non plus. Je me sentirais peut être un peu moins seule.

Encore ce bruit !

Un caillou vient de taper mon carreau. Je me lève assez surprise puis ouvre ma fenêtre. Je pense complètement rêver quand je le découvre juste en dessous de ma fenêtre. Il est dans notre jardin.

- Denis ?

- Diviya, putain pourquoi tu réponds pas à mes messages ?!

- Quoi ? Quels messages ?

Je vais attraper mon téléphone un peu désorientée. Je mets du temps avant de le trouver finalement sous mon oreiller.

4 Appels manqués de Denis et 6 nouveaux messages.

Je ne les lis pas mais me redirige vers la fenêtre.

- J'étais occupé cette après-midi, j'avais pas vu.

- Ok. Dit-il en baissant la tête.

Il est vraiment venu jusqu'à ma fenêtre pour s'assurer que j'allais bien ? Et comment il sait d'ailleurs que cette fenêtre était celle de ma chambre ?

- Pourquoi tu es venu ? Lui-demandé-je.

Il entreprend de nouveau de me regarder dans les yeux et un sourire en coin vient s'afficher sur son visage. Il est tellement beau.

- Parce que je voulais te voir.

Je souries naturellement. Ça me fait plaisir de l'entendre m'avouer ça.

- Comment tu sais que c'est ma fenêtre ? Demandé-je.

- Même si tu ne t'en souviens pas, je suis déjà venue ici à l'époque avec Aless.

Maintenant qu'il le dit, je m'en souviens. Enfin pas de lui exactement mais des amis de mon frère qui faisaient beaucoup trop de bruit dans sa chambre. J'étais en train de lire un de mes livres et je me souviens à quel point leur rires m'empêchaient de me concentrer. Si j'avais su que quelques années après j'allais tomber folle amoureuse d'un de ses rires. La vie est imprévisible.

J'ai soudain envie d'aller le rejoindre à l'extérieur. Même si tout à l'heure il a refusé de me donner la vérité, je continue à l'aimer. C'est mon Denis et je l'aime comme il est avec tous ses défauts et ses qualités.

- Tu veux monter ?

Ok. J'ai pas réfléchis quand j'ai dis ça. C'est vraiment pas le moment qu'un de mes parents découvrent que Denis est à la maison mais en même temps, j'ai vraiment envie de le voir et puis il fait nuit et tout le monde dort.

- T'es sérieuse ?

Il a l'air surpris par ma proposition. Tant mieux ! J'aime bien le surprendre. Alors je hoche la tête avant de refermer ma fenêtre et de sortir de ma chambre. Je fais tout pour marcher le plus délicatement possible. Je finis par ouvrir la porte d'entrée avec Denis qui se tient juste derrière. Son regard est si intense qu'il est même déstabilisant.

- Wow Diviya, je t'aurais jamais imaginé faire rentrer un mec chez toi, en douce et en plein milieu de la nuit.

Je lui fais signe de parler plus doucement parce que sa voix est bien trop grave et il risque de réveiller mes parents. Je l'attrape par le bras et le fait rentrer en refermant doucement la porte derrière lui. Il ne me lâche pas du regard quand je le dirige dans les escaliers puis jusqu'à ma chambre. Je referme la porte derrière nous et lâche un soupir de soulagement. Le plus dur est passé.

Je vois le regard de Denis parcourir l'ensemble de la pièce. Il semble l'étudier jusqu'au moindre détail. Elle est pas si en bazars que ça. Il y'a mes cours qui commencent à s'empiler sur mon bureau, et mon ordinateur qui traîne. Il y aussi une veste sur ma chaise de bureau mais mis à par ça, tout est à peu près bien rangé.

- Alors ? Je demande.

- Alors quoi ?

- Tu penses quoi de ma chambre ?

Il sourit en reposant ses yeux sur moi. Pendant plusieurs secondes, il m'observe sans rien dire.

- Elle te ressemble. Dit-il.

Je m'apprête à lui demander en quoi ma chambre me ressemble mais Denis se tourne brusquement vers ma porte et la ferme à clé. Je le regarde faire sans rien dire.

Il finit par revenir vers moi et par m'attraper le visage d'une main pour le guider vers le sien. J'ai à peine le temps de comprendre son geste qu'il vient attraper mes lèvres entre les siennes. Je l'embrasse alors en retour mais son haleine dégage une drôle d'odeur. Elle est loin d'être désagréable seulement différente. C'est comme s'il sentait la plante. Une plante bien particulière comme de la menthe avec peut être une odeur alcoolisée aussi. J'ai déjà sentie cette odeur, j'essaie d'activer mon cerveau pour me souvenir mais c'est assez difficile alors qu'il m'embrasse...

Je m'en souviens finalement : Aless ! Lui aussi, il sentait cette odeur. Ses vêtements en étaient imprégnés. Et puis là, je comprends tout simplement ce que Denis a fumé et bu. Je me demande pourquoi il a fait ça ?

Je tente alors de me dégager de lui pour l'interroger mais Denis ne semble pas du même avis. Son baiser se fait un peu plus persistant.

Finalement, sa main qui me retenait fermement contre ses lèvres me quitte pour aller retrouver l'arrière de mon crâne. Il attrape la pince qui tenait mes cheveux puis là retire et la laisse tomber sur le sol. J'essaie de reculer pour me détacher de lui mais je n'y parviens pas. Il suit le moindre de mes mouvements jusqu'à ce que je finisse par me retrouver le dos contre mon matelas.

- Den...

Il continue de m'embrasser et ses yeux sont toujours fermés. Je me demande s'il comprend que je ne veux plus l'embrasser ? Je veux avoir une conversation avec lui mais est-ce qu'il m'entend au moins ? C'est plus fort que moi je commence à paniquer. Et s'il me faisait subir ce que j'ai subi il y a longtemps ? Et s'il me forçait à faire quelque chose ? Je ne peux pas l'imaginer faire un chose pareille. Il n'est pas comme eux.

J'essaie de mettre un peu plus de force dans mes bras pour le repousser et cette fois-ci son corps s'éloigne du mien et j'arrive enfin à récupérer mon souffle.

Il se relève du lit comme apeuré. Il n'a pas du tout l'air dans son état normal. Il se passe les mains derrière la tête et se tire quelques mèches au passage. Je ne sais pas ce qui lui prend mais il commence à me faire peur. Je n'ose plus rien dire. J'ai vraiment cru qu'il allait...

Je prends mon courage à deux mains et décide de me jeter à l'eau.

- Qu'est-ce qui t'a prit ?

- Merde je suis désolé Diviya. Vraiment, vraiment désolé ! Dit-il d'une voix suppliante.

Il revient s'asseoir sur mon lit en gardant de la distance entre nous cette fois-ci. J'essaie de comprendre son comportement et c'est là que je perçois ses pupilles tellement dilatés.

- Qu'est-ce tu as consommé ? Demandé-je.

- Rien.

Il ment. Il me ment soit pour ne pas m'inquiéter soit parce qu'il a conscience que ce qu'il a fait n'a rien de bien. Il se détruit en consommant de la drogue et de l'alcool. C'est la dernière chose dont j'ai envie, qu'il devienne dépendant de ça et qu'il finisse par ne plus se rendre compte de ce qu'il fait. Je ne veux pas qu'il fasse la même erreur que mon frère.

- Tu peux me dire la vérité. S'il te plaît. Insisté-je.

Il détourne son regard du mien et se met à regarder ses deux mains. Je suis alors son regard jusqu'à tomber sur ses tremblements. Sans réfléchir je m'approche de lui et attrape sa main. Elle tremble vraiment et quand je dépose doucement mes doigts sur ses phalanges je remarque que certaines sont anormalement gonflées. Sa main est cassée.

Denis reste silencieux et je décide de reposer ma question.

- Raconte-moi. Pourquoi tu es dans cet état, et avec ta main qu'est-ce qui s'est passé ?

- Tu me rends fou, Vi.

Ses yeux ne quittent plus les miens. Une sensation étrange remue dans mon ventre. J'ai l'impression de ressentir au plus profond de moi ce qu'il vient de me dire.

- J'ai jamais voulu compter pour personne dans ma chienne de vie. J'ai toujours voulu finir seul avec mes conneries. Et t'es là tu débarques comme ça !La dernière chose que je veux c'est t'entraîner dans tout ça avec moi.

Je comprends pas. Qu'est-ce qui lui prend de me dire tout ça. Il me fait peur.

- Tu m'entraînes dans rien du tout, Denis.

- Bien sur que si. Putain, regarde-moi et regarde toi. T'es tellement parfaite et je suis une pourriture. A cause de moi, tu te bats contre ta famille et moi comme un con, je suis même pas capable de te regarder dans les yeux et te dire la vérité.

Sa voix est si grave et en même temps elle me parait mille fois plus meurtrie que d'habitude. Je sens qu'il s'en veut. Ça  me brise en petits morceaux de le voir dans cet état. Je veux juste qu'il soit heureux, moi. Je m'en fiche du reste et de ce que penses les autres.

Je m'approche encore de lui et dépose délicatement mes doigts contre sa joue. C'est là qu'il a reçu le coup d'Aless ce matin. Il ferme les yeux quand ma peau rentre en contact avec la sienne. J'espère que je ne lui fait pas mal. Pas encore plus qu'il semble déjà s'infliger comme
douleur.

- Si tu ne veux pas me dire ce que tu ressens Denis, c'est pas grave. J'ai pas besoin de mots pour comprendre. Je le vois.

Je vois à quel point, il se donne du mal pour éloigner ses sentiments. Je vois à quel point, il n'a pas l'habitude de tout ça et même si souvent, ça me frustre qu'il garde tout ça pour lui, je n'ai pas besoin de l'entendre me dire qu'il m'aime pour le ressentir.

Il rouvre ses yeux et je retire presque immédiatement mes doigts de son visage mais il rattrape ma main en cours de chemin. Il vient la déposer contre son torse, précisément juste sur son coeur. Je sens ses muscles durcir sous mon contact et ses battements irréguliers parlent pour lui.

- Tu mérites quelqu'un qui t'aimera purement, Vi. Et je pense pas en être capable.

- Je n'ai pas besoin de ça. Aime-moi à ta façon et ça me suffit amplement.

Il s'apprête à me dire quelque chose mais il se ravise. J'ai tellement envie qu'il me dise tout. Ce qu'il ressent, ce dont il a peur, ce qui le fait sourire. Je veux tout savoir sur lui pour apaiser son cœur comme je le peux.

- Tu penses peut être ça maintenant mais tu n'as connu que moi. Qui te dit que ma façon te suffira ?

Je ne sais pas comment lui montrer. Je ne sais pas comment lui prouver que je l'aime tellement qu'il n'y aura jamais « un autre ». Il m'a appris tellement de chose et m'a réconciliée avec le plus beau sentiment du monde. L'amour.

- Je le sais c'est tout et je ne veux que toi.

Je m'approche de ses lèvres pour l'embrasser mais il s'éloigne avant que je ne les atteigne. Il se lève de mon lit et retire d'un geste rapide, son sweat-shirt. Il se retrouve torse nu, sous mes yeux. L'obscurité de la pièce fait que je n'arrive pas à voir complètement sa peau mais la lumière de l'extérieur l'éclaire suffisamment pour que j'en aperçoive quelques détails. Il est drôlement musclé, ça je l'avais déjà remarqué et c'est plutôt beau à voir. Il retire ensuite son jean à ma plus grande surprise et demeure rien qu'en boxer sous mes yeux.

Je me sens super gênée et je préfère détourner le regard plutôt que continuer à l'observer bizarrement. Je me demande pourquoi, il a fait ça.

Puis il revient dans mon lit et vient s'enfoncer sous ma couverture. Il me regarde ensuite alors que je n'ai pas bougé d'un millimètre encore trop perturbée. Je n'arrive pas à croire qu'il y'a un garçon dans ma chambre à peine vêtu.

Il m'invite à entrer moi aussi sous la couverture et j'hésite un peu avant de succomber. Je fais bien attention de ne pas le toucher. Ça me fait bizarre, qu'il soit allongé tout près de moi comme ça. J'ai le traque.

Sans rien demander, j'arrive à sentir ses mains me tirer contre lui. Il fait ensuite passer son bras sous ma tête et le laisse se refermer contre moi. Alors, hésitante je dépose ma tête contre son torse et je ferme les yeux. Son corps dégage une chaleur si réconfortante. C'est tellement agréable d'être dans ses bras ainsi. J'étais très loin du compte finalement. Ça n'a rien de désagréable d'être aussi proche d'un garçon.

- Et sinon tu vas m'expliquer pour ta main ? Demandé-je finalement.

- Je l'ai peté le jour où je suis venue te chercher au bar.

Quoi ? Donc, tout se temps à New York il n'a même pas consulté un médecin, ça devait lui faire super mal.

- Comment ça se fait que je l'ai pas remarqué ? Dis-je plus à moi même.

- Parce que elle était pas aussi gonflée. Ça a empiré aujourd'hui quand je me suis entraîné.

- Tu t'entraînes où ?

J'ai peur de la réponse. J'espère que ce n'est pas ..

- Pas au club t'inquiète. A la salle avec Zac.

Oh. Alors il n'y a pas remis les pieds depuis le jour où je suis venu le chercher. Ça me rassure un peu de savoir qu'il ne fréquente plus cet endroit. Surtout après ce qui s'est passé la dernière fois.

- Et tu as fait quoi d'autre aujourd'hui ? Continué-je.

- Rien d'intéressant.

Ses réponses sont courtes comme s'il n'avait pas vraiment envie de parler. Je peux comprendre, il doit sûrement être épuisé avec la route, les entraînements et me voilà qui lui pose tout un tas d'autres questions.

- Bonne nuit alors ?

A peine ai-je prononcé ses mots que je le sens s'agiter contre moi. Il retire finalement son autre bras de sous sa tête et se tourne complètement vers moi. Nos visages sont l'un en face de l'autre et je me mets à sourire. Je suis sincèrement contente qu'il soit venu me voir ce soir.

- Qu'est-ce que tu me fais faire,Vi...

C'est maintenant que je remarque qu'il m'appelle ainsi depuis qu'il est entré dans ma chambre. C'est la première fois que j'entends ce surnom et lorsqu'il sort de sa bouche c'est absolument parfait.

- Rien. Répondis-je.

Et il sourit à son tour. Il approche encore plus son visage du mien jusqu'à que le bout de nos nez se touchent et ça me fait rire. Il continue ensuite de s'approcher et incline légèrement sa tête jusqu'à que nos lèvres se touchent. Il ne m'embrasse pas et moi non plus. Il laisse justes ses lèvres contre les miennes et ferme les yeux. Mon cœur se détend naturellement et à mon tour je ferme mes yeux.

- Tu ne consommeras plus ce genre de chose pas vrai? Chuchoté-je contre ses lèvres.

Il m'embrasse furtivement sur les lèvres. Ce n'est pas une réponse et je ne sais pas comment interpréter tout ça mais après tout, c'est Denis. Et Denis n'est jamais doué pour les réponses.

Je crois que je m'endors finalement.

Hffmbx.

Salut !!!

Petit chapitre supplémentaire avant la semaine prochaine. J'espère qu'il vous a plu 🥰.

N'hésitez pas à donner vos avis.

A dimanche prochain 😃.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top